Épilogue
— Je ne comprends vraiment pas pourquoi nous devons nous occuper de ces bâtards. Leur mère n’est qu’une domestique, elle peut bien s’en occuper toute seule !
Chaeyoung entra dans la chambre des bébés alors que la nourrice était en train de se plaindre à l’une des nouvelles servantes.
— J’espère que vous n’êtes pas en train de parler de la concubine du roi, la nargua-t-elle. Je vous rappelle que les jumeaux restent ses enfants et vous leur devez du respect ainsi qu’à leur mère.
La nourrice pinça les lèvres, peu satisfaite de se voir remettre en place par une domestique bien plus jeune qu’elle. Pourtant elle ne répondit pas, elle savait qu'elle entretenait une relation avec le général des armées et elle n’avait aucunement envie de se la mettre à dos.
— Nous allions préparer les jumeaux avant de les amener à Dame Sana, expliqua la nouvelle domestique.
Elle n’avait aucune envie que l’on pense qu’elle était du même avis que la nourrice. Elle ne voulait pas avoir de problèmes, et surtout pas avec le roi.
— Très bien, fit Chaeyoung en allant voir les petits dans leurs berceaux.
Sana avait accouché un an et demi plus tôt de jumeaux, chose que le physicien n’avait pas vu venir. La fillette et le garçonnet étaient donc les premiers nés du roi Chan. Feu le roi son père était décédé quelques mois à peine après la naissance de ses petits-enfants. La reine, luttant toujours contre la maladie, avait préféré faire couronner son fils. Le règne du roi Chan avait ainsi débuté, son union avec Mina, la princesse de Milirine, désormais reine, avait considérablement rapproché les deux royaumes. La paix régnait et le commerce prospérait.
La seule ombre au tableau était que la reine Mina n’avait toujours pas donné naissance à un héritier. Les jumeaux étaient donc, pour le moment, les seuls descendants de la famille royale. Mais n’étant que les enfants du roi et de sa concubine, nombreux étaient ceux qui ne les considéraient pas comme des héritiers dignes de ce nom, bien que le roi mettait un point d’honneur à penser l’inverse.
***
Sana ouvrit les yeux, les rayons du soleil avaient commencé à poindre à travers les épais rideaux. Elle sourit en découvrant Chan qui l’observait de son regard fou d’amour et il se pencha pour l’embrasser.
— Bien dormi ? demanda-t-il en la serrant contre lui.
Elle se contenta de s’étirer pour lui répondre et ferma les yeux, satisfaite de profiter de la chaleur corporelle de son roi.
— Mina dort encore, murmura-t-il.
Sana se redressa pour jeter un coup d’oeil par-dessus son épaule et sourit en apercevant la reine toujours assoupie de l’autre côté du lit, dos à eux.
— Je dois assister à un conseil ce matin, dit Chan en baillant.
— Et je dois m’occuper de nos enfants, le taquina Sana en l’embrassant. De nouveaux domestiques sont arrivés et je veux les rencontrer, surtout s’ils doivent prendre soin des petits.
— Fais moi savoir s’il y a le moindre problème, je me ferais un plaisir de remettre à leurs places toutes les personnes qui oseraient mal se comporter avec toi ou nos enfants.
— Promis, mais je crois que Chaeyoung fait très bien ce travail.
— Vraiment ?
— Hum, hum, et puis qui oserait tenir tête à la concubine du général ?
Chan eut un petit rire.
— C’est vrai.
Depuis que Chan avait fait de Sana sa concubine officielle, elle n’avait plus eu à travailler comme domestique, même si certaines personnes avaient encore du mal à se faire à cette idée. Changbin quant à lui, ne cachait plus vraiment sa relation avec la jeune Milirinoise. Chan le taquinait souvent sur le fait qu’il devrait l’épouser mais le général n’en était pas encore là. Du moins, il l’envisageait fortement mais préférait laisser un peu de temps à Chaeyoung avant de lui demander sa main, elle était bien plus jeune que lui après tout.
Bien que concubine du général, celle-ci était toujours domestique au service de la reine Mina, elle avait mis un point d’honneur à garder ce statut. Elle avait été surprise d’apprendre la grossesse de Sana et encore plus que la reine accepte sa relation avec le prince sans broncher. Bien entendu, elle ignorait tout de la relation particulière qu'entretenaient les deux jeunes femmes.
Chan embrassa une dernière fois Sana avant de se lever pour s’habiller. Il prit soin de ne pas réveiller Mina qui dormait toujours profondément. Une fois dans le couloir, il soupira en se dirigeant vers la salle du conseil. Il croisa Jeongin en chemin, le valet était en retard.
— Pardon votre Majesté, je me suis levé en retard.
— Ça n’est pas dans tes habitudes Jeongin.
Il n’avait jamais rien à reprocher à son valet alors il pouvait bien lui excuser un retard de temps en temps. Le jeune homme se contenta de baisser les yeux, il n’allait tout de même pas avouer au roi que la raison de son retard était qu’il avait passé la nuit avec une domestique qu’il côtoyait depuis quelques mois. Son travail passait avant tout, il n’aurait pas dû se lever en retard, il était inexcusable.
Ils arrivèrent devant la salle en même temps que Changbin.
— Nous n’attendions plus que toi, lança-t-il à Chan avec un sourire.
Celui-ci passa devant lui mais l’attendit pour s’asseoir. Depuis leur retour de la guerre, le général avait vu plusieurs médecins, physiciens, guérisseurs et autres afin de soigner la vilaine blessure qu’il avait reçue au combat. Pourtant, malgré le travail acharné et les recherches de chacun, il en avait gardé des séquelles et devait désormais marcher à l’aide d’une canne. Changbin le vivait mal, il savait que certaines personnes ne le voyaient plus que comme un infirme, quelqu’un de diminué et ça n’était absolument pas l’image qu’il voulait qu’on ait de lui. Le ton était même monté avec quelques conseillers qui avaient insinué qu’il ferait mieux de quitter son poste et de laisser sa place à un autre. Heureusement, Changbin avait pu compter sur le soutien de Chan, pour lui, le général était un héros de guerre en plus d’être son ami et il méritait justement tout à fait sa place au conseil, bien plus que les autres d’ailleurs.
***
La météo était clémente ce jour-là, le vent maritime n’était pas trop frais et Sana avait décidé de faire un tour sur la plage avec les jumeaux. Mina avait proposé de l’accompagner et portait le petit Yuta dans ses bras, tandis que la mère portait la petite Momo. Chaeyoung les avait accompagnées ainsi que Seungmin et deux autres gardes qui veillaient à ce que rien ne leur arrive.
Sana s’arrêta lorsque Momo se mit à se débattre dans ses bras, trop impatiente de se mettre à jouer dans le sable.
— On peut s’arrêter un peu, lui dit Mina en s’asseyant.
Sana l’imita ainsi que Chaeyoung, tandis que les gardes restaient un peu en retrait.
— Il faut vraiment que vous trouviez une autre nourrice, dit-elle en observant les bébés jouer, celle-là est horrible.
— Je pense qu’elle a un problème avec moi, soupira Sana.
— Elle traite les petits de bâtards.
— Pardon ? s’offusqua aussitôt Mina. Il faut en toucher un mot à Chan, il ne laisserait jamais passer ça.
Chaeyoung hocha la tête. Elle en avait longuement voulu à Sana d’avoir entretenu une relation avec le roi, mais lorsque Mina lui avait un peu mieux expliqué la situation, elle s’était montrée un peu plus ouverte. Finalement le principal pour elle était le bonheur de la princesse Mina, si la situation lui convenait ainsi, si elle en était heureuse, alors elle n’avait rien à y redire.
— Elle serait peut-être plus gentille avec les jumeaux si vous aviez vous aussi des enfants.
La reine leva les yeux vers sa domestique.
— Comment ça ?
— Pour le moment les jumeaux sont les seuls héritiers légitimes du roi Chan, et comme ils ne sont pas de vous, son épouse, certaines personnes voient cela d’un mauvais œil.
Mina baissa la tête et sourit au petit garçon assis devant elle.
— Je veux des enfants, ça n’est pas ça le problème, murmura-t-elle. C’est juste que le roi et moi ne nous connaissons pas depuis si longtemps que ça, et j’aimerais pouvoir profiter un peu de ne pas avoir d’enfants pour apprendre à le connaître un peu plus. Tout le monde nous met la pression en nous disant qu’il est temps de donner un héritier légitime au trône. Même les missives que je reçois de Milirine vont dans ce sens. Je n’ai pas vraiment envie qu’on me dise à quel moment je dois tomber enceinte, je préférerais que ça soit d’un commun accord avec Chan.
Sana se pencha pour lui prendre la main, un large sourire aux lèvres.
— Je trouve que c’est une très bonne chose.
Chaeyoung acquiesça.
— Je comprends ce que vous voulez dire, on me questionne beaucoup par rapport à ma relation avec le général. Alors je pense qu’on peut dire que c’est un peu la même chose. Je n’ai pas envie de précipiter les choses, et de toutes manières, il ne m’a pas demandé ma main.
Les yeux de la reine se mirent à pétiller.
— Mais tu aimerais qu’il le fasse ?
La plus jeune se renfrogna, époussetant le sable de sa robe pour tenter d’esquiver le sujet, mais en vain.
— Tu as le temps, finit par dire Sana pour lui éviter cette pression inutile.
— De toute façon, marmonna Chaeyoung en attrapant Momo qui rampait vers elle, ça n’est pas comme si je pouvais épouser quelqu’un d’autre.
Mina écarquilla les yeux tandis que Sana avait parfaitement compris où la domestique voulait en venir.
— Qu’est-ce que tu veux dire ? demanda la reine.
— Je pense que Chaeyoung sous-entend qu’elle s’est déjà offerte à lui, supposa correctement Sana à en juger par la réaction de la plus jeune.
— C-comment ?
Chaeyoung prit Momo dans ses bras, comme si le contact avec le bébé pouvait la protéger de la colère de Mina, si colère il y avait à affronter.
— Je- c’est vrai Chaeyoung ?
— Hum, oui ?
Elle leva lentement ses yeux de biche vers Mina, pinçant les lèvres ce qui faisait ressortir le rouge de ses joues.
— Si c’est l’homme qui te plaît, je ne vois pas le problème de t’offrir à lui, la rassura Sana.
— Je sais que vous avez tout fait pour que je ne tombe pas entre les mains de n’importe qui, expliqua Chaeyoung à la reine, je vous rassure, j’ai vraiment des sentiments pour le général et je sais qu’ils sont partagés, je n’ai été forcé en rien je vous le jure.
Mina soupira longuement, reportant son regard sur le bambin qui jouait sur ses genoux.
— Si c’est l’homme que tu aimes, qui suis-je pour te dire quoi faire ? Mais s’il refuse de t’épouser par la suite, je me ferai un plaisir de lui trouver une punition adéquate.
— Est-ce que ça veut dire que j’ai votre bénédiction ?
La reine tendit la main vers sa domestique et lui caressa doucement les cheveux.
— Oui, tu l’as.
— Merci votre Majesté, votre avis est important pour moi. Ça compte beaucoup que vous soyez d’accord.
Mina eut un petit sourire attendri avant de prendre un air plus sérieux.
— Par contre je t’interdis d’avoir un enfant avant moi, c’est bien compris ? Tu es encore trop jeune pour ça.
Chaeyoung se mit à rire.
— C’est promis.
***
— Chaeyoung, tu es là ?
La susnommée sursauta à l’entente de la voix de Changbin. Elle enfila un kimono par-dessus sa chemise de nuit et se dirigea vers la porte pour l’ouvrir. Elle ouvrit presque timidement mais laissa pourtant le général entrer sur le champ. Celui-ci l’embrassa tendrement une fois dans l’intimité de la chambre. Ils n’étaient pas officiellement unis alors il aurait été malvenu que Chaeyoung s’installe dans les quartiers de Changbin. Pourtant, ils passaient régulièrement la nuit dans la chambre de l’un et l’autre.
Changbin disposa de sa canne dans un coin de la pièce. Bien que Chaeyoung n’y prêtait jamais attention, il n’aimait pas se montrer diminué devant elle. Il faisait également de son mieux pour ne pas exposer sa cicatrice, grande et peu ragoûtante. Les soins et remèdes avaient aidé à la refermer mais l’entaille était large, irrégulière et d’une teinte bien différente du reste de sa peau bronzée.
— Je l’ai déjà vue, dit Chaeyoung tandis qu’il essayait de cacher sa jambe.
Elle venait de l’aider à retirer son pantalon et l’avait poussé gentiment sur le lit.
— J’ai même aidé à la soigner, ajouta-t-elle en s’installant à califourchon sur ses cuisses épaisses.
Bien que légèrement infirme, Changbin n’en avait pour autant pas perdu en masse musculaire. Il enlaça les hanches de la jeune femme pour l’empêcher de glisser tandis qu’elle retirait lentement la ficelle qui maintenant les pans de sa chemise ensemble. Leurs lèvres se trouvèrent, se caressant et se goûtant tandis que les mains parcouraient délicatement le corps de l’autre.
— Tu sais que je t’aime, murmura Changbin en mordillant la lèvre inférieure de sa vis-à-vis.
— Moi aussi je vous aime Général.
Ce dernier eut un léger son de gorge, ravi d’apprendre à nouveau que ses sentiments étaient réciproques.
— Changbin, la corrigea-t-il avec un sourire.
Chaeyoung déposa ses lèvres sur les siennes, un sourire tout aussi grand fendant son visage.
— Changbin.
Il avait beau vouloir faire preuve de patience à cause de leur différence d’âge, il avait vraiment hâte de lui demander sa main.
***
— J’aime tellement vous voir avec nos enfants.
Installé confortablement contre la tête de lit, Chan contemplait ses deux femmes dorloter les jumeaux qui commençaient lentement à s’endormir.
— Il va être temps de les mettre au lit, fit Sana en calant un peu mieux Yuta contre sa poitrine.
Mina quant à elle tendit Momo au roi, toujours attendrie de le voir interagir avec les bébés.
— Salut toi, fit-il en serrant la fillette contre son torse musclé.
Celle-ci se blottit contre son père avant de bailler et de fermer les yeux. Mina en profita pour aller s’installer dans le dos de Sana pour l’aider à garder une position confortable. Elle déposa un baiser sur la joue de sa compagne tout en la prenant dans ses bras.
— J’ai vu que la nourrice avait été reléguée aux cuisines ? fit Sana après un temps.
— Oui, répondit la reine, je l’ai congédiée, elle était odieuse avec les petits. Chaeyoung m’a aidée à en choisir une meilleure.
— Comment ça "odieuse avec les petits" ? s’inquiéta Chan, les sourcils froncés.
— Tu ne veux pas savoir.
— Ça concerne mes enfants, rétorqua le roi, bien sûr que je veux savoir.
— Elle les traitait de bâtards, expliqua timidement Sana. Beaucoup insistent sur le fait qu’ils sont illégitimes.
Elle craignait la réaction de Chan face à ses paroles, mais heureusement pour elle, la présence de Momo l’empêchait de réagir de façon trop vive.
— Ce sont mes enfants, mon sang, dit-il d’un ton ferme, et je les ai eus avec ma concubine, pas n’importe quelle femme rencontrée dans un bordel. Alors les jumeaux auront droit au respect qu’ils méritent. Je serai intransigeant là-dessus.
Sana sourit, ça la rassurait toujours de voir que Chan ne faisait pas de différences entre elle et Mina. Il se tourna vers son épouse et lui prit la main.
— Je sais que nos enfants seront les héritiers au trône, pourtant je ne veux pas faire de différences avec Yuta et Momo. J’espère que tu comprends.
Mina sourit.
— Bien sûr, et je n’en attendais pas moins de ta part.
— Je vais aller mettre les petits dans leur chambre, annonça Sana en se redressant.
Chan fit de même.
— Je viens avec toi.
— Tu viens aussi Mina ? lui demanda Sana en pressant ses lèvres aux siennes.
En les voyant faire, le roi se pencha vers elles, les embrassant à tour de rôle.
— Je vous aime mes petites femmes, murmura-t-il contre leurs lèvres.
Il déposa également un baiser sur le front des jumeaux, heureux de pouvoir partager son quotidien avec sa grande famille.
🏵️FIN🏵️
Et voilà pour l'épilogue que vous aviez été nombreux à me réclamer et qui a été commandé par Sungie_Clemi
J'espère qu'il te plaît 😘
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