-Je ne pensais pas qu'il le prendrait mal, dit-il de but en blanc.

Pixis haussa un sourcils poivre et sel.

-De quoi parlez-vous ?

-Il ne vous a rien dit ?

-Ren ne parle pas facilement de ses états d'âme, vous savez. S'il vous en veut, personne n'en saura jamais rien.

-Je ne comprends pas qu'il se soit vexé. Je l'ai juste qualifié de (beau). Où est le problème ?

Pixis eut un petit claquement de langue désapprobateur.

-Ne me dites pas que vous n'avez pas remarqué qu'il fait tout ce qu'il peut pour s'enlaidir !

Livai se troubla. Il comprit qu'il avait intérêt à se méfier de Pixis. Le bonhomme était d'une perspicacité redoutable.

-S'il voulait, reprit-il, Ren serait un vrai canon. Vous avez vu son corps sexy ? Un chef-d'œuvre, que de tout évidence il ne cherche pas à mettre en valeur. Chez ce jeune homme, c'est un attitude très révélateur.

Médusé par la clairvoyance du vieil homme, Livai se demanda d'où Pixis tenait sa connaissance des autres.

-Son corps sexy ? fit-il, parce qu'il fallait bien dire quelque chose et que ce terme l'avait amusé.

-Pardonnez-moi. C'est l'ingénieur qui parle, expliqua le vieil homme.

Livai sourit. Ce soir, au dîner, la conversation promettait d'être intéressante.

-Eh bien justement, en tant qu'ingénieur, dit Livai en s'efforçant de prendre un ton détaché, diriez-vous que Ren est fragile ?

Pixis ouvrit de grands yeux.

-Fragile ? Sûrement pas. Ren travaille dur, 6 jours par semaine. Il ne sort jamais, mis à part pour aller à la bibliothèque et au supermarché, où je le conduis quand il est de congé.

Curieusement, Livai fut soulagé d'apprendre qu'il ne transportait pas ses courses à bout de bras.

-Il n'a même pas la télévision. J'ai voulu lui en acheter une mais il m'a dit que ce n'était pas la peine. Il vient regarder un film chez moi de temps à autre mais, la plupart du temps, il s'en passe.

-Il mène une vie plutôt austère, fit Livai.

-Oui, c'est le moins qu'on puisse dire. Je ne sais pas pourquoi il s'inflige tous ces privations.

Moi, si, songea Livai.

-C'est pourquoi je l'ai invité à se joindre à nous, ce soir.
J'espère que cela ne vous ennui pas.

-Non, pas du tout.