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Chapitre 15

Chan avait essayé de se rendre moins régulièrement dans la chambre de Sana la nuit. Ils se sentaient tous les deux un peu coupables et ils devaient aussi faire preuve de plus de discrétion avec les bruits qui couraient concernant la potentielle maîtresse du prince héritier.

Mina était toujours timide et réservée mais elle cherchait un peu plus le contact avec son époux. Elle se blottissait désormais volontiers dans ses bras la nuit mais pour ce qui était du devoir conjugal, le royaume pouvait rester patient concernant l'arrivée d'un potentiel héritier.

Sana parcourait les jardins du palais pour rejoindre la princesse et Chaeyoung lorsqu'une main sur son épaule l'arrêta dans sa course. Elle fit volte-face et se retrouva devant Seungmin, le garde personnel de Mina venu de Milirine.

— Excuse-moi, je t'ai fait peur, s'excusa le soldat en passant une main dans ses cheveux.

— Non non, pas du tout.

Face à son silence, Sana commença à se poser des questions.

— Est-ce que je peux faire quelque chose pour toi ?

Seungmin lui pressa le bras pour l'emmener un peu plus loin afin qu'ils soient vraiment seuls.

— Hum, à vrai dire oui. Est-ce que tu aurais remarqué quelque chose de bizarre autour de la princesse ?

— Comment ça ?

— Eh bien j'ai l'impression qu'on l'observe, qu'on l'espionne même.

Sana pencha la tête, les déclarations du jeune homme étaient inquiétantes et elle devait y réfléchir sérieusement.

— Je n'ai rien remarqué.

— Il n'y a pas eu de changement dans les domestiques ? Des nouveaux arrivants, que ce soit dans les cuisines, les jardins ?

La jeune femme prit quelques instants pour se remémorer les potentiels nouveaux visages qu'elle avait pu croiser mais non, rien ne lui venait en particulier.

— Non, vraiment il n'y a eu personne, du moins pas au service de Mina, ni du prince. Mais je ne peux pas te l'assurer pour les domestiques des membres du conseil ou du roi et de la reine.

— Tu pourrais te renseigner ?

Sana eut un petit rire nerveux.

— Malheureusement je ne pense pas être assez appréciée pour obtenir ce genre d'information.

— Hum.

— Mais je peux en toucher un mot au prince si tu es vraiment inquiet ?

Seungmin haussa un sourcil.

— Je ne voudrais pas l'inquiéter pour rien, mais si tu pouvais faire ça pour moi…

— Tu tiens ton rôle de protecteur très à cœur.

Le garde détourna le regard, la princesse était quelqu'un d'important pour lui, alors oui il prenait son rôle très au sérieux.

— Je vous dérange ?

Les deux sursautèrent presque en entendant la voix du prince Chan. Sana fixa le sol pour essayer de camoufler la joie qu'elle ressentait en le voyant et Seungmin s'inclina avant de prendre congé.

— Qu'est-ce qu'il te voulait ? s'enquit le prince une fois seul avec sa maîtresse.

— Il s'inquiète pour la princesse Mina, lui répondit-elle tandis qu'il glissait un bras autour de sa taille.

— Et pour quelle raison ?

— Il a l'impression que quelqu'un l'espionne.

— Qu'on l'espionne ? s'étonna-t-il alors qu'il déposait un baiser sur le front de la jeune femme.

— Oui, il m'a demandé si j'avais remarqué quelque chose d'étrange ou si des nouveaux domestiques étaient arrivés au palais, mais je n'en ai aucune idée.

— Si ça peut le rassurer je vais en toucher un mot à Changbin, il vaut mieux s'assurer que tout va bien et que Mina n'a rien à craindre. Et en attendant je vais éviter de découcher.

Il afficha un petit rictus gêné et Sana lui sourit en retour. Elle lui pressa la main avant de devoir s'éloigner à son tour. Elle comprenait parfaitement que Chan veuille s'assurer de la sécurité de Mina, c'était tout naturel.

***

Visiblement, il n'y avait que Seungmin qui avait remarqué quelque chose d'étrange. Sana avait ouvert l'oeil et personne ne semblait espionner la princesse, Chan non plus n'avait rien constaté de différent, le soldat s'était sûrement fait des idées.

Mina avait fait part de son envie de voir la mer, depuis son arrivée à Erhégon, elle n'avait pas pris le temps de se rendre sur la plage et se contentait d'observer l'étendue d'eau salée depuis les fenêtres du palais. Malgré tout, elle savait l'importance de l'océan pour son nouveau royaume et avait donc demandé à faire une promenade sur la plage.

La sortie avait été planifiée à l'avance, la princesse allait passer une partie de l'après-midi à découvrir les côtes d’Erhégon, quatre gardes ainsi que deux domestiques allaient l'accompagner. 

Chaeyoung était de la partie mais Sana avait préféré rester au palais et surtout, elle en avait touché un mot à Chan, lui disant que ce serait l'occasion de passer du temps avec son épouse et pourquoi pas de créer des liens.

— Je ne comprends pas ton raisonnement, fit Chan en replaçant le parchemin qu'il avait terminé de consulter à sa place dans la bibliothèque.

Sana l’y avait accompagné à sa demande afin qu'ils puissent passer un peu de temps ensemble. Elle était assise sur le bureau, les jambes dans le vide et elle pencha la tête à la remarque du prince.

— Mina m'a demandé ce qu'elle pouvait bien faire pour que tu veuilles passer du temps avec elle sans que ça ne soit une corvée, alors je lui ai dit que tu aimais aller sur la plage. Elle vient de Milirine, elle veut sûrement se familiariser avec la mer pour se rapprocher de toi.

— Et toi tu veux qu'elle se rapproche de moi ?

— C'est ta femme Chan, et je préfère que les choses se passent bien entre vous plutôt que de vous savoir tous les deux malheureux.

Le prince sourit et se rapprocha de Sana pour déposer un baiser sur son front.

— C'est très altruiste de ta part, dit-il avant de retourner à ses lectures.

— Mina est une gentille personne, murmura Sana après un moment, elle mérite de trouver le bonheur dans toute cette histoire.

Chan leva les yeux vers sa maîtresse et leurs regards se croisèrent. La jeune femme rompit presque instantanément l'échange, elle savait très bien où cela pouvait les conduire et ce n'était pas le moment.

— Tu devrais l'accompagner, dit-elle finalement.

— Mina ?

— Oui, tu devrais lui proposer d'aller avec elle, je sais que ça lui fera plaisir. Elle a peur que tu ne veuilles pas passer de temps avec elle, ce serait l'occasion.

— Ça n'est pas que je ne veux pas passer de temps avec elle, c'est juste que j'ai été pas mal occupé ces derniers temps. Et puis j'avais peur que le mariage ne lui ait pas laissé un très bon souvenir, je n'ai pas envie de la brusquer alors…

— Tu préfères que ce soit elle qui vienne vers toi ?

— Oui.

Sana alla lui presser le poignet.

— Écoute Chan,  elle n'arrête pas de me demander ce qu'elle pourrait faire pour te faire plaisir ou pour que tu acceptes de passer un peu de temps avec elle, alors ça serait l'occasion non ?

Celui-ci la fixa pendant plusieurs minutes avant de sourire.

— Tu as conscience que tu es en train de tout faire pour que je me rapproche de ma femme ?

Sana lui asséna un petit coup de poing sur l'épaule.

— C'est mieux pour nous tous si les choses se passent bien. Maintenant fais ce que je te dis, j'en ai assez de voir la princesse broyer du noir sans arrêt.

Chan cligna des yeux, il se leva brusquement ce qui eut pour effet de faire reculer d'un ou deux pas sa vis-à-vis.

— Je rêve ou tu donnes des ordres à ton prince ? dit-il en s'approchant d'elle tel un prédateur.

La domestique se mit à rire lorsque ses fesses heurtèrent un bureau et elle passa ses bras autour du cou de Chan tandis qu'il l'enlaçait à son tour. Il l'embrassa ensuite avec toute la passion qu'il y avait entre eux mais la jeune femme l'arrêta lorsque les mains sur son corps se firent un peu trop cavalières.

— Personne ne vient jamais ici, grogna Chan contre la peau de son cou.

Sana posa les mains sur son torse pour le repousser doucement.

— Non mais ce n'est pas… pas ces jours-ci.

— Ah.

Le prince oubliait parfois que s'il ne voulait pas se retrouver avec un enfant illégitime, il devait faire preuve d'abstinence durant quelques jours après chaque saignement de son amante. Il soupira et revint l'embrasser avec un peu plus de retenue. Si Sana prenait des précautions, il devait avouer que depuis leur rencontre, ils n'avaient jamais eu aucun accident juste en se fiant à ce qu'elle savait des cycles lunaires, alors il lui faisait confiance et il n'allait pas insister, même s'ils savaient que leur plaisir mutuel pouvait passer par autre chose que la pénétration. Et c'était peut-être ce qu'il avait en tête.

Sana n'eut aucun mal à remarquer la petite lueur lubrique qui s'était allumée dans les yeux du prince et elle comprit immédiatement le message. Elle priait juste pour que personne n'ait l'idée de se rendre dans la bibliothèque durant la prochaine heure

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