Baekhyun se contenta de siffloter pendant le trajet jusqu'au glacier, en écoutant Chanyeol s'émerveiller de chaque petites choses qu'il voyait. Au bout de quelques minutes, il arrêta car il souriait tant qu'il n'arrivait même plus à arrondir ses lèvres. Chanyeol était comme un enfant. Le moindre détail donnait lieu à une série de commentaires.

- Ça fait vraiment longtemps que tu n'es pas sorti, remarqua Baekhyun en soulevant son fauteuil sur la petite marche, juste derrière la porte.

- Six mois. Peut-être sept, je ne sais pas.

- Tu ne t'es pas ennuyé ?

- Je dormais. Et puis même si je n'avais pas été coincé, qu'est-ce que j'aurais fait de plus ? Je n'ai plus d'amis, pas de petit-ami, pas de moyen pour me déplacer.

- Tu aurais pu manger une glace.

- N'est-ce pas ce que je m'apprête à faire ?

Baekhyun poussa Chanyeol devant une table et se dirigea vers le comptoir avec un sourire espiègle, que son masque dissimulait parfaitement.

- Oui, mais tu ne l'aurais pas prise avec moi. Quels parfums ?

- Oh... euh... je ne sais pas. Combien ça coûte ?

Chanyeol avait oublié ses lunettes et d'où il était, il lui était impossible de voir les prix, même en plissant les yeux.

- Ne t'occupe pas du prix. Je paye.

- Non. J'ai de quoi payer.

- Je suis riche, répondit Baekhyun en haussant les épaules.

- Garde ton argent pour autre chose... Une association par exemple. Quelqu'un qui en aura plus besoin que moi.

- Tu as besoin de cette glace et j'ai besoin de te faire plaisir.

- Pourquoi ?

- Pour me sentir utile.

- Tu me fais déjà plaisir en venant ici.

- Oui mais si je peux te faire encore plus plaisir en t'offrant une coupe quatre boules avec supplément marshmallows, chocolat fondu et crème fouetté, je le ferais. Alors tu te décides ?

- Caramel, cookie, vanille. Je peux avoir des éclats de noisettes à la place des marshmallows ?

- C'est entendu.

Baekhyun adressa un clin d'œil à Chanyeol et prit leur commande. Lorsqu'il revint les bras chargés de leurs deux coupes, Chanyeol se rendit compte qu'il avait faim. Faim de sucre, de choses qu'on ne devrait pas manger mais qui nous font plaisir, faim de ce goût qu'il n'avait plus senti sur son palais depuis des lustres. C'était l'été, il aurait dû se gaver de glaces, aller se baigner, faire du skate, partir en vacances. Mais il était là et, lorsque ses yeux se posèrent sur Baekhyun, il réalisa qu'il n'aurait pas voulu être ailleurs. Seulement en face de lui. Baekhyun n'avait pris qu'une seule boule. Au chocolat. Rien d'autre. Lui qui prétendait avoir désespérément envie d'une glace, n'avait pas exagéré comme Chanyeol. En comparant leurs coupes, Chanyeol se sentit légèrement coupable mais attaqua tout de même sa glace. Il n'y avait personne. Il était tôt et à part le gérant, ils étaient seuls. Baekhyun décida que la voie était libre et retira son masque. Son regard était braqué vers l'extérieur, à l'affût du moindre client. S'il on le reconnaissait il était foutu. Il n'était pas censé être là. Et il le savait. Si on le voyait en compagnie de Chanyeol, les médias se feraient un plaisir de déformer la réalité et d'inventer toutes sortes d'articles fallacieux. Baekhyun se moquait bien de mettre sa carrière en jeu, il ne voulait simplement pas que Chanyeol soit mêlé à ses affaires. Que ferait-il si des milliers de fans hystériques se rendaient à l'hôpital ? Et si Chanyeol recevait des dizaines de messages de haines comme son ex ? Les médias pourraient très bien supposer qu'ils étaient frères, cousins, amis... mais ce n'était généralement pas la première chose qui leur traversait l'esprit. Et Baekhyun le savait bien. Il fallait qu'il soit prudent. Alors même s'il sentait le regard impatient de Chanyeol sur lui, il ne se laissa pas distraire.

- Tu sais qu'on est seuls ? lui rappela Chanyeol en mâchant doucement ses noisettes.

- Pour le moment oui. Mais on ne sait jamais.

- C'est pas fatiguant d'être toujours sur tes gardes ?

Sa question prit Baekhyun au dépourvu. Il aimait sa vie d'artiste, il avait fait tellement de sacrifices pour arriver là où il se trouvait. Mais, il était inutile de nier que certains aspects l'exaspéraient. La célébrité entre autre, l'épuisait.

- Si très. Mais c'est la vie que j'ai choisi de mener. Alors je l'assume.

- Tu peux me décrire ce que ça fait d'être célèbre ?

Baekhyun jeta un coup d'œil à sa glace qui commençait à fondre.

- Tu veux connaître les bons ou les mauvais côtés ?

Le regard de Chanyeol brillait d'excitation.

- Tout. Je veux tout savoir.

- La curiosité est un vilain défaut, tu sais.

- Alors pourquoi est-ce que j'ai l'impression que tu meures d'envie de tout me raconter ?

- Peut-être parce que c'est vrai, admit Baekhyun. A part ma mère, je n'ai personne à qui parler de mes soucis. Mon manager ne comprend rien. Il est célèbre mais il reste dans l'ombre. Ce ne sera jamais lui qui aura à subir tout ce que j'endure.

- Et tes amis ?

- Pourquoi me plaindre de quelque chose à quelqu'un qui a les mêmes problèmes que moi ? Ils en souffrent autant et n'ont pas de solutions. D'ailleurs je ne suis pas vraiment sûr de vouloir t'en parler. Je veux dire... mes problèmes sont ridicules à côté des tiens.

- Ça te fait culpabiliser de te plaindre de ta vie de star, à moi, alors que je suis malade et que je vais mourir ?

Baekhyun cessa de touiller sa glace et regarda Chanyeol droit dans les yeux. Il ignorait pourquoi, mais son assurance habituelle venait de s'évaporer. Ce gamin le déstabilisait. Chacune de ses questions provoquait en lui une dizaine de réactions différentes, sa gorge était sèche, ses mains moites, et son estomac contracté. Il ne savait jamais si Chanyeol disait ça avec humour ou s'il était vraiment sérieux. Baekhyun avait peur de ce qui pouvait sortir de sa bouche. Chanyeol était imprévisible mais s'il avait retenu une chose : c'était qu'il ne voulait pas qu'on s'apitoie sur son sort.

- Tu m'as dit d'arrêter de considérer ta maladie. Alors si je pars de ce principe, je pense que deux amis, doivent pouvoir se dire ce qui ne va pas dans leur vie. Indépendamment de la douleur de l'autre.

- Si j'avais voulu que tu aies pitié de moi, je peux t'assurer qu'après cette réponse égoïste, je n'aurais plus voulu être ton ami. Mais étant donné ma curiosité et notre situation, tu as tout à fait raison. Ce n'est pas parce que je souffre que tu n'as pas le droit de te plaindre. Alors je t'écoute.

Chanyeol cacha son sourire en prenant une cuillère de glace. C'était définitif. Il était dingue de Baekhyun.

- Je commence par quoi ? Les bons ou les mauvais côtés ?

- Bons ?

- Hum... C'est cool de recevoir des cadeaux en permanence. Des cadeaux chers. C'est étrange et à la fois agréable de voir des gens pleurer quand ils me rencontrent, d'avoir des fans qui crient mon nom lorsque j'apparais, de savoir que même si je fais une blague pas drôle tout le monde rira. J'aime la vie de riche. C'est vrai quoi, je n'ai plus besoin de réfléchir quand je dépense, c'est plus la galère tous les mois pour payer mon loyer... Je n'ai plus à jouer dans la rue. Je peux payer les soins de ma mère et...

- Et ?

- Je peux inviter n'importe quelle fille qui me plaît au restaurant.

Chanyeol hocha la tête et prit une gorgée du smoothie que Baekhyun lui avait payé.

- Je ne suis pas une fille, on n'est pas au restaurant mais... tu m'as quand même invité.

- Tu as très bien compris ce que je voulais dire.

- Je te plais ? demanda soudainement Chanyeol sans savoir d'où lui venait cet élan de confiance.

Baekhyun, qui avait sa cuillère dans sa bouche manqua de s'étouffer. Après être devenu rouge, son visage devint plus pâle qu'un fantôme. La bouche ouverte et le regard terrifié, il analysa l'expression de Chanyeol et se sentit automatiquement soulagé lorsqu'un sourire moqueur fendit ses joues.

- Relax... I'm joking. Anyway. Les mauvais côtés ?

- De ?

- Bah ta vie d'artiste ?

- Ah oui... Désolé.

Baekhyun se frotta la nuque et tenta de se concentrer sur sa glace pour oublier ce qu'il venait de se passer.

- Je ne me sens jamais en sécurité. Peu importe où je vais... j'ai peur. Je dois tout le temps être sur mon trente-et-un pas une mèche de travers, je ne peux pas me curer le nez, je ne peux pas sortir en survêtement, je ne peux pas avoir de boutons. Je dois être maquillé, charmant, propre tous les jours à n'importe quelle heure, peu importe où je vais. Il y aura toujours quelqu'un qui me reconnaîtra. Je ne peux jamais vraiment être moi-même, parce que si je le fais, je risque de tout perdre. Je ne suis pas parfait, tu sais. Et pourtant je me dois de l'être. Parfois c'est dur de devoir affronter la foule. Je dois me cacher dès que je vais quelque part et quand je rencontre quelqu'un, c'est toujours pour mon statut qu'il m'apprécie. Pas pour celui que je suis vraiment. Et puis quand enfin la foule disparaît, je la regrette. Parce que je me retrouve tout seul, dans mon appartement luxueux, sans personne avec qui partager mon écran plasma, personne avec qui manger mes plats industriels, personne avec qui discuter. Le peu d'amis que j'ai, sont tous si égocentriques qu'aucun d'eux ne m'écoute. J'ai essayé de parler. Mais personne ne comprend et... et en même temps je n'ai pas le droit de regretter parce que c'était mon choix. C'est moi qui ai accepté de chanter. Mais maintenant... je me rends compte que la réalité est bien loin de mon rêve. Je n'ai même pas ma propre mère pour m'écouter. Depuis le début, je fais tout ça pour elle. Elle qui voulait me voir réussir, mais elle ne se rappelle même pas de moi. Je vais la voir toutes les semaines et chaque fois... chaque fois, elle ne sait plus qui je suis. Alors à quoi ça sert de continuer ? Je... Je triche en permanence ! Je mens tous le temps pour m'en sortir. Je ne suis jamais honnête dans mes interviews parce que je ne peux pas l'être. Sinon, on me bouffera. Je n'ai pas non plus le droit de manger ce que je veux parce qu'il faut que je perde du poids en permanence, alors que rêverais d'avaler une glace comme la tienne. De me goinfrer de pizza sans mesurer les calories de chaque part. Je ne peux pas non plus pleurer. Je n'ai pas le droit de craquer. Si je pleure alors quoi ? Qu'est-ce que ça veut dire ?

- Que tu es humain, comme tout le monde, dit Chanyeol de façon raisonnable.

- Non, que je suis trop faible pour faire ce métier. Et qu'ils auraient dû prendre quelqu'un d'autre que moi. Je ne sais même pas pourquoi je... je continue. A quoi ça me sert d'être riche si je n'ai personne pour qui dépenser mon argent ? Et ma mère qui... qui ne voit même pas que j'ai réalisé son rêve et que je me tue pour elle. Qui ne sait même pas qui je suis alors que tout le monde me connaît !

Baekhyun se mordit la lèvre en observant l'extérieur. Ses yeux étaient humides et Chanyeol sut à la façon dont il jouait avec sa cuillère, qu'il se retenait de pleurer.

- C'est peut-être ça le problème. Tu as réalisé le rêve de ta mère. Pas le tien, souligna Chanyeol.

- Si... c'était aussi le mien. J'ai aussi voulu ça ! protesta-t-il.

Son regard fixait maintenant Chanyeol avec férocité. Comme s'il le défiait de continuer.

- Tu l'as voulu pour pouvoir soigner ta mère et parce que tu savais qu'elle avait toujours souhaité que tu fasses ça.

- Je l'ai fait parce que je n'étais pas assez bon pour faire autre chose. Je ne sais rien faire, Chanyeol. Je n'ai que ma voix. Je ne suis pas assez intelligent ou manuel pour faire ce que tous les gens normaux font. Pour réussir, je devais briller. Mais je crois qu'à force, je deviens aveugle.

- Tu m'as dit que tu voulais devenir peintre !

- Oui et j'ai gaspillé la seule opportunité que j'avais. C'est trop tard maintenant. Il suffit d'attendre que je sois trop vieux ou trop drogué pour pouvoir chanter et alors je serais tranquille.

Sans le vouloir, Baekhyun avait élevé la voix. Il n'avait pas voulu crier sur Chanyeol et pourtant, c'était ce qu'il avait fait. Toute la frustration accumulée débordait. Et Chanyeol qui ne faisait que dire la vérité au lieu de le soutenir... ça lui faisait du mal. Mais c'était peut-être pour ça qu'il avait eu besoin de le dire à Chanyeol. Parce qu'il savait qu'il ne mentirait pas. Qu'il ne ferait pas semblant de le consoler mais qu'il lui dirait avec honnêteté que tout était sa faute et qu'il n'était pas trop tard pour changer.

- Tu sais, je n'aurais jamais cru qu'un chanteur aussi populaire que toi puisse avoir aussi peu de confiance en lui.

- J'ai confiance en moi, rétorqua Baekhyun en avalant une cuillère de glace.

- Ce n'est pas l'impression que tu me donnes. Tu prétends être nul avant même d'avoir essayé. Profite, tu as encore la chance de pouvoir le faire. Moi, je ne peux même plus essayer. Je ne saurais jamais si je suis bon ou mauvais dans des tas de domaines parce que je n'ai même pas la force de tenter ma chance. Mais toi, tu peux. Je suis extrêmement fan de toi Baekhyun. Vraiment. Tu m'as apporté un bonheur inestimable.

Baekhyun se mit à sourire.

- Tu es fait pour être admiré mais... si tu es malheureux... pourquoi t'acharner à faire ce métier. Si tu n'es pas épanoui, mieux vaut tout arrêter.

Pendant de longues secondes, Baekhyun observa Chanyeol dont la glace fondue commençait à tâcher la nappe.

- Abandonner et être un lâche ? Non merci.

- Abandonner pas parce que tu es lâche mais parce que tu t'es trompé. Je crois, en tant que fan, que c'est ta voie. Mais toi seul sais, mieux que quiconque, si ça l'est vraiment.

- Tu ne comprends pas... J'aime ce que je fais. J'aime écrire, composer et enregistrer je n'aime juste pas tout ce qui va avec.

- Oui mais tu dois aussi l'assumer. L'un ne va pas sans l'autre.

- Je l'assume, c'est seulement que... parfois c'est difficile.

- Tellement difficile...

Baekhyun voulut répondre mais à la façon dont Chanyeol resta concentré sur sa glace, il comprit que ce serait inutile. Alors il changea de sujet.

- C'était comment l'école, avant ?

- Sérieusement ?

- Quoi ? Je fais un effort pour détendre l'atmosphère.

Chanyeol admit qu'il n'avait pas tort et passa outre son agacement. De toute manière, il ne pouvait pas rester dans cet état face à Baekhyun. Il suffisait qu'il observe son visage une seconde pour que son cœur palpite et qu'un sourire fende ses joues.

- Désolé. Tu as raison. Si tu veux tout savoir, c'était loin d'être ennuyeux. En fait, je m'amusais plutôt bien. J'étais bon en anglais, mauvais en sciences. Je pouvais manger tout ce que je voulais, faire autant de sport que je le souhaitais et... porter autre chose qu'une blouse blanche.

Chanyeol prit une bouchée de sa glace et fronça le nez lorsqu'il l'avala.

- Je viens de me glacer le cerveau.

Baekhyun le regarda cligner des yeux avec un sourire.

- Et toi ? Tu étais comment au lycée ?

- Moi... j'étais...

Baekhyun réfléchit une seconde. Devait-il lui dire qu'il n'avait pas un seul ami ? Qu'il passait son temps en salle d'art pour perfectionner ses dessins ? Que dès qu'on lui proposait quelque chose il refusait parce qu'il avait peur de ne pas être à sa place ? D'être exclu du groupe parce qu'il n'avait rien à raconter ?

- Populaire. Très populaire.

- Ça ne m'étonne pas. Je pense que si j'avais été dans ton lycée, je t'aurais détesté.

- Pourquoi ?

- Les gens populaires sont méchants.

- Je ne le suis pas, protesta Baekhyun.

Chanyeol lui adressa un regard pas convaincu.

- Ah oui ? Dans ce cas raconte-moi la pire chose que tu aies faite de ta vie ?

- Tu entends quoi par pire ?

- Quelque chose qui te taraude. Que tu regrettes. Dont tu n'arrives pas à te débarrasser.

Baekhyun se mit à réfléchir. Avait-il fait quelque chose comme ça un jour ? Ou sa vie était-elle si insignifiante qu'il n'avait rien à regretter ? Baekhyun se souvenait d'une chose. Comment pouvait-il l'oublier ? Mais ce n'était pas ce qu'il avait fait qui le hantait. C'était ce qu'il n'avait pas fait. Ce qu'il aurait dû faire s'il avait été responsable. Ce souvenir traumatisant était toujours là, en lui. Mais il l'avait enfoui. Et maintenant que Chanyeol l'avait réactivité, Baekhyun ne savait plus s'il était suffisamment fort pour le raconter. Ou même s'il avait le droit de parler d'une histoire qui n'était pas la sienne, dont il ne savait rien et qui avait été oubliée par tous depuis bien longtemps.

- Tu es sûre que ça va aller ?

- Mais oui. Baekhyun j'ai vingt ans, qu'est-ce que tu veux qu'il m'arrive ?

- T'as vingt ans, t'es une fille, et il est quatre heures du mat'. Je te raccompagne, un point c'est tout.

- Baekhyun c'est ridicule franchement. Mon immeuble est au bout de la rue. Ça ne sert à rien. On risque juste que mon père nous aperçoive et me mette une raclée. Je devrais même pas traîner, encore moins avec toi. J'ai mes partielles dans quelques jours, tu le sais.

- Et je sais aussi que c'est ton anniversaire et que deux-trois shots ne te feraient pas de mal. Si tu veux mon avis, ton père dort. Il n'y a aucun risque qu'il soit à la fenêtre, prêt à me sauter dessus.

- Tu ne le connais pas. Tu ne sais pas de quoi il est capable. S'il s'est rendu compte que je suis sortie, je peux t'assurer qu'il m'attend de pied ferme.

- Alors prions pour qu'il n'ait rien vu.

- Baek... Je suis sérieuse là. Laisse-moi j'en ai à peine pour deux cents mètres.

- Je sais pas Soyeon... J'aimerais pas qu'il t'arrive un truc.

Soyeon jeta un coup d'œil à la rue déserte. A part un homme qui fumait une cigarette, adossé contre le mur, il n'y avait personne.

- C'est sûr, je risque de me faire attaquer par un fantôme ! Bon, je crois que c'est le moment que tu cesses de te comporter comme si tu étais mon père, et que tu me laisses assumer mes vingt ans, dit-elle en lui plantant ses lèvres couvertes de gloss sur la joue.

Vaincu, Baekhyun haussa les épaules et la regarda s'éloigner sur ses talons.

- On se voit lundi, lança-t-il.

Soyeon agita la main en l'air et Baekhyun fit demi-tour. En chemin, il recroisa l'homme à la cigarette. Il était habillé en noir et portait une capuche. Baekhyun voulut voir son visage mais en fut incapable. L'homme gardait les yeux rivés au sol. Il avait écrasé sa cigarette. Baekhyun finit par cesser son observation et poursuivit sa route, sans réaliser que l'homme était parti en sens inverse. Un drôle de sentiment le fit frissonner mais il ne se retourna pas. « Elle est grande. Tout ira bien pour elle. A l'heure qu'il est, elle doit surement être dans son hall d'immeuble » se dit-il en enfonçant ses mains dans ses poches. Il faisait froid mais Soyeon avait enfilé une robe courte avec des collants en résille. Baekhyun la trouvait sexy comme ça. Mais il avait trop la frousse pour le lui avouer. A l'angle de la rue, il tourna et s'engouffra dans une petite ruelle, sans entendre le bruit de la course effrénée de l'homme. Il n'entendit pas non plus les cris de terreur de Soyeon. En fait, il n'entendit rien, ne vit rien et ne fit rien pour faire demi-tour. Il rentra chez lui et monta se coucher, sans se douter qu'à quelques kilomètres, Soyeon avait été enlevée par l'homme à la cigarette. Baekhyun ne le soupçonnait parce qu'il était juste un homme avec une cigarette.