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II. 8. Tobio


Je suis paumé.

Je me doutais que revoir Oikawa-san serait éprouvant. Mais c'était dix, non, cent ? ou plus encore ? fois pire que ce que j'imaginais. Quand je l'ai vu, dans le hall, j'ai eu l'impression que mon cœur s'était arrêté.

Et puis cette discussion qu'on a eue...

-Allez, crache le morceau, soupire Miya. Qu'est-ce qu'il t'a dit ?

On a esquivé le sujet toute la journée (même Ushijima-san a réussi, même si je pense qu'il avait très envie de parler d'Oikawa), mais Miya-san, je commence à le connaître, il préfère lancer les choses quand on ne se retrouve qu'à deux dans la chambre. Moi, je suis allongé sur le ventre, et je regardais des trucs sur Instagram tranquillement ; et lui s'est calé contre le mur, dans son lit, pour me fixer.

-Qui ça ? Oikawa-san ?

Il me renvoie un regard ennuyé, les yeux blasés, les sourcils haussés. J'aime bien le fait que Miya soit expressif. Oikawa, c'est toujours difficile de savoir ce qu'il pense, et j'en ai encore eu la preuve hier...

-On n'a pas beaucoup parlé. Il a dit que j'avais changé, j'ai dit que lui aussi, il avait changé.

Je fais défiler mon écran, je tombe sur une photo de Hinata, tout bronzé, sur un terrain de beach avec un de ses coéquipiers. Pff. J'aurais bien aimé le voir, en vrai, si seulement cet idiot n'avait pas décrété que ce ne serait pas le cas avant qu'il soit aussi fort que moi -et il part de loin, donc autant dire qu'on se reverra peut-être jamais. Comme il connaît aussi Oikawa-san, il aurait peut-être pu avoir un avis sur ma situation.

-Il a dit qu'il allait bientôt être officiellement Argentin.

-Et ça t'a fait du mal, hein ?

Je baisse les yeux.

-Ouais. Un peu.

-Tobio-kun...

Miya se penche un peu en avant, et j'ai du mal à situer son sourire, entre condescendance, bienveillance et pitié :

-Tu pensais vraiment qu'il reviendrait au Japon ? Qu'après trois ans là-bas, il se dirait, les vacances étaient sympas mais les sushis me manquent ? Alors qu'il a toujours aucun espoir de jouer ici ?

-J'en sais rien, Miya-san. Peut-être qu'il y a autre chose que les sushis qui auraient pu lui manquer.

-Genre toi ?

Je continue à scroller sans répondre. Je regarde une vidéo de volley, un gars dans un gymnase qui essaie de toucher une bouteille au service. Moi, je suis quasi-sûr d'y arriver du premier coup. Miya ne me laisse pas tranquille pour autant :

-Il a dit ça ? Il a dit que tu lui avais manqué ?

-Il a dit qu'il était heureux de me revoir.

-Et toi ? Tu étais heureux de le revoir ?

Je sais pas, j'en sais rien, fous-moi la paix. C'est assez difficile de démêler mes sentiments comme ça. Oui, j'étais heureux de revoir Oikawa, enfin, je suis content de voir qu'il va bien, qu'il me reconnaît, qu'il se souvient de ce qu'on a vécu ensemble. Mais en même temps, ça me fait mal au cœur de voir que tout ça, c'est terminé. De devoir être à côté de lui, de devoir le regarder en sachant que je n'ai plus le droit de le toucher, qu'il n'est plus à moi.

Je scrolle encore, et je tombe sur la photo d'une jeune femme en train de faire un discours dans je ne sais quel événement. Elle a de longs cheveux blonds tressés, un maquillage élaboré, et une robe qui découvre ses épaules. Si j'aimais les filles, je dirais qu'elle est séduisante, mais c'est pas le cas et je ne comprends pas bien ce qu'elle fait au milieu de mes vidéos de volley. Flavia Soares ? Suggéré pour vous ? C'est pas une joueuse, enfin je crois pas, alors c'est qui cette meuf ?

Oh. Ah. Je comprends quand je vais sur son profil, la première photo épinglée est celle de son mariage avec Nicolas Romero. Ils sont si beaux et bien assortis tous les deux, on dirait un couple d'acteurs. Est-ce qu'elle sait que son mari se fait littéralement soulever par ses adversaires dans des cabines de toilettes ? Non parce que je me sens un peu en colère, là, je sais pas pourquoi. J'éteins mon tél et je m'assieds en tailleur pour faire face à Miya :

-Tu veux savoir ? J'ai vraiment envie de lui envoyer un message et de lui dire que moi aussi, j'étais heureux de le revoir. Sauf que si je fais ça, on va commencer à parler, et je vais retomber amoureux de lui, parce que c'est Oikawa-san et je pourrai pas m'en empêcher.

-C'est bien tragique, commente Miya en bâillant.

Je hausse un sourcil. Voilà qu'il fait genre qu'il s'en fout alors que c'est lui qui force avec toutes ses questions depuis tout à l'heure. Je décide de contre-attaquer :

-Et toi, Miya-san ? T'étais pas heureux de le rencontrer ? Depuis le temps qu'on en parle.

-Hein ?

Il écarquille innocemment ses grands yeux sombres. Miya-san, putain, quelle tête-à-claques parfois... Mais j'avoue que ça ne me déplaît pas.

-Je l'ai trouvé banal, déclare-t-il ensuite en levant le menton. Vu comme t'en parlais, je m'attendais à Mister Univers.

Il se met ensuite à rire :

-Mais j'ai bien aimé les sales regards de jalousie qu'il m'a lancés.

-T'as vraiment aimé ça ?

-Quoi ? J'ai trouvé ça satisfaisant de le faire rager. Il le mérite, non ? Il a brisé ton petit cœur pur.

Je trouve ça bizarrement attentionné comme remarque, et il ajoute :

-Enfin, pur, on repassera.

-Eh !

Il se penche encore un peu, et m'adresse son sourire fétiche :

-Il dirait quoi, à ton avis, s'il apprenait qu'on a couché ensemble ?

Je hausse les épaules. Je n'arrive pas à situer ce qu'Oikawa-san pense de moi, je n'ai que lui, comme ex. Peut-être qu'il s'en foutrait, qu'il serait content pour moi, ou qu'il se moquerait, j'en sais vraiment rien du tout.

-Je sais pas, ça le regarde pas de toute façon.

-T'es trop sage, Tobio-kun. Tu te demandes pas si ça le rendrait jaloux ? Je suis sûr qu'il aurait le seum... Imagine, juste (il fourrage dans ses cheveux pour essayer d'imiter ma coupe et prend une voix ridiculement grave) : désolé, Oikawa-san, Miya Atsumu-san était trop attirant et j'ai pas su résister. Lui, il est passeur national, tu vois ? Et puis la nuit que j'ai passée avec lui était trop kiffante.

Je peux pas m'empêcher de sourire :

-Arrête, je lui dirais jamais ça.

-Quoi, c'est faux ?

-Non, non, mais...

-Donc t'as vraiment kiffé ?

Il est con ou quoi ? Il a bien vu que j'avais joui. Et en plus, je lui ai dit qu'on pourrait recommencer, j'avais juste pas la tête à ça avec la défaite la dernière fois. Je crois que j'ai bien le droit de me l'autoriser après trois ans d'abstinence. Tout le monde le fait, pourquoi pas moi ? Miya-san est un bon coup (ça, je ne compte pas lui dire sinon ses chevilles vont péter), et je le connais assez bien pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté entre nous. Ça me paraît être une bonne occasion de libérer du stress de temps en temps sans avoir de problèmes d'attachement. Je décide de le taquiner :

-J'avais bu, donc je me souviens plus exactement...

-Oh, t'aurais besoin d'un peu d'aide pour te souvenir ?

-Je croyais qu'on avait pas besoin de souvenirs ?

Miya éclate de rire, ce rire incisif et franc qui m'excite un peu, et cinq secondes plus tard, il est au-dessus de moi :

-Pas besoin, non, puisque chaque fois est meilleure que la précédente.

-J'ai hâte de voir ça.

Je me sens bien, je me sens à l'aise, je n'hésite pas à le provoquer. J'ai envie que ça arrive. J'ai envie de libérer la pression que j'ai accumulée depuis les matchs et l'angoisse que j'ai ressentie devant Oikawa. Alors vas-y, Miya-san. Sors-le-moi de la tête.

Il m'embrasse, je l'embrasse, je croise mes jambes autour de ses hanches, il lèche le lobe de mon oreille. Je suis pas chatouilleux, mais je frissonne. Il glisse les doigts dans mon caleçon. Son visage est juste au-dessus du mien, il guette mes réactions en affichant ce petit air d'autosatisfaction, la bouche ouverte, les paupières à moitié fermées, ses mèches blondes cachant son œil gauche. Ses expressions sont fascinantes. Il rougit un peu quand je le suce. Mais ce que je préfère, c'est les sons rauques qu'il fait dans le plaisir -et ça me motive d'autant plus à lui en donner. Il vient dans ma bouche, et je peux pas m'empêcher de penser que, tout comme mon corps, elle n'est plus à Oikawa non plus, ça y est, pour la première fois depuis lui, j'ai le goût d'un autre sur la langue.

-Aaah, t'es doué, Tobio-kun, gémit Miya. Viens un peu là.

Lui aussi, il est doué, mais j'ai pas envie de le lui dire. Je mords mes doigts pendant qu'il me ravage avec les siens -et ils sont précis, ils sont parfaits, c'est insupportable de plaisir. Il complète avec la bouche, et je réponds plus de rien ; je sens mon dos s'arquer, mes nerfs s'embrasent et je jouis à mon tour. Je suis même pas redescendu qu'aussitôt ensuite il revient à ma hauteur, pose ses mains sur mes joues, et m'embrasse -et je sais pas si je trouve ça dégueulasse ou horriblement excitant de mélanger nos spermes et nos salives dans un tourbillon de langues.

Il reste dans mon lit, et j'ai la flemme de l'en dégager, donc on se serre comme la dernière fois pour dormir ensemble. Même si on est à l'étroit, je peux pas dire que ce soit déplaisant de passer la nuit avec quelqu'un. A l'époque, je dormais sur l'épaule d'Oikawa, avec Miya, on dort tête contre tête ; mais c'est la même chaleur, la même sérénité. Je peux écouter son souffle pour m'endormir et avoir l'impression de baigner dans une présence autre que la mienne, dans son parfum à lui, et je trouve ça plutôt sympa.

Assez pour me faire oublier Oikawa ? Non. Je crois qu'à ce stade, je ne peux plus l'oublier. Mais je peux toujours penser à autre chose et me distraire. Alors, est-ce que ça va durer toute ma vie comme ça ? Je ne sais pas. La solution, ce serait qu'il revienne, mais il ne reviendra pas...

Quand je me réveille le lendemain, Miya est déjà à la douche. Ça m'étonne un peu que ce soit lui qui se soit levé en premier, mais bon, il n'est pas tôt non plus, et les demi-finales ne commencent qu'à 13h. Je roule de son côté du lit, il est encore tout chaud ; puis j'attrape mon téléphone pour regarder l'heure, et je tombe sur le visage de Nicolas Romero.

Oh. Ouais. C'est vrai, je suis encore sur la page de Flavia Soares, enfin, Flavia Romero je suppose. Je décide de descendre un peu dans les photos -beaucoup de photos d'elle à différents événements, à faire la promotion de ses films, faire des discours, faire des pubs, je sais pas exactement ce que c'est son métier -et des photos d'eux, aussi. Je m'arrête sur l'une d'elle. J'avais jamais remarqué que Romero avait les yeux verts.

Je quitte Insta et je me secoue. C'est encore une grosse journée. A 12h30, on arrive au Maracanãzinho pour les demies : Italie – Etats-Unis pour commencer. Le match est tout de suite terriblement serré, 30-28 au premier set, 26-28 au second ; les Etats-Unis s'imposent au troisième, et on se dit que c'est terminé pour les Italiens, mais ils reprennent, et ils finissent par l'emporter au tie-break contre toute attente. Miya hurle :

-Bravo Simone !

On applaudit, puis on va se promener un peu en attendant le Brésil – Russie à 22h. Je m'en veux, mais je cherche Oikawa des yeux. Je sais qu'il est là, je sais qu'il est au même endroit, qu'on est tout près l'un de l'autre, mais c'est quasiment impossible de retrouver son visage dans un aussi grand stade, et c'est vraiment par pure chance qu'on s'est croisés avant-hier. Mais j'ai un petit espoir, malgré tout, de le bousculer par hasard, de lui reparler. C'est débile. Je ne sais même pas ce que j'aurais à lui dire. Tout et rien, je suppose.

Je me sens impatient lorsqu'on est revenus à nos places et que les joueurs brésiliens apparaissent. C'est la première fois que je vais voir un Brésil – Russie en réel, alors que j'ai vu des dizaines de leurs rencontres sur mon PC. Les Russes jouent en rouge, les Brésiliens en jaune ; et comme à la première soirée, comme au match avant-hier, je n'arrive pas à décoller mes yeux de Romero. Je le regarde s'échauffer, entrer sur le terrain, marquer ses points ; sourire, étreindre ses coéquipiers, leur adresser des mots, des signes. Je me demande si j'aurais la chance de lui parler un jour. J'ai vraiment envie de l'approcher, de le voir de près. Je repense à la soirée, à ce regard qu'il m'a lancé, à Joffe et lui dans les toilettes, aux photos de son mariage, à la couleur de ses yeux.

Il m'intrigue. Ou peut-être pire, et plus irrationnel : il m'attire.

Le Brésil gagne 3 – 0. Je me lève, comme le gymnase entier, pour saluer leur victoire -je me souviens des précédents Jeux olympiques, je me souviens de la Ligue des nations à l'époque, quand ils perdaient chaque fois qu'ils tombaient contre la Russie. C'est une belle revanche. C'est une jolie morale de se dire qu'avec de la persévérance et de l'entraînement, on peut finir par battre ceux qui nous battaient auparavant. Bon, en ce qui nous concerne, un premier progrès ce serait déjà de battre quelqu'un en compétition internationale...

Pour la dernière journée de de repos, on sort se balader ; et on longe la plage en se demandant si on verra Hinata quand Bokuto voit des T-shirts pas chers et décide d'en acheter.

-Je prends bleu foncé pour soutenir l'Italie ! s'écrie Miya. C'est leur couleur de maillot !

-Pourquoi ? Il y a du bleu sur le drapeau italien ? demande Bokuto d'un air confus.

Tout le monde y réfléchit une minute, puis, comme on est visiblement trop cons pour trouver le pourquoi du comment, Miya ajoute :

-Et je te prends le jaune, Tobio-kun ! Tu pourras soutenir tes chouchous !

-C'est pas mes chouchous.

-Ouais, ouais, à d'autres.

Est-ce qu'il a vu que je regardais un peu trop le terrain brésilien ? Sérieux, quelle plaie, son sens de l'observation. Il ferait mieux de regarder où sont les blocs adverses plutôt qu'essayer de suivre mes regards.

-Ils ont battu l'Argentine, hein ! s'écrie Bokuto en me tapant dans le dos. C'est pour ça ! Parce qu'ils ont sorti la future équipe de ton ex !

Oui oui, c'est ça, allez. Je ne trouve rien à répondre, mais j'accepte le T-shirt ; et le lendemain matin, on est repartis pour le stade une dernière fois. Je passe crème, au milieu de tous ces maillots jaunes. Ce qui ne m'empêche pas de chercher Oikawa des yeux, et lui, il ne risque pas de porter cette couleur-là.

La petite finale va jusqu'au tie-break ; comme prévu, c'est un gros match entre la Russie et les Etats-Unis, mais ce sont finalement les derniers qui s'imposent. On a juste le temps d'aller s'acheter de quoi manger que la finale s'annonce, et là, le stade tout entier semble vibrer, je crois qu'il n'a jamais été aussi rempli. Il y a des joueurs incroyables des deux côtés du filet, mais l'atmosphère penche clairement en faveur du Brésil.

Les joueurs sont poussés par la foule ; ils prennent le premier set, puis le match s'enflamme, plusieurs points sont contestés -mais en même temps, c'est une finale olympique, il fallait s'attendre à ce qu'il y ait des étincelles. Le Brésil prend le deuxième set, plus difficilement, à 28 – 26. Blocs, attaques, sauvetages. Aces, secondes mains. C'est un défilé de jeu de très haute volée, et le Brésil atteint finalement sa balle de match ; 24 – 23. Zaytsev la sauve, l'Italie revient à 24 – 24, la tension est à son comble. Bruno et Lucas marquent par une courte. 25 – 24... Service, les Italiens construisent... et le bloc ! Le public se lève comme une marée humaine, tout le monde hurle autour de moi, et moi aussi je me retrouve debout à crier sans me rappeler m'être levé.

Je vois les joueurs en jaune s'effondrer ou courir les uns vers les autres, tout va trop vite, les remplaçants et le staff submergent le terrain ; les managers enlacent les joueurs, forment une immense étreinte au centre du terrain. Le stade n'en finit pas de rugir. Les joueurs se serrent les mains au filet, puis les vainqueurs saluent le public, et rejoignent les tribunes, où ils sont immédiatement attrapés par leurs proches et leurs fans. Je me demande si je serai à leur place un jour. Si je serai champion, et qui sera dans les tribunes pour me regarder. Pour l'instant, je suis du côté des vaincus, à l'image des Italiens. De l'autre côté du filet, je vois Juantorena essuyer ses larmes, et je peux pas m'empêcher de compatir.

Je regarde la cérémonie de remise des médailles avec dans la tête celle des précédents Jeux olympiques. Je m'en souviens clairement. Je venais de finir les camps d'été et les phases de qualification pour le tournoi de printemps, j'étais chez Oikawa, dans ses bras, même, et on avait coupé la cérémonie parce que ça nous faisait mal au cœur de voir les Brésiliens pleurer. Oh, les Italiens aussi ont les yeux bien rouges aujourd'hui... Mais les vainqueurs sont rayonnants. Nicolas Romero grimpe sur le podium avec un immense sourire, et j'applaudis à tout rompre quand il reçoit et embrasse sa médaille dorée. L'hymne brésilien retentit dans le Maracanãzinho, et même de ma place, je peux voir des larmes dévaler ses joues et se perdre dans les coins de son sourire.

On quitte le gymnase peu après, et l'atmosphère post-victoire à domicile est incroyable ; c'est à peine si on arrive à s'extirper de la foule pour rejoindre l'extérieur. Des supporters en jaune pleurent, s'étreignent, dansent. On ne croise pas Oikawa -je l'ai quand même cherché des yeux, on ne sait jamais- et on revient au village olympique la tête pleine de volley.

-C'était ouf ! répète Bokuto. J'ai trop hâte de refaire un événement mondial, c'est trop cool !

C'est clair que le retour à la vie de tous les jours va faire un petit choc. Est-ce que ma vie sera différente après ces semaines à Rio ? Est-ce que je continuerai à coucher avec Miya de temps en temps ? Est-ce que j'arriverai à avancer, maintenant que je suis certain qu'Oikawa ne reviendra pas ? Je ne sais pas. Pour l'instant, j'ai simplement hâte de retrouver ma sœur, mes amis, mes coéquipiers ; mon appart, le gymnase des Adlers, des gens qui parlent japonais et un curry digne de ce nom.

Je me contente d'enfiler ma veste rouge de l'équipe du Japon pour la cérémonie de clôture -personne la regarde de toute façon, et on se contente de défiler au milieu des drapeaux. On se sent quand même un peu concernés vu qu'il y a un passage de flambeau symbolique vers le Japon, puisque les prochains Jeux sont chez nous -notre premier ministre est là, je ne sais pas ce qu'il fait déguisé en Mario d'ailleurs ; notre hymne résonne dans le stade, bon, on aurait préféré que ce soit en volley mais c'est déjà ça. Dans quatre ans, on sera beaucoup plus forts. Dans quatre ans, grâce à mes passes, grâce à la force de mes coéquipiers, on gagnera.

La cérémonie finit tôt, on est de retour au village olympique avant minuit, et je ne suis même pas étonné quand Miya m'attrape par le bras avant que j'aille à la douche :

-Tobio-kun, on va quand même pas rater la dernière soirée ?

Rebelote. Exactement comme trois semaines plus tôt, Bokuto, lui et moi, on descend pour se rendre au gymnase ; et comme trois semaines plus tôt, ça a l'air d'être une ambiance de folie là-dedans. Normal, vu qu'il n'y a plus d'enjeu -les matchs sont terminés, il n'y a plus qu'à célébrer. Je crois bien qu'on est partis pour une nuit blanche. M'enfin, cette fois, c'est pas trop grave si Hibarida-san l'apprend, et c'est ma dernière chance de m'approcher de Romero : je ne compte pas la laisser passer.

-Matthew ! hurle Bokuto en apercevant Anderson près des portes. My friend !

Il se précipite vers lui -je suis presque sûr d'avoir vu l'Américain refouler un soupir- et Miya se met à rire. Je regarde partout autour de moi en me dirigeant vers le bar, et je décide de lui offrir la première consommation -de la bière, je me sens pas de me remettre à la vodka tout de suite. Pas beaucoup d'Italiens, ils doivent pas avoir la tête à célébrer ; mais les Russes sont présents, et, globalement, quasiment toutes les équipes qui participaient. Joffe est là aussi, au bar avec Grebennikov, l'air nerveux ; je me demande s'il attend Romero. Lui, en tout cas, il n'est pas difficile à trouver -chacun des champions olympiques est entouré par une foule d'autres joueurs avides de toucher la médaille d'or qu'ils portent toujours autour du cou, de faire une photo-souvenir ou de les féliciter. Je bois une gorgée de bière en espérant qu'elle me rende assez courageux pour faire de même.

Je suis en train de me demander comment je peux faire pour m'intégrer au groupe de joueurs qui entoure Romero quand un joueur en T-shirt bleu ciel passe devant moi, et d'un coup, cette couleur réveille une angoisse qui me serre la gorge.

-Qu'est-ce que t'as, Tobio-kun ?

Miya a dû voir que j'avais changé d'expression. Pas possible de lui mentir, et je suis étonné du naturel avec lequel j'arrive à lui faire part de mes pensées, mais ça doit aider de dormir dans le même pieu :

-Je viens de penser que peut-être qu'Oikawa-san est là.

Miya hausse les sourcils d'un air peu convaincu :

-Bah, y'a qu'à demander à un Argentin dans le doute. Mais je pense pas qu'il puisse s'incruster dans le village olympique comme ça.

Je pince les lèvres. Il faudrait que je trouve un de ses coéquipiers de San Juan sélectionné en équipe nationale... Si je ne me trompe pas, c'est le cas du central Martin Ramos. Je parcours la foule des yeux, craignant un peu de trouver le visage d'Oikawa à la place, m'arrêtant quelques secondes sur Romero en train de montrer sa médaille à Holt, et je finis par le localiser près des gradins. Il est avec de Cecco, le passeur actuel de l'équipe d'Argentine en attendant de voir si Oikawa prend sa place, et qui jouait à Pérouse cette année -où il était le passeur de club de Romero, donc. Tout le monde s'entrecroise dans le volley mondial, et ça me fait un peu tourner la tête ; mais enfin, je prends mon courage à deux mains pour aller les voir. Je me plante devant eux, ils me regardent, je sens une goutte de sueur couler sur ma joue, mais je me lance dans mon plus bel accent anglais (et je sais pas pourquoi mais j'ai l'impression d'entendre Tsukishima ricaner) :

-Bonjour. Je suis Japonais. Vous savez si Oikawa-san est là ?

Puis, comme ils ne semblent pas trop comprendre, j'insiste :

-Oikawa Tooru. Il est là ?

Aïe. Ça me fait mal de prononcer son prénom. Je ne l'ai plus dit à voix haute depuis des années. J'ai l'impression de lui donner réalité, de redonner vie à celui qui a été pour moi, pendant un moment, Tooru-san -celui en qui j'avais confiance, celui avec qui je passais de bons moments, celui que j'embrassais, celui que j'appelais mon amoureux. Mon cœur se serre.

-Oh, Tooru ! s'écrie Martin Ramos en levant un pouce pour me montrer qu'il a compris. Non. Il ne peut pas entrer ici. Il est à son hôtel. Tu le connais ?

Je sens Miya sourire derrière moi, mes joues rougissent, et je secoue la tête :

-Euh, un peu.

Le central m'adresse un sourire indulgent, et je reviens vers Miya en soupirant longuement pour évacuer le stress.

-Ça va aller ? me demande Miya en se penchant tout près.

-Kageyama ! hurle alors la voix de Bokuto.

Il nous rattrape en plein milieu du gymnase et m'attrape par les épaules :

-Je t'ai vu parler avec de Cecco ! Trop dingue ! Tu veux que je te présente mon ami Matthew ?

-Non, ça va aller, Bokuto-san, merci.

Je sais pas si c'est l'effet du stress qui redescend ou la fatigue après cette longue journée, mais je me sens dépassé. Je sors mon téléphone pour regarder l'heure, et je remarque que Hinata m'a écrit.

Hinata [21.08.2016 21 :44] : Tu étais à la finale ?? C'était incroyable

Hinata [21.08.2016 22 :12] : j'ai vu ta sale tête à la cérémonie de clôture

Derrière, Bokuto et Miya sont en train de parler de je ne sais quoi, et Bokuto me pousse en se mettant à rigoler. Je soupire.

Moi [21.08.2016 23:56] : T'avais pas des livraisons à faire ?

-Kageyama ! crie Bokuto dans mes oreilles. Si j'appelle Tsum-Tsum Tsum-Tsum alors est-ce que je peux t'appeler Yamayama ?

J'aime bien Bokuto-san, et je respecte mes aînés, mais je sens qu'il commence à me gonfler. Je lui adresse un coup d'œil rapide :

-Fais ce que tu veux.

Mon téléphone vibre. Hinata.

Hinata [21.08.2016 23 :57] : Je les ai faites plus tôt. Je suis même pas allé au beach !!

Moi [21.08.2016 23 :57] : je d

Le téléphone manque de me glisser des mains, je le rattrape de justesse. Bokuto a décidé de me secouer par les épaules, et continue à gueuler en faisant semblant de pleurer :

-C'était trop bien d'être ici avec vous !

Il me saoule, et je me dégage :

-Lâche-moi.

-Arrête de l'embêter, il va bouder, glousse Miya.

-Non ? Tu vas bouder, Yamayama ?

Je me retourne en l'ignorant pour reprendre mon message. Putain, il s'est envoyé tout seul avec ces conneries. Je sens une boule de colère se former dans la poitrine, et j'essaie de me calmer, ok, Bokuto-san est excité, c'est son caractère, faut que je l'accepte...

Hinata [21.08.2016 23 :58] : mdr ??

Je recommence à taper mon message, difficilement à cause du bruit qui résonne dans le gymnase, la musique trop forte, les gens qui crient, je commence à avoir une migraine -et au milieu de tout ça, je me fais encore bousculer, cette fois, je craque, je me retourne avec l'intention d'agresser :

-Putain mais tu peux pas faire un peu gaffe là ? Sér-

Je vois le visage de la personne à qui je suis en train de m'adresser, ce n'est pas Bokuto, et là, mon cœur s'arrête. Une paire d'yeux verts me retourne un regard curieux, puis Nicolas Romero incline la tête :

-Scusami, dit-il avant de doubler en anglais : je suis désolé.

Je suis en panique totale. Il est devant moi. Romero est devant moi. L'homme que j'ai cherché à approcher pendant trois semaines vient de me parler. Je le regarde avec des yeux écarquillés, je ne sais même pas si je le vois vraiment -je me rends compte qu'on fait quasiment la même taille lui et moi, c'est bizarre, je l'imaginais beaucoup plus grand, ses yeux sont couleur émeraude, comme sur la photo de ce matin, il m'a parlé, qu'est-ce que je réponds ? Il a dû croire que je m'adressais à lui, je ne voulais pas lui crier dessus, je croyais que c'était Bokuto, il va me prendre pour quelqu'un de super irrespectueux, je suis stupide, oh, putain, je fais quoi là, je réponds quoi ??

-Oh ! s'écrie-t-il soudain en posant ses deux mains sur mes épaules. Tu portes un T-shirt jaune. Tu es venu nous soutenir ?

Ses mains sur moi. Je sens comme un courant électrique me remonter toute l'échine, et je ne sais pas comment j'arrive à répondre :

-Oui, euh c'était beau... F-Félicitations...

Je ne sens plus mes jambes, seulement ses doigts qui exercent une légère pression sur ma peau. Il est si près. Si solaire. Si beau. J'ai l'impression de ne plus rien entendre du gymnase, de ne plus rien voir que son visage, ses yeux et son sourire tranquille, et la médaille d'or qui repose contre sa poitrine, sur le tissu fluo de sa veste olympique.

Et puis, d'un coup, il me tire contre lui, me serre brièvement contre sa poitrine, et murmure dans mon oreille :

-C'est trop gentil ! Merci.

Puis il me lâche, et comme si de rien n'était, m'adresse un dernier sourire et reprend son chemin vers le bar. Je reste planté là. Le cerveau vide. Est-ce que j'ai rêvé ?

-Mais t'as trop de la chance ! hurle alors la voix de Bokuto dans mon oreille. Romero t'a parlé !

-Poh là là, Tobio-kun ! hurle Miya en même temps dans l'autre oreille. Il t'a fait un câlin ! Tu tiens le coup ? T'as repeint ton caleçon ?

Je n'arrive pas à répondre, je suis encore sous le choc de ce qui vient de m'arriver. Il m'a regardé – parlé – touché. Peut-être que c'est naturel, pour lui, qu'il a agi sans y penser à deux fois, comme tous les autres joueurs ici qui s'étreignent comme ça à la moindre occasion. Mais moi, ça m'a complètement retourné. Comme il y a des années avec Oikawa, quand il m'avait enlacé dans ce parc, je suis incapable de bouger ou de parler -je ne peux que sentir mes joues brûler, mon corps brûler ; et j'ai l'impression que mon âme brûle, elle aussi, allumée d'un brasier qui semble ne jamais devoir s'éteindre.

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