Chapitre 21
La date du départ de Chan avait été fixée et l'ambiance dans le palais était devenue plus grave. Le prince héritier du royaume allait tout de même partir pour peut-être ne jamais revenir.
La veille du départ, en fin d'après-midi, il s'était retrouvé seul avec Sana dans la chambre de cette dernière afin de passer un dernier moment intime avant d'être séparés pendant de longs mois. Ils restèrent enlacés jusqu'à la nuit tombée, ignorant les autres domestiques qui cherchaient le prince partout. Nue dans les bras de son amant, Sana lui caressait le torse, traçant de ses doigts le contour de ses muscles.
— Mina sait que tu es là ? demanda-t-elle en pressant ses lèvres contre son pectoral.
— Oui, je lui ai dit que je voulais passer un peu de temps avec toi avant de la rejoindre.
Il déposa un baiser dans ses cheveux. Finalement le fait que la princesse soit au courant pour eux rendait les choses beaucoup plus faciles.
— Je n'ai pas envie que tu partes, grommela Sana en se collant un peu plus à lui.
— Moi non plus je n'ai pas envie de te laisser, ni Mina d'ailleurs. Mais il le faut pourtant, c'est mon rôle.
— Je sais.
Après s'être échangé de nombreux baisers et murmurer des centaines de je t'aime, Chan était finalement parti retrouver Mina dans le lit conjugal.
***
Mina se redressa en entendant le prince entrer dans la chambre et il lui sourit dans la pénombre en prenant place sous les draps. La princesse alla se blottir instantanément dans ses bras, pas franchement perturbée par le fait qu’il revenait de la chambre de Sana. Elle avait accepté leur relation et le principal pour elle était que Chan ait encore de l’affection à lui offrir lorsqu’il la rejoignait. Il s’excusa néanmoins de revenir si tard mais Mina ne lui en tint pas rigueur.
Après avoir hésité un moment, elle se décida finalement à se redresser et Chan suivit son mouvement. Une fois face à face, Mina se pencha vers lui et pressa ses lèvres aux siennes. Il avait pris l’habitude des petites marques d’affection de la jeune femme mais fut surpris lorsqu’il constata que, contrairement à d’ordinaire, elle insista, remuant ses lèvres de façon à faire comprendre à Chan qu’elle en voulait plus. Il entrouvrit la bouche et Mina y glissa timidement sa langue, elle n'eut pas besoin de prendre plus d'initiatives, le prince les prit pour elle. Il lui caressa la joue et lui fit incliner la tête pour approfondir le baiser. Mina se laissa guider par les lippes et la langue experte de Chan, laissant à peine filer quelques petits soupirs appréciateurs. Le prince était un peu moins doux que Sana, c'était différent mais tout aussi agréable et la jeune femme regrettait de découvrir tout cela la veille du départ de son mari.
***
La lune illuminait la nuit, le palais était calme, les préparatifs pour le voyage étaient terminés et tout le monde avait gagné les chambres depuis un bon moment. Changbin avait attendu que la lune soit haute dans le ciel pour quitter ses quartiers, il avait quelqu'un à voir et ce, en toute discrétion si c'était possible. Heureusement pour lui, la plupart des couloirs étaient vides, hormis quelques chambres étaient gardées en fonction de l'importance de leurs propriétaires.
Une fois devant la bonne porte, Changbin hésita avant d'y donner trois petits coups et, afin d'éviter les soldats qui faisaient leur ronde, il entra avant d'y avoir été invité. Dans la pénombre, il distingua une silhouette assise sur le lit.
— Général ? Mais qu'est-ce que vous faites ici ?
— Désolé gamine mais il fallait absolument que je te vois avant de partir.
Chaeyoung attrapa le kimono qui traînait sur son lit et le passa par-dessus sa chemise de nuit histoire de se couvrir un minimum, il y avait tout de même un homme dans sa chambre et au beau milieu de la nuit par-dessus le marché.
Changbin s’avança et la jeune femme lui fit signe qu'il pouvait s'asseoir sur le matelas. Il s'installa à une distance raisonnable et soupira.
— Je t'ai réveillée ?
— Pas vraiment, ne vous inquiétez pas.
Elle avait surtout hâte de savoir ce qui pouvait bien l'amener là. Elle prit tout de même le temps de l'observer grâce à la lumière provenant de la fenêtre. Le général paraissait moins impressionnant sans son uniforme et c'en était rassurant.
— Je ne savais pas vraiment à qui me confier, commença-t-il en prenant appui sur ses genoux, mais je pense que je peux te faire confiance.
— Bien sûr que vous pouvez me faire confiance !
Il avait surtout attisé sa curiosité et Chaeyoung s'était automatiquement rapprochée de lui, ce qui le fit sourire.
— La dernière fois qu'on s'est vus, tu m'as dit tout ce dont tu te rappelais concernant l'attaque.
— Oui ?
— Par rapport à la description que tu m'as donnée des assaillants, j'ai fait marcher mon réseau d'informateurs et j'ai peut-être une piste.
— Vraiment ? Alors de qui s'agit-il ?
Les yeux de Chaeyoung se mirent à pétiller de curiosité et cela arracha un petit rire à Changbin qui lui tapota affectueusement le sommet du crâne.
— Rien n'est sûr pour le moment malheureusement et le problème est que le prince, Seungmin et moi seront absents pendant longtemps, alors je vais te donner quelques indications et il faudra que tu ouvres l'œil. Tu penses pouvoir protéger la princesse ?
Chaeyoung hocha la tête bien qu'un peu surprise et le général la rassura aussitôt.
— Les gardes du palais me sont loyaux, j'ai informé les plus fidèles de mes soupçons et tu pourras te rapprocher d'eux si tu remarques le moindre agissement suspect d'accord ?
— D'accord, mais de qui est-ce que je dois me méfier alors ?
— Le conseiller aux finances, déclara Changbin sans ciller, il a été aperçu dans une taverne peu de temps après l'incident, il se serait disputé avec un inconnu qu'il aurait refusé de payer après une mission ratée.
— Pourquoi ne pas le faire arrêter et questionner ?
Changbin soupira avant de se laisser tomber en arrière sur le lit, un bras derrière la tête et l'autre sur son ventre.
— Parce que je n'ai pas assez d'indices et qu'il en faut plus que ça pour faire tomber un membre du conseil. Ces on-dit ne sont pas assez forts pour le faire tomber si c'est bien lui le responsable.
— Mais qu'est-ce que je peux faire ? s'inquièta Chaeyoung en se penchant légèrement au-dessus de lui. Je ne suis qu'une simple domestique et s'il devait arriver quelque chose je-
— Garde un oeil sur la princesse, elle ne doit jamais rester seule, si tu vois le moindre agissement suspect va voir les gardes, ils sauront quoi faire.
— D'accord.
De sa main droite, Changbin entortilla l'une des longues mèches de cheveux de la jeune femme. Elle avait d'ordinaire toujours les cheveux attachés et les voir détachés lui donner quelque chose de particulièrement séduisant.
— J'ai conscience de t'en demander beaucoup, mais tu es la seule personne qui ne soit pas d’Erhégon et qui soit aussi proche de la princesse, et en qui j'ai confiance.
Leurs yeux se cherchèrent quelques instants puis Changbin eut un léger sourire lorsqu'il abandonna les cheveux de la jeune femme pour leur préférer sa joue.
— Je devrais y aller, dit-il sur un ton neutre, après tout ce n'est pas une heure pour qu'un homme se trouve dans la chambre d'une demoiselle.
Chaeyoung haussa un sourcil.
— Je ne suis plus une gamine ?
Un rire échappa au général mais il ne répondit rien, il n'avait rien à répondre de toute manière. Il ne savait plus trop où il en était depuis qu'il avait fait la connaissance de la jeune domestique, c'était bien la première fois qu'une femme le perturbait autant.
— Ça te va bien, dit-il à voix basse en passant sa main dans les cheveux longs de sa vis-à-vis.
Elle baissa les yeux et rougit, heureuse que la pièce soit relativement sombre. Elle se mordit la lèvre et se mit à caresser le ventre du général, sentant ses abdominaux au travers du haut de son kimono de nuit.
— Vous allez partir longtemps ? murmura-t-elle en gardant les yeux rivés sur ce qu'elle faisait.
— Plusieurs mois.
Elle hocha pensivement la tête. le départ était prévu pour le lendemain.
— Vous allez me manquer.
À l'entente de ces mots, Changbin se redressa sur ses coudes, réduisant ainsi l'espace entre eux. Il fixa longuement Chaeyoung, il n'y avait pas de doute possible sur ce qui se passait entre eux, pourtant il ne devait pas oublier qu'elle était encore jeune. Voyant qu'il n'avait pas l'air prêt à faire le premier pas, la jeune domestique inspira profondément avant de se pencher pour aller l'embrasser. Il ferma les yeux et sourit contre les lèvres de Chaeyoung, ça le rassurait qu'elle soit à l'origine de ce rapprochement, ainsi il n'avait pas l'impression de la forcer à quoi que ce soit ni de précipiter les choses.
Chaeyoung remua lentement ses lèvres et Changbin poussa sur ses bras afin de se redresser davantage. Il prit rapidement le contrôle du baiser, faisant comprendre à sa partenaire qu'il avait très envie d'approfondir l'échange. Elle se laissa faire et passa ses bras autour des larges épaules du général. Lorsqu'elle sentit sa langue venir caresser la sienne, elle plongea ses doigts dans les muscles de son dos, appréciant de sentir la chair résister sous la pression. Changbin lui enlaça la taille, la rapprochant ainsi un peu plus de lui.
Il allait partir pour de longs mois alors c'était peut-être ridicule de faire progresser leurs relations, mais c'était surtout une promesse. Ils se promettaient de s'attendre et de se retrouver lorsque le conflit serait réglé et que Changbin rentrerait au palais.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro