10.

L'hiver était passé et le printemps s'installait. Les arbres fleurissaient, le soleil revenait malgré les températures qui restaient fraîches. Les oiseaux rechantaient et l'océan avait délaissé ses couleurs grises pour céder à cet azur si particulier qui poussait les gens à se découvrir. Les dalles parsemant Sunset Center brillaient de mille feux sous les éclats du soleil et parfois, ça donnait l'impression de flotter sur des flots de diamants.

Plus de cinq mois s'étaient écoulés depuis le vingt-cinq décembre. Le grand sapin et le marché de Noël avaient été désinstallés, libérant la place qui leur avait, à tous, semblé bien vide les premiers jours. Bientôt, la grande et majestueuse fontaine en son centre serait de nouveau alimentée, les dragons dorés fantaisistes en papiers seraient accrochés tout autour de la place pour préparer la célébration du solstice d'été. Une autre tradition d'une ville qui n'arrêtait jamais de tourner.

La luminosité força Jisung à plisser les yeux lorsqu'il mit les pieds à l'extérieur, tenant fermement son sac de voyage. Joues gonflées, grimaces sous l'effort du poids porté, le jeune homme porta le bagage jusqu'au coffre grand ouvert de la voiture garée devant son immeuble. Il soupira lorsqu'il l'eut posé parmi les autres et passa une main sur son front transpirant. Dans son dos, la brise printanière aux effluves marines caressa la peau nue de ses bras, le priva de l'air de ses poumons. Et Jisung, il inspira à plein nez, paupières closes.

« Ça va aller ? » lui avait-on demandé.

Parce que c'était la première fois de sa vie qu'il quittait cette ville qui l'avait autant pourri que comblé, ces terres qui l'avaient vu avancer malgré les sables mouvants sur lesquels il marchait.

La première fois, l'inconnu... Ça fait déglutir avec difficultés, ça fait réfléchir et parfois même un peu trop.

Jisung, il était différent. Alors il avait pas trop compris la question quand il avait ouvert la porte du cabinet. Mais pour une fois, il n'avait pas cherché à y songer. Jisung fonçait dans le moment, il verrait bien l'après.

Et puis, il avait Minho pour l'épauler.

Minho qu'il avait embrassé comme jamais le soir de Noël, contre qui il s'était laissé fondre à la folie dans l'ascenseur du penthouse.

Minho qu'il n'avait pas revu depuis des mois et qui lui avait manqué à en crever. C'était ces mots-là qui lui étaient venus quand il en avait parlé et peut-être bien qu'il n'avait jamais eu autant l'impression de les ressentir au plus profond de lui.

Jisung, il était différent et il avait appris à l'amadouer. Pour lui-même, pour lui, pour eux. Jisung avait voulu apprendre mais il avait tenu à commencer l'ascension seul, à gravir les marches les plus hautes pour qu'une fois qu'il aurait repris son souffle, il puisse entremêler ses doigts à ceux qui l'avaient cassé. Souriant sincèrement.

Le jeune homme ferma le coffre et lorsqu'il se retourna, son regard croisa celui de Minho. Leurs lèvres s'étirèrent, le coin de leurs yeux se plissèrent et l'univers s'ébranla. Mirages et illusions, l'atmosphère s'était ralentie et les éclats du soleil se distinguaient un à un contre leurs orbes pétillantes.

Leurs corps se rapprochaient lentement, leurs mains se joignirent et même après des mois d'absence, c'était devenu une habitude qu'ils ne pouvaient renier à présent. Ils revivaient, se reconstruisaient un peu plus dès lors que leur épiderme se rencontrait. Et à chaque fois, ils sombraient un peu plus délicieusement dans les abysses de ce eux qui n'avait pas de nom.

Minho, il avait l'air moins torturé qu'avant, moins intimidé par cette attraction éprouvante qu'il y avait entre eux. Minho rayonnait. Y'avait cette aura de douce chaleur qui émanait de son sourire, de sa manière de regarder Jisung. Et si autrefois, on avait pu distinguer des nuages gris sur la couleur de ses iris, aujourd'hui ça n'était plus que ciel bleu et rose des fleurs de cerisiers.

—      C'est tout bon ? Demanda-t-il et Jisung hocha la tête. Alors on y va.

Minho fit tourner les clés de la Jeep autour de son index et prit, malgré tout, le temps de contempler un peu plus le visage éclatant du noiraud. Ses doigts saisirent délicatement son menton, son pouce caressa la courbe de ses lèvres. C'était électrisant. Ça faisait bouillir ce quelque chose qui leur était si cher dans le creux de leurs mains et de leur cœur battant la chamade.

—      Toi, moi, les étoiles et rien d'autre.

A l'air libre.

Ses pupilles dessinèrent les traits de son visage, inscrivant dans sa mémoire ce qu'il pensait avoir raté ; ces détails de son faciès qu'il ne cessait de re-découvrir avec une fascination plaisante encore et encore.

Ils sombraient.

—       C'est ma première fois, confia Jisung d'une voix basse.

—       J'ai encore plus hâte.

Lorsqu'ils s'installèrent dans la voiture et que Minho démarra le moteur, le noiraud s'empressa de saisir ses doigts pour les entremêler sur sa cuisse. Dans un coin de sa tête, il se revit quelques mois auparavant lorsqu'ils se marquaient au fer rouge dans les secrets de nuits hivernales. Quand tout prenait sens contre ses lèvres alors que rien n'en avait lorsqu'il s'éloignait.

Lorsque la plus belle ruine qui soit avait chuté pour se redresser avec fierté. Un royaume ardent avec ses fissures aux murs qu'ils remettaient peu à peu sur pieds.

Un homme retrouvant la vue, un phare sa prestance d'antan qui survivaient aux vagues tumultueuses. Dans la tempête, quelques rayons de soleil avait réussi à percé l'obscurité qui jadis les perdait.

Les fenêtres baissées, 5 Seconds of Summer à la radio, Minho embrassa la main de Jisung et serra un peu plus leurs paumes. Les couleurs tournoyaient, les airs émerveillés s'agrandissaient. La Jeep contourna Sunset Center et son bronze resplendissant, passa devant le penthouse et son or abîmé. Ils roulèrent le long du port, tournèrent le dos à l'océan et son tableau idyllique chargé d'histoires aux multiples ratures.

Jisung et Minho quittaient ces murs aux ombres gardant leurs secrets, les illusions éphémères. Ils roulaient vers l'air libre, l'inconnu avec ces vestiges qui menaçaient de les tirailler. Le creux de la poitrine léger et le cœur tremblant de folie pour l'autre. Ça faisait peur, oui, c'était un peu confus. Mais dès lors qu'ils s'étaient retrouvés, ils avaient arrêté d'y accorder de l'importance.

Parce qu'aussi longtemps que cela pouvait durer, ils s'étaient promis de s'apprendre à aimer.

Et si les murs pouvaient parler, ils en témoigneraient de la sincérité.

END.

;『• • • ✎ nda • • •』;

pouah la fin précipitée je suis désolé.e 💀 jvoulais absolument faire l'épilogue à la 3ème personne mais je savais pas comment l'adapter...

j'espère que ça vous a un peu plu mine de rien, jss déçu.e de cette fin j'avoue elle fait pas honneur au minsung

merci d'avoir lu if walls could talk et d'être resté jusqu'au bout, noël s'est un peu éternisé ici mdrrr mais j'ose néanmoins espérer que ça en valait un peu le coup haha

la playlist reste dispo sur spotify si jamais :)

je vous dis très vite à bientôt, jvous aime

passez une bonne nuit, hydratez-vous et prenez soin de vous

<3

sunny ~