(Livai) J'ai essayé de convaincre Ren de vous soutirer de quoi vivre à l'abri du besoin jusqu'à la fin de ses jour, mais même votre argent semble le dégoûter. Il ne vous reste plus qu'à partir vous installer dans une île du Pacifique.

(Jean) Partir, moi ? Certainement pas.

-Il va pourtant bien falloir, dit Livai.

-Eh bien, c'est ce que nous verrons, riposta Jean.

Ren comprit soudain pourquoi il avait sans arrêt ce mouvement des épaules pour remonter son manteau. Le vêtement tirait d'un côté, à cause du pistolet qui était caché dans sa poche et qu'il braquait maintenant droit sur lui.

-Je craignais d'avoir à en arriver là, dit Jean en feignant si bien le contrariété que quiconque ne le connaissant pas sous son vrai jour s'y serait laissé prendre.

Mais son vrai jour, il ne le connaissait que trop, songea Ren. Il n'y a pas si longtemps, il se serait moqué qu'il lui tire une balle dans la tête. Cela aurait même été une délivrance.
Du coin de l'œil, il crut voir Livai lever la main comme pour dire (stop) mais il était trop occupé à fixer le canon du révolver braqué sur lui pour s'inquiéter de ce qu'il faisait.

(Livai) Lâchez tout de suite ce révolver, ordonna-t-il.

-Vous êtes un crétin, Ackerman, déclara Jean sans quitter Ren des yeux un seul instant. J'aurais pu vous rendre riche.

-Le plus crétin des 2, c'est vous, si vous croyez vous en tirer comme ça, répliqua Livai en faisant un pas en avant comme pour s'interposer entre le révolver et lui.

Ren eut un effroyable impression de déjà vu. Un frisson glacé lui parcourut l'échine à la pensée de ce qu'il risquait de se passer. Jean avait la détente facile. La dernière fois qu'un homme avait cherché à le protéger, il était mort. Pour rien au monde il ne voulait perdre Livai.
Il n'en prenait conscience que maintenant, mais il tenait à lui. Il était tombé amoureux de lui et ne voulait pas qu'il lui arrive malheur.
S'il devait le perdre lui aussi, il en mourrait. Et, tant qu'à mourir, autant que cela aille vite et avec le moins de souffrances possible.