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Chapitre 13: Faiblesses

Y'a-t-il des larries ici? Des ff a me proposer?

C'était drôle à quel point Baekhyun pouvait être asocial, une fois les caméras éteintes. Lui qui devait faire le show en permanence devant les fans, était en réalité un vrai trouillard qui fuyait le contact humain. Aborder des inconnus, relevait d'un véritable défi pour lui. Lorsqu'il avouait être un peu Hermite sur les bords, les gens lui riaient au nez. « Comment peux-tu être exposé à la foule en permanence et avoir peur de parler aux gens ? » se moquait souvent Heechul. Baekhyun n'arrivait pas à l'expliquer. C'était comme ça, il n'y pouvait rien. Aussi, lorsqu'il croisa sa voisine de palier dans la cage d'escalier, il baissa la tête et fit mine de ne pas l'avoir vue. En plus de devoir faire semblant d'être poli, Baekhyun devrait supporter son aigreur. Cette femme le détestait. Elle avait ses raisons mais ne se gênait pas de les lui rappeler chaque fois qu'elle le voyait. Elle ne prenait même pas le temps de dire « bonjour » que les reproches pleuvaient déjà. Baekhyun parvenait d'habitude à l'éviter, mais parfois les circonstances les réunissaient. Cette femme ne sortait jamais de chez elle, que pour faire les courses. Baekhyun avait mémorisé ses horaires pour éviter de se retrouver nez à nez avec elle. Seulement avec tout ce à quoi il devait penser en ce moment, il en avait complètement oublié sa promenade nocturne. Il avait espéré qu'après les quatre heures passées à subir des interviews, il pourrait prendre une douche et pourquoi pas, se commander des sushis. Mais visiblement, sa voisine en avait décidé autrement. Sans tenir compte de son exténuement, elle l'arrêta d'un coup de parapluie sur son épaule.

Hé merde.

- Dites-moi, vous ne comptez pas faire le sauvage comme hier soir, j'espère ? Non parce que j'ai été très indulgente mais si vous continuez, je vous garantis que je vais appeler la police, le menaça-t-elle.

Baekhyun releva les yeux et grimaça lorsque la pointe du parapluie s'enfonça dans son épaule. La veille Taeyeon était passée. Elle avait quelque chose à lui annoncer. Baekhyun et elle avaient dîné puis s'étaient installés sur le canapé. Après quelques verres de vin, les langues s'étaient déliées et elle lui avait avoué ne plus vouloir coucher avec lui. Baekhyun s'était retenu de lui dire que ce n'était déjà plus le cas et lui avait simplement resservi du vin. « Tu ne m'en veux pas, j'espère ? » Elle n'avait été qu'une simple distraction pour lui. Mais, il ne pouvait lui dire une chose pareille. Ca l'aurait trop blessée. « J'ai rencontré un homme. Il est charmant. Je compte bien lui révéler mes sentiments mais avant ça... je voulais qu'on le fasse. Une dernière fois. En souvenir du temps qu'on a passé ensemble. Tu vas me manquer tu sais... »

Baekhyun voulait refuser C'était stupide. Taeyeon en aimait un autre. Il ne voulait pas profiter d'elle comme ça. Mais lorsqu'elle avait attaqué ses lèvres, il n'avait pas su résister. Le vin et le manque y étaient aussi pour quelque chose. C'est ce qu'il s'était dit pour alléger sa conscience lorsqu'elle s'était rhabillée devant lui. « Je crois que je n'ai plus rien à faire ici. » Elle avait observé son appartement avec nostalgie. « Je tenais quand même à te dire merci. Pour avoir pris soin de moi. » Du haut de ses talons, elle s'était penchée, avait embrassé sa joue puis était partie. Pendant les minutes suivantes, Baekhyun était resté léthargique sur son sofa, incapable de réaliser ce qui venait de se produire. Ses vêtements étaient en boule à ses pieds, la table n'était pas débarrassée et la bouteille de vin vide.

Baekhyun détailla le visage de sa voisine et pour la première fois, lui répondit d'un ton cinglant, qui frôlait l'insolence :

- Excusez-moi de vivre et d'avoir des parties de jambes en l'air. Faut bien que j'en profite avant de finir comme vous.

Outrée, sa voisine ouvrit grand la bouche mais Baekhyun ne lui laissa pas le temps de répondre quoique ce soit. Il était fatigué et las de devoir se justifier. Rares étaient les fois, où il accueillait du monde chez lui. Il ne supportait pas qu'on envahisse son cocon. Son appartement avait beau être stérilisé et froid comme un laboratoire, il s'y sentait chez lui. C'était le seul endroit où sa vie d'artiste ne l'envahissait pas. Alors, il avait toujours fait tout son possible pour le préserver et éviter de l'entacher. Heechul avait bien tenté de s'y inviter quelques fois, mais Baekhyun s'était toujours débrouillé pour l'entraîner à l'extérieur, dans un bar. A part Taeyeon, et Minseok, personne n'y avait jamais mis les pieds.

D'un geste sec, il écarta le parapluie de sa voisine et grimpa les marches restantes avant de claquer la porte de son appartement. Il espéra que le bruit soit suffisamment fort pour qu'elle discerne son agacement. Pour une fois qu'il se laissait vivre. En arrivant dans son hall, il accrocha son trench à un cintre, déposa ses clés sur le guéridon et retira ses chaussures. Le sol était impeccable comme toujours. Sa femme de ménage était passée et avait nettoyé les déchets de la veille. La vaisselle était faite et les restes rangés au frigo. Après ses ébats avec Taeyeon, Baekhyun avait été incapable de se relever pour ranger quoique ce soit. Il avait tout laissé en plan, et s'était endormi nu sur les draps de son lit défaits. Il était heureux pour Taeyeon, heureux qu'elle trouve enfin quelqu'un qui méritait son cœur mais il se sentait aussi terriblement angoissé à l'idée de se retrouver définitivement seul. Sans personne pour étouffer ses problèmes. Lui aussi voulait rencontrer quelqu'un.

« Jumbo » appela-t-il.

Son chat s'étira depuis le canapé et vint l'accueillir en miaulant. Baekhyun jeta un coup d'œil à sa gamelle et constata avec étonnement qu'il n'avait pas touché à ses croquettes. Il rajouta un peu de pâté dessus puis se cala contre le bar pour regarder son chat dévorer. Aussi étrange que cela puisse paraître l'odeur écœurante lui ouvrit l'appétit. Son chat mangeait avec tellement de gourmandise qu'il aurait pu rendre n'importe quel plat immonde alléchant. Baekhyun ouvrit son frigo et le referma aussitôt en constatant qu'à part quelques fruits et les restes de la veille, il n'y avait rien. Il avait déjà assez donné en s'efforçant d'avaler du quinoa et des pousses de soja pour Taeyeon, il ne comptait pas réitérer l'opération. A côté de son frigo, se trouvait un bol fourre-tout dans lequel Baekhyun rangeait tous les prospectus que les livreurs lui donnaient à chaque fois. En plongeant la main dedans, il se rendit compte que son alimentation aurait fait pâlir n'importe quelle nutritionniste. Hamburgers, hot-dogs, pizzas, tout pour lui permettre de ruiner ses efforts de la semaine. Chaque matin de sept heures à neuf heures, il était séquestré à la salle de sport et devait subir les entraînements inhumains que le coach, engagé par Minseok, lui imposait. Après ses quelques jours de vacances, Minseok avait décrété qu'il avait du gras à perdre. Il avait renvoyé l'ancien coach, qui ne râlait jamais lorsque Baekhyun tirait au flanc, et avait engagé un monstre gonflé aux stéroïdes. Depuis, ses bras s'étaient renforcés et ses abdos étaient réapparues. Mais la fatigue et la solution de facilité qui lui tendait les bras, risquaient de détruire tous ses progrès. Il aurait pu descendre faire quelques courses et cuisiner. Il savait cuisiner. Mais il faisait froid et la nuit était déjà tombée. Il n'avait pas envie d'affronter le vent glacial. Les lumières des immeubles voisins étaient toutes allumées. Normal, à vingt-et-une heures trente, les gens avaient généralement fini de bosser. Ce n'était pas son cas. Il était tranquille pour ce soir, mais il avait encore quelques obligations de star à remplir. Signer des CDs, répondre à quelques messages sur twitter, faire un live Instagram et trier ses mails. On était dimanche le lendemain. Mais son corps n'aurait aucun répit. Pas de grâce mat', de tartines de Nutella et de café fumant au lit. Au lieu de ça, un jus détox qui lui filait la diarrhée, l'attendrait. Baekhyun s'était plaint de nombreuses fois auprès de son coach qui lui avait simplement répondu que plus il chiait, plus il maigrissait. Ce n'était pas faux, mais il se serait bien passé de ce mélange immonde qui accompagnait ses séances de jogging.

Son ventre gronda, comme pour le rappeler à l'ordre. Plutôt que d'éplucher les menus sans fin, il en choisit un au hasard. L'idée d'avaler des sushis au poisson cru et au concombre était désormais bien loin derrière lui. Il tomba sur un restaurant qui livrait des spécialités tex-mex, grasses et bourrées de fromage. Il était tellement affamé que la culpabilité d'avaler tout ça ne lui traversa même pas l'esprit. A l'époque où il était encore au lycée, ses amis et lui passaient leur temps à dévorer des quésadillas en regardant des matchs à la télé. Ça faisait bien longtemps qu'il n'avait pas partagé de vrais repas avec des amis sans se soucier de rien. Juste pour le plaisir de s'amuser et se goinfrer. Le téléphone coincé entre l'épaule et l'oreille, il commanda un burritos et des nachos tout en versant les ingrédients de son jus détox dans le mixeur. Un tas de trucs congelés dont il ne connaissait même pas le nom. Une fois qu'il eut raccroché, il profita du temps de livraison pour se doucher. Il détestait faire du sport, mais en voyant son reflet dans le miroir de la salle de bain, Baekhyun eut tout de même un rictus satisfait. Sa bedaine avait disparu et des carreaux de chocolat découpaient son ventre. Ses cuisses étaient dures et ses pectoraux dessinés. On aurait presque pu le prendre pour un bodybuilder. Mais il n'était que chanteur. Après sa douche, il s'enroula dans une serviette et passa un peu de temps pour se raser et appliquer toutes sortes de crèmes qui tenaient les boutons éloignés. La sonnette se déclencha au milieu de son soin. Il laissa tomber tous les produits, se leva les mains et courut jusqu'à la porte d'entrée, en catastrophe. Les livreurs n'étaient jamais commodes avec les retardataires, il en avait déjà fait les frais. Sans réaliser qu'il était presque nu, Baekhyun ouvrit la porte, encore dégoulinant et offrit son plus sincère sourire au livreur grognon. En récupérant sa commande, il sentit le regard insistant de l'homme sur lui et lui claqua ses billets dans la main avec un rire gêné. Il n'allait pas lui faire croire qu'il n'avait jamais vu de client torse nu !

- Bon bah... bonne soirée, dit-il à toute vitesse.

Il s'apprêtait à refermer la porte mais fut interrompu par la main du livreur.

- Hey... vous ressemblez à... quelqu'un que je connais...

Oh merde...

- Ah euh... peut-être.

Baekhyun ne voulait pas être impoli mais il n'avait sincèrement pas envie de faire la causette. Son plat allait refroidir et l'air frais du couloir le faisait grelotter. Il manquait plus que sa voisine rapplique.

- Si... Si... Le chanteur... Ah comment il s'appelle déjà... ma fille l'adore... Baek...

- Baekhyun ?

- Ouais c'est ça ! Elle a des posters de lui partout dans la baraque. Ça me rend fou. Vous lui ressemblez comme deux gouttes d'eau.

Baekhyun haussa les épaules.

- C'est peut-être parce que je suis Baekhyun.

Surpris, le livreur retira ses lunettes et s'approcha de lui.

- C'est dingue... Si on m'avait dit que je livrerais une célébrité ce soir... Vous bouffez pas dans des restos chics, vous les riches ?

- Malheureusement non. La vie n'est pas aussi pailletée qu'on le croit. Sur ce-

- Attendez ! Vous voulez pas signer un truc pour ma p'tiote ?

Baekhyun fut tenté de lui claquer la porte au nez. Il n'était pas là pour faire la charité. Mais il pensa à Chanyeol. Chanyeol qui était aussi fan que cette gamine et qui aurait donné n'importe quoi pour une signature. Ça lui arracha un sourire.

- Bon... Bougez-pas, je reviens.

- Merci.

Baekhyun déposa ses plats sur la table basse du salon et ouvrit avec un cutter le carton que lui avait fait livrer Minseok. A l'intérieur se trouvait une centaine de copies de son nouvel album qu'il devait dédicacer pour la semaine d'après. Son manager avait organisé un évènement de distribution où les fans qui avaient suffisamment d'argent à gaspiller pourraient papoter quelques secondes avec lui et repartir avec un album signé de sa main. Baekhyun attrapa le premier de la pile et gribouilla au marqueur la page de devant. Il enfila ensuite un tee-shirt puis ressortit dans le couloir.

- Tenez.

Curieux, le livreur se mit sur la pointe des pieds en espérant apercevoir l'appartement, mais en vain.

- Dites... Vous me feriez pas une petite visite ? Je me suis toujours demandé à quoi ça ressemblait chez quelqu'un de célèbre.

Surpris, Baekhyun pencha la tête sur le côté.

- Ne poussez pas le bouchon. Je suis aimable mais il y a des limites et là, je ne suis pas en mode travail. Faites attention.

- Okay, okay.

L'homme leva les mains en l'air récupéra sa besace et son album et détala. Il aurait de quoi dire à sa fille que son chanteur était vraiment irritable. Baekhyun s'assura qu'il ne campe pas dans la cage d'escaliers et rentra chez lui. Il revêtit un boxer et un jogging puis s'installa en tailleur par terre. Aucun programme n'attira son attention, alors il opta pour un documentaire animalier et attaqua sa nourriture, froide. Il finirait probablement par s'endormir avant la fin. Baekhyun profita du calme, loin de l'effervescence de sa journée, pour consulter ses mails. Sur les cinquante reçus, il n'en conserva que deux. Des propositions de marques pour un shooting photo. Son pouce dériva ensuite sur Instagram. Il était surpris que Chanyeol ne lui ait pas encore répondu. Peut-être qu'il était avec sa mère. Baekhyun cliqua sur le dernier message envoyé et se sentit tout à coup paniqué. Il se redressa de sa position avachi et cessa de mastiquer. Ses yeux parcoururent plusieurs fois le petit mot jusqu'à ce que son cerveau l'intègre et alors, son cœur rata un battement. Chanyeol avait vu son message. Mais il n'y avait pas répondu. Aussitôt, la panique d'avoir fait quelque chose de mal lui serra la gorge. D'ordinaire, il ne se serait jamais mis dans un état pareil pour si peu. Mais cette situation était une situation de crise. Ça ne lui était jamais arrivé de s'attacher autant à quelqu'un, à ce qu'il pensait et à l'image qu'il avait de lui, aussi rapidement. Lui qui avait toujours cherché à fuir cet engrenage malsain était désormais pris dedans. Il ne s'en rendait même pas compte. Baekhyun était dépendant de Chanyeol, bien plus qu'il ne voulait l'admettre. Chacune de ses activités étaient rythmées par le jugement qu'il porterait dessus. Il pensait à lui en permanence et se demandait sans cesse s'il approuverait ses choix. Il s'interrogeait sur son état de santé, sur ses préoccupations, ce qu'il faisait quand personne n'était là pour veiller sur lui. Il se demandait s'il lui manquait. Si Chanyeol aurait aimé le voir. Et lui, s'il avait pu... y serait-il allé ? Aurait-il fait le détour, pour suspendre quelques heures et oublier le monde qui les entourait ? Pour voir la vie sous un autre angle, sous l'angle de Chanyeol ? Pour le faire rire le temps d'un café, lui arracher un sourire entre deux blagues ? Juste pour s'assurer qu'il s'endormirait sans faire de cauchemars ? Baekhyun ignorait pourquoi ces pensées parasites perturbaient autant son esprit. Il aurait aimé les jeter par la fenêtre. Rien que pour se débarrasser de cette peur panique qui hachait sa respiration, faisait trembler ses mains, lui coupait l'appétit. Ce besoin obsessionnel de savoir si Chanyeol aimait celui qu'il était, devenait dangereux. Jusqu'à présent, il n'avait jamais dépendu de personne, seulement de l'avis de Minseok. Et voilà qu'un simple fan bouleversait tout. Baekhyun devait avouer que, contrairement à ce qu'il s'était dit au début, Chanyeol n'était pas n'importe quel fan.

Le silence était-il un moyen pour lui de lui dire qu'il n'avait pas été à la hauteur ? Qu'il était déçu par sa musique ? Baekhyun avait mis tellement d'énergie dans ce clip et ses paroles. D'ordinaire, il ne se serait soucié de l'avis de personne, car lui aimait ce qu'il avait fait. Pourtant là, il eut la sensation que si Chanyeol le lui avait demandé, il aurait pu détruire cette chanson et tout recommencer. Il ne prit même pas le temps de réfléchir, laissant l'anxiété répondre à sa place. Ses pouces pressèrent les touches avec vigueur.

« Chanyeol ? J'ai fait quelque chose de mal ? Pourquoi tu ne réponds pas ? Tu peux être honnête. Si ma musique ne te plaît pas, je dois le savoir. Ne me tourne pas le dos s'il te plaît. Pas maintenant, j'ai besoin de toi. »

Le message semblait désespéré. Mais Baekhyun ne l'était-il pas ? Il ne savait plus quoi faire. Par reflexe il se pinça l'arête du nez. Si Heechul avait été là, il lui aurait même demandé une cigarette. Rien que pour faire disparaître le nœud dans son estomac. Le téléphone posé sur sa cuisse, il attendit. Encore et encore. Mais aucun message ne vint. La batterie finit par se décharger et lorsque son portable s'éteignit, il se traîna jusqu'à son lit, la gorge nouée et le ventre vide. Même le documentaire animalier ne put mettre fin à ses insomnies.

Une heure avant que son réveil ne sonne, ses paupières s'ouvrirent. C'était la première fois depuis bien longtemps que son organisme distançait la fatigue. D'habitude, son corps le poussait toujours à grappier quelques minutes de sommeil supplémentaires, ce qui lui valait fréquemment d'être en retard. En jetant un coup d'œil à son réveil, Baekhyun eut la désagréable impression d'avoir été assommé avec une poêle à frire. Sa tête lui faisait encore plus mal que lors de sa dernière gueule de bois. Il se redressa et ferma les yeux en sentant la chambre tanguer. S'il avait été sur un bateau au beau milieu d'une mer déchaînée, l'effet aurait été le même. Baekhyun hésita à se recoucher mais son tee-shirt trempé de sueur, l'incita plutôt à aller prendre une douche. Au moins, il serait ponctuel. Il ne risquait pas des pompes supplémentaires. Sans prendre le temps d'avaler quoique ce soit, il se déshabilla et se glissa dans sa douche à l'italienne. Il avait tellement chaud que l'idée de se renverser un bac de glaçons dessus lui sembla attrayante. Au lieu de ça, il régla la température au minimum et laissa la fraîcheur calmer sa fièvre. Epuisé, il s'appuya contre le mur, et s'autorisa à fermer les yeux quelques instants. Il se sentait fébrile comme si la fièvre lui avait retiré toutes ses forces. Sa mère, si elle avait été là, lui aurait fait son bouillon magique. Elle l'aurait bordé et aurait pris soin de lui. Mais elle n'était pas là. Baekhyun était incapable de s'occuper de lui-même et surtout, il n'en avait pas le temps. Dans moins d'une heure, il se retrouverait dans une piscine olympique à faire des longueurs sous les cris exaspérés de son coach. « Va plus vite ! Ne t'arrête pas ! Apprends à respirer au bon moment ! Bon sang quelle plaie ! » Il aurait donné n'importe quoi pour ne pas à subir cet entraînement militaire. Mais devoir obligeant, il se plia aux exigences de Minseok et quitta sa douche pour se préparer. Une fois son jogging et ses baskets enfilées, il attrapa son sac de sport, ses clés et brancha son téléphone. Si Minseok avait un besoin urgent de le contacter, il savait où le trouver. En passant devant sa cuisine, Baekhyun hésita à avaler quelque chose. Faire du sport le ventre vide n'était jamais une bonne chose, mais l'idée d'ingurgiter son jus détox alors que la bile lui brûlait la gorge lui sembla répulsive. Il s'en passerait pour aujourd'hui.

En sortant de son appartement, le combat pour descendre les escaliers commença. Sa vision double ne lui facilitant pas la tâche, Baekhyun chancela toutes les deux marches et finit par s'appuyer sur le mur pour dévaler les étages restants. En arrivant en bas, sa fièvre qu'il avait réussi à calmer, revint au galop. Il ouvrit alors sa veste et se précipita dehors en espérant que la brise hivernale apaise ses bouffées de chaleur. Il n'avait que deux heures à tenir, après ça, il n'aurait plus qu'à rentrer et se rendormir. C'était dans ces moments d'épuisement qu'il constatait que sa carrière lui avait forgé un mental d'acier. Le trajet jusqu'à la piscine fut plus compliqué qu'il ne l'aurait voulu. Pris de vertiges, Baekhyun dut s'arrêter tous les cents mètres pour se reposer et prendre appui contre un mur. Il ne voyait pas comment il allait réussir à nager. Et pourtant, il persista.

En arrivant sur le parking du complexe aquatique, son coach l'accueillit, sans sourire. Ça ne changeait pas beaucoup de d'habitude.

- Qu'est-ce que tu fous avec ton sac ?

- Mon maillot est dedans, répondit Baekhyun d'un ton maussade.

- Je t'ai envoyé un message hier soir pour te dire qu'on changeait de programme.

- Mon portable n'avait plus de batterie.

- C'est pas une excuse bordel. Bon, file-moi ton sac.

Baekhyun lui donna son sac sans rechigner.

- Et enlève-moi ce truc.

Le coach lui arracha son masque d'un geste sec.

- Une heure de footing, une heure de renforcement à la salle. Tu vas y aller en courant. Je te suivrai en voiture.

La salle dans laquelle Baekhyun avait l'habitude de s'entraîner était à une quinzaine de kilomètres du parking où il se trouvait. Le manque de sommeil et la fièvre risquaient d'avoir raison de lui. Sa condition était catastrophique. Il était certain de ne pas y arriver. Pourtant, il n'en montra rien et accepta son contester les ordres de son coach.

- Vas-y, je te rejoins.

Baekhyun n'attendit pas plus et s'élança vers la sortie du parking. Ses jambes faiblardes s'actionnèrent mécaniquement au contact du goudron. Il ne pensa plus à rien et se laissa porter par ses pieds ravis d'avaler la terre ferme. Depuis ce matin, il avait la sensation de flotter sur un nuage, d'être retenus par deux genoux instables et flageolants. Ça faisait du bien de retrouver le contrôle de ses jambes. L'air glacé lui gifla le visage et Baekhyun s'autorisa un instant à le respirer à plein poumon. Il aimait la sensation vivifiante du froid qui lui brûlait la gorge. A chacun de ses pas, l'impact du sol sous sa semelle réveillait la douleur dans ses tempes. Bientôt, la sueur s'accumula dans son dos. Baekhyun retira sa veste au détour d'une rue et l'attacha autour de sa taille. Du coin de l'œil il vérifia que la voiture de son coach le suivait toujours et traversa la route. En arrivant sur le trottoir d'en face, il réalisa qu'il avait de plus en plus de mal à respirer. Son souffle anarchique résonnait dans son crâne comme un écho insupportable. Et la course n'y était pour rien. Il avait à peine commencé, il ne pouvait pas autant être essoufflé à moins de deux kilomètres. Les mains sur les genoux, il s'arrêta abruptement et se pencha à l'avant. La bile lui gratouillait le fond de la gorge mais il s'efforça de la contenir. Il ne manquerait plus qu'un fan l'aperçoive avec du vomi au coin de la bouche.

- Baekhyun qu'est-ce que tu fous ?! Je t'ai dit de ne pas t'arrêter ! lui hurla son coach depuis sa voiture.

En entendant sa voix nasillarde, Baekhyun pencha la tête vers lui. Ses bras avaient de plus en plus de mal à supporter son poids.

- J'ai chaud, dit-il en se redressant.

De nombreuses gouttes maculaient son visage. Beaucoup trop pour le peu qu'il avait couru.

- Je m'en fous. Il fait dix degrés alors ravale tes excuses à la con et cours !

Pour lui signifier que le débat était clos, son coach redémarra et traça jusqu'à l'intersection suivante. Baekhyun regarda sa voiture s'éloigner en se massant les tempes. En plus de se dédoubler sa vision devenait de plus en plus floue. Il fit quelques pas en espérant faire circuler le sang qui avait quitté ses extrémités et s'appuya sur un poteau. Calme-toi, respire, se répéta-t-il en sentant ses dernières forces le quitter. Il eut beau lutter pour se redresser, la fièvre, le froid et la fatigue, eurent raison de lui. Ses yeux se révulsèrent et son corps se tendit. Il aperçut le ciel gris pendant une seconde, sans comprendre ce qu'il lui arrivait et s'évanouit sur le trottoir.

***

Chanyeol s'étira et bailla. C'était un bâillement de fatigue. Sa nuit avait été agitée. D'abord la douleur l'avait réveillé à minuit, puis l'envie d'uriner à deux heures et enfin à cinq heures, l'angoisse du départ de Lisa. Même dans son sommeil, l'éventualité qu'elle accepte de se faire opérer le hantait. Après s'être réveillé, Chanyeol n'avait plus été capable de se rendormir. Il avait sangloté silencieusement, les bras repliés autour de ses genoux jusqu'à ce que la douleur prenne le pas sur le chagrin. Ça faisait un petit bout de temps qu'il n'avait pas eu aussi mal. En fait, depuis que Baekhyun était venu le voir la première fois. Comme si sa visite avait cautérisé toutes les plaies, effacé tous ses maux. Il était près de sept heures lorsque la douleur devint si vive qu'il dut presser le bouton d'appel d'urgence. Chanyeol avait toujours fait en sorte de l'éviter. Appeler à l'aide était pour lui une preuve de faiblesse. Il s'était toujours dit qu'il y aurait recourt uniquement s'il se retrouvait face à une voie sans issue, s'il sentait que la fin était proche. Et ce matin-là, il la sentit, toute près de lui, à quelques mètres, comme si la mort rôdait déjà dans la chambre. Qu'elle attendait qu'il cède, qu'il renonce à sa fierté pour se nourrir de son âme. Chanyeol pouvait presque la voir, perchée sur le fauteuil en mousse, avec sa faux et sa capuche. Elle regardait droit devant elle, comme s'il n'existait pas. En fait, elle n'était là que pour récupérer son corps et rien d'autre. Il n'avait aucune valeur à ses yeux, il était un mortel comme les autres. Une fois qu'il cesserait de respirer, elle prendrait sa part du gâteau et partirait. Ses parents se retrouveraient avec un corps inerte et un enterrement à organiser, chouette.

Mais cette fois, Chanyeol avait préféré renoncer à ses principes plutôt que de mourir à l'abri des regards, seul, uniquement parce qu'il avait refusé de presser ce stupide bouton. Alors que la panique l'agitait et qu'il avait de plus en plus de mal à respirer, l'infirmière avec qui Layla tournait était apparue. Chanyeol voulait que ce soit Layla qui lui place ce respirateur aux lèvres, que ce soit elle qui enfonce cette aiguille dans son bras, mais ce n'était pas elle. « Tout va bien, calme-toi. Je vais t'aider. »

Ses paupières étaient devenues lourdes et puis il s'était endormi. Deux heures plus tard, il se sentait mieux. Ses yeux errèrent un instant dans sa chambre vide, puis sur les nouvelles photos qu'il avait imprimées récemment. Une, où deux glaces se côtoyaient, côte à côte, avec les mains de leurs propriétaires de chaque côté, une deuxième où sa mère le serrait contre elle et une dernière. Lisa et lui étaient pressés l'un contre l'autre, les dents brillantes et les yeux plissés. Il fallait qu'il agisse. A cette heure-ci, elle devait être en train de petit-déjeuner. Il ignorait si Layla était coincée dans les bouchons où si elle l'avait oublié car de son côté, aucun plateau en vue. Tant pis, il s'en passerait. Chanyeol se transféra sur son fauteuil et quitta sa chambre, sans prendre le temps de se débarbouiller. Il devait avoir une haleine pestilentielle mais c'était bien le cadet de ses soucis. Il poussa la porte de la chambre de Lisa, cette fois sans frapper. En la voyant assise dans son lit, un gâteau à la bouche, l'émotion le saisit. S'il avait pu, il aurait couru vers elle et l'aurait serrée tout contre lui mais ses jambes inutiles le laissèrent cloué à cette chaise. En l'apercevant, Lisa reposa doucement son gâteau et quitta son lit. Elle ne portait qu'une chemise de nuit et son fidèle bandeau. Elle avait l'air si frêle dans tout ce blanc. Chanyeol repensa aux cheveux roux qui n'étaient plus. Ils lui donnaient une si bonne mine, même malade. Maintenant, elle n'avait que cet air cadavérique derrière lequel cacher son trouble.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? lui demanda-t-elle pour la forme.

Tous les deux savaient bien ce pour quoi il était là. Les résidus de ses larmes avaient été capturés par ses yeux rougis. Lisa aurait pu faire semblant de ne pas les voir mais même avec toute la volonté du monde, elle n'aurait pas pu ignorer la douleur dans sa poitrine. Chanyeol savait.

- A ton avis ? répondit-il d'une voix rauque, comme s'il n'avait pas parlé depuis des années.

Lisa lui offrit un sourire amer et s'accroupit devant lui. Elle posa les mains à plat sur ses genoux et soupira.

- Comment le sais-tu ?

Elle avait déjà sa petite idée.

- Layla est venue hier. Elle m'a informé pendant que tu étais avec tes parents. Pitié... ne me dis pas que tu veux partir. Je t'en supplie.

Chanyeol faisait tout ce qu'il pouvait pour contenir ses larmes mais le parfum laiteux de Lisa compliquait sa situation. Au fond de lui, il savait déjà, en passant le pas de la porte ce qu'elle avait décidé. Et il savait aussi que, têtue comme elle était, il ne pourrait pas la dissuader. Quand elle avait une idée en tête, même les arguments les plus percutants ne pouvaient pas l'arrêter. Elle était incorrigible.

- Je suis désolée, commença Lisa.

Ses mots allaient blesser irrévocablement Chanyeol mais cette confrontation ne pouvait pas être repoussée. Elle avait ses raisons.

- Je vais partir et faire cette opération.

- Mais pourquoi ?! s'insurgea Chanyeol. Tu es soignée ici ! Ils ne feront rien de plus là-bas. Cette opération va juste te tuer ! Tu as vu les statistiques ?! Lisa ne fait pas ça... Pourquoi les écoutes-tu, ils n'ont jamais été là pour toi ! Ils ne savent pas dans quoi ils t'embarquent !

- Chanyeol...

Lisa posa sa main sur son épaule pour le calmer. De grosses larmes coulaient sur ses joues, sa mâchoire était contractée et ses yeux voilés de souffrance.

- Si je fais ça, ce n'est pas à cause d'eux.

- Alors pourquoi ? Pourquoi...

- Je ne vais pas te mentir. Je n'y vais pas pour le peu de chances que j'ai de guérir. J'y vais parce que je suis fatiguée Chanyeol. Fatiguée de souffrir. Je crois que j'arrive au bout, lui dit-elle avec un sourire triste.

Chanyeol ne voulait pas y croire. Lisa et lui avaient parlé tellement de fois de ce jour. Du jour où elle ne tiendrait plus. Il s'était toujours dit que certains signes précurseurs le prépareraient. Lisa avait pourtant l'air tellement joyeuse la veille. Rien n'aurait pu laisser entendre qu'elle allait choisir la facilité. Soit elle était une très bonne actrice, soit il avait été complètement aveugle. Si c'était le cas, il s'en voulait de ne pas avoir remarqué ses souffrances.

- Ça faisait un moment que j'y songeais, avoua-t-elle. Ils m'ont simplement offert la solution. C'est tout.

- Alors tu refuses de te battre plus longtemps ? Tu vas tout abandonner comme ça aussi facilement ?

Chanyeol savait qu'il n'avait pas le droit de lui faire des reproches. Mais sa colère débordait. Il était tellement contrarié qu'elle ne résiste pas plus, qu'elle ne soit pas plus courageuse. Des deux, c'était lui la poule mouillée. Il avait toujours cru que Lisa était forte, qu'elle lutterait jusqu'au bout. Visiblement il s'était trompé. Et il était déçu. L'image qu'il s'était fait d'elle lui avait fait oublier qu'elle était simplement humaine et que comme lui, elle avait ses faiblesses. Parfois le mental ne suffit plus. Lorsque le corps lâche, la volonté de survivre est noyée dans la douleur. Chanyeol n'arrivait pas à l'accepter. Si elle ne tenait pas, qu'en était-il de lui ?

- Je n'abandonne pas... je laisse juste la science décider de mon avenir. Je tente le tout pour le tout.

- Tu mens ! hurla Chanyeol en dégageant sa main. Les bénéfices de cette opération ne sont qu'une excuse dont tu te sers et contre moi en plus ! Tu sais très bien que tu ne guériras pas. Tu vas mourir sur une pauvre table au milieu de chirurgiens qui n'en ont rien à foutre de celle que tu étais, alors que tu aurais pu vivre quelques semaines de plus.

- Et pourquoi faire ?! A quoi bon prolonger ma souffrance ? Tu n'es pas à ma place Chanyeol. Tu ne comprends rien en fait.

- Comment peux-tu dire une chose pareille ?

Chanyeol était terriblement blessé. Lui aussi souffrait quotidiennement. Lui aussi savait ce que c'était que de perdre espoir, d'avoir envie de tout arrêter, de craindre que chaque nuit soit la dernière. Lisa était terriblement injuste. Il lui en voulait. S'il s'était écouté, il aurait quitté la chambre et se serait enfermé dans la sienne, mais l'heure n'était pas à la rancœur.

- Tu crois que je ne souffre pas moi ? Je souffre aussi et je le supporte, je te signale !

- Et bien je suis ravie de l'apprendre. Excuse-moi de ne pas être aussi forte que toi, mais je crois que c'est à moi de décider de ce que je veux. C'est ma vie qui est en jeu, pas la tienne.

- Est-ce que tu as songé à toutes les personnes qui vont pleurer ta mort ? Tu n'as donc aucun regret d'abandonner tous ceux qui t'aiment ?

- Personne ne m'aime, répondit Lisa du tac-au-tac.

- Moi je t'aime. Je t'aime mais t'es tellement égoïste que tu le vois même pas. Tes parents ont beau être des connards, s'ils cherchent à te sauver, de la manière la plus stupide qui soit, c'est qu'eux aussi t'aiment. Ta grand-mère t'aime-

- Ne parle pas d'elle, le coupa-t-elle d'une voix tranchante.

Lisa avait toujours été très proche de sa grand-mère qui l'avait élevée durant toute son enfance. Ses parents étaient tellement pris par leur travail qu'ils n'avaient rien trouvé de mieux à faire que de la confier à sa grand-mère, déjà dans la force de l'âge. Mais cette femme vénérable ne s'était jamais plainte du poids de sa petite fille, au contraire. Elle l'avait aimée, chérie et choyée comme sa propre fille. Elle était désormais trop vieille pour faire le déplacement jusqu'à l'hôpital, mais Lisa savait que si elle avait pu, elle l'aurait fait. Même si elle ne venait pas la voir, sa grand-mère l'appelait quotidiennement et lui envoyait des lettres d'une écriture délicate, remplies d'amour et de bienveillance. S'il y avait une personne qui allait pleurer sa mort, c'était elle. Sa maman de substitution. Lisa allait lui causer du chagrin. Elle n'était même pas sûre qu'à son âge, on puisse se remettre d'une peine pareille. Peut-être bien qu'elle causerait la mort de sa grand-mère. C'était bien la dernière chose qu'elle souhaitait. Que Chanyeol utilise l'amour que sa grand-mère lui portait, dans un moment pareil, la mettait hors d'elle. Il savait très bien qu'il jouait sur une corde sensible. Lisa ne comprenait pas son but. Cherchait-il à la blesser ? Si c'était le cas, il s'en sortait merveilleusement bien.

- Si. Je vais parler d'elle justement. Elle, à qui tu n'as même pas dit que tu allais te faire opérer-

- J'allais lui dire...

- Ne me mens pas. T'allais partir comme une lâche, sans la prévenir. Après tout ce qu'elle a fait pour toi, comment peux-tu l'abandonner aussi facilement ?

- Parce que tu penses que c'est mieux de lui faire subir le supplice de me savoir en vie mais en souffrance ? De connaître la cause de ma mort sans jamais avoir la date ? Je marche sur un fil en permanence putain ! Je n'ai pas envie que tout s'arrête brutalement. Je n'ai pas envie de partir sans le prévoir.

- Donc tu préfères mourir maintenant ? Tu crois sincèrement être prête ?

Chanyeol avait baissé la voix. Les étincelles étaient retombées. Le feu n'était plus qu'une lueur, à peine visible. Lisa soupira et détourna le regard. Ses yeux étaient remplis de larmes. Elle ne comprenait pas pourquoi il se déchaînait autant. S'il avait été à sa place, elle n'aurait probablement rien fait pour l'arrêter. C'était sa décision, son corps, pas celui d'un autre.

- Je ne sais pas si je suis prête. Je crois qu'on n'est jamais prêt quand il s'agit de mourir.

- Lisa... ne fais pas ça. Ce n'est pas la bonne solution. Tu le sais putain alors pourquoi tu t'obstines à croire que ça va marcher ?

- Je ne crois rien du tout. Je sais que ça ne fonctionnera pas, mais je veux tenter.

- Mais pourquoi ?

Chanyeol commençait vraiment à lui taper sur les nerfs avec ses questions. Elle ne lui demandait pas de comprendre son choix, simplement de l'accepter.

- Parce que j'en ai marre. Je ne veux plus de cette vie. J'en ai marre d'être enfermée ici toute la journée ! J'en ai marre des examens, des médicaments, de cette blouse immonde, de cette chambre lugubre ! J'en ai marre de voir le soleil dehors et de ne pas pouvoir en profiter ! J'en ai marre de lire des bouquins sans avoir personne à qui les raconter ! J'en ai marre de jouer aux cartes avec toi parce qu'il n'y a rien d'autre à faire ! J'en ai marre de la bouffe immonde, des douches sans intimité, des piqûres, de la fatigue permanente et de ces putains de ricochés qui me vrillent le crâne ! Mais tu sais ce qui m'exaspère plus que tout ? Toi et ton sens de la vie. Toi qui crois savoir mieux que tout le monde, qui es persuadé d'avoir raison alors que tu as tort ! Toi qui te mêle de ce qui ne te regarde pas et qui t'épuises à me donner des leçons de morale alors que je ne t'ai rien demandé. Arrête un peu. Ne me fais pas croire que ça, elle désigna la chambre de la main, c'est la vie. Si pour toi c'est ça une vie, alors je te laisse la mienne. Moi je n'en veux plus.

- Je me mêle de ce qui ne me regarde pas parce que je m'inquiète pour toi ! hurla Chanyeol, les yeux baignés de larmes.

Lisa faisait ressortir en lui toutes les pires émotions. La colère, la peur, la frustration, la tristesse, l'accablement. Un cocktail toxique qui l'empoisonnait. Il avait envie de la gifler pour lui remettre les idées en place.

- Je ne t'ai jamais demandé de prendre la place du grand frère, rétorqua-t-elle.

- C'est ce que les vrais amis font ! Peut-être que toi, tu ne m'aurais pas empêché, mais moi je refuse d'accepter ça les yeux fermés. Je refuse de te laisser te tuer, sous prétexte que c'est ta décision. Rester passif prouverait juste que tu n'as jamais compté pour moi. Mais tu as ta place dans ma vie. Je t'aime Lisa. J'ai besoin de toi.

- Et moi j'ai besoin de ça... tu peux le comprendre ?

Sa voix était à présent basse, un simple chuchotement. Elle avait vraiment l'air bouleversée.

- Je savais que tu viendrais me voir mais j'ignorais que ça tournerait au vinaigre. C'est pas ce que je voulais...

- Moi non plus. Je sais que t'es une tête de mule mais... je ne voulais  pas me disputer avec toi. Rien de ce je pourrais dire ne te fera changer d'avis ?

- Rien.

- Tu vas me manquer...

Lisa était soulagée. Chanyeol acceptait enfin son choix ou du moins, ne s'y opposait plus.

- Toi aussi.

Il ouvrit les bras, le regard brillant, et autorisa de nouvelles larmes à couler sur ses joues lorsque Lisa vint se blottir contre lui. Son fauteuil entravait leur étreinte mais pour rien au monde il ne l'aurait lâchée. C'était probablement la dernière fois qu'il la serrait contre lui. Lisa resta silencieuse mais Chanyeol sentit ses larmes mouiller son épaule. Elle aussi était triste de partir. Il le sentait.

- Tu n'as pas peur ? lui demanda-t-il en caressant son visage humide.

- Non. Il ne peut que m'arriver du bien. Si l'opération échoue, c'est pour m'éviter de souffrir dans le futur.

- Et si elle réussit ?

- C'est que j'ai encore des choses à accomplir ici.

- Quand est-ce que tu es opérée?

- Demain. A dix heures. Si je sors ce sera vers midi. Tu en seras le premier informé. Je te le promets.

Chanyeol ne voulait pas faire disparaître le sourire d'ange qu'elle portait. Mais son cœur fébrile était bien conscient qu'elle ne sortirait pas de cette salle et que le coup de fil qu'il recevrait, serait celui de la mort pour lui annoncer qu'il était le prochain.

- Au cas où, je ne m'en sortirais pas... je voulais que tu gardes ça. En souvenir.

Ses doigts défirent le bracelet qu'elle portait et l'attachèrent au poignet de Chanyeol.

- C'est ma grand-mère qui me l'a offert.

- Je ne peux pas le prendre, s'exclama Chanyeol en réalisant la valeur sentimentale qu'il devait avoir pour elle.

- Oui mais je te le donne. Un cadeau ne se refuse pas. Prends-en soin. C'est tout ce que je te demande.

Lisa se pencha et posa ses lèvres sur sa joue. Elle s'y attarda quelques secondes avant de murmurer à son oreille : « Merci d'avoir pris soin de moi. Je ne t'oublierai jamais. »

***

Il était quatorze heures lorsque Baekhyun entre-ouvrit les yeux. Sa première réaction, en découvrant la pièce inconnue, fut de s'asseoir abruptement, pour se recoucher aussitôt. Il était toujours étourdi et l'afflux de sang brutal n'arrangeait pas sa situation. A nouveau allongé, il scanna la pièce avec inquiétude. Des murs blancs, une télé, une blouse, pas de doute, il était à l'hôpital. « Bordel de merde... » Un grognement quitta ses lèvres lorsqu'il prit conscience de la situation dans laquelle il se trouvait. Minseok allait le tuer. Ses albums n'étaient pas encore signés et sa page Instagram n'avait pas été mise à jour. Aucun fan n'avait reçu de réponse à son commentaire. Ce n'était pas ça qui allait faire diminuer sa côte de popularité, mais le retard accumulé donnait une bonne raison à Minseok pour lui remonter les bretelles. Rien qu'en pensant à la sanction qu'il récolterait, son crâne le lança douloureusement. Baekhyun se tourna sur le côté, les mains dans les cheveux. Sa langue se promena sur sa bouche sèche pour l'humidifier alors qu'il se massait les tempes. Il avait la gorge sèche et la bouche pâteuse comme s'il sortait d'un périple dans le désert ou d'un long coma. Au choix. A ce moment-là, il aurait fait n'importe quoi pour un verre d'eau, mais il était encore trop fatigué pour se traîner jusqu'au petit évier. Il décida donc d'attendre. Quelqu'un finirait bien par venir. Ses yeux se posèrent sur son poignet où sa montre n'avait pas bougé et il manqua de s'évanouir en constatant que l'après-midi était déjà bien entamé. Combien de temps avait-il dormi ? Etait-on toujours dimanche ? A vrai dire, il ne se rappelait plus vraiment comment il avait atterri ici. Son seul souvenir était l'aperçu du ciel gris qu'il avait eu en courant. Et puis ensuite c'était le trou noir. Il avait beau se concentrer, il ne se rappelait pas s'être évanoui au beau milieu du trottoir, ni avoir été giflé par son coach et encore moins avoir été transporté d'urgence à l'hôpital. Il allait probablement se sentir mieux d'ici quelques heures mais il était célèbre et pour les stars, c'est toujours urgent. Faites une crise de colique néphrétique, à côté du nouvel acteur en vogue qui a une petite ampoule douloureuse, vous passerez toujours après. Baekhyun n'avait aucune idée du prix qu'avait coûté sa chambre, mais elle ne ressemblait en rien à celle de Chanyeol. Le lit était beaucoup plus large et moelleux, la salle de bain bien plus grande, disposait d'une baignoire et de tout un placard où ranger ses produits. Il y avait une variété de prospectus sur les menus disponibles. Truffes, caviar, langoustines, il suffisait de passer commande. Près de la télé qui avalait la moitié du mur, avait été branché un petit frigo où le champagne refroidissait. Bizarrement, Baekhyun ne se sentit pas à l'aise dans cette chambre. Tout ce luxe, qu'il ne méritait pas, le rendait coupable. Il aurait aimé que Chanyeol en profite. Lui qui était coincé dans une chambre minable depuis des lustres n'avait eu droit à aucun privilège, c'était tellement injuste.

Baekhyun soupira et se hissa au bord du lit. Il avait vraiment soif. Peu importe s'il fallait se traîner jusqu'à cet évier, il irait. L'idée qu'il puisse presser le bouton d'appel ne lui frôla même pas l'esprit. Ce n'était que la deuxième fois qu'il se retrouvait à la place du malade. La première fois étant lorsqu'il avait cinq ans et qu'il s'était cassé le bras. A ce moment-là, sa mère qui avait encore toute sa tête et avait veillé sur lui jour et nuit. Baekhyun se souvenait encore des gâteaux fourrés à la crème qu'elle lui apportait. Aujourd'hui, il était seul et il n'y avait pas de gâteau mais du champagne. Baekhyun posa délicatement son pied nu sur les chaussons fourrés, placés à côté du lit et se redressa. L'atmosphère calme de l'hôpital fut tout à coup troublée par des voix en provenance du couloir. Depuis qu'il était réveillé pas un bruit ne lui était parvenu de l'extérieur, et pourtant, l'agitation était bien réelle. Ca criait, ça menaçait. Tout le monde parlait en même temps. Il y avait tellement de bruit qu'il n'arrivait même pas à déterminer le nombre de personnes ameutées devant sa porte. Ni la raison de leur beuglement. Interdit, il resta figé sur place, de peur que sa porte ne s'ouvre en fracas, et tendit l'oreille.

- Monsieur, je vous demande de vous calmer et de retourner à l'accueil. Vous n'êtes pas autorisé ici !

- Et puis quoi encore ?! Il doit sortir, j'ai besoin de lui !

- Je vous ai déjà expliqué qu'il ne peut pas sortir. Le médecin a demandé à le garder ici pendant quarante-huit heures, le temps qu'il passe une batterie d'examens.

- Deux jours ?! Non mais attendez, il y en a qui bossent ! Il ne peut pas rester deux jours ici ! C'est hors de question.

Baekhyun n'avait à présent plus de doute sur l'identité du houligan qui foutait le boxon.

- Je bosse moi aussi, comme vous dites. Et je suis les recommandations du médecin, vous pourrez crier tout ce que vous voulez, à part déranger les patients et m'agacer vous n'arriverez à rien. Il reste ici, un point c'est tout.

- Il a encore beaucoup de travail.

- Tellement de travail que son organisme est épuisé. Laissez-le se reposer. Il est clairement sous-alimenté et manque cruellement de sommeil.

Minseok se pinça l'arête du nez. Cette infirmière l'exaspérait. Elle n'avait aucune idée de la situation dans laquelle elle le mettait. Baekhyun avait dix rendez-vous sur les deux jours suivants. Il ne pouvait pas le laisser ici. Il était hors de question qu'il quitte l'hôpital sans lui. Tout était de sa faute. S'il s'était nourri avant d'aller courir, il n'en serait pas là. Minseok comptait bien le faire sortir d'ici avec un bon coup de pied au cul. Ce serait sa punition pour leur avoir fait perdre autant de temps et dépenser autant d'argent. Bravant l'interdiction de l'infirmière, il se dirigea vers la porte de la chambre où Baekhyun dormait et baissa la poignée. Mais avant de pouvoir pousser le battant, la prise ferme de l'infirmière l'arrêta.

- Je crois que vous et moi on ne s'est pas bien compris, dit-elle d'un ton cinglant. Si vous franchissez cette porte, j'appelle la sécurité. Baekhyun reste ici, c'est la dernière fois que je me répète.

Outré qu'elle ose le menacer, Minseok prit son air suffisant et se pencha vers elle. Si près, qu'il sentit son souffle sur ses lèvres. Cette femme avait tout d'une lionne. Un regard carnassier et une crinière indomptable. Il adorait ça en temps normal mais là, elle lui tapait sur les nerfs.

- Avez-vous la moindre idée de la personne à qui vous vous adressez ? Savez-vous qui je suis ?

Excédée, l'infirmière se recula et leva les yeux au ciel.

- Mon cher monsieur, j'ignore totalement qui vous êtes et d'ailleurs, je m'en fous complètement. Partez, immédiatement avant que je ne me fâche.

L'ignorance de cette femme alimenta les braises qui chauffaient en Minseok. Sa colère déborda.

- Je suis celui qui a le moyen de ruiner votre vie en un claquement de doigt si vous ne le laissez pas sortir tout de suite, hurla-t-il. A vous de voir ma chère... il se pencha pour lire le nom inscrit sur son badge, Layla.

Layla serra la mâchoire. Qui était ce type ? Chanyeol ne lui avait jamais parlé d'un gus pareil dans l'entourage de Baekhyun. Il avait l'air trop jeune pour être son père et juste assez vieux pour être son supérieur. Visiblement seul l'argent qu'il pouvait lui rapporter l'intéressait. Depuis qu'il avait mis les pieds à l'hôpital et causé ce gigantesque scandale pour obtenir le numéro de chambre de Baekhyun, cet homme n'avait pas montré la moindre inquiétude à son égard. Il n'avait pas questionné son état de santé et s'était contenté de presser le corps médical pour que son poulain puisse retourner bosser au plus vite. S'il continuait à beugler comme un veau, il allait finir par ameuter tous les journalistes et les paparazzis du coin. Pas sûr que ça fasse une bonne pub pour l'hôpital. Baekhyun ne parviendrait pas à se reposer au milieu de toute cette effervescence, les autres patients encore moins. Layla devait le canaliser avant que la situation dégénère. Mais difficile de tenir tête à une personne aussi têtue et irréfléchie. Elle devait pourtant garder son sang-froid.

- Si c'est de l'argent que vous voulez, je peux payer, ajouta Minseok.

Layla se retint de soupirer. Avait-elle l'air de faire la manche ? Pas étonnant qu'avec un patron pareil, Baekhyun finisse dans cet état. Cet homme n'était que cupidité et égoïsme, le genre d'individu qu'elle avait toujours détesté. Elle qui avait choisi son métier par amour et pas pour son salaire, ne comprenait pas qu'on puisse être aussi accro à l'argent. Les billets ne remplacent jamais le bonheur. Layla n'était pas très inquiète pour Baekhyun. Il lui fallait seulement du repos et des vitamines. Sa tension était très faible mais la fièvre commençait à retomber. Il couvait probablement quelque chose. Pas besoin d'habiter avec lui pour savoir que son hygiène de vie devait être catastrophique. Si son patron voulait qu'il bosse, il devait d'abord se préoccuper de sa santé et oublier deux secondes la Porsche qu'il comptait s'offrir. Layla le défia du regard. Ce sale con ne perdait pas son sourire arrogant. Mais s'il croyait l'impressionner, il se trompait lourdement. Des comme lui, elle en mangeait trois au petit dèj. Il était simplement en train de lui faire perdre son temps et gaspiller son énergie. Elle avait d'autres chats à fouetter et plus la gentillesse de le prévenir. Sans se presser, elle appuya sur le petit bouton rouge en haut de son biper et attendit les bras croisés. Minseok la dévisagea en fronçant les sourcils. S'était-elle résignée à le laisser entrer ? A la bonne heure. Un sourire fendit ses joues, mais alors qu'il pénétrait dans la chambre de Baekhyun une main l'immobilisa. Une main large et poilue.

- Veuillez me suivre, tonna une voix grave dans son dos.

Doucement, il pivota sur ses talons et tomba nez à nez avec une montagne de muscles. Cent kilos pour deux mètres. A côté, il ne faisait pas le poids. Sans contester, il se laissa traîner vers la sortie, non sans jeter un regard noir à Layla qui articula : « Je vous avais prévenu. »

Layla ne baissa pas sa garde tant qu'il n'avait pas disparu. Ce n'est que lorsque sa silhouette se faufila dans l'ascenseur qu'elle s'autorisa à souffler et frappa à la porte de Baekhyun. Difficile de croire qu'il dormait encore avec tout ce chahut. D'habitude, elle n'aurait pas pris la peine de toquer, mais il s'agissait d'une star qui avait payé une chambre privée et on ne rentrait pas chez les stars comme chez n'importe qui. A choisir Layla avait moins de mal à le supporter que son patron. L'un comme l'autre était exécrable, mais si Chanyeol aimait autant Baekhyun, c'est bien qu'il devait avoir des bons côtés, non ? De toute façon, elle n'avait pas le choix. Il n'avait rien avalé depuis son arrivée et n'avait pas non plus été examiné.

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