- Une menace ? De quel genre ?

- On raconte qu'une ombre se lève à l'ouest. On parle de tempêtes de sable mais que le vent n'y est pour rien.

- Une armée ?

- Il semblerait que oui.

- Safala chercherait à nous faire tomber ?

- Ils ont été bannis voilà des siècles au fin fond des terres arides et désertiques, nul doute qu'ils veuillent désormais tenter de se venger.

- Safala serait devenu si fort que ça ?

- C'est un royaume de guerriers.

- De guerriers déchus et en exil !

- Mais de guerriers tout de même ! Et je crains fort que seul, Erhégon ne fasse pas le poids.

- Nous avons des troupes ainsi qu'une flotte. Milirine n'a jamais su nous envahir, pourquoi Safala y arriverait ?

- Safala veut s'en prendre à Milirine aussi d'après les rumeurs.

- Le roi est au courant ?

- Le roi est mourant.

- Le roi a un coup d'avance sur vous tous.

Le général des armées d'Erhégon venait d'interrompre les conseillers royaux en grande conversation devant les quartiers du roi.

- Général Changbin ! Que voulez-vous dire par le roi a un coup d'avance ?

- Ce ne sont pas vos affaires, allez plutôt prévenir le prince, sa majesté le Roi va avoir deux mots à lui dire.

L'un des hommes présents envoya un jeune valet remplir cette mission. Celui-ci s'inclina légèrement avant de disparaître dans les couloirs du palais. Le conseiller aux finances fronça les sourcils en se tournant vers le militaire.

- Qu'est-ce que c'est encore que cette histoire ? Le Roi et la Reine sont mourants, comment auraient-ils pu avoir un coup d'avance sur la situation ? Et comment se fait-il que vous soyez le seul au courant ?

- Je ne suis pas le seul, lui répondit le général à la chevelure de jais, et vous en serez informé bien assez tôt.

Les conseillers se décalèrent afin de laisser passer le militaire à la carrure imposante dans le couloir menant aux appartements royaux.

- La fougue de la jeunesse, soupira le responsable de l'agriculture.

- Il m'énerve à fourrer son nez partout, grommela le doyen, son amitié avec le prince ne devrait pas lui donner autant de droits, il n'est pas plus haut placé que nous après tout.

- Il a toujours été proche du prince Chan mais aussi du Roi et de la Reine, ils ont tous trois entière confiance en lui.

- Je me demande tout de même ce que le Roi a prévu.

***

La chambre du Prince avait beau être particulièrement grande, la température y avait grimpée d'un cran depuis presque une heure. Les draps de satin bleus avaient presque tous glissé au sol et les gros oreillers en plumes d'oie se trouvaient un peu partout sur l'épais matelas du lit princier.

Le prince Chan, fils unique du couple royal et donc seul héritier au trône d'Erhégon, n'avait pas perdu de temps après le repas du midi pour faire venir sa servante favorite dans ses appartements afin qu'elle passe l'heure de la sieste en sa compagnie.

Placé entre les cuisses de la jeune femme à la chevelure de feu de deux ans sa cadette, Chan était occupé à lui dévorer le cou avant de s'attaquer à ses lèvres tout en allant et venant en elle à un rythme régulier.

- J'espère que tu n'as rien de prévu après, haleta-t-il en donnant des coups de reins un peu plus prononcés.

- Rien qui ne se fasse sans toi, gémit sa partenaire en serrant un peu plus ses bras autour de son cou.

- Je pourrais faire ça jusqu'au coucher du soleil.

La servante se mordit la lèvre et ils échangèrent un sourire plein de sous-entendu avant de s'embrasser à nouveau. Le prince sentait la jeune femme se contracter autour de son membre, exerçant une pression des plus agréables à chacun de ses mouvements.

- Hum Sana, gémit-il à son oreille alors qu'il se sentait venir.

- Mon Altesse.

La servante sentit la semence de Chan se répandre en elle et elle interrompit leur baiser pour laisser filer quelques geignements contre ses lèvres. Le prince calma ses coups de reins jusqu'à ce que la vague de sensations causées par son orgasme s'estompe progressivement. Il glissa ses doigts dans les boucles de feu de Sana et déposa un baiser sur son front alors qu'elle fermait les yeux.

- Je t'aime Sa-

- Votre Altesse !

Un tambourinement à la porte de la chambre princière les fit sursauter et Chan lâcha un grognement de mécontentement.

- Votre Altesse ! appela de nouveau la voix du jeune valet à travers l'épaisse porte en bois sculpté.

- Quoi ! cria le prince en tournant la tête vers la provenance du bruit.

- Le Général vous demande de toute urgence dans les quartiers de Sa Majesté ! Un message important semble-t-il !

Chan leva les yeux au ciel et laissa échapper un long soupir.

- Le devoir t'appelle on dirait, Mon Prince, fit Sana d'une voix suave en se redressant sur ses avant-bras pour l'embrasser.

Chan frissonna en reportant son attention sur la jolie rouquine sous lui et il se retira délicatement d'elle tout en collant leur front l'un contre l'autre.

- J'aurais préféré pouvoir m'occuper de toi, murmura-t-il, les yeux pétillants d'excitation.

- J'attendrai.

Il lui sourit et pressa une nouvelle fois ses lèvres aux siennes.

- Termine sans moi, j'adore quand tu mouilles les draps en pensant à moi, fit Chan avant de se redresser pour s'asseoir sur le grand lit à baldaquins.

Sana fut parcouru d'un frisson, elle s'étira de tout son long avant d'aller se coller contre le dos luisant de transpiration de son futur souverain. Elle déposa quelques baisers sur ses épaules pâles et musclées ce qui fit soupirer son prince de bien-être. Ce dernier ramassa son pantalon qu'il avait plus tôt abandonné sur le sol et enfila un simple kimono de satin bleu marine pour couvrir ses épaules. Il pressa ses lèvres contre celles de Sana avant de se lever pour quitter la chambre.

- À plus tard.

Il ouvrit la porte plutôt brutalement et le valet de l'autre côté fit un bond. Il n'avait décidément pas eu de chance d'avoir été choisi pour être celui qui devait prévenir le prince.

- Qu'est-ce qu'il y a de si important pour qu'on vienne me déranger ? Ça a plutôt intérêt à être d'une importance capitale je te préviens.

Le jeune homme s'inclina très bas.

- Le général Changbin vous demande, je-je n'en sais pas plus votre Altesse.

- Qu'est-ce qu'il veut celui-là, marmonna Chan avant de s'élancer dans le large couloir.

Il était plutôt rare qu'on le fasse urgemment demander alors il ne pouvait nier être un peu inquiet, surtout si c'était une demande de la part du général. Changbin avait beau être son ami de longue date, lorsqu'il s'agissait de choses sérieuses, l'amitié était bien vite mise de côté.

Chan fut bientôt arrivé devant les appartements du roi et de la reine, ses parents.

- Le prince Chan ! annonça un garde à la porte.

On lui ouvrit le battant de bois sculpté et il entra dans la grande antichambre. Le couple de souverains était installé à une petite table basse, des coussins à dossiers les aidaient à se maintenir droits et d'épais kimonos leur tenaient chauds.

Changbin, le militaire à la carrure imposante se tenait à la gauche du roi, une tasse de thé fumant lui avait été servi en attendant l'arrivée du prince.

- Ça a plutôt intérêt à être important ! grommela Chan en s'avançant. J'étais occupé.

- Installe-toi mon fils, lui ordonna la reine en indiquant une place à sa droite d'un mouvement de main.

Elle demanda ensuite à une domestique de lui servir une tasse de thé à lui aussi, mais le prince avait plutôt envie de connaître le pourquoi du comment de sa convocation. Changbin sembla remarquer son empressement et s'en amusa.

- Vous aurions-nous dérangé mon Prince ?

- Plutôt oui.

Changbin lui accorda un sourire malicieux.

- À cette heure-ci ? Laissez-moi deviner, une affaire urgente impliquant une jeune femme à la chevelure de feu ?

- Cela ne vous regarde pas Général.

- Ça suffit ! les coupa la reine avant d'être prise d'une quinte de toux, nous avons à parler sérieusement.

- Une ombre se lève à l'ouest, expliqua Changbin en fixant le contenu de sa tasse.

- Balivernes, Il n'y a rien à l'ouest hormis du sable et des chameaux.

- Les nouvelles du Fort Zénith disent pourtant le contraire. On parle d'une armée qui se soulève.

- Les nouvelles de Milirine sont les mêmes, ajouta le roi.

- Milirine est notre ennemi, peut-être cherchent-ils à détourner notre attention afin de mieux nous attaquer, rétorqua le prince.

- Le roi de Milirine est aussi inquiet que nous le sommes, si Safala a monté une armée, c'est aussi dangereux pour eux que pour nous.

- Pourquoi lever une armée ?

- Pour récupérer leurs terres.

- Safala est peuplé de tyrans ! De lâches, de traîtres et d'assassins, jamais ils n'arriveraient à s'unir pour attaquer des royaumes tels que Erhégon et Milirine, s'énerva Chan en tapant du poing sur la table.

- Chan ! intervint Changbin. Arrête de te voiler la face, il n'y a pas à tergiverser, Safala s'apprête à nous attaquer, nous et Milirine.

- Nous avons pris une décision, fit le roi de sa voix enrouée. Il nous faut nous unir à Milirine pour lutter ensemble contre la menace que représente Safala.

- Nous unir ? Alors que nous sommes ennemis depuis toujours ? ricana le prince.

- Justement, il est temps de cesser ces querelles futiles et de protéger ce que nous avons tous mis tant de temps à construire. La menace vient désormais de l'ouest, il nous faut des alliés.

Chan avala une gorgée de son thé et grimaça quand l'arrière goût amère du breuvage emplit sa bouche. Encore une de ces tisanes médicinales infectes. Ses parents en avaient peut-être besoin mais lui s'en passait volontiers.

- Et donc ? demanda-t-il en faisant tourner la mixture dans sa tasse.

- Tu as vingt-deux ans et tu es notre seul héritier Chan, commença la reine.

Ce dernier fronça les sourcils.

- Je crois que je ne vais pas aimer la suite.

- Le roi de Milirine a une fille de vingt ans.

- Un-un mariage arrangé ? bégaya le prince en écarquillant les yeux.

- Chan, fit le roi de sa voix à peine audible, ta mère et moi sommes mourants. La seule chose que nous pouvons faire pour toi est de te permettre de faire face à un avenir paisible. Un mariage avec la princesse de Milirine signerait une alliance sur le long terme entre nos deux royaumes.

Changbin échangea un regard désolé avec son ami. La reine tapota affectueusement l'avant-bras de son fils.

- Prends-le comme notre dernière volonté.

Chan fronça les sourcils, ainsi il n'avait plus vraiment le choix.

- Quand ? demanda-t-il simplement.

- La princesse est en chemin et devrait arriver par le nord d'ici quelques jours maintenant.

- Et le mariage ?

- Le plus tôt sera le mieux.

La reine fut prise d'une nouvelle quinte de toux et ses domestiques vinrent l'aider à se lever pour la ramener à sa chambre.

- Le poison l'aura affectée jusqu'au bout, murmura le roi en fixant la table en bois laqué.

Chan se mordit l'intérieur de la joue, la situation était grave mais une question lui brûlait néanmoins les lèvres. Cependant, le roi eut l'air de s'en rendre compte et il soupira.

- Il était de toute façon temps de te trouver une femme pour régner à tes côtés. Nous avons bien vu que tu t'étais entiché de cette domestique et que tu ne cherchais pas une compagne digne d'accéder au trône.

- Sana n'est pas-

- Sana t'a été attribuée afin de satisfaire tes besoins et tes désirs jusqu'à ton mariage, mariage qui n'aura jamais lieu si nous n'y mettons pas notre grain de sel.

- Que va-t-il advenir d'elle ? osa demander Chan non sans une certaine inquiétude.

- Elle sera placée au service de la princesse de Milirine, nul doute qu'elle sera de bons conseils pour que vous puissiez vous rapprocher elle et toi.

Le prince déglutit, non seulement on lui retirait Sana avec qui il avait partagé plus dans sa vie qu'avec n'importe qui d'autre, mais en plus il allait devoir lui annoncer qu'elle allait désormais s'occuper de sa future épouse ? La conversation s'annonçait plutôt compliquée.

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Voici donc le premier chapitre de If I were Queen 😃
J'espère que cette histoire va vous plaire ❤️
On se retrouve samedi prochain pour le chapitre 2 !

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