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II. 1. Tooru


Je m'y attendais, mais ça fait mal quand même.

La photo de Tobio déployée sur mon écran d'ordinateur me regarde avec sérieux. Il se tient bien droit, le menton haut, un ballon de volley dans les mains. Et surtout, il porte le maillot rouge vif de l'équipe du Japon.

Mon téléphone vibre, et je saisis le prétexte pour détourner les yeux :

Iwa-chan [23.07.2016 21:03] : T'as vu, pour Kageyama ?

Oui, Iwa-chan, évidemment que j'ai vu. Je n'ai pas pu m'empêcher de cliquer sur le lien quand j'ai découvert que la liste des joueurs sélectionnés dans l'équipe japonaise de volley-ball était sortie. Je me suis demandé s'il y était. Et bingo, il y est. Mon adorable cadet, mon ex-petit-ami, Tobio-chan peut désormais fêter sa première sélection en équipe nationale, à dix-neuf ans à peine, et pour rien de moins que les Jeux Olympiques de Rio.

Je reviens à la photo. Je me sens troublé, mais je ne sais pas si c'est parce que je suis jaloux de sa sélection ou parce que ça fait longtemps que je n'ai pas vu Tobio. Je ne peux pas m'empêcher de le regarder, de détailler comme il a changé -imperceptiblement, peut-être, mais je connais son visage par cœur. Enfin, je connaissais. En entrant dans l'âge adulte, sa mâchoire s'est légèrement durcie, ses traits se sont affirmés tout en restant délicats. Ses yeux bleus -je trouve que la photo rend mal leur couleur- sont fixés droit devant lui, ses sourcils légèrement froncés dans une expression de détermination. Ce qui me prend le plus au dépourvu, c'est qu'il a changé de coiffure : je gardais l'image mentale d'un Tobio-chan avec sa frange noire jusqu'aux yeux, mais le jeune homme sur la photo a le visage pleinement dégagé, les mèches repoussées sur les tempes.

Bon sang. Ça lui va bien. Il est beau.

Je soupire, et je quitte l'agrandissement d'image pour retrouver une vue d'ensemble sur les joueurs. Ushijima est là aussi, enfin, lui, c'est pas sa première sélection, et d'ailleurs j'ai pas envie de le regarder. Je reconnais les cheveux blonds de Miya sur un des portraits, mais j'évite de poser les yeux sur sa face, son sourire va m'énerver. Et dernière jeune recrue de l'équipe : Bokuto Koutarou. De ce que j'ai entendu sur lui, je ne sais pas s'il a vraiment la maturité d'être là.

Mes yeux reviennent à Tobio comme s'il aimantait mon regard. Je me demande comment il est, à présent. J'ai entendu dire qu'il jouait en V-League avec les Schweiden Adlers, une grosse équipe qui l'a intégré dès la fin de sa terminale à Karasuno. Bon, il faut dire qu'il était titulaire dans l'équipe nationale des moins de dix-neuf ans, donc il fallait s'attendre à ce qu'un contrat lui parvienne sans tarder. Tout le monde voulait se déchirer le petit génie de Miyagi. C'est exactement ce que j'avais prévu depuis bien longtemps.

J'ai presque envie de lui envoyer un message pour le féliciter, ou pour le provoquer, mais ça fait des années qu'on ne s'est pas parlés. En fait, la dernière fois qu'il m'a adressé un mot, c'était à notre rupture, en quittant le restaurant, lorsqu'il m'avait dit, les yeux étincelants mais la voix ferme, au revoir Oikawa-san. Il n'a jamais répondu aux messages que je lui avais envoyés après ça. C'était il y a trois ans, mais parfois, j'y pense encore. Je me demande ce qui se serait passé, si j'étais resté.

Je me force à passer à autre chose, et je parcours rapidement les autres sélections : les noms défilent sous mes yeux, aux sonorités toutes différentes -polonais, américains, russes, italiens, brésiliens. J'aimerais dire que, devant tant de rivaux impressionnants, j'ai peur pour l'équipe japonaise ; mais en vérité, j'ai quand même un peu envie de les voir se planter.

Je ferme mon ordinateur en entendant la porte d'entrée s'ouvrir. Je devine que José enlève chez chaussures, puis il apparaît dans la cuisine, un sac de courses dans les mains.

-J'ai pris des sushis pour ce soir, dit-il en sortant une barquette pour la mettre au frigo. Je me suis dit que ça te ferait plaisir.

Ça me réchauffe le cœur et je lui adresse mon plus beau sourire. José Blanco, coach de San Juan, coach de l'équipe de volley-ball d'Argentine, a assez de prévenance pour penser à moi quand il fait ses courses. Il veut me faire plaisir. Comme à chaque fois qu'il me rend visite ou qu'il a une attention pour moi, je me sens pousser des ailes.

Enfin, il faut bien ça pour compenser la frustration de ne pas aller à Rio. Je suis en pleines démarches pour la naturalisation, pouvant désormais attester de mes deux ans de résidence sur le sol argentin, comme prévu ; mais les formalités administratives ont traîné en longueur.

-Tu pars quand, déjà ?

José pose une bouteille de Torrontes sur la table avant de relever ses yeux clairs vers moi :

-Le 3 août. La cérémonie d'ouverture a lieu le 5 au soir et les matchs commencent le 7. Autant prendre nos marques là-bas au plus tôt.

-Ouais...

-Ne sois pas déçu, Tooru. Ce sera pour une prochaine fois. Même si tu avais la nationalité, je ne suis pas sûr que je t'aurais appelé.

Je suis vexé, et je tourne la tête pour le lui faire sentir. Même si je sais que je suis encore jeune pour intégrer une sélection nationale, et que mon nom commence à circuler tout doucement grâce aux résultats impeccables de San Juan -champion argentin pour la sixième année consécutive-, je ne suis encore que deuxième passeur et pinch-server, et je prends mon mal en patience. Je fais confiance à José. Il a tenu toutes ses promesses jusqu'ici, je sais qu'il me donnera ma chance quand le moment sera venu, et que là, ce seront les Japonais qui me regarderont jalousement depuis leur écran. Ou fièrement, en fait, je ne sais pas vraiment. J'ai du mal à situer ce que je ressens pour ceux que j'ai quittés. Et surtout ceux que j'ai quittés un peu précipitamment.

-Oh, ne boude pas, sourit José.

Peut-être qu'il va me faire un bisou pour me dérider ? Non, pas son genre. Même s'il se montre attentionné et de bon conseil, je ne peux pas vraiment dire que ma relation avec José Blanco est romantique. Ici, à San Juan, il vit dans sa maison, avec sa femme et ses deux enfants. Moi, je suis seul dans mon appart. On se voit au gymnase, pour les entraînements, pour les matchs, et aussi pour toutes les manifestations officielles de San Juan -présentations, interviews, repas de charité, opérations diverses de communication... Au cours desquelles je côtoie sa famille, soit dit en passant, dont son fils aîné qui a le même âge que moi.

Il me rejoint chez moi une fois tous les dix ou douze jours à peu près. Parfois, ce n'est qu'une heure le soir après un entraînement, parfois il reste la nuit entière -et ça, c'est ce que je préfère, quand je me réveille à ses côtés et que je peux me dire il est à moi, José Blanco est à moi. C'est un sentiment incroyable. Quand il arrive à ma porte, me sourit et me dit, Salut, Tooru, je repense à l'exaltation de notre première rencontre alors que je n'avais que dix ans, de la révélation qu'il a été pour moi, qui ai décidé de jouer passeur après l'avoir vu ce jour-là ; je repense à ce qui s'est passé derrière la porte close de son bureau à Tokyo, je repense à mon arrivée en Argentine, quand il m'attendait à l'aéroport.

Il m'a choisi. Moi que personne n'a choisi au Japon, que personne n'a repéré, en qui personne n'a cru -lui, il a vu mon potentiel, et il m'aide à le déployer. Il l'a vu. Il me voit. Il sait ce que je vaux, et je veux lui prouver combien je suis digne de lui chaque fois qu'il m'en donne l'occasion.

J'entrouvre un œil, et je le vois qui se rapproche de moi. Il a beau atteindre la cinquantaine, son aura est toujours aussi impressionnante, d'autant plus qu'il est maintenant un des hommes les plus importants de la fédération de volley argentine, et même au niveau mondial... Je ne peux m'empêcher de frémir quand il se penche et chuchote au creux de mon oreille :

-Je vais te consoler. J'ai un cadeau pour toi.

-Ah oui ?

C'est sûrement futile, mais j'aime qu'il me fasse des cadeaux. Je me dis que c'est sa façon de compenser pour le temps qu'il ne peut pas passer avec moi. J'incline la tête :

-Qu'est-ce que c'est ?

-Tu veux savoir tout de suite ? Eh bien, Tooru...

Il me tend une enveloppe, assez épaisse et que j'ouvre avec curiosité. A l'intérieur, non pas un, mais huit tickets pour assister à des matchs -et aucune équipe n'est encore inscrite, seulement l'heure et le lieu, puisque...

-Ce sont pour les quarts, les demies, et les finales, déclare José Blanco en posant une main sur sa hanche. Et, naturellement...

Il me remet une seconde enveloppe :

-Les billets d'avion aller-retour pour Rio.

Je ne m'y attendais pas. Je reste la bouche ouverte, les enveloppes et les billets à moitié sortis dans les mains, cherchant comment réagir -comment gérer les émotions qui m'envahissent, la joie d'aller voir de gros matchs, de partir à Rio, de voir qu'il m'a encore fait un incroyable cadeau, mais aussi tout le reste, la frustration qui ressurgit de n'y aller que comme spectateur, et l'appréhension de me dire que je vais peut-être y croiser de vieilles connaissances, ou, d'ailleurs, d'anciennes plus-que-connaissances.

-M-Merci, José...

J'aurais aimé l'embrasser, mais il se dérobe pour finir de ranger les courses. Je sors les billets un à un. J'arrive le 16 août, je repars le 22 après les finales. Je ne sais pas encore qui se qualifiera jusqu'en quarts, même si j'ai mes petites idées, et la perspective de pouvoir assister en direct aux matchs me poussera sûrement à m'investir plus que jamais dans les phases de poules. Faudra que je le dise à Iwa-chan. Il va être vert de rage, à moins que lui aussi ne compte y aller : après tout, ça ne m'étonnerait pas qu'il s'y rende avec son mentor Utsui, lequel voudra sûrement se déplacer pour soutenir son fils pendant la compétition. Ça, je m'en remets toujours pas. Iwa-chan coaché par le père d'Ushiwaka, quelle ironie. Même si lui ne couche probablement pas avec.

En parlant de ça...

-Tu restes dormir avec moi, cette nuit ?

José a l'air de considérer la question. Même après trois ans de cette routine, mon cœur se serre encore un peu en attendant la réponse. En attendant de voir à quel point il tient à moi.

-Oui, décide-t-il finalement.

Sûrement parce qu'on ne se verra plus beaucoup avant qu'il parte au Brésil. Peut-être qu'il m'a invité là-bas pour qu'on puisse tout de même passer un peu de temps tous les deux, même au milieu des Jeux Olympiques ? La pensée me fait gonfler d'orgueil.

L'orgueil. Un mot-clef dans ma vie, je dirais. J'y repense, parfois, les soirs comme celui-ci. La bouteille de vin terminée, les barquettes de sushis vides sur la table, la porte de la chambre ouverte. L'emballage de la capote par terre, un coin de drap trempé de lubrifiant. José, allongé sur le dos, qui respire profondément, et que je regarde dans la semi-obscurité. Mon orgueil m'a mené ici.

On m'a dit -c'est toi que je vise, Ushiwaka- que cet orgueil était mon plus grand défaut, mais je suis convaincu que c'est surtout ma plus grande qualité. Mal placé ? Non, je dirais qu'il est placé d'avance. J'ai toujours su à quel niveau je voulais me tenir, même au moment où ça paraissait impossible. J'ai toujours su ce que je voulais être et je me suis donné, et je me donne encore les moyens d'y arriver.

J'ai encore du travail, mais je suis meilleur qu'hier et moins bon que demain. Dans quelques années, je compterai parmi les meilleurs joueurs du monde, j'en suis certain. Et un jour, je recevrai le prix de meilleur joueur et de meilleur passeur d'un tournoi mondial.

La scène se dessine sous mes yeux tandis que je glisse vers le sommeil. Je suis revêtu du maillot azur au numéro 13, l'ancien numéro de José, et je reçois les trophées des mains du président de la fédération internationale de volley-ball. Le haut-parleur crie mon nom, le public est debout et applaudit. José est là, il me regarde fièrement. Peut-être que dans ce futur, il a quitté femme et enfants pour s'établir avec moi de manière officielle, peut-être qu'on n'a plus à se cacher. Et derrière moi, dans mon ombre, se tiennent tous les passeurs de renom que j'ai finalement réussi à surpasser ; et entre eux, image si facile à projeter car déjà vue, déjà vécue, une paire d'yeux bleus qui me regarde avec admiration.

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