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Le chaudron de Mélusine

1000 à 3000 mots

Fantastique

Forêt





« C'est là ! s'exclame Lucie. Le chaudron de Mélusine !

— C'est plus grand que ce que je m'imaginais, répond Sarah.

Thomas, son compagnon, éclate de rire en voyant le chaudron :

— Sérieusement, c'est tout ? C'est juste un creux dans une souche !

En réalité, il s'agit d'une cépée, une vasque naturelle créée par sept rejets d'un chêne ancien, dont il ne reste qu'un encore debout. Le creuset a recueillit l'eau de pluie et forme une petite mare au fond de laquelle on distingue des feuilles tapissant le bois. Rien de particulièrement mystique à première vue.

Lucie explique :

— La légende dit que la fée Mélusine était dans cette forêt, en revenant sûrement d'un de ses ouvrages de bâtissage, lorsque minuit approcha. Elle allait se transformer en serpent et risquait de mourir si elle ne trouvait pas d'eau ! Alors elle planta sept glands, qui donnèrent naissance à sept chênes entourant ce chaudron, qui se rempli d'eau magiquement.

— Magnifiques chênes, ricane Thomas.

— Oui, bon, la tempête de 99 a fait du dégât, mais l'histoire est belle, non ? En plus, celui-ci va encore bien !

Laissant sa meilleure amie et son petit ami se taquiner – du moins elle espère que c'est de la taquinerie et qu'ils ne vont pas se disputer à nouveau – Sarah mitraille le site de photos. Elle adore cet endroit. Elle adore l'atmosphère des forêts, quoi qu'il arrive, mais celle-ci a quelque chose de particulier, dans sa lumière, dans son silence...

Silence troublé par les voix de Lucie et Thomas, mais elle fait de son mieux pour en faire abstraction.

Levant son smartphone pour prendre une nouvelle photo, elle est surprise par un mouvement semblant provenir de l'arbre. Elle relève la tête en sursaut. Rien, évidemment il n'y a rien, ils sont seuls tous les trois ici.

Mais lorsqu'elle regarde la photo qu'elle a prise, elle distingue clairement une queue de serpent qui dépasse du tronc.

— Lucie ! Thomas ! Je... je viens de voir un truc !

Impossible encore de nommer l'impensable. Sarah sent la chair de poule lui hérisser tous les poils, tandis qu'un même mot tourne follement dans sa tête : impossible, impossible, impossible, impossible !

Ils ne l'écoutent pas, pris dans leur propre débat sur le charme des légendes et les trucs survendus pour attirer les touristes. Sarah insiste :

— VENEZ VOIR !

Elle-même déteste la manière dont sa voix a déraillé sur la dernière syllabe, mais au moins ça a marché, ils se précipitent et elle leur montre, tremblante, la photo.

Ce qui n'obtient pas l'effet qu'elle escomptait.

— Qu'est-ce qu'on est censés voir ? demande Thomas.

— Là ! Un serpent... On parlait de Mélusine et une queue de serpent est apparue dans le chaudron !

— Génial ! s'exclame Lucie. Fait voir ?

La jeune fille se tort le cou pour mieux distinguer l'écran de son amie, avant de carrément lui arracher le portable des mains, mais après avoir scruté la photo elle conclut avec une moue déçue :

— Sarah, c'est une feuille morte, ta queue de serpent...

— Tu crois ?

— Mais oui, regarde bien... Là c'est les nervures, et là, c'est une ombre, avec les reflets de l'eau ça donne l'impression d'être une longue queue...

— Fait voir, lance Thomas en attrapant le téléphone avec autorité. Hé, c'est vrai qu'on dirait une queue de serpent qui sort de l'arbre ! Excellent ! Celle-là il faut que tu la postes sur ton instagram, elle est extra !

— Mais... bredouille Sarah dont les battements de cœur commencent à peine à se calmer, mais... vous... vous êtes sûrs ?

Les deux autres éclatent de rire et lui montrent à nouveau. Peu à peu Sarah reprend ses esprits et admet qu'ils ont raison. Enfin, ils doivent forcément avoir raison, c'est la seule explication logique, elle n'a vu aucun serpent et encore moins une queue de serpent sortant d'un arbre, il est impossible que ça apparaisse spontanément dans la réalité. Alors qu'une photo est basiquement une illusion de lumière, toutes sortes d'effets apparaissent lorsqu'on s'y attend le moins. C'est un étrange effet d'optique, rien de plus. C'est logique. C'est évident.

Même si rien à faire, elle a beau regarder la photo, elle ne voit pas l'illusion, la feuille, le reflet ou quoique ce soit que les autres y voient. Elle voit la queue de serpent, noire, perlée d'eau et brillant sous les quelques rayons de soleil ayant percé le feuillage. Et sans l'insistance de Thomas, elle l'effacerait sans attendre.


Au cours des jours suivants, Sarah fait de son mieux pour oublier l'incident. Elle a largement de quoi s'occuper, que ce soit dans ses études d'architecture ou dans sa vie privée pleine de hauts et de bas. Elle qui s'est toujours enorgueillie de son esprit cartésien – pour ne pas dire sa personnalité carré – elle refuse de céder à la superstition. Elle ne comprend pas le frisson que ce souvenir continue à donner, pourquoi même l'image de ses souvenirs refuse de s'estomper avec le temps, ni pourquoi elle y pense tant.

Pour finir, elle se lance dans une recherche sur Mélusine. Après tout, elle a entendu parler de cette fée parce que son amie Lucie s'est exilée dans la campagne poitevine et qu'elle est allée passer quelques jours de vacances chez elle. Fière de sa nouvelle région, Lucie avait tenu à lui raconter les légendes locales. Mais pour une parisienne de naissance, Mélusine, ça évoque une bande dessinée pour enfants – racontant l'histoire d'une jeune sorcière, d'ailleurs – et pas grand-chose d'autre.

Sarah découvre donc l'histoire ou plutôt les différentes versions de l'histoire de la fée Mélusine, sa naissance, sa malédiction, son mariage avec un humain et ses secrets, sa fuite lorsqu'elle a été découverte... et son talent de bâtisseuse. La fée a visiblement utilisé l'essentiel de ses pouvoirs magiques pour construire en une nuit un nombre impressionnant de bâtiments, dont une bonne proportion d'églises, ce qui est une beau geste pour une créature païenne. Ces ouvrages avaient tous comme point commun le fait d'être inachevés : quelque soit l'histoire, la fée était toujours dérangée à l'aube par le chant du coq et devait s'enfuir, laissant sa construction sans la pierre finale. Une dernière pierre qu'aucun humain ne pouvait mettre en place.

Sarah se sent soulagée en lisant ça. La fée bâtisseuse, évidemment que ça lui a parlé ! Elle n'y a pas fait attention lorsque Lucie a évoqué ce détail, mais en tant que future architecte, elle a dû inconsciemment se sentir liée à Mélusine. Après quoi son inconscient noyé dans le stress des examens a fait le reste.

Elle finit par transférer la photo sur son ordinateur et l'imprimer. Quel que soit la manière dont elle la regarde, elle voit une queue de serpent, mais ça ne l'effraie plus. C'est plutôt un signe, un clin d'œil d'une bâtisseuse de légende à une petite apprentie, un encouragement. Mélusine a réussi à construire des bâtiments entier en une nuit, tout en passant pour une humaine et en s'occupant de sa famille de jour, c'est beau. Même le coté inachevé de ses ouvrages est un encouragement à ne pas s'épuiser dans le perfectionnisme. C'est décidé, la photo restera accrochée là, au-dessus de son bureau, et sera son porte-bonheur pour les examens. Ҫa ne lui fera pas de mal.



Les années ont passé. Sarah est devenue une architecte et elle a travaillé quelques années dans un cabinet avant de se lancer à son compte. Elle se débrouille bien et adore son métier. Même si il va de stressant à extrêmement stressant.

Aujourd'hui est un jour extrêmement stressant. Pour quantifier, on pourrait dire qu'il est au stress des examens ce qu'un tsunami est à une flaque d'eau qui déborde. Entre les retards de délai et les malfaçons, c'est toute sa carrière qui va être ruinée, demain, lors de l'inauguration.

Elle n'a même plus la force de pester contre ce client qui refuse de retarder l'inauguration – qui a jamais vu un chantier qui n'a pas le droit d'avoir du retard, ils sont tombés sur la tête – ni contre le reste de l'équipe qui s'en contrefiche – ils ont un paquet d'autres chantiers et elle est loin de leur faire peur. Tout ce qui lui importe, c'est de sauver les meubles, au moins préserver un minimum les apparences...

Les ouvriers sont censés faire un roulement de nuit depuis une semaine pour achever ce qui peut l'être. Lorsque, rongée par l'angoisse, Sarah se rend sur le chantier, il n'y a personne.

Bien sûr.

Comment a-t-elle pu être aussi naïve.

Evidemment qu'elle est la seule idiote pour laquelle c'était important. Son œuvre. Son projet. Sa première création vraiment originale, le contrat qu'elle avait toujours rêvé d'obtenir. Le début de tout.

La fin.

Sarah ne sait même pas comment elle a réussi à conduire jusqu'à chez elle. Dans un état second, elle s'arrête quelques instants devant la vieille photo du chaudron de Mélusine. D'appartement en appartement, de bureau en bureau, cette image quasi surnaturelle l'a toujours accompagnée partout, comme un talisman. Et bien il va falloir qu'il se lève de bonne heure, le talisman, cette fois-ci. Parce qu'il faudrait un sacré miracle...

Ҫa ne l'empêche pas de le demander. Mélusine la fée doit bien savoir que Sarah a toujours fait de son mieux, qu'elle s'est battue pour être, elle aussi, une bâtisseuse. Jamais elle n'a demandé de miracle, juste un petit encouragement subliminal, un chuchotement qu'elle seule pouvait comprendre. Mais ce soir, oui, Sarah est désespérée et demande à la photo un véritable miracle, parce qu'elle n'en peut plus et qu'elle est désespérée.

L'architecte s'écroule sur son lit. Elle ne pensait pas dormir, mais sombre en un instant dans un sommeil de plomb.


Lorsque son réveil la tire du lit, Sarah envisage très sérieusement de s'enfuir. Qu'est-ce qui l'oblige à assumer la responsabilité de son échec ? Elle peut très bien refaire sa vie. Vendre du miel sur les marchés, avec Lucie. La vieille ferme en ruine de Lucie a toujours été un cauchemar pour l'architecte, mais à présent elle prend des allures de palace. Mieux encore, de refuge contre ce monde trop cruel.

Mais Sarah est une fille sérieuse qui prend ses responsabilités. Elle se lève, s'habille et se prépare. Elle arrive largement en avance pour l'inauguration, aucun officiel n'est là, mais tous les ouvriers sont sur place...

Et tout est terminé.

Le contremaitre accueille modestement son soulagement – évidemment qu'il a fait venir l'équipe de nuit, comme convenu, et ils n'étaient pas si en retard que ça, la peinture est encore fraîche mais l'essentiel est là... Elle le laisse soliloquer pour inspecter les détails, et non, rien à faire, vu l'état dans lequel le chantier était la veille, même vingt ouvriers n'auraient jamais pu le finir à temps...

Elle sursaute en entendant derrière elle le contremaitre dire :

« Ah, d'ailleurs je croyais qu'on avait fini, mais regardez, il manque une pierre... On a juste le temps de la fixer avant l'inauguration. Michel ! Va chercher l'échelle, comment t'as fait pour louper ça !

— Non, répond fermement Sarah.

— Quoi ?

— Non. Non, ne touchez pas à cette pierre. C'est... c'est volontaire. C'est design. Ça fait parti du design.

— Mais ce n'était pas sur les plans que...

— J'y ai pensé juste là maintenant, du coup j'ai fait les changements de dernière minutes, vous savez ce que c'est, l'inspiration de la dernière nuit, ha ha ha... En tous cas venez, allons accueillir le conseiller général, vous voulez bien ?

— Mais la pierre est encore là...

— C'EST SUEDOIS ҪA VA BEAUCOUP PLAIRE N'Y TOUCHEZ PLUS LAISSEZ COMME ҪA !

— Hein ? Bon... si vous voulez... C'est vous qui faites les plans...

— Exactement ! Allons-y ! »

Tirant le contremaitre par le bras et attirant les autres à grands gestes de la main, hystérique comme ils ne l'ont jamais vue, Sarah entraine tout le monde jusqu'à l'estrade des officiels et se promet de revenir plus tard pour se débarrasser discrètement de cette pierre. Il ne faut pas contrarier les fées ni les empêcher de signer leur ouvrage.

(1994 mots)

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