Chapitre 17
Chaeyoung s’était installée sur un rocher de la falaise près du château, sa présence n’était pas nécessaire au palais ce jour-là et elle en avait profité pour s’isoler un peu. Depuis l’attaque de la plage, tout le monde était sur le qui vive et cela devenait difficile à supporter au quotidien. La princesse Mina n’avait plus quitté le palais depuis plusieurs jours, Seungmin n’était jamais loin, Sana non plus, et même Chan essayait de passer du temps avec elle. La princesse semblait plus détendue lorsqu’il était dans les parages et malgré le fâcheux incident, il semblait y avoir au moins un point positif qui en avait découlé.
Chaeyoung fixait la mer en soupirant, le calme de la vie à Milirine lui manquait.
— Est-ce bien judicieux de se promener seule après ce qui s’est passé l’autre jour ?
La jeune domestique se tourna rapidement, elle qui pensait que personne ne viendrait la déranger dans un lieu pareil.
— Général.
— Est-ce que tout va bien ? dit-il en s’avançant pour s’installer à ses côtés. Tu m’as l’air bien morose.
— J’avais besoin d’être un peu seule.
Changbin hocha lentement la tête puis ramassa un petit caillou qui traînait là et le jeta en contrebas. Chaeyoung le regarda faire sans rien dire, elle avait peut-être envie d’être seule, mais étrangement, la présence du général ne la dérangeait pas, bien au contraire.
— Tu étais là le jour de l’attaque, dit-il après un long silence.
Elle acquiesça.
— Et comment est-ce que tu te sens vis-à-vis de cela ?
Elle haussa les épaules. Qu’est-ce qu’il voulait entendre ? Qu’elle avait eu la peur de sa vie ? Qu’elle en avait pleuré une fois seule dans sa chambre ? Ça n'était certainement pas à lui qu’elle allait confier tout ça.
— Je me suis inquiété tu sais, reprit Changbin, pour toi. Quand on m’a dit que tu faisais partie du convoi, j’ai eu peur qu’il te soit arrivé quelque chose.
— Vraiment ?
Il hocha la tête, peut-être un peu gêné de l'admettre mais il se disait aussi que c'était important que Chaeyoung le sache.
— Je suis désolé de ne pas être venu te voir plus tôt mais j'ai été pas mal occupée avec toute cette affaire.
— Vous ne me devez rien Général, ne vous inquiétez pas pour moi.
Le silence s'installa de nouveau, Chaeyoung fixait désormais ses genoux, elle avait tellement de questions à lui poser mais elle n'osait pas. Elle n'était qu'une gamine, quel intérêt le chef des armées pouvait-il bien avoir pour elle ?
— Pourquoi est-ce que vous venez toujours me trouver ? finit-elle par demander.
Changbin eut un petit rire.
— Pourquoi pas ?
Elle lui adressa un regard et un sourire, il était bien le premier à lui accorder de l'intérêt à Erhégon.
— Ma vie était beaucoup plus calme à Milirine, marmonna-t-elle en baissant les yeux.
— Est-ce que ça n'était pas un peu ennuyant ?
— Un peu.
— C'est toi qui a choisi de venir ici ?
— Oui, le roi a demandé des volontaires pour rester auprès de la princesse Mina, expliqua la domestique. Contrairement aux autres servantes, je n'avais pas d'attache, pas de famille, de mari ou d'enfants, alors j'ai trouvé normal de me proposer. Et puis je voulais vraiment rester auprès de la princesse.
— Tu as l'air très attachée à la princesse Mina.
— Oui, c'est elle qui m'a sortie de la misère.
— Ah oui ?
La jeune femme hocha timidement la tête, elle n’avait jamais raconté cette période de sa vie à personne.
— Tu n’es pas obligée de m’en parler si tu n’en as pas envie, la rassura Changbin en lui tapotant affectueusement le dessus de la tête.
— Mais est-ce que ça vous intéresse vraiment ? Je veux dire, pourquoi ma vie vous intéresserait-elle ? Je ne suis qu’une domestique et vous vous êtes général, vous devez avoir des personnes bien plus intéressantes que moi à côtoyer non ?
— Et si c’est toi que je trouve intéressante ?
Si au départ il s’était approché de Chaeyoung pour obtenir des informations sur ce que la princesse pouvait penser des agissements de Chan, Changbin aurait menti en disant qu’elle ne lui avait pas tapé dans l'œil. Elle avait tout à fait le genre de caractère qui lui plaisait en plus d’être particulièrement mignonne. Alors oui, il s’intéressait véritablement à elle et avait été inquiet de savoir qu’elle était présente lors de l’attaque de la princesse et qu’il aurait pu lui arriver quelque chose.
Chaeyoung leva la tête pour le regarder, posant ses grands yeux de biche sur lui. Changbin aimait beaucoup ses yeux, ils en disaient beaucoup sur ses pensées et faisaient en partie son charme. Elle l’intéressait ? Chaeyoung en était un peu surprise, elle avait tendance à se méfier des hommes, mais le général avait l’air sincère et même si elle ne l’admettait pas ouvertement, elle appréciait sa compagnie. C’était bien la première fois qu’elle ressentait ça vis-à-vis d’un homme d’ailleurs.
— Mon père était un boucher ivrogne, commença-t-elle en jouant avec un morceau de roche qui se détachait de la falaise, il a voulu me vendre au plus offrant pour payer ses dettes. La princesse Mina m’a alors prise à son service afin que je ne tombe pas aux mains de je ne sais quel pervers du royaume.
— C’était il y a longtemps ?
— Environ trois ans je pense ? J’avais treize ans à l’époque.
La main que Changbin avait jusque là sur son épaule glissa le long de son bras avant de se séparer du corps de la jeune femme. Elle n’avait donc que seize ans ? Il se doutait qu’elle était plus jeune que la princesse, ou que Sana, mais de là à penser qu’elle était si jeune que ça, pas du tout.
— Ton père n’était pas une bonne personne, dit-il simplement en triturant le bout de sa ceinture.
— Hum.
Chaeyoung avait bien remarqué son changement de comportement, peut-être qu’il pensait qu’elle avait déjà connu un homme de façon illégitime avec un père pareil. Ça le dégoûtait peut-être ?
— Aucun homme ne m’a jamais touchée, lança-t-elle alors, la princesse Mina y a veillé si c’est cela qui vous inquiète.
Changbin se racla la gorge.
— Non c’est… Enfin c’est une bonne chose que la princesse ait pris soin de toi.
Elle fronça les sourcils en entendant que le ton de sa voix avait changé.
— Il y a un problème ?
— Pourquoi y en aurait-il un ?
— Vous êtes devenu bizarre.
Il ne voulait surtout pas lui dire qu’il ne la pensait pas si jeune et qu’il ne savait désormais plus quoi faire. Il ne pouvait décemment pas séduire une domestique de seize ans.
Changbin se leva, époussetant l’arrière de son pantalon de cuir avant de tendre la main à Chaeyoung pour l’aider à se mettre debout à son tour. Elle jeta un œil à sa main puis haussa un sourcil en le regardant.
— Il se fait tard, je vais te raccompagner jusqu’au palais, expliqua-t-il simplement.
Chaeyoung tenta de se retenir de rougir et saisit sa main. Une fois sur ses pieds, elle remarqua la carrure imposante de Changbin et sa simple présence avait quelque chose de rassurant. À la grande surprise du jeune homme, elle ne voulut pas lâcher sa main et la serra au contraire dans la sienne en fixant le sol.
— Merci.
— De ?
— De vous occuper de moi, dit-elle dans un murmure.
Changbin se mordit la lèvre, si elle agissait ainsi, il n’était pas certain de réussir à garder le contrôle. Il prit une profonde inspiration et invita Chaeyoung à le suivre pour retourner au palais. Il se demandait vraiment comment il allait pouvoir gérer la situation.
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