Le poème
"-Ma...madame ?
-Oui ?
-Co...comment... C'était...un...un homme ! dit Rita en reprenant peu à peu ses esprits.
-Un homme ? Non mademoiselle, vous avez dû rêver, je suis là depuis votre réveil, il n'y a jamais eu personne d'autre que moi voyons !
-Mais si, il y...
-Arrêtez mademoiselle, reprenez-vous !
-Pardon...
Rita commença alors à se torturer les méninges pour savoir comment le bel homme avait pu disparaître. Elle ne trouva malheureusement aucune réponse à sa question. Une de plus sans réponse. La femme assise sur le dossier d'une chaise était rousse et grande. Ses cheveux d'un rouge enivrant étaient d'une souplesse infinie, ondulés et fins, ils étaient juste parfaits. Son visage angelin pâle tel de la neige, ses yeux bleus tels l'orage et ses mains douces comme du tissu firent rêver Rita. Comparé à cette dernière, elle était grande, gracieuse et souple. Quand elle bougeait, tout son être se mouvait avec elle, elle flottait. Son regard vif et pénétrant fixa la jeune adulte, qui baissa le regard, ne sachant pas tenir face à celui de la belle femme. Elle était vêtue d'une longue robe rose bonbon au bustier coloré de multiples paillettes argentées. Un ruban rose et argenté lui tenait la taille, aussi fine que le reste du corps de la dame que Rita enviait de plus en plus. Elle demanda alors à Rita d'une voix chantante, douce et fragile mais pourtant autoritaire :
-Veux-tu t'assoir sur une chaise, un vraie ?
-Je veux bien, mais il n'y en a pas !
-Si, regarde là-bas, derrière l'étagère avec les bouquins violets, il y en a plusieurs. Prends-en une et viens t'assoir ici.
Rita se leva et se dirigea vers l'endroit indiqué par la femme et prit une chaise derrière l'armoire. Elle l'apporta jusque devant l'autre adulte de la pièce et s'assit dessus après l'avoir dépliée.
-Tu sais pourquoi tu es ici ?
-Oui, parce que je dois faire des recherches sur je-ne-sais-quoi pour je-ne-sais-qui !
-Très bien, c'est déjà ça !
-Bon, vous éclairez ma lanterne ?
-Oui, tu vois tous ces livres ?
Rita se trouvait dans une sorte de bibliothèque comportant trois grands meubles sur lesquels étaient posés plus de dix étagères, et sur chaque étagère une cinquantaine de bouquin. Ce qui faisait beaucoup beaucoup de bouquins. Beaucoup. Chaque bibliothèque était posée sur un mur. Le dernier mur, où se trouvait la porte, était vide, à l'exception de cette dernière, de quelques cadres et d'un bureau.
-Oui, mais ça ne m'aide pas vraiment...
-Tu vas devoir faire des recherches pour moi !
-D'accord, mais sur quoi aussi ?
-Je...je ne sais pas vraiment, mais il y a des livres là-dedans qui pourront t'aider !
-Ah bah merci, je dois faire des recherches, mais je sais même pas sur quoi ! Je vais aller loin !
-Je suis...chui désolée...je dois partir !
Elle se leva, rangea rapidement sa chaise et retraversa la porte avec grâce et fluidité. Rita se leva et rangea sa chaise dans un coin de la salle, contre un mur. Elle se dirigea vers l'une des bibliothèques et prit un livre au hasard. C'était un recueil de pages de journal traitant des disparitions mystérieuses. Rita lut l'une des brèves à voix haute.
-Trois jeunes adultes enlevés aux alentours du 25 septembre 2001. Chacun venant d'un pays différent. On a retrouvé aucune personne. Et l'enquête n'est toujours pas élucidée.
A chaque brève ou article, le sujet était le même, des enlèvements et aucune enquête aboutie à un résultat plausible. Rita prit peur, est-ce que le même scénario se reproduisait avec Lorys, Miłau et elle ? Elle reposa le livre sur l'étagère, et alla fouiller le bureau, espérant trouver de quoi prendre des notes, ou même de trouver des informations sur le lieu où elle était. En ouvrant divers tiroirs, elle tomba nez à nez avec des dizaines de dossiers. Elle en piocha un au hasard et le sortit, marquant bien avec son doigt son emplacement pour pouvoir le remettre au même endroit ensuite. C'était le dossier de Jacob Davis, 28 ans. Il était canadien. Le dossier comportait une trentaine de pages. Chacune dactylographiée. La personne qui avait rédigé ce dossier s'était parfaitement renseignée sur M. Davis. Il y avait tout dans le dossier : sa famille, ses problèmes, ses réussites, sa suite scolaire, ses antécédents médicaux...tout ! C'en était flippant. Tous les dossiers présents dans le tiroir étaient semblables à celui de Jacob. Les trois derniers dossiers étaient ceux de Lorys, Miłau et Rita. Identiques aux autres dans la façon de procéder. Ce fut les trois seuls dossiers qu'elle lut en entier. Surtout celui de Lorys, pour en apprendre un peu plus sur lui. Elle referma la pochette à rabats et se remit à la recherche d'un carnet, elle en trouva un, ainsi qu'un stylo dans l'un des nombreux autres tiroirs. Elle l'ouvrit et commença à rédiger avec les belles lettres calligraphiées qu'était son écriture. La première chose qu'elle marqua fut :
De nombreuses disparitions mystérieuses sans recherches abouties. Rapport avec nous ?
Elle ouvrit alors un nouveau livre, cette fois-ci manuscrit. Il regroupait de poèmes en vers écrit par une écriture fine et féminine. Rita lut tous les poèmes un à un, mais l'un deux attira particulièrement son attention.
"L'amour caché
Mon âme a son secret, ma vie a son mystère,
Un amour éternel en un moment conçu :
Le mal est sans espoir, aussi j'ai dû le taire,
Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su.
Hélas ! j'aurai passé près d'elle inaperçu,
Toujours à ses côtés, et pourtant solitaire.
Et j'aurai jusqu'au bout fait mon temps sur la terre,
N'osant rien demander et n'ayant rien reçu.
Pour elle, quoique Dieu l'ait faite douce et tendre,
Elle suit son chemin, distraite et sans entendre
Ce murmure d'amour élevé sur ses pas.
À l'austère devoir, pieusement fidèle,
Elle dira, lisant ces vers tout remplis d'elle
« Quelle est donc cette femme » et ne comprendra pas. "
Felix Arvers
En se concentrant un peu, elle comprit le sens du texte, des larmes chaudes commencèrent à couler de ses yeux clairs. Elle les essuya d'un revers de main et reposa le carnet sur l'étagère. Ses recherches continuèrent des heures durant, elle cherchait, lisait, rangeait, dérangeait, prenait notes, et recommençait...
Elle s'assit sur le bureau, s'autorisant un peu de repos après ces heures de travail acharné un papier qu'elle n'avait pas vu avant était posé sur le meuble de bois, elle le lut à voix haute :
-3 ; 9 ; 15."
Encore une question sans réponse, maintenant, vous connaissait la chanson ! Elle s'assit sur la chaise et sa tête tomba lourdement sur le bureau.
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