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Chapitre 45: La fin.


Vous est-il déjà arrivé de préférer la mort à la vie ? De regretter la chance qu'on vous a offerte ? Celle de voir l'amour de votre vie sortir d'un coma profond, surmonter l'insurmontable, survivre alors que tout le monde avait déjà cessé d'espérer ? Vous est-il déjà arrivé de vous demander s'il n'aurait pas mieux valu qu'il n'ouvre plus jamais les yeux ? Vous êtes-vous déjà senti égoïste au point d'être dégouté par votre propre reflet, d'avoir envie de vomir à chaque inspiration que vous prenez ?

Ou bien Baekhyun est le seul ?

Depuis qu'il avait mis les pieds dans cette chambre, il avait l'impression d'être la pire personne que cette terre n'ait jamais accueillie. Pire que tous les criminels passés à l'acte parce que, lui s'était lâchement contenté de penser la mort, sans jamais la donner. Il n'était même pas foutu de vocaliser à voix haute le tumulte d'horreurs qui le paralysait. Il se réfugiait dans ses pensées car il savait que personne n'avait accès à son esprit. Personne ne pouvait le blâmer comme on blâme un tueur, les mains couvertes de sang. Personne n'avait la preuve qu'à ce moment-là, dans sa tête, il avait souhaité que Chanyeol reste endormi à tout jamais. Personne, sauf lui. C'était peut-être plus effrayant d'être confronté aux monstruosités dont était capable son esprit, que de subir le jugement des autres. Pour autant, il n'était pas prêt à leur avouer ce qu'il pensait réellement. Il n'était pas prêt à leur expliquer pourquoi il ne souriait pas, pourquoi il ne pleurait pas sa joie et son soulagement, pourquoi il était simplement, engourdi, perclus de douleur.

Comment pouvait-il regretter son chagrin, devenu une habitude? Comment pouvait-il penser qu'il était plus heureux lorsqu'il pleurait Chanyeol au beau milieu de la nuit que lorsqu'il le voyait s'éveiller pour la première fois ? Il avait pourtant tellement attendu de revoir ces deux yeux enivrants, qui avaient fait chavirer son cœur, ce sourire innocent qu'il avait ravi en quelques baisers, ses lèvres muettes qu'il avait imaginé remuer tant de fois ces dernières semaines.

Tout ça était si proche de lui, pourtant, il ne s'était jamais senti aussi loin. Chanyeol était réveillé, oui. Mais à part son nom, il n'avait plus rien de commun avec le Chanyeol d'avant l'accident. Baekhyun avait toujours entendu dire qu'un traumatisme transforme, endurci, nous rend résilient, invincible. Pour Chanyeol, cet accident l'avait brisé, détruit en mille morceaux. En le voyant étendu sur ce lit, les yeux vitreux et les lèvres entre-ouvertes, Baekhyun sut que le retour en arrière n'était pas possible. Le fan émerveillé qu'il avait rencontré quelques mois plus tôt, l'adolescent transi qu'il avait embrassé sur la plage, le jeune homme qui lui avait échappé dans la tempête de neige, tout ça semblait tellement loin. Baekhyun avait l'impression qu'une éternité s'était écoulée. En réalité, il n'avait fallu que quelques semaines pour que Chanyeol disparaisse complètement.

Il avait été remplacé par un pantin immobile, à peine capable de respirer. La seule chose qui garantissait que son cœur battait toujours, était le bruit régulier du moniteur. Cela faisait déjà une heure qu'il était réveillé. Dès qu'il avait reçu l'appel de Layla, Baekhyun n'avait pas demandé plus de précisions et avait quitté le campus en courant. Les embouteillages l'avaient ralenti dans sa course au bonheur mais lorsqu'il s'était finalement garé sur le parking de l'hôpital, ses foulées avaient aussitôt repris : plus rien ne pouvait l'arrêter. S'il avait su ce qui l'attendait, il serait sans doute resté quelques minutes supplémentaires dans sa voiture. Ou peut-être qu'il ne serait même pas venu.

C'était sans doute horrible de penser une chose pareille pourtant, plus il regardait Chanyeol, plus il avait envie de s'enfuir de cette chambre et d'effacer cette image de son cerveau. Seulement son cœur s'opposa aux commandes de son cerveau et le cloua sur place, à quelques mètres du lit.

Monsieur et Madame Park étaient déjà sortis de la chambre, en pleurant, eux aussi. Layla, vêtue de sa blouse d'infirmière, se tenait dans un coin de la pièce, un mouchoir pressé contre sa bouche. Baekhyun voyait qu'elle aussi luttait pour ne pas pleurer.

« On attend encore les résultats du scanner » murmura-t-elle comme pour le rassurer.

Baekhyun ne prit même pas la peine de la regarder. Ses yeux étaient rivés sur Chanyeol. Chanyeol qui n'avait pas bougé depuis qu'il était entré dans la pièce. Chanyeol qui ne l'avait même pas regardé, qui n'avait pas prononcé le moindre mot, qui était resté immobile, le regard fixé au plafond. En voyant qu'elle n'obtiendrait pas de réponse, Layla pressa gentiment l'épaule de Baekhyun pour lui faire savoir qu'elle attendrait dans le couloir, et sortit. La porte claqua dans son dos.

A ce moment-là, Baekhyun réalisa que ses joues étaient mouillées. Il essuya sa peau et s'avança vers le lit. Dans sa poitrine, son cœur se disloquait petit à petit. Il avait peur, il appréhendait que ses craintes soient devenues réalité. Lorsqu'il était arrivé plus tôt, ils avaient surpris Monsieur et Madame Park, l'un dans les bras de l'autre. En voyant leur visage, il avait compris que leurs larmes n'étaient pas des larmes de joie, mais bien des larmes de détresse. Malgré les signaux d'alerte, il n'avait pas perdu espoir. Mais maintenant qu'il était face à Chanyeol, il comprenait pourquoi tout le monde était ressorti de la pièce en pleurant. Même Lisa.

Lui s'était promis de ne pas sombrer. Pourtant, face au visage pâle de Chanyeol, il céda. Même en entendant ses sanglots, Chanyeol ne réagit pas, il resta muet, paralysé. Baekhyun aurait fait n'importe quoi pour le sortir de cet état végétatif. Mais rien, pas même les cris de colère de l'homme qui l'aimait, ne le faisait réagir. Après s'être tiré les cheveux en hurlant son désespoir pendant quelques minutes, Baekhyun finit par se calmer. Il avait l'impression que sa vie consistait à marcher en équilibre sur un fil et que le vent faisait tout pour le faire tomber. C'était à croire qu'on voulait le voir basculer dans la folie. Après tout, il n'en était plus qu'à un cheveu.

Sa respiration était toujours hachée mais ses larmes se faisaient rares. Lorsqu'il considéra qu'il était suffisamment saint d'esprit pour ne pas dérailler, il s'autorisa à s'asseoir au bord du lit de Chanyeol. Instinctivement, leurs peaux se joignirent. Sa main trouva ses doigts et les enveloppa délicatement, comme si une simple pression pouvait les briser. Là aussi, Chanyeol ne réagit pas. C'était sans doute ça, la pire sensation. Pire que de reconnaître qu'il avait souhaité sa mort, pire que de le découvrir dans cet état. Celle de savoir qu'il ne réagissait même plus à son contact.

Sa lèvre se mit à trembler et alors qu'il s'accrochait à Chanyeol de toutes ses forces, il flancha.

« Qu'est-ce qui t'arrives ? Pourquoi tu ne parles pas ? »

La question sortit étouffée. Baekhyun n'attendit pas la réponse car il savait qu'il n'y en aurait pas. Il pressa son visage au creux du cou de Chanyeol et pleura contre sa peau. Il pleura sans compter les minutes, sans penser à autre chose qu'à la chaleur qu'il dégageait. Il était bien vivant. Son cœur battait sous sa peau, son sang affluait dans ses veines, mais il était tellement faible.

« Je ne t'ai pas abandonné tu sais ? J'ai suivi tes conseils et je me suis inscrit à la fac. J'ai repris la peinture. Chaque soir après les cours, je suis venu te montrer mes tableaux, tu t'en souviens ? »

Baekhyun le fixa et lorsqu'il cligna des yeux, un sourire déforma son visage. Chanyeol ne lui parlait peut-être pas, mais il l'écoutait.

« Je ne vais pas te lâcher. Je vais te sortir de là et... quand tu auras fini ton lycée, on ira s'installer loin d'ici. »

Ses yeux s'embuèrent.

« Je te jure... On aura une maison face à la mer, tu n'auras qu'à sortir sur le perron pour sentir le sable sous tes pieds. On prendra Buck avec nous, il sera heureux, tu vas voir, je te le promets. »

Baekhyun unit son front à celui de Chanyeol. Leurs lèvres n'étaient plus qu'à quelques centimètres mais le respirateur l'empêcha de les unir.

« Si je t'enlevais ce truc et que je t'embrassais, tu mourrais asphyxié par mon amour. Ce serait une belle mort, non ? »

Sa main caressait désormais la joue de Chanyeol qui, pour la première fois depuis le début détourna ses yeux du plafond. Son regard se posa sur le visage de Baekhyun et alors, à son tour, il se mit à pleurer. Dans sa poitrine, son cœur s'emballait, dans sa tête, ses pensées s'affolaient. Il avait tellement de choses à lui dire, c'était la dernière fois qu'il lui parlait. Il le savait. Il voulait lui dire qu'il l'aimait, qu'il avait compté pour lui à chaque instant. Que sans lui, jamais il n'aurait survécu aussi longtemps. Pourtant, les mots étaient coincés dans sa poitrine. Il était trop faible pour parler. Trop faible pour lui dire de l'étouffer de ses baisers, de le tuer de son amour. Il préférait mourir maintenant, dans ses bras, contre ses lèvres chaudes et rassurantes que dans quelques minutes. Il ne voulait pas être embrassé une fois que son cœur aurait cessé de battre. Il voulait ressentir ces sensations une dernière fois. Mais il n'arrivait pas à parler. Il était impuissant, incapable d'émettre le moindre son. Son corps n'était qu'une extension de sa douleur. Il avait mal mais il ne pouvait pas crier. Alors, il fut la seule chose dont son corps était encore capable : il pleura. Et Baekhyun le rejoignit. Ils pleurèrent ensemble silencieusement, l'un contre l'autre. Leurs deux âmes mêlées, ils laissèrent le chagrin les emporter.

« Ne pleure pas... Pourquoi tu pleures ? Je t'ai dit que j'allais te sortir de là ? Tu m'entends ?! » s'emporta Baekhyun en serrant sa main contre lui.

Ça ne sert à rien c'est déjà trop tard...

« J'ai encore plein de choses à te montrer, je veux que tu viennes avec moi choisir la peinture du salon. Et puis la nouvelle laisse de Buck... Il faut aussi qu'on commence à économiser pour notre voyage. Tu m'as tellement parlé du Brésil... Je sais que t'as envie d'y aller. Imagine-nous, dans la piscine, avec des cocktails ! Arrête de pleurer s'il te plaît. »

Comment faire ? Comme cesser de pleurer alors que l'homme qu'il aimait déversait sur lui toute sa peine ? Comment ne pas pleurer lorsqu'on sait que la mort n'est plus qu'à quelques pas ? Chanyeol ne pouvait pas se retenir. Il était terrorisé. Il ne voulait pas mourir, mais il savait qu'il avait joué ses dernières cartes. On lui avait accordé le sursis bien trop de fois. Et aujourd'hui, le destin reprenait ses droits et scellait le livre de sa vie.

Plus Baekhyun évoquait les souvenirs de leurs conversations nocturnes et leurs promesses d'avenir et plus il pleurait. Alors qu'il était immobile depuis des heures, son corps s'agitait subitement de spasmes.

Pourquoi était-il si faible ? Pourquoi avait-il gâché ses dernières chances en s'enfuyant dans la neige ? Pourquoi avait-il tout foutu en l'air ? Il se détestait. Sa bêtise l'empêchait de parler. Baekhyun n'entendrait jamais ce qu'il avait à lui dire. Il ne saurait jamais à quel point il l'aimait, à quel point il était désolé. Chanyeol n'aurait même pas l'opportunité de le libérer. De lui dire qu'il ne voulait pas le voir pleurer sa mort pendant des années. Qu'il voulait qu'il l'oubli, qu'il reconstruise sa vie ailleurs, avec quelqu'un d'autre, même si ce n'était pas lui. Même si cette idée lui transperçait la poitrine, lui broyait le cœur, il voulait que Baekhyun retombe amoureux. Car, lui plus qu'un autre, méritait d'être heureux.

« Layla va revenir avec tes résultats.... Ils seront bons, mieux que d'habitude. Dès ce soir tu quitteras ce foutu hôpital... tout ira bien, je te le promets. » Baekhyun n'essayait même plus de convaincre Chanyeol. Simplement de se convaincre lui. Ses paroles sonnaient comme des mensonges mais il continuait de parler pour se rassurer, parce qu'il refusait de croire à cette fin. Leur fin n'était pas prévue pour maintenant. Ils n'avaient encore rien fait, rien accompli. Chanyeol avait tellement à prouver, Baekhyun avait tellement à lui montrer, partir maintenant était inenvisageable. Leur histoire venait à peine de commencer.

Même dans son état second, Chanyeol ressentit chacune des vibrations de la voix de Baekhyun, chacune de ses caresses, chaque soupire de détresse. Son souffle caressa sa peau délicatement comme il l'aurait fait pendant l'amour. Mais ils ne faisaient pas l'amour. La réalité n'était pas aussi belle. Pendant une seconde, Chanyeol ferma les yeux et s'autorisa à imaginer ce que sa vie aurait pu être s'il n'était pas malade, si son traitement avait fonctionné, s'il avait gagné sa bataille. Ce souffle délicat sur son cou aurait pu être les traces d'un bonheur unique. Au lieu de ça, il n'était qu'effroi et douleur. L'horreur de la situation lui fit subitement ouvrir les yeux. Il ne fallait pas qu'il les ferme car s'il s'endormait, ce serait la fin. Mais les forces lui manquaient. Il avait de plus en plus de mal à rester éveillé. Son corps bouillonnait et ses sens devenaient moins aiguisés, plus flou. Il était étourdi. La seule chose qui le maintenait en vie était la voix de Baekhyun. Une voix basse, teintée de mélancolie. Une voix qui l'avait bercé dans son sommeil, qui l'avait accompagné dans ses trajets de bus, qui l'avait rassuré lorsque ses cheveux tombaient par paquet dans la douche, lorsque ses ongles se décrochaient, lorsque la fatigue l'empêchait de manger. Baekhyun lui avait donné ce que personne n'avait jamais pu lui offrir : de l'espoir.

« De quoi as-tu envie pour le dîner ? Hein ? Dis-moi ? »

Quel dîner ? Il n'y aura pas de dîner.

Chanyeol se demanda vaguement comment Baekhyun pouvait continuer à parler de choses aussi banales, aussi simples qu'un dîner quand tout était si compliqué. Quand ils savaient tous les deux que Chanyeol n'auraient plus jamais droit à cette simplicité. La façade que Baekhyun s'était construite était en train de fissurer. Alors qu'il évoquait son restaurant favori, des larmes se mirent à couler sur ses joues. Chanyeol les regarda rouler jusqu'à son menton et s'accrocher à sa peau. Elles restèrent suspendues quelques secondes avant de s'échouer sur les draps. Juste à côté de leurs mains jointes.

« On pourrait proposer à Lisa de venir pour fêter ta sortie, t'en pense quoi ? »

Ça devenait ridicule. Baekhyun était tellement désespéré qu'il ne se rendait même plus compte des propos absurdes qu'il tenait. Chanyeol n'avait pas la force de le rassurer. Il ne lui restait qu'une seule chose : son regard. Son regard qui, il l'espérait, suffirait à lui faire comprendre tout ce qu'il pensait. Baekhyun ne le quitta pas des yeux mais lui, ferma les yeux. Ils avaient tous les deux consciences de l'issue, même sans les résultats des examens. Layla n'aurait sans doute pas le temps de revenir que tout serait déjà terminé. Chanyeol ferma les yeux et poussa un long soupire. Il se sentait prêt. Il voulait partir. La douleur qui lui brûlait la poitrine était devenue insupportable, il voulait s'en débarrasser.

Sa main se détacha doucement de celle de Baekhyun. Leurs doigts se décollèrent avec une lenteur infinie et finirent par se séparer complètement. Baekhyun cessa de parler et, pendant une seconde retint sa respiration. Chanyeol était en train de partir, il le savait. Mais il ne pouvait pas rester là sans rien faire. Les larmes brouillaient sa vision et la peur lui tordait le ventre, il ne voulait pas.

« Je t'interdis de me laisser, tu m'entends ?! Tu n'as pas le droit ! » cria-t-il.

Il n'avait plus d'autre plan d'attaque. Crier lui semblait le seul moyen de le maintenir éveiller, juste encore un peu. Mais Chanyeol garda les yeux fermés.

« Je t'aime... Je t'aime... tu comprends ? Tu ne peux pas partir... » Leurs visages n'étaient qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Baekhyun avait déposé ses mains sur ses joues humides et pleurait contre sa peau. Derrière son respirateur, Chanyeol eut un léger sourire, à peine visible. Il était en train de s'éteindre et même à ce moment-là, Baekhyun parvenait encore à le chambouler. Il mourrait le cœur rempli d'amour. Car il en était convaincu, Baekhyun ne mentait pas, il l'aimait réellement, comme on aime qu'une seule fois. Son corps tout entier le savait.

Je t'aime aussi... si seulement je pouvais te le dire une dernière fois...

« Ne me laisse pas, je t'en supplie. Je ferais n'importe quoi... Je... Chanyeol... Pitié... »

Baekhyun n'arrivait plus à parler. Chacune de ses phrases étaient entrecoupées de sanglots bruyants. Son corps secoué par le chagrin se jeta contre celui de Chanyeol. Il se disait que, peut-être, en voyant une scène aussi déchirante, la mort aurait pitié d'eux et les laisserait tranquilles.

« Tu as changé ma vie... Tu... Tu ne peux pas me laisser maintenant... Mon amour... Je refuse que tu m'abandonnes. Réponds-moi... Je t'en supplie.»

Baekhyun reprit sa main et la serra. Les yeux clos, il attendit un signe, n'importe quoi. Une simple pression pour lui dire qu'il l'entendait aurait fait de lui l'homme le plus heureux de la terre. Mais rien ne vint.

Pardonne-moi.

Un bruit aigu résonna dans la chambre. La ligne horizontale se dessina sur l'écran du moniteur.

C'était la fin.

Chanyeol avait rendu son dernier souffle. Les ténèbres l'avaient emporté.

***

Buck mourut une semaine après son maître. Madame Park le découvrit au petit matin étendu sur le sol de la cuisine, immobile. Il avait passé les sept derniers jours derrière la porte d'entrée à attendre le retour de Chanyeol sans savoir qu'il ne reviendrait jamais. A chaque nouvelle journée, le chien déprimait un peu plus. Il n'avait pas touché à sa gamelle et avait refusé de sortir se promener. Vaincue, Madame Park s'était assise à côté de lui et avait passé des heures entières à le caresser en fixant la porte d'entrée. Elle aussi aurait fait n'importe quoi pour que son petit garçon apparaisse sur le seuil, le nez rougi par le froid et les yeux brillants de malice. Mais cette vie-là était passée. Cette vie-là n'existait plus.

Au présent, Chanyeol était mort. Elle n'avait plus de fils. Plus aucune raison de vivre. La seule chose qui l'empêchait de prendre sa voiture et se jeter dans une rivière était la promesse qu'elle lui avait faite. Celle de continuer à vivre normalement, même après sa mort. L'idée de le décevoir en cédant à la tentation, lui était insupportable. Même si tout semblait plus facile que d'endurer cette épreuve, elle résisterait. Pour lui. Buck n'avait pas été aussi fort. Au bout du septième jour, le chien s'était laissé mourir. Lui aussi avait voulu rejoindre son maître. En découvrant son cadavre, Madame Park n'avait pu penser qu'à une chose : Buck et Chanyeol étaient désormais réunis. Il était le seul à avoir droit à un tel privilège. Elle, était condamnée à souffrir jusqu'à ce que la mort veuille bien écourter son malheur.

En caressant sa fourrure immaculée une dernière fois, une nouvelle cascade de larmes avait inondé son visage fatigué. Pleurer, elle ne faisait que ça depuis qu'un hurlement strident avait surgi de la chambre d'hôpital de son fils. La scène était gravée à tout jamais dans son esprit. Elle n'oublierait jamais l'expression de dévastation absolue que portait Baekhyun lorsqu'elle était entrée de la chambre. Elle n'oublierait pas non plus les cris d'horreur coincés dans sa gorge, la façon dont son cœur s'était arrêté de battre, l'impression que le monde avait cessé de tourner. Mais surtout, elle n'oublierait jamais l'image déchirante du visage de son fils mort. En le découvrant, ses jambes s'étaient dérobées et, comme Baekhyun elle s'était retrouvée au pied du lit, incapable de faire le moindre mouvement. Son mari l'avait rejointe et l'avait prise contre lui. Il avait plaqué son visage dans sa chemise pour la préserver du spectacle abominable et avait calmé ses pleurs en la berçant. L'amour entre eux s'était éteint depuis un moment mais à ce moment-là, Madame Park n'avait pu qu'admirer sa force. Leur fils était mort et il parvenait encore à repousser ses larmes, pour la consoler. Elle était plus importante que son chagrin. Il la faisait passer avant tout. Au milieu des cris de Layla, des pleurs de Baekhyun et des sanglots qu'elle peinait à contrôler, Madame Park s'était alors souvenue de la raison pour laquelle, elle était tombée amoureuse de cet homme. Elle s'était rappelé que son courage et sa gentillesse n'avaient pas d'égal.

L'enterrement eut lieu trois jours après la mort de Chanyeol. C'était un enterrement simple. Il n'y avait que quelques personnes, toutes vêtues de noires et de tristesse. Au premier rang, Layla se tenait au bras de Ben, les yeux rivés sur le cercueil ouvert. Elle avait enfilé une robe sobre et un voile noir sous lequel ses larmes coulaient sans interruption. La cérémonie venait à peine de commencer et elle suffoquait déjà. La douleur qu'elle ressentait était innommable. Jamais, elle ne s'était autant accrochée à un patient. Jamais elle n'aurait cru que le petit garçon de la chambre 112 bouleverserait sa vie à ce point. Elle ne pouvait pas le nier, Chanyeol l'avait transformée à tout jamais et devoir lui dire au-revoir aussi rapidement, était terriblement difficile. Elle n'était prête à accepter son départ uniquement parce qu'elle savait que maintenant, il ne souffrait plus. Mais qu'est-ce qu'elle n'aurait pas donné pour rembobiner le temps et revenir à ses premières hospitalisations. Celles où ils jouaient aux cartes ensemble pendant des heures, celles où, l'un comme l'autre, n'avaient pas encore la moindre idée du destin qui les attendait. Ce temps où ils étaient encore naïfs, où la mort n'avait pas eu le temps d'abîmer leur monde.

Ce n'était que maintenant qu'elle réalisait la chance qui lui avait été offerte : celle de rencontrer un être aussi exceptionnel que Chanyeol. Et même si elle souffrait terriblement de savoir qu'il ne lui parlerait plus jamais, ne serait plus jamais à ses côtés, qu'elle ne l'entendrait plus jamais rire, elle était heureuse de l'avoir connu.

A travers ses larmes, Layla distingua la silhouette de Lisa à quelques mètres d'elle. Cette gamine la fascinerait toujours. Alors que tout le monde pleurait, elle, n'avait pas versé une seule larme depuis le début de la cérémonie. Elle avait été la seule capable de prendre la parole pour lire un poème en l'honneur de Chanyeol et, même si sa voix avait flanché à plusieurs reprises, elle n'avait pas lâché la moindre larme. Elle était restée forte jusqu'au derniers vers qu'elle avait achevé dans un chuchotement, parce qu'elle n'avait plus la force de parler de Chanyeol.

Son poème était un véritable hommage. Il avait été écrit avec le cœur et en l'écoutant, Layla eut l'impression qu'elle en était l'auteure. Chaque mot l'avait transpercée avec une force inouïe car même si c'était ses propres pensées que Lisa avait couché sur le papier, Layla eut l'impression que c'était sa douleur, son intimité, son affection pour Chanyeol qui avaient été dévoilées. Lisa avait su mettre des mots sur la peine et le chagrin qui la torturaient. Grâce à elle, Chanyeol avait pu entendre ses pensées. Même si elle n'avait pas eu le courage de parler de lui comme elle aurait dû le faire, il savait désormais qu'elle l'aimait plus que tout et que maintenant, comme dans dix ans, il lui manquerait toujours. En partant, il avait pris un peu de sa joie. Mais elle se moquait d'être malheureuse le temps d'une vie car elle savait qu'un jour, lorsqu'elle le rejoindrait, elle retrouverait le goût du bonheur.

Au fond du cimetière, près de l'entrée, Baekhyun entendait les mots du prêtre sans vraiment les écouter. Sa voix l'agaçait. Elle n'était qu'un bourdonnement désagréable qui le traversait sans le toucher. Il parlait de Chanyeol comme s'il le connaissait, comme s'il avait vécu ses souffrances, comme s'il avait vu ses larmes et sa détresse. Mais cet homme ne savait rien de Chanyeol. Il n'avait pas vu la maladie le ravager, il n'avait pas vu les efforts qu'il faisait pour sourire, même au comble de la souffrance. Il ne savait rien de lui et pourtant, il agissait comme s'il le connaissait mieux que quiconque. Aux yeux de Baekhyun, ce prêtre qui voyait la mort comme une étape naturelle de la vie, était un imposteur. Il n'avait pas le droit de parler de Chanyeol comme ça. Ses mots vides et creux qu'il répétait probablement à chaque enterrement, souillait son nom. Chanyeol méritait bien mieux qu'un guignol avec une Bible.

Mais Baekhyun n'avait pas la force de l'interrompre et de maudire le ramassis de conneries qu'il clamait. Son esprit était las, à l'abandon, son corps faible, son cœur meurtri. Derrière ses larmes le paysage tanguait. La seule chose sur laquelle il était capable de se focaliser était le visage angélique de Chanyeol. Ses cheveux sombres, ses cils délicats, ses lèvres à peine ouvertes étaient une bouffée d'air frais, une brise rassurante au milieu de toute cette horreur. Baekhyun était hypnotisé par sa beauté. Sa contemplation prit fin lorsqu'il réalisa que ses paupières ne s'ouvriraient plus jamais, que plus jamais il ne verrait ses yeux délicats. Et alors, un nouveau sanglot secoua son corps. Accroupi et la main devant la bouche, il se laissa glisser contre le mur du cimetière et fixa le ciel avec l'espoir de retenir ses pleurs.

Sa place n'était probablement pas là, mais c'était ici qu'il avait choisi d'être, au dernier rang. La faiblesse l'avait sans doute guidé. Il avait naïvement cru qu'en se plaçant au fond, loin du cercueil, la douleur serait moins violente. Elle était peut-être pire. Chanyeol aurait voulu le voir aux côtés de Layla et Lisa, il le savait. Il aurait dû se tenir au premier rang, près des gens qui avaient comptés pour lui. Mais au moins là où il était, il pouvait pleurer sans se soucier du regard des autres. Chacun était de toute façon trop préoccupé par son propre chagrin pour se soucier de lui. Personne ne le remarqua. Ce n'est qu'à la fin de la cérémonie alors que chacun passait adresser un dernier mot à Chanyeol, que Madame Park prit conscience de sa présence.

- Je n'étais pas sûre de vous voir.

Elle avait les yeux cerclés de rouges et les joues mouillées.

- Comment aurais-je pu louper un jour pareil ? Si je n'étais pas venu, je m'en serais probablement voulu toute ma vie.

Baekhyun ne mentait pas en disant ça. Oui, il avait hésité à venir. Oui, il avait été tenté de faire demi-tour, de se barricader dans sa chambre et de pleurer jusqu'à ne plus avoir de larmes. Mais l'idée de voir Chanyeol, une dernière fois, de lui adresser un dernier au-revoir, car ce n'était pas un adieu, l'idée que s'il ne saisissait pas son courage, il laisserait passer cette chance unique, l'avait arraché à sa peur.

- Chanyeol serait heureux s'il savait que vous êtes là.

- Il le sait. J'en suis certain.

- Vous passerez à la maison ?

Baekhyun savait que Madame Park faisait référence à cette horrible tradition, qu'avaient de se réunir les gens après un enterrement pour boire du thé et manger des cookies comme si rien ne s'était passé. Non, il ne ferait pas partie de ce malheureux cortège, non il ne parlerait pas de Chanyeol au passé et ne passerait pas son après-midi à pleurer avec les autres. Il ne voulait pas partager son désespoir. En ces temps, la solitude lui allait mieux.

- Sans façon. Je vais rentrer. C'est mieux, je pense.

Les épaules de Madame Park s'affaissèrent.

- Je comprends. Merci d'être venu.

Baekhyun fut le dernier à s'avancer vers le cercueil. Alors que tout le monde avait déjà adressé une dernière parole à Chanyeol, il se décida enfin à franchir les quelques mètres qui le séparait de son bien-aimé. Arrivé à sa hauteur, il prit le temps de l'aimer une derrière fois puis, après avoir essuyé ses larmes, il se pencha et déposa un baiser sur ses lèvres glacées. Chanyeol ne ressentait certainement rien mais lui avait besoin de ça, une dernière fois. Il ne pouvait pas le laisser être enterré six pieds sous terre sans emporter un petit morceau de lui. Lorsque sa mémoire lui ferait défaut et que les souvenirs ne suffiraient plus, il espérait que la sensation de ses lèvres apaiserait sa terreur et calmerait ses cauchemars.

« Pardon de ne pas avoir tenu ma promesse. Ça n'aurait jamais dû finir comme ça... » Ces mots avaient été chuchotés tout près de son oreille, pour que seul Chanyeol les entende. Baekhyun s'en voulait terriblement. Qu'aurait-il pu faire pour le sauver ? Qu'aurait-il dû faire ? S'il avait fait une seule chose différemment, n'importe quoi, le court des évènements aurait été chamboulé et alors... peut-être que Chanyeol serait encore parmi eux. Traversez une seconde avant et vous éviterez le camion de justesse, remontez chercher votre sac dans l'immeuble et vous exploserez avec, relevez la tête et vous découvrirez votre femme derrière la vitrine du restaurant avec un autre... Il suffit d'un seul changement pour bouleverser tout un avenir. Mais qu'aurait-il dû changer ? Il avait beau fixer le ciel, la réponse ne lui venait pas. C'était trop tard, il avait échoué.

« Je te promets de devenir meilleur. Pour toi, je réussirai et j'accomplirai tout ce que nous aurions dû accomplir ensemble»

Un soupire et les yeux remplis de larmes, Baekhyun caressa son visage une dernière fois.

« Au-revoir Chanyeol. Je ne t'oublierais jamais. Tu vas me manquer. Repose en paix »

Une heure plus tard, le cimetière était vide. Le prêtre avait déserté les lieux en laissant dernière lui une nouvelle tombe et un monticule de terre fraîche. Tout le monde était parti. Sauf Baekhyun. Ses yeux étaient rivés sur la tombe où la date de naissance et le jour de la mort de Chanyeol étaient gravés. Il ne pouvait se résoudre à faire demi-tour. Il avait besoin d'être là. Peut-être plus que les autres. Dans sa main, la rose qu'il n'avait pas osé jeter dans le trou pesait lourd. Il la planta devant la tombe. Elle allait probablement être recouverte par la neige en quelques minutes, mais il préférait la savoir ici, à l'air libre plutôt que suffocante sous la terre. Il resta debout, les bras ballants, jusqu'à ce que le froid engourdisse ses bras et que ses larmes se cristallisent. S'il s'était écouté, il serait probablement resté encore des heures, peut-être même toute la nuit. Mais il avait un projet à finir pour le lendemain et il ne l'avait toujours pas commencé. Le sujet « sculpter vos regrets ». Dieu seul sait qu'il en avait un plein sac.

Un dernier regard à la tombe et il s'en alla, les mains dans les poches.

***

- Ca sent bon, qu'est-ce que c'est ?

- Le curry de ma mère.

- Ça tombe bien je suis affamé. Je n'ai pas arrêté de courir partout. Mes jambes me font un mal de chien, grogna Baekhyun en retirant ses chaussures.

- L'expo s'est bien passée ?

- J'ai vendu deux tableaux.

- Bravo, je suis fière de toi. Goûte moi ça.

Charlie lui tendit une cuillère de sa sauce qu'il avala avec un gémissement de satisfaction.

- Une véritable merveille. Où est Matthew ?

- Il dort. D'après Lisa, il n'a fait que courir tout l'après-midi. Impossible de le coucher.

Après avoir enfilé ses pantoufles, Baekhyun retroussa les manches de sa chemise et se dirigea vers la chambre de Matthew. Dans la pénombre, il distingua le visage de son fils qui sommeillait, la bouche grande ouverte. L'envie d'embrasser son front le titilla mais il résista à la tentation. S'il se réveillait, il pouvait dire adieu au calme et à la sérénité de sa soirée.

Lorsqu'il revint dans la cuisine, Charlie avait dressé la table et rempli les deux assiettes.

- A quelle heure comptes-tu y aller demain ?

- De quoi parles-tu ?

- Demain... On est le seize, lui rappela-t-il avec une mine embarrassée.

En l'entendant, Baekhyun lâcha sa fourchette. Comment avait-il pu oublier ? Comment avait-il pu l'oublier ? Ces derniers temps, il était tellement pris par son boulot qu'il avait totalement perdu la notion du temps. Pire, il avait fait l'impasse sur ce qui importait vraiment. Instantanément, un sentiment de culpabilité profonde lui broya l'estomac. Sa femme dut remarquer son trouble car elle posa délicatement sa main sur son poing crispé et desserra doucement ses doigts.

- Tu avais oublié ? chuchota-t-elle.

A la façon dont Baekhyun la regarda, elle comprit qu'il valait mieux changer de ce sujet. C'était toujours la même chose. Chaque fois qu'elle essayait d'en apprendre un peu plus, de découvrir ce qui s'était passé, son mari redevenait un mur de béton infranchissable. Il se refermait comme un coquillage et dissimulait la perle qu'elle avait mis tant de temps à découvrir.

- Je n'ai pas oublié, mentit-il en retirant sa main de la table. Je suis juste débordé et-

- Tu n'as pas à te justifier de quoique ce soit. Surtout pas auprès de moi, ce n'est pas grave.

- Je n'ai plus très faim, je vais aller me coucher.

Peu importe le nombre de fois que cette scène s'était produite, Charlie ne perdait jamais patience. Elle resta silencieuse et regarda son mari quitter la table sans avoir touché à son assiette. Baekhyun ne se retourna pas. Et si elle ne le connaissait pas aussi bien, elle aurait presque pu croire que l'étincelle dans ses yeux n'était pas celle des larmes. Mais elle savait que derrière la porte de leur chambre, les sanglots et le chagrin l'avaient de nouveau gagné. Cette image lui noua la gorge. Combien de fois avait-elle tenté de l'aider ? Combien de fois lui avait-il tourné le dos ? Trop de fois pour les compter. Pourtant, elle était toujours là, à ses côtés et espérait chaque jour qu'il se libère de son secret et vive enfin une vie normale. Pas une vie tournée vers le passé.

Son regard se reporta sur leur sharpei qui attendait sagement au pied de la table qu'une miette tombe. L'animal n'avait pas bougé d'un pouce. Elle vida l'assiette de Baekhyun dans sa gamelle et remit la sienne au frigo.

- Régale-toi, Buck.

En entrant dans leur chambre, une vision bien trop familière l'accueillit. Celle de Baekhyun, dos à elle et recroquevillé dans leurs couvertures. Il avait séché ses larmes mais la couleur rouge de ses yeux trahissait sa faiblesse. Charlie s'allongea à côté de lui et, sans un mot, se colla à son dos nus. Ce n'était peut-être pas suffisant, ce ne le serait peut-être jamais mais c'était tout ce qu'elle avait à lui offrir, son soutien silencieux. Elle voulait qu'il sache qu'elle serait là, pour lui, jusqu'au bout.

- Alors, à quelle heure ?

- A dix heures, répondit Baekhyun d'une voix rauque.

- Je te conduirai.

Baekhyun voulut protester comme il le faisait à chaque fois, mais il savait que Charlie gagnait toujours la bataille.

Le lendemain, après avoir annulé ses rendez-vous et déposé Matthew à l'école, Charlie conduisit Baekhyun jusqu'au cimetière. Ils firent un détour par le fleuriste et comme toujours, Baekhyun ressortit les bras chargés d'un gigantesque bouquet de roses. Etrangement, Charlie n'était pas jalouse. Elle n'avait jamais eu droit à un traitement pareil mais lorsqu'elle avait épousé Baekhyun, elle savait dans quoi elle s'engageait, elle savait qu'elle occuperait toujours la deuxième place. « Je ne pourrais jamais t'aimer complètement. Mon cœur appartient déjà à quelqu'un d'autre, et ce, pour le reste de ma vie. Je comprendrais si tu préfères qu'on s'arrête là. » Charlie avait voulu continuer. Aujourd'hui, elle en payait le prix. C'était douloureux d'être amoureuse d'un homme qui ne vous aimerait jamais autant que vous l'aimez. Mais c'était la vie qu'elle avait choisi de mener. A l'époque, elle avait été persuadée que Baekhyun finirait par changer d'avis et qu'elle deviendrait sa priorité mais huit ans après, rien n'avait changé.

Comme toujours, Charlie eut la pudeur de rester dans la voiture. Derrière la vitre, elle observa la silhouette de Baekhyun sillonner entre les tombes jusqu'à disparaître de son champ de vision. Baekhyun traversa le cimetière, les yeux rivés dans les graviers. Son corps réagit avant son esprit. Ses pieds s'arrêtèrent exactement devant la tombe de Chanyeol.

Comme chaque mois, Baekhyun déposa son bouquet devant la tombe et s'agenouilla dans la terre. Les mains sur les genoux, il lut les inscriptions gravées qu'il connaissait déjà par cœur et ferma les yeux. Plus les années passaient et plus ses souvenirs de Chanyeol devenaient flous. Il lui était de plus en plus difficile de se souvenir de son visage. Parfois, au milieu de la nuit, l'angoisse de ne plus se rappeler de lui, le réveillait en sursaut. Il fouillait alors dans ses albums photos et ressortaient les quelques clichés qu'ils avaient pris pendant ces mois de bonheur. Ils étaient peu nombreux, certains étaient flous, mais leur valeur n'avait pas de prix. Ces bouts de papiers glacés avaient un pouvoir d'apaisement que personne n'aurait jamais sur lui. C'était peut-être pathétique mais Baekhyun n'arrivait pas à faire autrement.

Des années plus tard, Baekhyun était fier de pouvoir s'adresser à Chanyeol, fier de lui dire qu'il avait tenu sa promesse. Il avait changé pour devenir meilleur. Il avait réussi et était devenu un brillant artiste. Il avait transformé sa vie en devenant papa, en se mariant, en s'offrant à une autre. Mais s'il y avait bien une chose qui était restée parfaitement intacte, c'était l'amour qu'il lui portait. Douze années s'étaient écoulées et rien n'avait changé. Le chagrin était toujours présent et l'envie de le rejoindre toujours aussi menaçante. Mais Matthew l'empêchait de commettre un tel acte. Son fils était sa raison de vivre. La dernière personne capable de le maintenir sur cette terre. Alors, Baekhyun s'appliquait à l'aimer. Il l'aimait parce qu'il n'avait pas eu le temps d'aimer Chanyeol, parce qu'il n'avait pas su l'aimer correctement.

Pendant une seconde ses pensées dérivèrent vers Monsieur et Madame Park. Qu'étaient-ils devenus ? Et Layla où était-elle ? Rendait-elle visite à Chanyeol ? Pleurait-elle encore chaque fois qu'un patient lui ressemblait ? Tous avaient perdu contact. Lisa était la seule à être restée aux côtés de Baekhyun. Avant qu'il rencontre Charlie, elle avait été son arche dans la tempête. Aujourd'hui, l'adolescente teigneuse était devenue une femme resplendissante. Elle avait terminé ses études et s'était lancé dans l'écriture. Elle était faite pour ça, Chanyeol le lui avait toujours dit. Baekhyun avait été son premier lecteur, son fan numéro un. Aujourd'hui encore, il lisait ses histoires avec beaucoup d'émotions. Elle, lui rendait service en gardant Matthew.

Les choses avaient bien changé.

Pour la première fois, Baekhyun ne parla pas à Chanyeol. Aujourd'hui était un jour triste. Il n'avait pas envie de lui raconter ses journées d'un air faussement joyeux comme il le faisait à chaque fois. Il n'avait pas envie d'évoquer Charlie ni Matthew. Il préféra rester silencieux et communiquer avec lui par la pensée. Il regrettait le temps où il n'y avait qu'eux, où personne d'autre n'existait, il regrettait leurs baisers, leur tendresse, leur vie d'avant.

« Tu me manques tellement... »

Une larme roula sur sa joue. Il l'essuya du bout de ses doigts et leva les yeux au ciel. « Que deviens-tu ? Parle-moi de toi. Je commence à être fatigué de ses monologues. Quand me répondras-tu ? Hein Chanyeol ? J'ai tenu ma promesse, à toi de tenir les tiennes. Tu m'avais juré de ne pas m'abandonner... et regarde où j'en suis... »

Un rire sans joie quitta ses lèvres. Son menton se mit à trembler et des sanglots douloureux agitèrent ses épaules. « Pourquoi c'est si dur de te laisser partir ? Pourquoi je n'y arrive pas ? »

Seul le silence lui répondit. Comme toujours. Dans un dernier effort, Baekhyun porta ses doigts à ses lèvres et les posa sur la pierre fraîche.

« Je t'aime. Pour toujours et à jamais. »

Il se leva ensuite et épousseta son pantalon. Une heure s'était écoulée, pourtant, Charlie était toujours garée sur le parking. Baekhyun ne la méritait pas. Il le savait. Mais qu'y pouvait-il ? Il essayait d'être heureux. Il voulait l'être, ça ne fonctionnait simplement pas. En le voyant, elle déverrouilla les portières et coupa la radio. Elle savait que Baekhyun avait besoin de silence pour réfléchir. C'était comme ça à chaque fois. Mais en voyant son air dévasté, elle ne put s'empêcher de lui poser la question qui lui brûlait les lèvres.

« Vas-tu enfin me parler de cette personne ? Qui est-elle et que t'a-t-elle fait ? »

Le regard rivé sur le pare-brise, Baekhyun déglutit.

« Un jour, je t'en parlerais. Ce jour-là, j'aurais tourné la page. Mais pour le moment, cette histoire m'appartient, et je ne veux pas la partager. »

FIN

Et voilà, ce chapitre signe la fin d'une histoire longues et semées d'embûches. J'espère qu'elle vous  a plu. En tout cas moi j'ai bien pleuré en écrivant cette fin. Je vous fais pleins de bisous et je vous dis à la prochaine pour de futurs OS :)

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