Chapitre 12
— Sana ?
— Oui Princesse ?
— Qu’est-ce qui ferait plaisir au prince ?
Les deux jeunes femmes marchaient dans les jardins fleuris du palais après le déjeuner en compagnie de Chaeyoung. Sana était toujours mal à l’aise d’aborder le sujet de Chan en sachant que cela faisait plusieurs semaines qu’il la rejoignait presque toutes les nuits dans sa chambre.
— Je ne sais pas, pourquoi cette question ?
— Eh bien j’ai l’impression qu’il en a assez de moi.
— Qu’est-ce qui vous fait penser cela ?
Sana n’avait pas eu vent d’un quelconque problème au sein du couple, ce qu’elle savait en revanche c’était qu’il ne se passait pas grand-chose dans la chambre princière. Chan lui avait expliqué qu’après la nuit de noces, il n’avait pas cherché à avoir un quelconque autre contact physique avec la princesse de peur de la brusquer, et il craignait qu’elle ait mal vécu sa première fois.
— J’ai l’impression que je le dégoute, soupira Mina en s’arrêtant de marcher.
— Quoi ? Mais non Princesse, ne dites pas ça ! s’écria Chaeyoung en lui prenant la main, le prince a peut-être juste peur de mal faire.
— Tu crois ?
La jeune servante jeta un regard à Sana afin qu’elle l’aide à lui remonter le moral.
— Oui, il s’inquiète peut-être pour vous, après tout vous avez vécu de nombreux changements et il ne veut sans doute pas vous mettre mal à l’aise.
— Hum.
Sana essayait de cacher sa gêne, elle se sentait tellement coupable de continuer à entretenir cette liaison avec Chan. Surtout lorsqu’elle voyait que Mina se sentait délaissée, c’était en partie sa faute, elle se sentait responsable.
— Je crois même qu’il en a assez que nous partagions la même chambre.
— Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?
— Parfois il se lève la nuit et ne revient que bien plus tard.
Sana déglutit, le prince lui avait pourtant assuré que Mina ne remarquait rien de ses petites escapades nocturnes, il allait vraiment falloir qu’elle lui en touche un mot. Chaeyoung adressa un large sourire à la princesse.
— Je suis certaine qu’avec le temps vous allez apprendre à vous connaître et à vous apprécier. Comment ne pourrait-il pas tomber sous votre charme après tout ?
La bonne humeur de la jeune domestique avait toujours le don de rendre Mina moins soucieuse, elle lui pressa doucement la main et elles reprirent leur promenade.
***
Chan avait traîné les pieds jusqu’à la salle du conseil, depuis son mariage, les réunions s’étaient enchainées. Il fallait trouver des accords avec Milirine, essayer de faire coïncider les lois, établir des routes commerciales et favoriser les échanges de biens et de matières premières car, hormis une alliance militaire, l’union des deux royaumes devait aussi servir à favoriser le commerce et ainsi, faire profiter aux deux partis des ressources de chacun.
Malgré tous les bons côtés que cette alliance apportait, certains se montraient encore récalcitrants et les conseils prenaient parfois des allures de règlements de comptes.
— Quel est le problème cette fois ? soupira Chan en entrant dans la pièce alors qu’un vif débat avait lieu.
Les personnes présentes se turent et se levèrent afin de saluer leur futur souverain comme il se devait.
— Mon Prince, nous étions en train d’aborder le sujet des échanges.
— Et il y a un problème visiblement ?
Changbin se laissa tomber sur son siège en soupirant.
— Pour résumer, Milirine nous offre des rubis contre nos saphirs mais le conseiller aux finances trouve que ça n’est pas équitable.
— Et pourquoi donc ?
Le conseiller en question se redressa sur son siège et croisa les mains sur la table.
— Votre Majesté, tout le monde sait que les saphirs d’Erhégon sont d’une pureté sans égale, nous ne pouvons pas en dire autant des rubis de Milirine.
— Sur quoi basez-vous donc vos propos je vous prie ?
— Eh bien-
— Sur de la mauvaise foi, le coupa le Général.
— Le Général a raison, intervint un autre conseiller, les échantillons apportés lors de l’arrivée de la princesse sont tout à fait magnifiques.
— Et si nous proposions de la nacre ? Ou des perles ?
— Nous échangerions ces cadeaux sacrés de la mer contre des minerais souterrains ? Hors de question !
— Alors les saphirs feront l’affaire, trancha le prince d’un ton ferme.
Il y eut un long silence. Le conseiller aux finances marmonnait dans sa barbe en prenant des notes.
— Autre chose ? demanda Chan en espérant ne pas s’être déplacé uniquement pour un problème de cailloux brillants.
— Oui, fit Changbin en prenant un air grave, nous devons nous mettre d’accord sur le nombre de troupes à envoyer à l’Ouest dans la vallée à la frontière avec Safala.
Chan lui jeta un coup d’œil et se massa le front, avec cette histoire de mariage, il en avait presque oublié son but premier : s’allier en vu d’un proche affrontement potentiel avec Safala.
— Combien Milirine est-elle prête à envoyer d’hommes ?
— Je ne sais pas, les dernières indications dans les missives que nous avons reçues restent vagues.
— Nous devons nous méfier, lança le conseiller de l’agriculture, ils attendent certainement que nous envoyions le plus gros de nos forces là-bas afin d’en profiter pour nous attaquer.
— Est-ce qu’on pourrait arrêter avec cette théorie du complot ? grommela Changbin en roulant des yeux.
— Erhégon et Milirine sont désormais alliées, les coupa Chan, il va falloir vous y faire, envoyez-leur un message pour leur indiquer le nombre d’hommes que nous enverrons à la frontière et dites-leur de faire de même.
Le secrétaire nota les ordres du prince et, après avoir abordé d’autres sujets de routine, la séance fut levée. Changbin avait suivi son souverain et ami et il le prit à part dans un couloir.
— Tu sais ce que c’est le « vrai » problème ?
— Ils sont suspicieux de Milirine ?
— Entre autres, mais il y a une raison à cela Chan.
Le prince fronça les sourcils, il savait déjà qu’il n’allait pas aimer ce qu’il allait entendre.
— Les réticents le sont car le bruit court comme quoi ton mariage serait…
— Serait quoi ?
Le jeune général soupira et leva les yeux au ciel.
— Le bruit court que tu passes tes nuits en compagnie d’une autre femme que la princesse.
Chan manqua de s’étouffer et il fit mine de rire.
— Quoi mais c’est-
— Pas à moi Chan.
— Hum.
— Incapable de résister aux charmes d’une certaine rouquine ?
Chan détourna le regard et se sentit rougir, c’était agaçant de voir à quel point Changbin savait lire en lui comme dans un livre ouvert.
— Personnellement je m’en fiche, dit-il en haussant les épaules, même si tu m’avais dit que ça n’arriverait pas.
— Est-ce que c’est arrivé aux oreilles de Mina ?
— Non, je ne crois pas, tu veux que je m’en assure ?
— S’il-te-plaît.
— Enfin je suppose que ça ne sert à rien de vérifier auprès de Sana, plaisanta le général en tapotant l’épaule de Chan, par contre sa petite domestique aux cheveux noirs à l’air un peu plus méfiante.
Le prince haussa un sourcil.
— Ne joue pas avec elle, elle a l’air encore jeune.
— Qui a parlé de jouer avec quelqu’un ? Je vais juste me renseigner pour couvrir tes arrières, rien de plus !
Il y eut un silence et Chan finit par soupirer longuement.
— Je fais vraiment n’importe quoi.
— Tu es amoureux, c’est tout. C’est juste dommage que ça ne soit pas de ta femme.
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