4 . rod (ride or die)
04.
C'était étrange.
Y'avait quelque chose qui flottait dans l'atmosphère qui empêchait mes épaules de s'affaisser. C'était peut-être les décorations de Noël trop présentes dans le petit salon, le regard de Minho qui me brûlait la peau ou les champignons sur ma part de pizza.
Je n'aimais pas les champignons.
Logan parlait sans s'arrêter. Jeongeun intervenait parfois dans son monologue, histoire de lui offrir l'opportunité de reprendre son souffle dans sa longue tirade. Je n'avais pas dit un mot, je me contentais de faire le tri sur ma pizza dans le silence. Minho, lui, était face à moi, appuyé contre le canapé. Il avait cet éclat dans les yeux, ce truc qui laissait croire au vide mais qui était bien plus profond en réalité. Cet éclat, il avait mon reflet quand son regard se posait sur moi.
Je m'étais voûté, je sais pas pourquoi je n'arrivais pas à lui faire face. Je n'avais qu'à relever les yeux, affronter leur couleur comme à chaque fois que j'avais dû plonger mon regard dans le sien. Mais je n'y arrivais pas. Pourquoi j'avais l'impression qu'il s'agissait de réaliser un effort insurmontable ?
C'était bizarre.
Les filles continuaient leur discussion et Minho ne parlait pas non plus. Je ne savais pas s'il était de nature silencieuse ou plutôt bavarde en général. Je ne savais pas comment il connaissait Jeongeun et Logan, je ne savais pas s'il aimait les champignons. J'avais toujours su plus ou moins quoi faire quand ça n'allait pas comme ça mais cette fois-là, j'étais perdu. Minho avait cassé quelque chose.
Je reposai ma part à moitié triée dans le carton, une bouchée encore entre les joues.
Je n'aimais pas champignons.
— Je rentre.
Les filles se taisent et Minho, il parle.
— Déjà ?
Est-ce que ça m'était directement adressé ou s'agissait-il d'une réaction automatisée ?
Elle était basse, sa voix. Faible avec ce que j'ai cru définir être comme de l'incertitude. Sa voix, elle était douce, elle était miélée, ni trop grave ni trop aigue. Elle avait les caractéristiques de la perfection dans n'importe quelles circonstances et la remontée de souvenirs soudains me fit me racler la gorge.
J'ai pas répondu, j'avais la bouche pleine et ma voix à moi coincée entre mes cordes. J'ai haussé les épaules, tenté un regard vers lui par pure politesse. La suite le fut un peu moins. On a pas l'impression de devenir un fou dans le cosmos quand on salue quelqu'un. Y'avait le reflets des décorations lumineuses du salon dans ses yeux de biches qui me regardaient d'en bas et si je m'étais penché, j'aurais aperçu ma silhouette dans les dessins que ses pupilles redessinaient. Minho, il ne regardait que moi et comme la tornade qui faisait ravage, il avait tout balayé. Ça tremblait et ça vibrait là-dessous et lui, il était là, plus stable que jamais.
J'avais envie de me jeter sur lui. Comme un junky à qui on propose la dose qui commençait à le transformer. J'étais devenu dingue.
Ils ont pas plus cherché à comprendre quand j'ai attrapé mes affaires avant de leur dire aurevoir. Jeongeun, elle savait que y'avait rien à comprendre. Elle m'a serré dans ses bras en me demandant de la prévenir quand je serais rentré. J'avais une bonne trotte à faire, traverser cette ville aux aspects tranquilles pouvait bien révéler des surprises, bonnes ou mauvaises. A croire que les villes de riches en bord d'océan n'avaient pas elles aussi leur part d'ombre.
Je me suis retrouvé dans le couloir, un étage plus bas, à attendre l'ascenseur. Il faisait pas spécialement froid pourtant je frissonnais sous ma veste. Derrière les portes, j'entendais les occupants rire ou pleurer ou se disputer. Ces trucs que je connaissais sans connaître, que je regardais du coin de l'œil entre mes cheveux. Ces petits moments qu'on me contait comme étant importants, qui faisaient un bout de la vie que je vivais pas. J'en étais indifférent, c'était débile et je me rendais pas compte que ça faisait de moi un puzzle incomplet.
— Jisung !
Et les portes de l'ascenseur s'ouvrirent.
Et je vis Minho descendre l'escalier d'un pas rapide.
Il se planta devant moi, le souffle court et les joues rouges. Je clignai plusieurs fois des yeux quand dans mon dos, les portes commencèrent à se refermer et qu'il les bloqua de sa main. Minho était pas si grand, il avait à peine quelques centimètres de plus pourtant j'avais l'air minuscule. Il était penché sur mon corps, j'étais pris entre lui et le vide offert par l'ascenseur qui m'attendait. Je bougeais pas.
Qu'est-ce qu'il foutait là ? Il n'avait pas pris sa veste, ni son sac. Il était juste là avec son hoodie noir sur le dos et ses baskets mal mises.
— Je descends avec toi.
J'avais pas relevé mais y'avait de l'hésitation dans le fond de ses mots.
Je le laissai faire quand ses doigts agrippèrent les miens et qu'il m'entraîna dans l'ascenseur. Mon dos rencontra le miroir qui dominait le petit espace quand les portes se refermèrent et que la voix automatique annonça l'étage sélectionné. Je sentis la cage trembler légèrement avant de se mettre en mouvement et j'eus l'impression qu'il s'agit-là du trajet en ascenseur le plus long de ma vie. Pourtant, Jeongeun habitait seulement au sixième étage. J'avais toujours la paume contre celle de Minho, ses doigts entre les miens. On entendait le son du déplacement de la cage, sa respiration lourde et la mienne plus discrète. Je comprenais pas ce qu'il se passait, pourquoi j'avais cette sensation de brûlure contre ma peau qui touchait la sienne.
J'avais relevé la tête vers lui et affronté son regard, le brun de ses yeux posés sur moi. Inconsciemment, ma main resserra la sienne. Il ne disait rien et je ne disais rien. Je crois que j'ai pensé à l'embrasser mais j'ai pas pu m'y résoudre. Quelque chose était cassé, différent ; c'était comme si j'en avais pas le droit. Interdiction de poser mes lèvres sur les siennes, de sentir sa chaleur contre la mienne, ses doigts sur mon corps.
— J'avais envie de te revoir.
Quelque part, quelque chose craqua et se serra dans ma poitrine.
— Pourquoi ?
Il ouvrit la bouche avant de la refermer. Il devait réfléchir, peut-être trouver une explication à son absence soudaine ou une réponse adéquate à la mienne.
Il se rapprocha, ses doigts serrèrent un peu plus fort les miens. Le froid du miroir atteignit mon corps au travers de mes vêtements tandis que sa chaleur à lui fuma le reste lorsqu'il entra en contact avec le mien.
La courbe de ses épaules, de ses clavicules, la forme de ses muscles. L'attraction, l'envie, le désir. Les mots, les paroles dans le vent échangées sous l'éclat d'une ampoule. J'étais de nouveau enfermé entre quatre murs avec lui, contre lui. Je savais pas à quoi penser, sur quoi réfléchir. Je me voyais plonger dans cette bulle à nous qui renaissait alors que ses lèvres frôlaient les miennes.
— J'en avais besoin...
Incertitude. Ça avait plutôt sonné comme une question. Une question en réponse à une question en réponse. Doutes sur doutes dans un murmure, je suppose.
Je déglutis. Ça se tordit dans mon corps, dans ma tête. Nos souffles s'emmêlant, son nez cognant le mien et ma main moite qui agrippa la ceinture de son jean. La lumière au plafond de l'ascenseur projeta son ombre sur moi, me couvrit lentement de ce doux secret pour m'y enfermer contre le miroir, contre lui. J'avais le visage crispé, la mâchoire serrée qu'il avait délicatement attrapé entre ses doigts froid. Le sang battait à mes tempes, j'avais le cœur fou et le tout en ébullition. J'étais familier à chacun de ses gestes, à chacun de ses contacts pourtant je redécouvrais tout. Le manque, ça devait probablement être ce genre d'effet.
Ce quelque chose qui n'était plus là depuis ce soir sur Sunset Center était revenu. Et moi aussi, j'en avais besoin. Présence qui ne dure pas mais empreintes qui restent figées quelque part dans le temps. C'était ça, Minho.
Sa bouche allait toucher la mienne, l'infime espace qui nous séparait se comblait. Enfin. Puis l'ascenseur s'immobilisa lourdement, les portes s'ouvrirent bruyamment derrière lui alors que la voix automatique annonçait que nous étions arrivés au rez-de-chaussée. L'air frais s'engouffra dans la cage devenue chaleureuse et on frissonna de concert. Dans un réflexe, il s'était éloigné de moi et j'avais lâché sa main. Ça laissa quelque chose de vide et morne en son creux. Je passai ma langue sur mes lèvres et pris une grande inspiration.
— J'y vais.
Je passai devant lui sans rien dire de plus parce que, voilà, je savais pas quoi dire. Tout était trop étrange pour que je réussisse à rentrer dans le moule cette fois. Même avec lui, avec Minho. Mes doigts frôlèrent les siens quand je passai à côté de lui, je crus sentir sa tentative de me les saisir et les battements de mon cœur furent douloureux.
Les pieds dans le hall de l'immeuble, je soufflai et alors que j'entendais les portes de l'ascenseur se refermer après ce qui sembla s'être écoulé sur une éternité, sa voix résonna dans l'entrée. Elle se répandit en écho, atteignit mes oreilles et je sursautai. Je fronçai les sourcils et en me retournant, je vis qu'il avait de nouveau retenu les portes en imposant ses mains. Il mordillait sa lèvre, chose que je souhaitais plutôt faire moi. Comme la dernière fois, à peine quelques mètres nous séparaient mais c'était une immensité de courants en contre-sens des autres qu'il y avait là.
Derrière sa silhouette, j'aperçu la mienne dans le reflet du miroir de l'ascenseur et je ne compris pas pourquoi j'avais les joues aussi rouges et les orbes aussi folles.
— J'ai envie de te revoir.
Elle était toujours là, l'incertitude imperceptible.
— Tu m'l'as déjà dit.
Il esquissa l'ombre d'un sourire et secoua la tête.
— Non. Je veux dire... Après, dans le futur.
C'était la première fois qu'il évoquait l'éventualité d'une prochaine rencontre, que ce « nous » se planifiait au lieu de s'improviser au goût du fruit du hasard. La première fois qu'on accordait à ce « nous » une pensée réfléchie.
Mon souffle s'était coupé, ça avait frappé ma poitrine et je crois que j'avais mis plusieurs minutes avant de répondre.
— Hyunjin fait une soirée jeudi soir, je marquai un silence. Tu y seras ?
Je le vis pincer ses lèvres gercées, retenir sa respiration. Il planta franchement son regard dans le mien et si j'ai voulu bouger jusqu'à lui, je suis resté immobile.
— Avant.
Avant ?
Je fronçai les sourcils, penchai ma tête sur le côté en attendant la suite, le plus qui répondrait à mes interrogations. C'était embrumé dans ma tête, entre lui et moi aussi. Y'avait quelque chose que je saisissais pas, qui contrastait avec l'envie constante de vouloir son contact.
— Demain. Au marché de Noël.
— Quoi ?
— Retrouve moi demain au marché de Noël, à quinze heures.
J'ai rien dit. Ni oui, ni non. Je m'étais contenté de regarder ce sourire éblouissant étirer son visage alors qu'il laissait les portes de l'ascenseur se fermer.
Je me retrouvai alors seul dans le grand hall froid et ses lumières s'éteignirent, ne laissant que celles des phares des voitures qui passaient éclairer quelques secondes, faisant naviguer mon ombre sur le sol et les murs.
Lee Minho. Il venait de laisser un arôme différent dans ces explosions de tout et n'importe quoi auxquelles j'avais cru m'être habitué.
;『• • • ✎ nda • • •』;
sérieusement, le rendu représente pas ce que g imaginé 💀💀 j'espère que ça vous plaît hihi et j'attends vos petits pronostics^^
anyway LE SKZ REPLAY 🥰 deep end ma fav des solos (jles aime tt purée), jveux savoir la votre ? :))
passez une bonne fin de journée, hydratez-vous et prenez soin de vous
<3
sunny~
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro