Chapitre 4 :
Jenny :
Ce cours d'histoire de l'économie américaine était encore plus ennuyant que celui d'hier.
Ou peut être était-ce par ce qu'il avait lieu à 8h du matin et que je n'avais, encore une fois, pas réussis à dormir énormément à cause de mes cauchemars. J'en faisais pratiquement toutes les nuits, et à chaque fois je revivais la même scène : mon accident de moto.
- Psssht !
Après m'être assurée que la prof ne me regardait pas, je me retournai rapidement pour faire face à mon interlocutrice.
Elle était plutôt mignonne. Ses cheveux blond étaient relevés en une queue de cheval, de fines lunettes noires reposait sur son nez, ce qui lui allait vraiment bien d'ailleurs, car j'étais sur que sans elle m'aurait donné l'impression d'être un peu trop une " bimbo ", surtout à cause de son rouge à lèvre bordeaux et de son petit débardeur blanc moulant.
- T'aurais pas un stylo et une feuille ? Mon ordi vient de me lâcher en plein cours, c'est la merde ! Me dit-elle d'une petite voix afin que la prof de ne l'entende pas.
Je me retournai et fouillai rapidement dans mon sac à la recherche de ma trousse et de ma pochette plastique. Après avoir mis la main sur le matériel nécéssaire, je le lui tendis avec un sourire compatissant.
Faut dire que le cours venait tout juste de commencer et qu'elle allait devoir prendre ses notes à la main durant 1h30 non stop.
Ok c'était pas la fin du monde, surtout qu'avant l'existence des ordinateurs portables on faisait bien comme ça, mais Madame Davon dictait super vite le cours. A tel point qu'après m'être à nouveau concentré sur ce qu'elle disait, j'avais l'impression d'avoir raté un million de choses.
A l'expiration des 1h30, je poussai un long soupir de soulagement.
Ma voisine de la rangée du haut me tapota gentiment sur l'épaule.
- Merci pour tout à l'heure, tu m'as sauvé la vie ! Me dit-elle avec un grand sourire, par contre ça t'embêterais que je t'emprunte ton stylo pour l'heure d'après également ? Est-ce que tu as introduction à la macro économie toi aussi ?
Je regardai rapidement mon emploi du temps sur mon téléphone portable.
- Non, moi j'ai cours de micro économie dans 40 minutes.... Mais ne t'en fais pas pour mon stylo, garde le, tu en as plus besoin que moi, la rassurais-je.
- Merci t'es adorable !
Elle rangea rapidement ses affaires dans son sac.
- Au fait, ajouta-t-elle, moi c'est Sophie.
- Jenny, lui répondis-je.
Elle hocha la tête, se leva, puis balança son sac de cours sur son épaule.
- Bon bah, a la prochaine alors Jenny !
Ce fut à mon tours d'hocher la tête et de la regarder quitter l'amphi avec tous les autres étudiants.
La minute suivante il n'y avait plus personne dans la pièce et je pouvais enfin me lever et sortir d'ici sans avoir à me soucier du regard des autres.
Etant donné que j'avais un peu de temps avant mon prochain cours, je décidai d'aller prendre mon petit-déjeuner à la cafétéria.
Il était assez rare que je puisse avaler quoique ce soit dans la matinée après mes nuits mouvementées, mais apparement ce cours d'histoire de l'économie avait réussi à me changer les idées et à réveiller mon estomac.
Ou peut être qu'il s'agissait de Sophie et de sa gentillesse. Enfin dans l'histoire c'était plutôt moi la gentille vu que je lui avais prêter un stylo, mais disons que je ne pensais pas que quelqu'un d'autre que Justin viendrait me parler. Elle n'avait certainement pas du voir que je boitais. Mais même si elle ne l'avait pas vu, j'avais vraiment le look vestimentaire de la fille " solitaire ", vous savez, vieilles baskets, jeans super large (bon ça c'était pour cacher ma prothèse), tee-shirt évasé, aucun maquillage...
Bref, le style qu'on adopte lorsque l'on n'a pas envie de s'intégrer aux autres et qu'on ne veut pas se faire d'amis.
Mais après tout, il n'avait jamais été question d'amitié avec Sophie, car tout comme Justin, ses deux là voulaient simplement quelque chose de moi.
Un stylo et une balle.
Je souris à cette pensée.
" Si vous avez besoin d'un objet sans importance, une gomme, un trombone ou un mouchoir, demandez à Jenny Menser ! Toujours là pour vous servir ! "
Par chance, l'une des 3 cafétéria du campus dans laquelle je me venais de rentrer n'était pas énormément remplis.
Il y avait tout de même deux groupes d'amis qui prenaient leurs petits déjeuner ensemble, et trois autres personnes assises seules à des tables différentes, sirotants leurs cafés tout en naviguant sur leurs ordinateurs portables.
Je commandai pour ma part un expresso et un Donuts, puis je partis m'asseoir à la table la plus éloignée des groupes d'amis.
Certains avaient certainement du me voir boiter jusqu'à ma chaise et je préférai ne pas entendre leurs réflexions sur moi.
Mon téléphone sonna et je décrochai aussitôt lorsque je découvris de qui il s'agissait en regardant mon écran.
- Tu n'es pas au travail ? L'interrogeais-je.
- " Bonjour maman, comment vas-tu ? ", Je vais bien merci Jenny et toi ?
Je soupirai.
- Bonjour maman, je vais très bien moi aussi, alors, tu n'es pas au boulot ?
- Si mais je suis actuellement en mission, je dois aller chercher des documents à archiver chez une entreprise alors je me suis dis que j'en profiterais pour appeler ma fille chérie dans la voiture.
- Je t'ai déjà dis de ne pas téléphoner au volant maman...
- Ne t'inquiètes pas, je n'ai pas encore démarré le moteur. Alors racontes moi un peu, je sais que tu ne voulais pas qu'on te dérange ton père et moi durant cette première semaine de cours mais tu sais bien a quel point je suis curieuse...
" Et surtout à quel point tu t'inquiètes pour moi " songeais-je en secouant la tête.
- Tout va très bien maman ne t'en fais pas, les cours sont vraiment intéressant et je me suis même fait des amis.
Mensonge, mensonge...
- D'accord je te crois Pinocchio...Bon vu que tu n'as pas envie de me parler je vais te laisser tranquille mais avant je voulais juste te demander si tu pouvais rentrer à la maison demain soir, ta grand-mère Meghan a dit qu'elle viendrait dîner et elle aurait aimé te voir...
Non mais ma mère ne pouvait pas tenir cinq jours sans me voir ni me parler ! C'était hallucinant.
D'un autre côté, j'adorais ma grand-mère, nous avions toujours eu une relation très spéciale toutes les deux, et cela était peut être dû au fait que ma grand-mère me voyait un peu comme la fille qu'elle avait perdu quelques années avant ma naissance. Jenny. Mes parents m'avaient donné son prénom en son hommage. J'avais trouvé ça un peu étrange au début, mais avec le temps je m'y étais habituée et j'étais même désormais heureuse de le porter.
- Maman, si j'étais partie étudier dans le Montana, ou pire encore, à l'étranger, t'aurais fais comment pour tenir le coup ?
Je l'entendis rigoler à l'autre bout du fil.
- Je pense qu'on aurait déménagé avec ton père pour être dans le Montana avec toi.
Je soupirai, agacée par son comportement de mère-poule.
- Maman y a un jour ou va falloir que tu coupes le cordon, j'ai plus dix ans tu sais ? Aujourd'hui j'en ai bientôt 19 et j'aimerais vraiment que tu me laisses un peu " respirer " !
En fait... Ce n'était pas tout à fait exact ce que je lui reprochais. Ma mère n'avait jamais réellement été sur mon dos.
Avant l'accident j'étais totalement libre de partir en festivals, de faire la fête le weekend ou encore de passer mes vacances d'été chez les grands-parents de ma meilleure amie Ayline qui habitent en Suisse, bref, j'avais énormément d'indépendance et mes parents ne m'avaient jamais privé de quoique ce soit.
Mais l'accident a tout changé. Mes parents ont cru me perdre à jamais et quand ma mère a apprit qu'on allait m'amputer de la jambe droite, alors là si vous aviez vu sa tête, c'était même pire que d'apprendre que j'étais morte.
Mais en soi je pouvais la comprendre, elle savait tout comme moi que la danse était toute ma vie et elle savait également que sans la danse je ne serais plus qu'une coquille vide. Et elle avait raison.
A présent je n'étais plus la même. La Jenny d'avant, celle qui s'amusait, qui souriait et qui riait chaque jour, celle qui avait des amis et qui profitait de la vie, se moquant éperdument de ce que les autres pouvaient bien penser d'elle, cette Jenny là elle était morte avec l'accident, avec la jambe qu'on m'avait retiré.
Malgré tout, malgré ses peurs et ses appréhensions, malgré le fait que mes parents habitent à moins d'une heure de route de l'université, ma mère avait accepté de me louer une chambre étudiante sur le campus lorsque je le lui avais demandé.
Pourquoi l'avais-je voulu ? Car rester chez moi me rappelait beaucoup trop l'ancienne Jenny. Ma chambre, mon quartier, tous les souvenirs que ses endroits me procuraient ne me faisaient que plus de mal.
Alors qu'ici, sur le campus de l'université, je ne connaissais personne et je pouvais continuer un semblant de vie sans réel intérêt.
Vous vous demandez sans doute aussi pourquoi je me trouvais actuellement dans un cursus d'économie alors que cette matière m'était tout à fait égal ? La réponse est très simple. Malgré le fait que je ne pouvais plus aller dans mon cursus de danse après mon accident, mon psychologue et mon psychiatre m'avaient tous deux conseillé de continuer mes études afin d'éviter que je ne déprimes ou que je ne m'apitoies sur mon sort si je décidai de rester cette année seule chez moi. Malheureusement pour moi, l'économie était le seul cursus ou il y avait encore de la place.
Dans tous les cas, si j'avais su à l'avance que ça ne me plairait pas du tout, jamais je ne m'y serais inscrite, par ce que là c'était plutôt les cours qui risquaient de me faire déprimer.
- Chérie ? Tu es toujours là ?
Sa voix était calme, malgré ce que je venais de lui dire. Ma mère ne s'énervait jamais contre moi, sauf bien sur quand je poussais le bouchon un peu trop loin.
- Ouais... Ecoutes, je ne voulais pas dire ça... Tu as toujours été une mère formidable et je sais que tu t'inquiètes pour moi depuis mon accident mais vraiment maman, ça va. Alors s'il te plait, laisse moi essayer d'avoir une vie étudiante à peu près normale et ne me demande pas de rentrer une fois par semaine en plus du weekend à la maison...
- D'accord, j'ai compris, je vais te laisser en paix la semaine. Juste une dernière chose, ton père savait que j'allais craquer et finir par t'appeler donc il voulait que je te dises qu'il t'aime énormément et qu'il t'embrasse.
Je souris faiblement.
- Tu lui diras que je lui envois pleins de bisous par télépathie !
- Evidemment. Allez bonne journée ma chérie, je t'aime.
- Je t'aime aussi maman.
Et je raccrochai aussitôt, les larmes aux yeux.
J'avais vraiment des parents géniaux...
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Justin
- Allé Justin plus vite que ça bordel ! Allé allé tu peux mieux faire là ! Donnes toi à fond merde !
J'avais beau lui répéter milles fois, soit mon entraineur ne comprenais pas ce que cela voulait dire " ne pas me crier dessus pendant que je courais", soit il s'en foutait de ce que je pouvais bien lui dire par ce que pour lui, me crier dessus était une source de motivation.
Vu le sourire satisfait qu'il eut en arrêtant le chrono lorsque j'eus terminé mes 100 mètres, j'en conclu que la deuxième solution était la bonne.
- 11 secondes 24, c'est pas mal... Enfin, si tu avais dormis cette nuit au lieu de faire la fête avec tes petits copains tu aurais fait beaucoup mieux que ça !
Dans tous les cas même si j'avais dormi j'aurais encore été loin des 9,58 secondes d'Usain Bolt, par ce que oui, pour mon entraineur, Mr Rogers... (que je surnommais plutôt Mr Rangers comme les policiers de l'Etat du Texas "les Texas Rangers " à cause de son attitude qui me faisait penser à un flic plutôt qu'à un entraineur d'athlétisme), ... je devais faire mieux qu'Usain Bolt !
Ben c'était pas encore ça....
Je me penchai en avant et posai mes deux mains sur mes genoux pour reprendre ma respiration.
- Putain Justin tu me fais quoi là ? Je t'ai dis de continuer à marcher quand t'es essoufflé !
Oh qu'il se la ferme un peu lui... Il commençait à ma gonfler !
Tout ce que j'avais envie pour l'instant c'était de retourner me coucher dans mon lit....
Je regrettai comme prévu d'avoir dit à Rachel de venir hier soir.
A cause d'elle, ou plutôt de ce qu'on à fait ensemble, je m'étais couché à plus de 2h du mat. Alors je vous dis pas à quel point j'avais la tête dans le cul quand mon réveil avait sonné ce matin à 7h.
- Bon allez c'est bon va te doucher et retourne dormir.
Je relevai la tête et fixai mon entraineur.
Ce dernier était en train de noter mon temps sur une feuille.
Je ne voyais pas son visage, la casquette à l'effigie de l'équipe de baseball de Saint-Louis qu'il portait sur sa tête était bien trop grande pour lui, et puis les rayons du soleil de la matinée m'éblouissait pas mal...
En tout cas il était impossible que Rangers ait dit ce que j'avais cru comprendre. Cet homme de cinquante ans préférait passer sa vie à tourmenter celles des autres (plus particulièrement celles de ses étudiants sportifs dont moi) au lieu de se marier et d'avoir de enfants.
- Vous avez dit quelque chose ?
- J'ai dit : Dégage de là !
Euh... Ok. Au moins c'était clair, net et précis.
Il avait peut être rencontrer quelqu'un après tout... Quelqu'un qui l'avait rendu aimable et compatissant à mon manque de sommeil...
- Je vais juste m'étirer un peu plus loin, l'informais-je , et après j'y vais... Comme vous me l'avez dit...
Je l'entendis à peine marmonner dans sa barbe, toujours concentré sur la feuille qu'il avait devant les yeux.
Je m'éloignai donc, quelques mètres plus loin pour m'étirer, et tandis que je jetai un coup d'oeil vers mes femmes, euh pardon, mes fans, assises sur les gradins, je me figeai net sur place en la voyant ELLE.
La cause de mon manque de sommeil.
La cause de ma rigidité de la veille, si vous voyez ce que je veux dire.
Bref, la cause de tous mes problèmes.
J'allais aller la voir, j'allais aller lui dire immédiatement que j'en avais marre qu'elle me casse les couilles et que je voulais ma balle (enfin celle de Kyle) sur le champs ! Sinon j'allais porter plainte pour vol ! ( En espérant qu'elle ne décide pas également de porter plainte pour coups et blessures...).
Bref, je m'engageai dans sa direction d'un pas rapide et assuré, mais au même moment j'aperçu ma très bonne amie de la veille courir dans ma direction.
- Hé Justin ! Cria-t-elle.
Sa poitrine rebondissait à chacun de ses pas et le petit shorty blanc qu'elle portait la moulait pile là ou il faut.
Puis les rebonds prirent fin lorsqu'elle s'arrêta devant moi.
- Ca te dit de manger avec moi ce midi ?
Je jetai un rapide coup d'oeil en direction des gradins. Jenny avait disparu. Merde !
Je soupirai, agacé.
- Rachel, je t'ai déjà dit que je ne recherchais rien de sérieux, toi et moi c'est que de la baise ok ?
Je m'en voulais légèrement d'être aussi direct mais avec les filles, c'était la seule façon de leur faire comprendre ce qu'on veut.
Un air légèrement déçu traversa son visage un instant, mais la seconde suivante, Rachel afficha un grand sourire et hocha la tête de haut en bas en signe d'approbation.
Tiens, ce mouvement elle l'avait très bien fait hier soir avec quelque chose dans la bouche....
- T'inquiètes pas j'ai très bien compris ce que tu désirais, et c'est justement ce que je te proposais ce midi... Je suis libre, alors si tu l'es aussi, tu peux venir chez moi... Je fais très bien les fraises à la crème chantilly...
Quelle coquine celle là !
Mais là j'avais vraiment besoin de dormir. La course m'avait littéralement épuisé.
- Ecoutes, j'ai des trucs à faire ce midi déjà... On peut remettre ça à ce soir ?
Elle soupira.
- Ce soir j'ai mes cours de soutiens, désolé. On se téléphone ?
Elle n'attendit pas ma réponse et tourna les talons.
Ok, je l'avais vraiment déçu là... Mais au pire je m'en foutais. C'était pas comme-ci je ne pouvais pas me trouver un autre plan cul d'ici ce soir.
Mais c'est vrai que Rachel c'était quand même la meilleure que ce soit en terme de physique ou d'expérience.
Bon tant pis, ma main droite avait pas mal d'expérience elle aussi.
Sinon, je me demandais bien ce que cette peste de Jenny venait faire ici....Et si...
Et si depuis le début elle s'amusait à garder cette maudite balle pour m'attirer a elle ?
Peut être même qu'en fait, elle savait très bien qui j'étais et qu'elle voulait que tout le monde pense que je m'intéresse a elle, une fille totalement ordinaire avec un look pourri, afin que plus tard, elle fasse tourner la rumeur selon laquelle elle m'aurait rejeté plusieurs fois.
Ou alors, peut être que c'était tout simplement une de mes fans psychopathes totalement obsédées par moi, et qu'elle se croyait actuellement dans un fantasme, attendant que je fasses tout mon possible pour récupérer cette balle....
J'éclatai de rire, alors que je me trouvais seul dehors comme un con.
Ok, cette fille me rendait complètement fou.
Et bah tu sais quoi Jenny, tu peux la garder cette balle par ce que je ne reviendrais plus jamais te la réclamer ! Espèce de cinglée !
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NA : J'espère que mon histoire vous plait toujours, bonne année à tous !
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