3.
❛ If our love is wrong, then I don't ever wanna be right ❜
Le vent marin frappe l'air, envoie valser le sable et ramène cette odeur si particulière de poissons. Le sel colle à la peau, s'infiltre dans les poumons. Y'a les mouettes qui volent parmi les nuages, les bateaux qui naviguent au loin. Et sous le grand soleil de Busan, y'a Jisung et Minho qui longent le port en courant.
Ils sont innocents, ces adolescents, ils sont vivants. Le chauffeur de la camionnette les a laissé aux abords de la mer, leur indiquant le chemin à prendre pour aller à la plage. Ils sont à moins de deux heures de Ulsan, pourtant il fait beau, pas une once de grisaille à l'horizon.
Jisung a emporté Minho avec lui, ses doigts n'ont pas quitté les siens. Ils sont chauds, ils sont rassurants, ils lui donnent envie de courir sans s'arrêter. Et c'est ce qu'ils font, ces gamins. Ils courent le long des bateaux amarrés, main dans la main en riant sans s'arrêter. Ils sont pris par l'euphorie du moment, par l'interdit qu'ils bravent. Ils se sentent heureux, ils se sentent libres. Personne ne les regarde et ils ne regardent personne.
Ils sont simplement eux ; Han Jisung et Lee Minho qui tournoient sur les quais comme des pétales de printemps. Ils n'ont d'yeux que pour l'instant présent, seulement sur leurs doigts liés. Jisung et Minho, ils ne voient rien d'autre que celui pour qui leur cœur bat secrètement la chamade.
— On arrive bientôt ! Crie le brunet en voyant les bateaux disparaître peu à peu et les étendues de sable apparaître au loin. Regarde Minho !
Le garçon a hâte, il a envie que son camarade voit la beauté des reflets bleus, qu'il voit ce que ça fait de se sentir soi-même face à cet infini bleuté. Jisung, y'a cette volonté d'envelopper Minho dans un drap de rêve et d'insouciance qui se forge de plus en plus au fond de lui. C'est ironique en y repensant, parce que lui-même a perdu de vue cet objectif depuis plusieurs mois. Mais Jisung, il sait pas que Minho nourrit ce même désir dans son cœur. C'est drôle de les regarder chercher à se compléter l'un l'autre sans s'en rendre compte. Ils sont bien insouciants, ces gamins.
Minho rit, encore et toujours. Sa jambe lui fait un peu mal, la boîte d'outils ne l'a pas raté dans la camionnette. Il sautille un peu pour ne pas avoir à s'appuyer trop dessus, il veut aller vite lui aussi. Minho a hâte de voir la plage. Ce qu'il a vu de la mer derrière le port était idyllique, poétique, ça lui a coupé le souffle. Alors il veut se dépêcher, il a soif d'aventure, de toujours plus. Jisung finit par remarquer que son camarade a du mal à tenir le rythme et ralentit la cadence, se contentant de marcher.
— Ça va aller ? Demande-t-il en faisant un geste de tête en direction de sa jambe.
— T'inquiètes, Minho relève la tête et hausse les sourcils, j'ai fait la guerre, c'est qu'une blessure parmi d'autres.
— Scuse nous Monsieur le Guerrier, Jisung lève les yeux au ciel et pouffe, suivit de près par le noiraud.
Ce dernier lâche ses doigts, le plus jeune sent un vide se former dans le creux de sa main mais très vite, il est remplacé par ces fameuses rougeurs sur ses joues quand le noiraud vient ébouriffer ses cheveux d'un geste affectueux.
Les gens assis sur les terrasses des petits café du port les fixent, les suivent des yeux. Les mouettes crient au-dessus de leurs têtes, leur disent de se hâter, de faire un petit bon dans le temps pour arriver plus vite à la plage. Mais ils les ignorent, ces cris pressants, Jisung et Minho veulent prendre leur temps. Ils veulent savourer chaque secondes de chaque minutes de chaque heures de cette journée. Parce qu'ils savent que lorsque la réalité aura repris son cours, plus rien ne sera pareil pour eux et ils ne pourront plus se tenir la main comme ils l'ont fait si naturellement.
— Dis Monsieur Grognon, ça te dirait que je passe le permis bateau pour qu'on s'en aille ? Lance Minho en laissant ses yeux courir sur l'horizon qui se libère au fur et à mesure qu'ils avancent.
Jisung se retourne vers lui, marche à reculons et lève le regard vers le ciel. Il m'a piqué mon idée ce con.
— Apprends à conduire une voiture avant d'essayer de pêcher un plus gros poisson.
— J'en pêcherai pleins pour nous, Minho pose ses yeux sur lui. Et j'adopterai un crabe, il sourit comme fier de lui, il s'appellera Hervé.
Sous la surprise des propos de son camarade, le plus jeune bute contre son propre pied et manque de tomber sur le bitume du quai. Mais encore une fois, Minho est toujours là pour le rattraper dans sa galère. Comme sa chute, comme la tournure de cette journée, Jisung ne l'a pas vu venir. Le garçon l'a attrapé par le poignet et tiré brusquement vers lui, passant un bras autour de sa taille. Le brunet se cogne le nez contre son torse et c'est seulement lorsque Minho s'est stabilisé sur ses propres pieds qu'il prend conscience de la situation. Du souffle chaud du noiraud sur ses tempes, de son bras musclé qui le serre contre lui, de son cœur qui bat fort contre la paume de sa main.
Jisung écarquille les yeux et le repousse un peu plus fort qu'il ne l'aurait voulu et lui tourne le dos. Il passe ses doigts tremblants dans ses cheveux et les posent sur son propre palpitant en panique, tentant de reprendre une respiration normale. Minho n'est pas loin du même état. Il a les joues rouges, les orbes profondes. Et il continue de sourire, le cœur gonflé. Avoir Jisung contre lui est peut-être la meilleure sensation au monde, il en est certain.
Le noiraud passe sa main dans sa nuque tandis que le brunet se racle la gorge. Ils sont enfin arrivés à la plage. Le sable blanc s'étend à perte de vue, vide de défauts, et léché par l'écume et ses coquillages qui finissent par là. Y'a pas grand monde, seulement une personne ou deux, à vrai dire c'est pas encore une période où l'on peut se prélasser au soleil. Les reflets bleutés éblouissent Minho, le perdent dans sa contemplation. Le sombre de l'horizon tire sur le turquoise de la plage, y'a le ciel qui l'imite et se mélange à ce tableau qui donne l'impression d'une image figée. Maintenant, Minho comprend pourquoi Jisung a dit que le temps se met sur pause ici. Le garçon a l'impression que plus rien d'autre n'existe.
— Ça vaut pas les photos Pinterest hein, lance Jisung en lui jetant en regard en coin.
Lui aussi a le sourire aux lèvres. Parce qu'il attend ça depuis si longtemps et que voir Minho ébahi devant ce paysage qu'il affectionne tant lui heurte le cœur. Il est heureux, Jisung. Heureux d'avoir quitté le lycée, heureux de s'être retrouvé au bord de la mer. Jisung, il est heureux d'avoir Lee Minho à ses côtés à cet instant. Et il se dit que pour rien au monde, il ne changerait le cours de cette journée.
Soudainement, il se met à courir. Ses baskets s'enfoncent dans le sable, ses chevilles se tordent parfois mais il continue, encore et encore. Jisung coure contre le vent, ça fait voler ses vêtements, ses cheveux et ça fait gonfler cette bulle de joie qui grossit encore et encore.
Minho le regarde faire, un sourire attendrit aux lèvres et finit par l'imiter. Il est ivre, tout ça le rend dingue. La liberté, l'insouciance, la solitude où seul Jisung et lui sont maîtres. Ils sont à l'abri des regards, loin de la vie et loin de la pluie. Minho voudrait y rester pour toujours, ne plus jamais remettre les pieds dans le monde réel, là où tout est si oppressant.
Le garçon est élancé derrière Jisung, il veut le rattraper, faire durer le peu de temps qu'il a à ses côtés. Il veut l'éterniser autant qu'il le peut pendant cette courte journée. Après tout, c'est lui qui lui a offert cet asile si magnifique. Minho a peur de ce qu'il se passera après, des représailles, des conséquences, il garde tout ça au fond de lui depuis le début. Et quand il voit Jisung ralentir en écartant les bras face à l'infini, Minho se dit qu'il pourrait peut-être ne plus jamais avoir cette occasion. Celle de voir son sourire, ses yeux rieurs, ses joues rougies. De frissonner au contact de sa main contre la sienne, de sentir son cœur s'emballer dès qu'il détourne le regard.
Minho, il se rend compte que ça lui glissera entre les doigts et qu'il ne pourra peut-être plus jamais y goûter à nouveau. Parce qu'elle est triste et cruelle, cette cage sociétale dans laquelle ils grandissent.
— Eh Jisung !
Y'a cette spirale infernale qui les prend tous les deux, ces gamins qui portent le poids des regards sur les épaules. Y'a ces griffes qui les prennent aux tripes, prêtes à tout faire basculer. Y'a cette adrénaline qui secoue leurs veines, embrouille leurs sens.
A Minho et Jisung, y'a le monde qui s'est mis en pause juste pour eux. Le temps d'une après-midi un peu pluvieuse et un peu ensoleillée. Y'a la préciosité du moment et ses merveilles un peu bancales qui leur explosent à la face. Ça fait battre leurs cœurs un peu plus fort, les presse dans leur courte éternité.
Minho s'est arrêté, le souffle coupé. Il a les orbes gonflées d'un espoir désespéré et les mots qui débordent de ses lèvres. Jisung est un peu plus loin, tourné vers lui, les poings serrés contre son pantalon. Leurs regards s'accrochent, cette fois ils refuseront de se lâcher. Y'a la beauté de la scène qui frappe Minho de plein fouet, qui se mélange à son émerveillement et ses pensées ouvertes sur le monde réel. Le vent a arrêté de tourner, les mouettes ont cessés de crier, les vagues ont disparus.
— Est-ce que je peux t'embrasser ?
Minho, il se rend compte du temps qu'ils n'ont pas. En y repensant plus tard, peut-être qu'il trouvera ça bête, ils se connaissent pas tant que ça ces deux gamins après tout. C'est juste l'histoire de celui qui a les orbes pleines de nuages sombres et de celui qui s'efforce à y retrouver les rayons du soleil qu'il y avait jadis.
Pendant une seconde, tout est au bord de l'explosion. Puis le vent souffle, les mouettes volent, les vagues s'échouent. Minho veut dire quelque chose, rajouter une phrase à sa bêtise. Mais on saura jamais ce que c'était parce que Jisung a traversé l'espace qui les séparait à grandes enjambées.
Y'a aucun son qui s'échappe de leurs bouches, aucune hésitation, aucune remise en question. Parce qu'après, ils savent que le retour en arrière sera impossible. Alors Jisung entoure la nuque de Minho de ses mains et écrase ses lèvres contre les siennes. C'est bon, c'est doux. Le brunet se rend compte qu'il en crevait d'envie, de ce baiser. Le noiraud passe ses bras autour de sa fine taille, le serre contre lui, colle son corps au sien un peu et toujours plus. Ils ont soif, c'est enivrant. Les lèvres de l'un recouvrent celles de l'autre, les caressent. Y'a leurs langues qui se mêlent à cette danse du désespoir, à celle de l'envie de la dernière heure.
Jisung a enserré le haut de Minho, il sent son cœur battre la chamade contre ses doigts. Ils ne se lâchent plus, ils s'embrassent encore et encore. Y'a leurs sentiments qui explosent, leurs palpitants qui se déchirent de l'ivresse de ce moment qu'ils attendaient tant secrètement. Ils s'embrassent à bout de souffle, sans se laisser de répit. Parce qu'après, tout sera fini. Le soleil fera place à la pluie, la halte fera place à la vie, la liberté de la solitude à la prison des regards. C'est la première et la dernière fois qu'ils pourront s'accrocher l'un à l'autre.
Lee Minho, il a jamais transgressé les règles, il a jamais été à la plage auparavant. Han Jisung, il s'est jamais laissé aller, il a jamais embrassé quelqu'un jusqu'à présent.
Ils ont jamais connu l'amour, le vrai. Peut-être qu'ils le connaîtront jamais parce qu'ils auront toujours ce souvenir qui restera.
De cette fois où Han Jisung et Lee Minho se sont aimés, le temps d'un après-midi du mois de mai.
;『• • • ✎ nda • • •』;
je veux pleurer 👍🏻
coucou, comment allez vous ? 🤓
j'espère que ce chapitre vous a plu autant qu'à moi uwu, jss à deux doigts de chialer, jles aime trop :(
pas de chapitre 4 au final, jme suis dit que ça serait cool de vous laisser imaginer la fin :)) MÊME SI JE CRÈVE D'ENVIE DE M'ETERNISER DESSUS PARCE QUE LE MINSUNG MÉRITE UNE FIN HEUREUSE
bon- j'avoue... g PEUT-ÊTRE un ptit truc en réserve sur lequel jme suis penché.e pendant ma galère aujourd'hui 👻
(si y'a pas le "end" c'est que c'est pas encore fini eheh)
brf jvous souhaite une bonne nuit (ou journée), hydratez-vous et prenez soin de vous
<3
sunny~
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