9 . i'm yours
9.
Mon oreille collait son torse et mon cœur battait si fort, imitant le rythme du sien. J'avais la respiration lourde, les sens brouillés et la tête engourdie. Tout me semblait silencieusement assourdissant et je ne percevais que la force des bras qui m'entouraient. C'était confortable, dans ses bras. Mes mains se mirent à trembler quand je réalisais que j'étais plus ou moins blottis contre lui, dans un coin de l'ascenseur.
Dans son dos, le verre laissait entrevoir le vide et l'infini, le sapin sur Sunset Center prêt à être illuminé et les arbres du parc qui n'avaient pas droit à de guirlandes. C'était comme être enfermé dans une bulle à l'aspect dramatique, peut-être onirique, qui nous attirait pour nous garder en son sein. Y être isolé avait ce quelque chose de secrètement rassurant. Je ne le remarquai pas immédiatement, mais nous étions de nouveau coincé entre quatre murs. C'était peut-être ce qui nous convenait en fin de compte.
— Ça va ? Jisung, ça va ?
Ses mains empoignèrent mes épaules pour me séparer de lui, instaurer un contact visuel qui me fit frissonner.
Minho, il me sembla plus beau que jamais ce soir-là. Il était bien moins négligé que moi, avait cette prestance que je ne lui connaissais pas dans son smoking et je me fis la réflexion que s'il s'était glissé parmi les autres, personne n'aurait remarqué qu'il n'était pas un invité de la réception. Néanmoins, lui aussi avait ces cernes sous les yeux, ces lèvres torturées et je me rappelai que la dernière fois que je l'avais vu, ses orbes me consumaient et sa bouche me dévorait. A présent, il y avait cette distance habituelle entre lui et moi alors que nous étions pourtant si proches. Je voulais y remédier, me sentir de nouveau comblé, cassé entre ses doigts. Minho m'avait affreusement manqué.
T'es amoureux Jisung.
Et perdue dans mes pensées les plus folles, la voix de Felix surgit et je sentis mon cœur bondir un peu plus fort. Y'avait ça aussi. Ce mot, l'amour. Inconnu de mon bataillon pourtant présent en apparence. Il s'était ajouté à cette équation déjà bien complexe et je ne savais pas comment l'interpréter.
— Oui, je répondis. Et toi ?
— Aussi.
Il sourit après un instant de silence, lui aussi devait sentir qu'il y avait quelque chose de différent.
Mes mains glissèrent le long de ses épaules, de ses bras et je saisissai délicatement ses poignets pour serrer ses mains. Nos doigts s'accrochèrent et je les fixai pendant quelques secondes, constatant combien les miens étaient abîmés par le froid, combien ma peau semblait craquelée contre la sienne si douce et rassurante.
— Tu m'as manqué Minho.
Et c'était la première fois que je disais ces mots-là.
Dans le creux de mes épaules, un poids paru s'envoler et son regard sembla pétiller de mille feux. Quelque chose avait explosé dans la couleur de ses iris, les yeux de Minho me m'apparurent plus lumineux sur le moment.
— Toi aussi Jisung, tu m'as manqué, chuchota-t-il. Affreusement même.
Mon regard se perdit sur les traits de son visage, ceux que la Perfection et ses progénitures pourraient envier. Je m'arrêtai sur ses lèvres qui souriaient légèrement, sa bouche qui était autant capable que ses mains de ne me réduire à rien. A ce quelque chose d'étrangement plaisant dont seul lui avait le secret. Ça m'hypnotisait, ça m'entrainait loin bien loin et je me revoyais à ces moments-là ; dans une salle de bain, derrière une porte, à l'ombre d'escaliers ou dans une voiture. Toutes ces fois où, dans une intimité cachée, Minho m'avait fait sien à m'en rendre fou.
Ces fois où j'avais eu la sensation de tout ressentir.
Et je ne voulais plus passer de temps à tenter de me convaincre vainement que je pourrai m'en passer.
— La dernière fois, on..., son nez frôla le mien. On a pas terminé.
Le rose parsema ses joues au rythme de ses mains glissant délicieusement sur ma taille.
— Notre conversation, je m'empressai d'ajouter en souriant.
Minho pinça les lèvres et hocha la tête, s'éloignant sûrement à contre-cœur. Je ne voulais pas qu'il me lâche, qu'il me laisse perdre pieds seul. La lumière du vieux phare avait retrouvé l'homme aveugle dans la tempête et si elle le perdait à nouveau, ça serait peut-être la dernière fois qu'ils auraient l'occasion de se réunir.
Sans réfléchir, je me tournai vers les boutons de l'ascenseur et sélectionnai celui qui portait la cloche. J'avais conscience que je bloquais délibérément la cage, que j'emmerdai les richards de l'autre côté de la porte et qu'en contre-bas, le sol se faisait horriblement vertigineux pour nos yeux. Pourtant, je ne voulais quitter cet ascenseur pour rien au monde, je refusais que quelque chose vienne s'immiscer entre Minho et moi pour la énième fois.
Lui me regardait plein de surprise, d'incompréhension probablement. Il ne disait rien mais je réussi à voir sur son visage qu'il ne comprenait pas ce qui me prenait. Je n'avais jamais été aussi expressif, avec autant d'allure irréfléchie. Mais c'était ça qu'il me faisait, Minho. Je ne prenais plus la peine de songer et je voulais continuer sur cette voix. Alors je saisissai de nouveau ses grandes mains, me délectai de la chaleur de leur creux et je disais à bout de souffle.
— Tu m'as raconté ce que tu ressentais au plus profond de toi et... Et moi, j'ai pas su le faire.
Il fronça les sourcils et pencha sa tête sur le côté, ses cheveux suivirent le mouvement.
— T'as pas besoin d'expliciter pour que je comprennes, tu sais, il sourit. Tu l'as dit avec tes mots à toi, c'est amplement suffisant.
— Non, c'est pas ça. Y'a des trucs que je t'ai pas dit.
Alors il tira légèrement sur ma main pour m'entraîner vers le sol. Je m'asseyais à ses côtés, dos au vide et face à la porte condamnée. Jambes étendues, mon genou tressautait de lui-même. Je soupirai, cherchai mes mots et fixai ma paume moite que j'essuyais sur mon pantalon. Je sentais son regard doux sur moi, ses doigts qui s'entremêlaient aux miens et son souffle caressant la peau de ma joue. Pendant un instant, je voulu ravaler mes phrases pour l'embrasser, perdre ma vérité pour m'enfoncer dans l'illusion que l'on vivait.
T'es amoureux Jisung.
Ah ? Je n'osais pas l'affronter de plein fouet.
Je fermai les yeux, cognais l'arrière de ma tête contre la fraîcheur de la baie vitrée. Sa main lâcha la mienne, ma paume frissonna de ce vide si soudain. Puis mon genoux qui n'en faisait qu'à sa tête fut délicatement saisis et je rouvrai les yeux pour constater que mon articulation ne tremblait plus. Minho la caressait par dessus mon pantalon, attendait patiemment que ma bouche se fasse moins pâteuse pour qu'un quelconque son n'en sorte. J'eus l'impression que l'entièreté de mon corps se réchauffait dans mon propre froid et mon cœur sembla ricochet violemment contre ma cage thoracique.
Je ne le regardai pas et me contentai de la couleur d'acier de la porte de l'ascenseur, préférant sa neutralité à l'expressivité de Minho. Fixer le rien sur ma rétine pour faire vibrer des syllabes aux mots vides de tout le long de mes cordes vocales. Je savais pas quel ton j'avais pris, quelles expressions mes traits avaient adoptés. Y'avait soudainement cette impression de carburer robotisé pourtant j'entendais ma voix trembler.
— J'suis incapable de mettre des mots sur mes sentiment et mes émotions. Je les comprends pas, j'sais pas comment les ressentir, je déblatérais, sûrement trop rapidement. Mais avec toi, j-j'ai l'impression d'être cassé, il trésaillit. J'ai toujours fonctionné de cette manière, j'suis né comme ça. C'est compliqué de soigner ça. Mais avec toi, y'a un truc qui a changé, qui... Qui me répare d'une manière que je comprends pas, je tournai les yeux vers lui, pas certain de ce que je disais. Tu me rends malade Minho parce qu'avec toi, je ressens des choses que lesquelles j'arrive pas à mettre de mots et ça me rend pas dingue comme ça à l'habitude de le faire.
Je déglutis, clignai plusieurs fois des yeux. Aujourd'hui, je sais que je me chiais dessus à l'idée de lui dire les mots qui suivraient. Parce que j'étais pas sûr de leurs significations et de leurs valeurs, de comment Minho les interpréterait. Dans le fond, j'avais toujours souvenirs des mots méchants traînassant dans la basse-cour et venant teindre la couleur de ma peau. Je craignais de voir les si beaux yeux de Minho adopter ces regards que j'avais tant subis dans le passé et que je subissais un peu moins à présent.
Est-ce que c'était ça réellement aimer quelqu'un ? Craindre sa réaction à vouloir s'en déchiqueter la poitrine ?
— Avec toi, et ma voix flanchait, je deviens fou mais sur le moment, j'oublie que je comprends pas ce qui se passe dans mon corps. C'est après, quand je repense à toi sans arrêt que j'me pose la question, je mordai ma lèvre et souriais légèrement. C'est agréable d'être cassé par toi Minho. Parce que j'apprends des sentiments et des émotions sans m'en rendre compte. Et aujourd'hui, Felix et Jeongeun m'ont dit que c'était plus ou moins ça l'amour. C'que je ressens pour toi et qui me brise pour mieux me réparer.
Je marquai une pause, à bout de souffle et de salive. J'apercevais mon reflet dans ses orbes brillantes et je ne sus pas si c'était lui ou si c'était l'atmosphère qui nous avait autant rapproché. Je sentais sa respiration trembler sur mon visage, s'écraser sur le contraste de ma peau gelée.
De l'autre côté de l'ascenseur, l'or se rapprochait des fenêtres, champagne en main pour assister aux festivités du bronze loin en contre en bas. Si l'on tendait l'oreille, on pourrait presque entendre le décompte de l'illumination du sapin être criés. Moi, je n'entendais que les hurlements de l'attraction qui s'exerçait entre Minho et moi ; les battements de mon cœur à mes tempes et ma respiration beaucoup trop lourde. Je crois que si je n'avais rien eu d'autre à ajouter, si mes sentiments n'avaient pas autant implosés ce soir-là, je me serais jeté sur ses lèvres qui m'appelaient sans arrêt.
— Tu...
— J'peux pas te répondre que les sentiments que t'as pour moi sont réciproques Minho. Parce que je sais pas ce que c'est, je comprends pas.
L'homme aveugle qui avait toujours confié ses sentiments aux autres jusqu'à en être horriblement perdu et effrayé dans la tempête rencontra le vieux phare qui avait toujours été seul et vide de tout sur son rocher.
Et comme la lumière qui l'avait trouvé, les décorations de Noël du sapin s'illuminèrent de mille feux sur Sunset Center.
— Mais j'crois que j'ai envie de les apprendre. Et avec toi.
Dans cette histoire, ils cherchaient tous deux à se retrouver et se soigner sur un chemin similaire aux embûches pourtant tellement différentes. Et quand bien même la houle et le vent avaient tentés de les repousser, il avait suffit d'un sourire, d'un toucher pour que l'homme aveugle retrouve lentement la vue et que le vieux phare rouillé regagne de sa prestance.
La première minute du vingt-cinq décembre sonnait et ses mains avaient regagné le creux de mes reins alors que ma langue caressait la sienne.
Contre la baie vitrée, coincés dans cet ascenseur, jamais nous n'avions été aussi libres. Et le monde pouvait nous regarder, nous jalouser autant que les murs pouvaient jaser. Et je crois que y'avait jamais eu autant de choses à dire, à murmurer et à conter que ce soir-là. Lorsque je l'embrassais à n'en plus respirer, que je lui confiais vouloir le garder à mes côtés et que lui me chuchotais refuser me lâcher.
Promesses sans lendemain vous avais-je raconté — oui. Confusion des émotions sur les chemins hasardeux de la vie, à l'ombre de coin renfermés.
Lee Minho, c'était le nom que je voulais crier sur tous les toits à en perdre la voix. Minho, c'était le nom de ma douce folie. Et celle-là, je souhaitais continuer à la goûter.
Cette nuit-là, je ne savais pas réellement dans quoi je m'engageais mais j'envoyais chier ce qui pourrissait au-dessus de nos têtes. Sa peur des sentiments et mon incompréhension à leur égard. Et cette fois, le temps que l'on s'offrait et chérissait perdurerait.
Parce que Minho décidait de réapprendre à confier son coeur et moi d'apprendre ce que aimer signifiait pour de vrai.
;『• • • ✎ nda • • •』;
fic de noël mais on est en mars mdr
j'ai tellement mis de temps à l'écrire celui-là, c'était un peu compliqué à le mettre en place pour être honnête et je pense que ça doit se voir à son aspect brouillon même baclé un peu
j'espère néanmoins qu'il vous a plu et qu'il ne vous a pas trop semblé décalé par rapport au reste...
le prochain chapitre sera l'épilogue et sera suivi d'une petite partie explications, vous verrez 🤓 je vais essayer de pas mettre 15 ans à les pondre haha
anyway passez une bonne journée, hydratez-vous et prenez soin de vous
<3
sunny~
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