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Chapitre 24: Le passé.


No panic le prochain chapitre sera plus amusant et moins barbant :p

Baekhyun resta une demie heure, garé dans la rue. Peut-être plus. Il avait coupé le contact et fixait un point dans le vide. Devant lui défilait l'expression dévastée du visage de Chanyeol. La colère qui avait tordu ses lèvres et le déchirement profond dans ses yeux. Ce qui lui avait semblé être une bonne idée quelques minutes plus tôt, le faisait désormais douter. La colère retombait petit à petit, ne laissant plus que la confusion et la douleur. Baekhyun ne savait pas exactement pourquoi il avait eu autant de mal à se contrôler. C'était la première fois qu'il se laissait embarquer par ses émotions. Les souvenirs du passé étaient trop durs à affronter. Sans le savoir, Chanyeol l'avait forcé à renouer avec ses vieux démons. Il avait eu tellement de mal à l'oublier... et aujourd'hui, le revers de la médaille l'aveuglait. Il aurait voulu se réfugier auprès de sa mère et pleurer contre ses seins mais il savait qu'elle ne comprendrait pas. Alors il fit la chose la plus raisonnable dont il était capable : rentrer chez lui. Même si les essuie-glaces fonctionnaient, il avait du mal à distinguer la route. Ses larmes brouillaient sa vision. Il serrait le volant si fort, que ses phalanges devinrent blanches. Dans l'habitacle, le seul bruit distinguable était les sanglots et les gémissements de désespoir qui se cognaient à ses lèvres scellées. Il en laissa échapper quelques-uns mais se reprit en allumant la radio. Tout était bon pour dissimuler sa souffrance. Baekhyun ne savait plus s'il avait mal à cause de son père, ou de Chanyeol. Sa mâchoire le tiraillait. Il n'avait qu'une envie : dormir et oublier le désastre dans lequel il s'était plongé. Ses jambes flageolantes peinèrent à le porter jusqu'à son appartement. Il avait l'impression d'avoir subi un entraînement intensif avec son coach. Il s'écroula sur le canapé et se prit la tête dans les mains. Une part de lui savait qu'il ne devait pas rester seul. Dans l'état où il était, c'était trop dangereux. Alors il attrapa son téléphone, mais en faisant défiler ses contacts, il réalisa que personne n'était susceptible de l'aider. Personne n'était suffisamment proche de lui pour comprendre ce qu'il traversait, en fait : il n'avait pas de véritable ami. Aucun ne s'inquiétait pour lui, aucun n'était là dans les moments d'incertitudes et de peur. Son carnet d'adresse était fourni et pourtant, personne ne sortait du lot. C'était pathétique. La seule personne qui aurait répondu à ses appels au secours ; il l'avait chassée de sa vie. Son rendez-vous était programmé dans moins d'une heure et il savait qu'il ne pouvait pas y aller comme ça, pas dans cet état. Alors, il prétendit avoir la gastro et informa Minseok qu'il était incapable d'assurer ses rendez-vous de la journée. En moins de vingt secondes, son téléphone sonna.

- Comment ça tu es malade ?!

- J'ai bu du lait périmé. Mes intestins sont en compote. Je te passe les détails.

- Bon sang de merde ! Tu ne peux pas faire un peu attention ?!

Excédé, Baekhyun se pinça l'arête du nez. Même dans ces moments de frustration intense, il n'avait pas le droit de se rebeller contre Minseok. C'était comme ça.

- Désolé... j'étais fatigué et je n'ai pas vérifié la date.

- Comment on va faire... marmonna Minseok. Tu ne peux pas te déplacer ?

- Non ! s'offusqua-t-il. Certainement pas !

- Bon... et bien je crois qu'on va devoir reporter. Prends ta journée. Ce sera retiré de ta paie.

Et il raccrocha. Sonné, Baekhyun reposa son téléphone. Dans le coin de la pièce, Jumbo le fixait d'un air malveillant, comme s'il savait ce qu'il avait fait.

« Quoi ? Il n'avait qu'à pas toucher mes affaires ! » se défendit-il.

Pendant une seconde, il tenta de retenir ses larmes mais échoua lamentablement. Le livre était encore par terre. Sur la couverture, la photo déchirée, attendait d'être rafistolée. Baekhyun la ramassa et passa furtivement son pouce sur le visage de son père. Un visage qu'il avait fini par oublier. Où était—il ? Que faisait-il en ce moment ? Avait-il fondé une nouvelle famille, ailleurs ? Sur un autre continent ? Il n'aurait jamais la réponse à ces questions. Cet homme qu'il ne reconnaissait plus était devenu un étranger. Une figure lointaine qu'il avait désespérément voulu rayer de sa vie. Combien de fois, pendant ces concerts, l'avait-il cherché parmi la foule ? Combien de fois, ses espoirs de le voir au beau milieu de la masse de fans, avaient été réduits à néant ? Trop de fois pour qu'il les compte. Baekhyun avait honte de l'avouer mais son père faisait partie de ceux qui étaient allés acheter des cigarettes au bureau de tabac et n'étaient jamais revenu. Au début, la colère de sa trahison lui avait causé des insomnies incurables. L'incompréhension de son geste l'avait rendu malade de chagrin. Toute son énergie, il l'avait consacrée à frapper dans un sac de boxe à la sortie du lycée. Il pouvait rester face à cet objet inanimé jusqu'à la fermeture du gymnase. Il était toujours le dernier à partir. Tant que ses poings ne saignaient pas, que le souffle ne lui manquait pas et que ses joues étaient humides, il continuait de frapper. Certains se morfondaient, enfermés dans leur chambre, lui avait besoin de se défouler sur quelque chose, sur quelqu'un. A défaut d'avoir son père ne face de lui, il affrontait ses problèmes en se déchaînant contre un sac rempli de sable.

A la maison, le mot d'ordre était silence. Sa sœur et sa mère faisaient comme si de rien n'était. Ne surtout pas parler de lui, ne surtout pas l'évoquer. Toutes les photos avaient été rangées ou brûlées. Elles faisaient comme s'il n'existait plus. Baekhyun ne supportait pas leurs mensonges et leur aveuglement. Elles ne faisaient que se mentir à elles-mêmes, en prétendant que tout allait bien, que rien n'avait changé. C'était leur façon de gérer le stress et la douleur. Mais lui ne parvenait pas à l'accepter. Car la vérité, c'est que rien n'allait plus. Les conversations s'étaient raréfiées jusqu'à disparaître complètement. Leur maison pleine de vie était devenue un trou silencieux. Comme lui, elles avaient besoin de laisser sortir leurs tristesses, leurs rages. Mais elles ne le faisaient pas. Etait-ce pour le protéger, lui, le petit dernier ? Baekhyun n'espérait pas. Il ne voulait pas de leur attention, de leur faux sourire qui le mettaient dans un état de fureur incontrôlable. Lui voulait qu'elles hurlent leur douleur, qu'elles pleurent avec lui, qu'ensemble, ils s'efforcent de comprendre pourquoi une telle chose s'était produite. En fuyant, son père avait été lâche. Un lâche qui avait détruit une famille sans en assumer les conséquences. Il avait détruit sa femme mais aussi son fils. Son fils qui n'avait d'yeux que pour lui. Qui voulait lui ressembler et l'avait toujours admiré. A cette époque, Baekhyun avait été complètement paumé. Tous ses repères s'étaient écroulés. Comment faire lorsque notre modèle s'avère être un véritable connard ? Un égoïste ? Un trouillard ? Il avait l'âge de Chanyeol. Il était si jeune et trop fragile pour affronter la réalité. Sa sœur, plus âgée s'était montrée bien plus forte que lui, en apparence. Car si lui craquait au beau milieu du salon, elle, attendait d'être seule dans sa chambre pour pleurer.

Pendant un an, Baekhyun avait alimenté sa colère avec le scénario du mari infidèle, qui abandonnait toute sa famille pour sa maîtresse. Il s'était dressé le portrait d'une véritable pétasse qu'il avait haïe chaque jour un peu plus. Et puis, le temps avait fait son travail de guérison. Il avait grandi, mûri et était allé à la fac pour étudier l'art et faire ce qu'il avait toujours voulu. Il refusait que le départ de son père gâche ses ambitions. Quelques semaines après son vingtième anniversaire, une lettre était parvenue. Elle avait été expédiée de Floride. En la décachetant, Baekhyun avait su, au fond de lui, qu'elle contenait toutes les réponses à ses questions. Il avait été tenté de la déchirer et de la jeter pour ne plus avoir à replonger dans le passé. Mais la curiosité avait été plus forte que tout. Cette lettre lui était adressée. A lui, pas à sa sœur, pas à sa mère. Il s'était enfermé dans sa chambre et l'avait lue les larmes aux yeux. Son père lui apprenait ce qu'il avait découvert quelques mois plus tard : que sa mère était malade. Il lui avait avoué ne pas avoir supporté de la voir dans cet état, de savoir qu'elle allait tout oublier petit à petit et que lui était impuissant. Il avait préféré partir parce qu'il avait peur, parce qu'il ne se sentait pas prêt et ne voulait pas finir sa vie seul et triste. C'était un geste égoïste mais Baekhyun n'avait pas réussi à lui en vouloir. Il lui demandait de s'occuper de sa sœur et de sa mère et lui promettait d'être là en cas de besoin. Là aussi, il avait menti. Baekhyun avait constamment besoin de lui, mais il n'était jamais là. Le diagnostic était tombé quelques jours avant que son père ne se décide à partir. Sa décision avait été rapide et sans équivoque. Depuis, sa mère n'avait montré que de légers troubles. Elle oubliait où elle avait posé ses lunettes, ses clés, cherchait ses mots et ne se rappelait pas des chanteurs qui avaient bercé sa jeunesse. Rien de très alarmant. Baekhyun n'avait pas eu besoin de la confirmation pour détecter ces signes. Mais avec la révélation de son père, le comportement de sa mère avait pris un tout autre sens, très inquiétant. Après ça, son père n'avait plus essayé de le contacter. Lui non plus n'avait pas cherché à savoir ce qu'il devenait. Les années s'étaient écoulées et sa mère avait fini par tout oublier, ne sachant plus ce qu'elle faisait, qui elle était, si elle avait déjà mangé ou pas. Le soir de son hospitalisation, Baekhyun avait eu envie de prévenir son père. De l'appeler. Mais avec quel numéro ? Celui qu'il avait supprimé ? Et puis pourquoi faire ? Cet homme les avait abandonnés. Sa sœur avait vendu la maison de leurs parents en sachant que leur mère ne reviendrait plus jamais y habiter. Ils s'étaient partagé les cartons. Baekhyun avait hérité de deux albums complets qu'il avait regardé brûler petit à petit. Il n'avait conservé qu'une seule photo et l'avait glissé dans son livre en se jurant de ne plus jamais y toucher. Il faisait table rase du passé. Cette photo était le symbole d'un passé heureux mais d'un présent merdique. A partir du moment où il avait mis ses études de côtés et s'était lancé à corps perdu dans la musique, sa sœur avait coupé les ponts.

Et aujourd'hui, il regrettait de l'avoir perdue, elle aussi. Baekhyun se sentit stupide. Son pouce s'arrêta un long moment sur le prénom de Tara. Depuis combien de temps ne l'avait-il pas eu au téléphone ? Il n'était même pas sûr qu'elle réponde. La sonnerie dura et lui se rongea les ongles. Au bout d'un moment infini, la voix de sa sœur résonna dans le combiné.

- Je crois que tu t'es trompé-

- Non attends !

- Baekhyun...

Son ton était las. Sa voix était devenue plus grave. Sa sœur avait vieilli. Il avait du mal à réaliser qu'autant d'années s'étaient écoulées. L'émotion lui fit fermer les yeux. Même s'il s'en sortait très bien tout seul, elle lui manquait. Ses neveux lui manquaient. Même son beau-frère. Des deux, il était, en apparence, celui qui avait le mieux réussi sa vie : il était riche, célèbre, aimé de tous. Mais sa sœur elle, malgré son travail d'enseignante dans un établissement publique et son salaire miséreux, s'en était bien mieux tirée que lui. Elle avait fondé une famille –ce qu'il n'avait pas- avait épousé un homme charmant et était entourée de personnes bienveillantes qui ne lui voulaient que du bien. Baekhyun était bien loin de tout ça. Il l'enviait presque. A ce moment-là, il aurait donné n'importe quoi pour renoncer à tout ce qu'il possédait et prendre la vie de sa sœur.

- Depuis combien de temps on ne s'est pas parlé hein ? dit-elle, la voix chevrotante.

L'émotion était palpable. Baekhyun pouvait facilement l'imaginer, le regard rivé au plafond, une main sur la hanche.

- Je ne sais pas... Deux ans, peut-être plus.

- J'espère que tu as une bonne raison de m'appeler, le menaça-t-elle.

- Je... non. Pas vraiment. Je suis juste... triste et j'avais besoin de parler à quelqu'un, avoua-t-il d'un ton penaud.

- Pourquoi tu n'as pas appelé Taeyeon ?

Même à travers le téléphone, le venin était perceptible dans sa voix. Tara méprisait Taeyeon. Elle avait toujours cru qu'elle se servait de son frère et le menait en bateau. Cette femme n'était qu'un gouffre vide et sans intérêt. C'était ce qu'elle lui avait dit en découvrant les photos des paparazzis. Baekhyun avait toujours cherché à la défendre, car sa sœur ne connaissait rien de Taeyeon. Elle ne lui avait même jamais adressé la parole. Mais aujourd'hui, il devait bien admettre qu'elle avait raison. Ils n'avaient jamais eu de conversation profonde. Elle n'était pas bête mais pas suffisamment intelligente pour être intéressante. La seule chose qui la passionnait était son reflet et les futurs cadeaux qu'elle recevrait.

- Je ne couche plus avec elle. C'est terminé.

- A la bonne heure ! Tu t'es enfin rendu compte que c'était une coquille vide ?

- Tara s'il te plaît. Je ne suis pas là pour t'entendre casser du sucre sur son dos. D'ailleurs, je n'ai pas envie de parler d'elle.

- Rupture difficile hein ?

- Non, conventionnelle.

- Laisse-moi deviner. Si ce n'est pas te plaindre d'elle, c'est que tu as un service à me demander. Ou bien c'est maman ?

Sa voix se fit plus douce, moins cinglante.

- Non. Maman va bien. Enfin, elle va comme elle peut.

Sa sœur avait fait le choix de quitter New York pour s'installer dans le Colorado et prenait l'avion à chaque vacance pour rendre visite à leur mère. Baekhyun se chargeait de payer les frais et de veiller sur elle le reste de l'année. Il mettait un point d'honneur à ne jamais lui rendre visite pendant les vacances, en sachant que sa sœur était là. Hors de question de la croiser par hasard. Aujourd'hui, il se sentait puéril de s'être protégé derrière la rancœur qu'il éprouvait.

- C'est juste que... je pensais à papa.

- Baekhyun s'il te plaît. Ne commence pas.

- Tara j'ai quelque chose à te raconter.

- Si ça à un lien avec papa, je ne veux rien savoir.

- Non. C'est autre chose. Ça va te paraître complètement bizarre mais il faut que tu m'écoutes jusqu'au bout. J'ai besoin de tes conseils.

- Baekhyun, je vais être honnête, je n'ai pas envie d'écouter tes petits problèmes. Les miens sont déjà suffisamment nombreux pour que je me charge de ton fardeau. Tu ne peux pas m'ignorer pendant deux ans et revenir comme une fleur dès que tu vas mal. Ce n'est pas quand les autres te tournent le dos qu'il faut venir me voir. Ça ne marche pas comme ça. Est-ce que je t'ai appelé moi, quand j'allais mal ? Non. Une relation, c'est comme une fleur. Il faut l'arroser, en prendre soin, sinon ça pourrit. Et je crois que toi, tu as oublié de m'arroser pendant trop longtemps.

- Tara, je suis désolé.

Il ne savait pas quoi dire d'autre. Il avait tellement besoin d'elle, de sa sagesse et de son expérience. Leurs cinq ans de différence lui apprenaient beaucoup. Ses yeux se plissèrent et il soupira en entendant sa réponse.

- Peut-être mais ça ne suffit pas. Les excuses doivent venir du cœur. Ce n'est pas une arme dont tu peux te servir dès que le besoin s'en fait ressentir. Même là, j'ai le sentiment que tu n'es pas sincère. Avoue-le, si tu n'avais pas eu besoin de moi, tu ne m'aurais jamais appelé.

- Bien-sûr que si !

- Ah oui et dans combien de temps ? Un an ? Vingt ans ? Pour discuter de l'héritage de maman ? C'est pathétique Baekhyun. Je ne sais pas ce qui te pousse à m'appeler mais si j'ai un conseil à te donner, ce serait de prendre soin des autres. De ceux que tu aimes. Et d'arrêter de te comporter comme une superstar égoïste. Je ne peux rien te dire de plus. Je te laisse, j'ai des copies à corriger.

Sa sœur ne le salua pas et raccrocha sèchement.

« Prendre soin des autres ? Mais je ne fais que ça ! Et moi ? Hein, qui s'occupe de moi ?! » se lamenta-t-il.

Ses yeux se perdirent au loin, et des larmes de détresse dévalèrent ses joues. Il en avait assez.

***

Deux semaines s'étaient écoulées. Deux semaines sans nouvelle de Baekhyun. Sans signe qu'il était encore en vie. C'était long et pas beaucoup à la fois. Chanyeol avait l'impression de nager dans un gouffre sans fin. Il s'accrochait désespérément à la paroi mais à chaque heure qui passait, sa prise diminuait et il glissait de quelques mètres vers le fond. Combien de temps avant qu'il ne tombe sans pouvoir se relever ? Son cœur était meurtri et sa douleur intarissable. Il avait beau multiplier les heures de sommeil, dès qu'il émergeait, la première chose à laquelle il pensait était Baekhyun et tous les souvenirs qu'ils avaient créés ensemble. L'approche de la date butoir ne l'effrayait même plus. Son être tout entier était obnubilé par la perte de Baekhyun. Si seulement, il n'avait pas ouvert ce foutu livre... Le temps s'écoulait et lui, le gaspillait en restant enfermé chez lui.

Les premiers jours, Chanyeol les avait passés son portable greffé à la main. Il ne s'en séparait sous aucun prétexte. L'espoir de recevoir un appel, un sms, où même une simple notification des médias rythmait ses journées. Il ne vivait plus que pour cette petite vibration qui ne venait jamais. Les promesses qu'il s'était fait en quittant sa voiture, avaient volé en éclat au bout de vingt-quatre heures. Il était trop faible pour faire comme si tout allait bien, pour l'oublier et passer à autre chose. Son corps le trahissait. Chaque fois qu'il pensait à lui, son cœur se serrait douloureusement. Il n'avait pas eu la force d'arracher ses posters ni de supprimer toutes les photos que sa galerie contenait. Il limitait les dégâts en esquivant YouTube mais passait la plupart de son temps sur Twitter, à la recherche de la moindre information. Etonnamment, Baekhyun avait été un véritable fantôme ces deux dernières semaines. Pas de photo, de message, d'apparition en public. Il était muet, presque comme s'il cherchait à se faire oublier. Chanyeol refusait de croire qu'il soit à l'origine de ce silence. Baekhyun n'avait absolument pas été affecté par leur dispute. La seule chose qui l'avait fait souffrir était cette malheureuse photo. Le constat était là : ce bout de papier déchiré avait plus de valeur à ses yeux, que Chanyeol n'en auraient jamais. Sur les réseaux sociaux, les fans s'agitaient. Les spéculations parlaient d'elles-mêmes, personne ne savait où il était et pourquoi il avait subitement disparu. Certains prétendaient qu'il avait pris des vacances, d'autres qu'il s'était enfermé pour composer. Chanyeol était inquiet. C'était complètement aberrant de se soucier de Baekhyun après ce qu'il lui avait fait et les mots blessants qu'il lui avait assenés. Il s'était débarrassé de lui avec une facilité désarçonnante. Comment avait-il pu tourner la page sans le moindre remord ? Chanyeol, de son côté, en était incapable. Depuis leur altercation, il n'avait remis un pied dehors et s'était terré dans sa chambre. Il avait décliné toutes les invitations à déjeuner de Lisa, les virées en voiture avec son père et les promenades au marché avec sa mère. Il ne quittait sa chambre que pour se laver et voler quelques biscuits à la cuisine. Ses parents le croisaient par intermittence. Dès qu'ils essayaient d'engager la conversation, Chanyeol fuyait. Depuis deux jours, sa maladie s'était éveillée et lui faisait vivre un véritable enfer. Il était affaibli moralement et physiquement. Sa toux avait repris, ses coups de fatigue le collaient à la peau, les pétéchies lui rongeaient les bras. Chaque fois qu'il quittait sa chambre, il avait pris un soin tout particulier à se couvrir pour alerter sa mère. Il ne voulait pas lui causer du souci. Alors, lorsqu'elle frappa à sa porte, à l'improviste, il se jeta de son lit et sortit en catastrophe une veste de son placard.

- Chanyeol ?

- D-Deux minutes ! cria-t-il en la revêtant. Il s'installa ensuite sur son lit, en tailleur et invita sa mère à entrer.

En la voyant, un sourire coupable fendit son visage. Elle avait l'air fatiguée mais ses mains tenaient un plateau qu'elle avait rempli avec amour. Même lorsqu'elle n'avait plus de force, sa mère pensait toujours à lui. Il était en train de lui drainer toute son énergie. Chanyeol n'osa pas lui dire qu'il n'avait pas faim. La maladie lui coupait l'appétit. Et même l'omelette garnie qu'elle lui avait cuisinée ne suffisait pas à raviver sa faim.

- Layla a appelé... lui annonça sa mère.

En entendant son prénom, Chanyeol reprit des couleurs.

- Comment va-t-elle ?

- Pourquoi n'as-tu pas répondu ? Elle m'a dit qu'elle avait essayé de te joindre hier.

Oh probablement parce que j'étais en train de pleurer et que je ne voulais pas qu'elle m'entende.

- Je devais être sous la douche.

Sa mère le regarda avec son air qui disait « je ne te crois pas » mais ne fit aucune remarque.

- Enfin bon, elle t'invite à dîner au restaurant de Ben.

- C'est gentil mais... je ne sais pas si c'est une bonne idée.

- Chanyeol je ne comprends pas.

Sa mère posa le plateau par terre et lui saisit les épaules.

- Qu'est-ce qui te prend ? Ca fait je ne sais pas combien de jours que tu n'as pas quitté la maison ! Tu restes enfermé ici, tu ne manges pratiquement rien et dès que j'essaye de te parler, tu te fermes comme une huître ! Qu'est-ce qui se passe à la fin ?

Cette fois, sa mère avait perdu son flegme. Plus elle parlait et plus sa voix montait. Chanyeol ne savait pas quoi répondre. Il avait honte de l'inquiéter comme ça, mais il ne pouvait pas faire autrement. Il ne savait pas comment lui raconter ce qu'il s'était passé. Il ne voulait pas qu'elle sache car elle le trouverait ridicule, et elle aurait raison. Il connaissait déjà son discours, alors pourquoi se fatiguer à lui raconter ? Elle lui répondrait probablement qu'il y avait des choses plus importantes dans la vie et qu'il ne fallait pas qu'il gâche tout sous prétexte qu'il était un peu déprimé. Mais il n'était pas juste « déprimé. » Sa tristesse allait bien au-delà du coup de blues traditionnel. Il s'était accroché si fort à ses rêves, à toutes les promesses que lui avait faites Baekhyun qu'il était complètement désorienté. On lui avait tout retiré. Il ne savait plus pourquoi il se battait exactement. A quoi bon vivre, si on est triste ? Si personne ne nous comprend ? Si celui qu'on aime ne nous aime pas et ne nous aimera jamais ? Il avait l'impression de vivre son premier chagrin d'amour avant même que l'histoire n'ait commencé. Sa mère le toisa longuement, en attente d'une réponse. Mais Chanyeol n'avait pas envie de lui partager ce qu'il traversait. Pour une fois, il voulait conserver son intimité. Celle dont on l'avait privé depuis qu'il était tombé malade.

- Rien maman tout va bien.

- Non ! Tout ne va pas bien ! C'est moi le problème, c'est ça ?

- Qu-non !

Leur discussion prenait un tournant qu'il n'aimait pas.

- Qu'est-ce que j'ai fait ? Dis-moi. Je ne suis pas sur ton dos, je t'emmène partout où tu veux, je cuisine tes plats préférés, je lave tes vêtements ! Bon sang que veux-tu que je fasse de plus ?

Sa mère était en train de délirer. Elle était en pleine crise d'hystérie. Les premières larmes coulèrent sur ses joues. Chanyeol ne supportait pas de la voir dans cet état. Doucement, comme s'il craignait qu'elle s'ébrèche, il caressa sa joue. Sa mère ne résista plus et se blottit contre lui.

- Ce n'est pas toi maman.

- Difficile à croire. Depuis que tu es revenu de chez Baekhyun, on dirait que... que tu t'es complètement éteint. Que se passe-t-il ?

- Il se passe que... Baekhyun ne veut plus rien avoir à faire avec moi. Il ne veut plus me voir, il m'a définitivement banni de sa vie et, même si ça me fait chier de l'admettre, je dois dire que je suis triste. C'est tout, rien de grave.

- Quoi ?! Bien-sûr que si c'est grave ! Pourquoi ne m'en as-tu pas parlé plus tôt ? Comment peut-il faire une chose pareille ? s'exclama sa mère en séchant ses yeux. Comment peut-il s'en prendre à mon bébé ?! Il va m'entendre ! C'est hors de question que-

- Avant que tu ne lui reproches quoique ce soit, sache que tout est entièrement ma faute. Je mérite la punition qu'il m'impose.

- Mais enfin Chanyeol...

S'il avait réussi à garder une expression neutre jusqu'ici, Chanyeol eut du mal à retenir les tremblements de sa lèvre.

- J'ai déclenché quelque chose chez lui qui l'a mis dans un état proche de la démence. Si tu l'avais vu maman... C'était effrayant. Il criait mais il était brisé par le chagrin. Je ne sais pas exactement ce que j'ai causé mais il n'a pas voulu en parler avec moi. Il a même dit qu'être mon ami a été la pire décision qu'il ait prise. Alors bon...

Il hocha les épaules et fixa son mur pour ne pas pleurer. A côté de lui, sa mère le dévisageait avec un mélange d'horreur et de pitié dans le regard.

- Donc... si je comprends bien, pour une raison que j'ignore, il s'est complètement braqué et t'a bouleversé au point que tu restes muet, dans ta chambre, à t'affamer ?

Sa mère avait un don exceptionnel pour résumer la situation en quelques mots. Ces propos étaient crus mais justes.

- Je ne m'affame pas... contesta Chanyeol.

- Ah oui ? Parce que tu crois que te nourrir exclusivement de paquets de gâteaux, c'est quoi ? Chanyeol, je ne supporte plus de te voir comme ça. Je refuse que tu te laisses abattre à cause d'un type aussi minable que lui. Il n'en vaut pas la peine.

- Baekhyun n'est pas minable !

- Après ce qu'il t'a fait, je ne vois pas comment le qualifier autrement.

- Je t'ai déjà dit que tout était de ma faute !

- Je te connais suffisamment bien pour savoir que si tu as commis une erreur, tu t'es déjà excusé. Cet homme est plus vieux que toi, il aurait dû accepter tes excuses. Vu l'état dans lequel il t'a laissé, je pense qu'il ne l'a pas fait. Tu es un enfant, tu ne sais pas ce que tu fais. Mais tu as beau avoir fait une bêtise, lui est bien plus immature que toi. S'il avait dans la tête de te rejeter, il n'aurait jamais dû te laisser t'attacher à lui en premier lieu. Il savait très bien ce qu'il faisait en t'invitant, en bombardant ton téléphone de messages. Il se sert de toi pour palier à sa solitude. Et n'ose même pas me répéter que le problème vient de toi. Votre dispute n'est qu'une excuse dont il s'est servi pour te briser le cœur. S'il tenait réellement à toi, il ne t'aurait jamais abandonné pour des broutilles pareilles.

- Tu ne sais pas ce que tu dis. Tu ne le connais pas.

Chanyeol ne savait pas vraiment pourquoi il cherchait à le défendre. Sa mère avait probablement raison et pourtant, il ne pouvait ignorer le pincement dans sa poitrine chaque fois qu'elle l'incendiait.

- Et toi tu croyais le connaître mais ce n'est pas le cas. Cet homme est instable. Que sais-tu réellement de sa vie ? Il est probablement comme toutes les stars. Il se drogue, il boit, il couche.

- Il n'est pas comme ça !

- Ne sois pas naïf. Pourquoi échapperait-il à la règle ?

- Parce qu'il ne me mentirait pas ! Je l'aime maman ! Et toi tu le dénigres comme un moins que rien, s'emporta Chanyeol en haussant le ton.

- Ton amour t'aveugle, soupira sa mère. Je suis inquiète pour toi. Je ne dis pas ça pour te faire du mal mais pour te protéger. Maintenant, cette discussion est terminée. Je ne veux plus que son nom soit prononcé dans cette maison. Surtout pas s'il te met dans un état pareil. Tu vas aller prendre une douche, te changer et rappeler Layla.

- Mais ma-

- Il n'y a pas de « mais. » Je refuse que tu t'enfermes ici. Le débat est clos.

Sa mère se leva et sortit de la chambre sans un mot, le laissant seul, avec pour seule consolation : l'omelette au fromage. 

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