Il s'attendait si peu à le voir surgir devant lui que son cœur fit un bond terrible dans sa poitrine. Il savait qu'à mille 5 cents kilomètres de chez lui il ne risquait pas grand-chose, mais cela avait été plus fort que lui. Et puis il se méfiait encore plus de cet homme depuis qu'il lui avait fait penser à un tigre tournant autour de sa proie.

-Salut, Ren ! lança-t-il d'une voix enjouée, comme s'il était tombé sur lui par hasard. Il fait un temps splendide ce matin, vous ne trouvez pas ?

-Si.

Il avait la bouche sèche.

-Vous allez au travail ? Vous pensez qu'il y a moyen de prendre un thé à cette heure matinale ?

-Oui, bien sûr.

Il changea de ton, brusquement, et il se demanda si c'était parce qu'il s'était forcé à avoir l'air content, ou parce qu'il lui répondait par monosyllabes.

-Que se passe-t-il ? Vous faites une de ces têtes. Comme si vous aviez peur qu'une orque jaillisse de l'eau et vous saute dessus.

-Je pensais plutôt à un tigre.

-À un tigre ?

Il semblait abasourdi. Levant les yeux vers lui, il constata qu'il n'avait rien d'un tigre en dehors de sa démarche féline.
Et de ses yeux gris, étrangement perçants à si noyer. Cet homme avait bel et bien un regard de prédateur. Ce n'était pas pour rien qu'il l'avait comparé à un tigre.

-Vous ne risquez rien..., Ren, affirma-t-il doucement en hésitant bizarrement sur son prénom.

Se pouvait-il qu'il l'ait déjà oublié ? Ou était-ce parce qu'il avait failli l'appeler autrement ? se demanda le jeune homme, encore plus paniqué.

-On n'est jamais... trop prudent, bredouilla-t-il.

Où qu'il aille, il savait que plus jamais il ne serait tranquille.