Chapitre 25
La salle de bain était pleine de vapeur, l'eau chaude avait été parfumée à l'aide de multiples fleurs exotiques que l'on pouvait trouver dans les jardins du palais. Le prince était parti depuis de longues semaines maintenant et Mina comme Sana commençait à trouver le temps long. Comme la princesse le lui avait demandé, Sana avait commencé à lui apprendre ce qu'elle savait en matière de sexe et le moins que l'on pouvait dire était que cela avait eu le mérite de rapprocher les deux jeunes femmes bien plus qu'elles ne l'auraient pensé.
— Et ça évite de tomber enceinte ? demanda Mina tandis que Sana lui démêlait les cheveux.
— Oui. Enfin toutes les femmes que je connais et qui utilisent cette technique n'ont jamais eu de problème. c'est très utilisé dans les maisons closes.
— C'est là que tu as été formée ?
— En quelque sorte, c'est quelqu'un de là-bas qui m'a formée mais pas dans une maison close. C'est assez particulier.
Mina hocha la tête. Sana avait terminé de démêler ses cheveux. La princesse lui avait demandé de la rejoindre dans l'eau depuis le début et elle se tourna pour lui faire face. Elle passa ses jambes de part et d'autre des hanches de Sana et déposa son front contre son épaule où elle déposa quelques petits baisers. Sana l’enlaça et eut un petit rire.
Elles avaient développé une relation particulière depuis le départ de Chan, et il n'était pas rare qu'elles passent des moments très intimes toutes les deux. Mina n’aurait jamais imaginé pouvoir un jour avoir ce genre de relation avec une autre femme. Sana lui faisait découvrir son corps, des sensations qu’elle ignorait pouvoir ressentir et elle y avait vite pris goût. Alors qu’elle s’était sentie terriblement gênée lors de la nuit de noces, Sana lui avait montré qu’il n’y avait aucune honte à prendre du plaisir et Mina s’était sentie comme délivrée d’un lourd fardeau.
La matinée était bien entamée et depuis le départ de Chan, Mina était beaucoup moins prise par ses tâches au palais. Elle se redressa et passa ses bras autour du cou de Sana pour aller l’embrasser avant de lui accorder un petit sourire en coin qui mettait en valeur ses pommettes rougies.
— Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Sana en voyant l’expression sur le visage de sa vis-à-vis.
— Rien, je me disais juste qu’on avait un peu de temps devant nous, lui répondit cette dernière en se rapprochant un peu plus jusqu’à ce que leurs poitrines se touchent.
Sana se mordit la lèvre, elle aussi appréciait beaucoup de passer du temps avec Mina et avait pris goût à leur relation particulière. Chan lui manquait terriblement mais elle avait trouvé en la jeune femme une autre forme d’amour, d’affection et de soutien.
Elle fit glisser la main qu’elle avait sur la hanche de Mina jusqu'entre ses cuisses et se mit à la caresser du bout des doigts. Les muscles de Mina se raidirent et elle retint son souffle quelques instants jusqu’à ce que l’index de Sana s’insère en elle. Elle pressa ses lèvres contre la clavicule droite de la jeune femme et sourit lorsqu’elle la sentit remuer elle-même le bassin.
Oui, elle y avait vite pris goût.
***
Chaeyoung avait fait la tête lorsque Jeongin était venu la tirer du lit à une heure un peu trop matinale à son goût, mais sa rancœur s’était vite envolée lorsque le jeune homme lui avait expliqué la raison de sa venue.
Il avait passé des jours à étudier les rapports des conseils datant depuis avant l’arrivée de la princesse Mina et quelque chose avait attiré son attention.
La domestique s’habilla rapidement avant de le suivre dans les couloirs jusqu’à la salle dans laquelle étaient entreposés les parchemins.
— Qu’est-ce que tu as trouvé ? s’impatienta Chaeyoung alors que le jeune homme fermait la porte derrière eux.
— Eh bien, les rapports en eux-mêmes ne contiennent pas vraiment d’informations concrètes. Par contre, j’ai remarqué quelque chose.
Il s’assit devant le petit bureau et Chaeyoung se plaça à côté de lui, penchée sur les parchemins que de toute manière elle ne savait pas déchiffrer.
— À chaque fois qu’il est question d’échanges ou de commerce avec Milirine, le conseiller aux finances à quelque chose à dire, expliqua le jeune homme en indiquant des écritures. Il s’oppose à beaucoup d’accords.
— Parce qu’il n’aime pas Milirine ?
Jeongin haussa les épaules.
— Non, c’est assez étrange, il essaye surtout, lorsqu’il ne s’y oppose pas totalement, de faire grimper les prix au maximum.
— Mais Milirine n’a pas le choix d’accepter s’ils veulent les marchandises ? s’étonna Chaeyoung en s’appuyant sur ses coudes.
— Non, sauf s’ils trouvent moins chers ailleurs.
— Comment ça ?
Le valet rangea le parchemin et s’assit sur le bureau, les jambes dans le vide et dirigea ses yeux vers la jeune femme.
— Eh bien, quand tu es venu me parler des doutes du général, je me suis un peu dit que c’était n’importe quoi, et puis après avoir parcouru les rapports, je suis allé traîner du côté de chez le conseiller.
— Tu l’as suivi ? paniqua Chaeyoung.
— Un peu, et je suis ami avec un de ses valets avec qui j’ai discuté. L’air de rien tu sais chacun se plaint de ses tâches à faire et c’est là que ça m’a interpelé.
Chaeyoung était pendue à ses lèvres, elle mourait d’envie de savoir ce qu’il avait bien pu découvrir et qui pourrait confirmer les soupçons de Changbin. Il serait probablement très fier d’elle si elle réussissait à élucider cette affaire durant son absence.
— Il m’a parlé de nombreuses lettres qu’il envoyait, et puis d’une réserve dans ses quartiers qui contiendrait pas mal de choses dont il ignore la nature pour la plupart, mais qui ont l’air d’être de valeur et dont il dispose régulièrement.
— De quelle manière ?
— Il les vendrait.
— Un trafic ?
— Ça m'en a tout l’air, souffla Jeongin.
Leurs deux jeunes cerveaux semblaient essayer de remettre les pièces du puzzle ensemble.
— Admettons que ça soit lui, résuma Chaeyoung en prenant place à côté du valet, il s’oppose aux échanges avec Milirine ou fait grimper les prix des marchandises, il stocke on ne sait quoi chez lui et il cherche à faire assassiner la princesse. Pourquoi ?
— Hum, pourquoi.
Après plusieurs minutes d’intense réflexion, Jeongin sembla avoir une illumination, il tapa dans ses mains avant de se tourner vers sa voisine.
— Et s’il faisait du trafic avec Milirine ?
— Oui, c’est ce qu’on a dit tout à l’heure ?
— Je m’explique, imaginons qu’il possède des réserves de pierres, de matériaux rares ou autres d’Erhégon. Ceux qui veulent s’en procurer à Milirine ne pouvaient pas avant la mariage du prince et de la princesse, d’où l'intérêt pour lui.
Chaeyoung l’écoutait avec attention, hochant la tête en signe d’accord.
— Donc s’il avait mis en place cette espèce de marché noir avec Milirine, il avait tout à perdre avec le mariage car l’alliance signifiait l’ouverture des frontières et des échanges. Donc son marché noir n’aurait plus eu lieu d’être puisque les acheteurs n’auraient plus eu d’intérets à passer par lui.
— Et donc les prix très élevés qu’il demande durant les conseils ?
— Si les prix établis par le conseil sont très élevés, alors il pouvait toujours en fixer des plus bas afin que ses contacts continuent à se fournir chez lui.
— Oh je vois. Et donc en faisant assassiner Mina…
— Il était sûr que l'alliance entre les deux royaumes serait rompue, et il serait donc libre de reprendre tranquillement son petit commerce.
Ils se fixèrent quelques instants, à la fois choqués et impressionnés par leur découverte.
— Comment est-ce qu'on peut prouver ça ? demanda Chaeyoung en se mordant la lèvre.
— C’est la partie la plus complexe mais peut-être que si on arrivait à découvrir ce qu'il cache dans sa réserve, ça nous donnerait suffisamment de preuves, répondit Jeongin en se frottant la nuque.
— Et comment est-ce qu'on fait ça ?
— En demandant à un bon ami à moi qui est justement son valet et qui peut nous faire entrer chez lui.
***
Aussitôt dit, aussitôt fait, en fin de journée le valet du conseiller aux finances avait informé Jeongin que son maître serait absent pendant une bonne partie de la soirée, il s'était donc rendu à son domicile en compagnie de Chaeyoung.
— Je ne veux rien avoir à faire dans cette histoire, grommela le valet du nom de Jisung en les faisant entrer par la porte de derrière. Je vous déverrouille la porte et vous vous débrouillez !
Jeongin le nargua tout en acceptant et le jeune homme les conduisit jusqu'à la réserve qui se trouvait dans une cave.
— Voilà, j'ai fait ma part, souffla Jisung en tournant la clé dans la serrure, je vous laisse et surtout, vous ne m'avez pas vu ce soir.
— Merci pour ton aide. Dis-toi que tu aides à faire tomber un imposteur pour sauver le royaume.
Le valet roula des yeux avant de disparaître pour les laisser seuls en haut de l'escalier. Il faisait si sombre que les deux domestiques n'y voyaient pas à un mètre. Chaeyoung attrapa la main de Jeongin lorsque celui-ci se mit à descendre les marches de pierre afin de ne pas le perdre. Il ne releva pas et se contenta de serrer sa petite main dans la sienne. Jisung leur avait gentiment offert une bougie et la timide flamme peinait à éclairer le sous-sol.
Une fois en bas de l'escalier, Chaeyoung se colla au valet, pas rassurée par toute cette obscurité. Cela le fit glousser.
— Je te croyais plus courageuse que ça, plaisanta-t-il.
— On ne sait quand même pas dans quoi on s'est embarqués.
La pièce n'était pas très grande mais remplie d'étagères en bois sur lesquelles reposaient des objets en tout genre. Chaeyoung lâcha Jeongin pour ouvrir un petit coffret en bois tandis qu'il l'éclairait à l'aide de la bougie.
— Des saphirs, murmura la noiraude.
— Et celui-là contient de la nacre, remarqua le valet en en ouvrant un autre.
— Là il y a des coquillages.
Il y avait tout un tas d'objets et de matériaux typiques d’Erhégon et c'était particulièrement étrange que quelqu'un en garde autant dans son sous-sol.
— Je pense qu'on a trouvé ce qu'on cherchait, murmura Jeongin.
— Oui, maintenant partons, cet endroit me fait froid dans le dos, frissonna Chaeyoung en se cramponant de nouveau au bras du jeune homme.
— Oui il-
La porte de la cave s'ouvrit dans un fracas. Jeongin eut le réflexe de pousser Chaeyoung dans un coin de la pièce entre des étagères avant d'éteindre la bougie.
— Ce consanguin croit vraiment que je n'ai que ça à faire ! enrageait une voix d'homme. Il aurait dû me prévenir qu'il voulait conclure un marché, mais non ! Monsieur me croit à sa disposition et pense que je n'ai que ça à faire.
Jeongin distingua une silhouette avec une lanterne dans la main. Il coinça un peu plus Chaeyoung entre lui et le mur histoire d'être certain qu'ils ne pouvaient pas être vus.
Il s'agissait bien du conseiller aux finances, l'homme maugréa encore quelque chose tout en parcourant les étagères. Il préleva quelques pierres précieuses qu'il cacha dans un petit pochon, puis fit demi-tour pour rejoindre les marches. Les deux intrus retenaient leurs souffles. L'homme parcourut la pièce des yeux avant de disparaître avec la désormais seule source de lumière. La cave fut plongée dans le noir total lorsqu'il referma la porte derrière lui et ils l'entendirent marmonner quelque chose à ses domestiques jusqu'à ce que la distance ne permette plus aux sons d'atteindre le sous-sol.
— C'était moins une, soupira Jeongin.
Sans réponse de la part de son acolyte, le valet remonta ses mains qui étaient jusque-là posées sur les avant-bras de la jeune femme et les déplaça à l'aveugle jusqu'à ses joues.
— Ça va ?
Il était si proche qu'il pouvait sentir le cœur de Chaeyoung battre la chamade dans sa poitrine. Ses mains agrippèrent désespérément le tissu du veston de Jeongin et elle expira tout l'air de ses poumons, soulagée de ne pas avoir été repérée.
— Tout va bien, la rassura Jeongin en lui caressant les joues, on va attendre un peu pour être sûrs qu'il soit parti et on file.
Chaeyoung acquiesça d'un hochement de tête, ce qui était un peu inutile vu le noir qui régnait dans la cave.
Le valet était toujours collé à elle, il était grand pour un garçon de dix-sept ans, bien plus grand qu'elle, et même plus grand que Changbin. Avant même qu'elle ait pu réaliser ce qui se passait, Chaeyoung sentit les lèvres de Jeongin sur les siennes, elle papillonna des yeux en sentant sa langue allait rencontrer la sienne. Le jeune homme semblait animé par une certaine fougue. La peur d'être surpris, puis le soulagement de se savoir hors de danger semblaient lui avoir donné des ailes et il libéra les joues de la domestique pour poser ses mains sur ses hanches comme si leurs corps n'étaient déjà pas assez proches.
Chaeyoung se laissa faire et se surprit même à répondre au baiser, elle aussi encore sous le coup de l'émotion. Elle resserra ses doigts sur le tissu qu'elle tenait avant de finalement réaliser ce qui se passait. Une silhouette se forma dans son esprit.
Changbin.
Elle repoussa Jeongin d'un coup et il n'eut pas le temps de protester, la porte de la cave s'ouvrit, inondant une partie de la pièce de la timide lumière d'une lanterne.
— C’est bon, il est parti, fit la voix de Jisung. Dépêchez-vous de ficher le camp, j'ai pas envie d'avoir des problèmes !
Sans rien dire, Jeongin prit la main de Chaeyoung et ils traversèrent la pièce avant de monter les marches. Le valet remercia son collègue avant de quitter les lieux par l'arrière de la maison. Ce ne fut qu'une fois loin que Chaeyoung se libéra de la main de Jeongin.
— Qu'est-ce qui t'a pris !
Le jeune homme haussa les épaules.
— La peur je pense, tu ne t'es pas sentie invincible après qu'il soit parti ?
— Si mais pourquoi…
— Tu n'avais pas l'air contre sur le moment, fit-il remarquer en repensant au baiser enflammé qu'ils avaient échangé.
Chaeyoung sentit ses joues chauffer et elle baissa les yeux en reprenant le chemin du palais.
— C'était une erreur, marmonna-t-elle.
— Si tu le dis.
Jeongin lui emboîta le pas et ils firent le trajet en silence. Il prit soin de raccompagner la jeune femme jusqu'à sa chambre et rit en voyant son air renfrogné.
— Tu n'as pas à t'inquiéter, ça n'arrivera pas aux oreilles du général, soupira Jeongin, je tiens à la vie quand même.
— Merci.
— Et puis de toute façon, t'es pas trop mon genre. Je préfère les filles comme Dahyun.
Il avait dit cela avec un grand sourire avant d'accorder un clin d'œil à la jeune femme comme pour détendre l'atmosphère. Cela eut le mérite de fonctionner un court instant, au moins elle savait que c'était un accident et que Jeongin n'allait pas s'accrocher. C'était arrivé sur le coup du stress, de l'adrénaline dans leurs corps, rien de plus.
Ils se souhaitèrent bonne nuit et Chaeyoung ferma la porte avant d'aller s'allonger sur son lit après avoir enfilé ses vêtements de nuit. Elle fixa le plafond et soupira. Changbin n'était absent que depuis quelques semaines et leur relation n'était même pas officielle qu'elle se retrouvait déjà à fricoter avec un autre homme. Ça n'allait pas du tout. Certes c'était exceptionnel, ça s'était fait plutôt inconsciemment à cause de la situation mais tout de même, elle s'en voulait terriblement et se jura que plus jamais elle ne recommencerait.
Elle se promit également que dès son retour, elle ferait part au général de ses sentiments. Oui, elle était à peu près certaine qu'elle l'aimait et elle n'avait pas envie de perdre plus de temps avant de le lui dire.
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