Chapitre 3 :
JENNY :
50 mètres.
" Jolie ".
Il avait dit qu'il me trouvait jolie ? Quel menteur !
100 mètres.
Si il m'avait vu sans ma prothèse au genoux jamais il n'aurait dit ça.
Ou peut être qu'il l'avait simplement dit pour me faire plaisir, par ce qu'il avait eu, comme tous les autres, pitié de mon handicap.
200 mètres.
Oui, tous ceux qui me voyaient boiter avaient pitié de moi.
A l'hôpital, durant la semaine qui a suivit mon amputation je n'ai pas cessé d'entendre derrière mon dos : " Oh la pauvre enfant...", "Regardez-là, amputer de la jambe droite à son âge.... Ce ne doit pas être facile pour elle..."
300 mètres.
Que ce soit les patients, les infirmières ou encore les médecins, tous me regardaient à chaque fois avec un regard remplis de tristesse et d'empathie, comme-ci j'étais mourante.
Pourtant physiquement j'allais très bien.
La médecine faisait des miracles aujourd'hui et bientôt je pourrais retrouver une vie presque normale. " Presque".
500 mètres.
Mais ce devait certainement être la prothèse qui attirait la pitié et les regards désolés des gens.
J'avais l'impression d'être une source de divertissement pour eux : " Regardez tous la fille qui s'est fait amputer de la jambe droite à 18 ans ! Oui c'est elle ! Jenny Menser ! "
Un frisson me parcouru à cette pensée.
800 mètres.
Moi tout ce que je souhaitais c'était qu'on me laisse tranquille et qu'on ne me calcule pas.
Je détestais la pitié.
Je détestais que les gens me pense faible et souffrante, par ce que c'était justement le cas !
900 mètres.
Les médecins m'avaient peut être réparé physiquement, mais à l'intérieur j'étais en milles morceaux.
J'étais brisé.
Mon avenir avait été détruit à la seconde ou l'on m'amputait la moitié de ma jambe droite.
La danse.
Je voulais être professeur de danse.
Je devais intégré le cursus de danse à l'université Washington de Saint-Louis, cursus à l'issue duquel on me délivrerait un certificat d'enseignement...
Mais ce n'était plus possible désormais.
La danse c'était fini pour moi.
J'étais brisé.
Plus jamais je ne pourrais danser.
1000 mètres.
- Hé vous là-bas !
Je m'arrêtai dans ma marche et repérai le gardien du campus universitaire qui s'avançait vers moi.
L'homme d'une quarantaine d'année m'inspecta de haut en bas à l'aide de sa lampe de poche.
- Vous vous baladez dehors à cette heure là ? S'étonna-t-il en baissant sa lampe.
- Pourquoi ? C'est interdit ?
Il secoua la tête.
- Euh non mais... Faites attention à 4h du matin, souvent certains jeunes rentrent de soirées étudiantes dans de mauvais états si vous voyez ce que je veux dire...Bien sûr je suis là pour surveiller mais le campus est grand alors...
J'hochai la tête.
- Merci de l'info.
Puis je repris ma marche jusqu'à ma résidence sans aucune malencontreuse rencontre.
Je n'avais pas le choix.
A cette heure là il y avait justement peu de chance pour que je croises du monde. C'était le timing parfait pour faire de la marche à pied sans que quiconque me remarque ou ne remarque ma jambe.
Mon médecin m'avait recommandé de faire un peu d'activité physique chaque jour afin d'entretenir mes muscles et de m'habituer à ma prothèse également, même si ce n'était pas ma prothèse finale.
Apparement le volume de mon moignon n'était pas encore fixe et j'allais devoir retourner plusieurs fois chez mon prothésiste durant l'année afin qu'il réadapte mon appareillage.
D'ailleurs, selon mon médecin, bientôt je ne devrais quasiment plus boité. Mais au final, que je boite ou pas, ma prothèse serait bien là sous mes pantalons.
Plus jamais je ne pourrais mettre de short, de jupe, de petite robe comme j'avais l'habitude de le faire autrefois...
Ma féminité et ma confiance en moi s'était affaissée en même temps que ma jambe.
Je rentrais dans mon appartement et m'assis aussitôt sur mon lit pour retirer ma prothèse.
Je fixai mon membre amputé avec dégout.
Quel garçon pourrait bien me trouver jolie comme ça ?
J'étais repoussante.
******************************************
Justin
J'attrapai la dernière part de pizza avant que Kyle ne mette sa main dessus le premier.
- Putain ! Râla-t-il.
- Mec, je te rappel que déjà à la base cette pizza ne t'était pas destiné. Tu devrais t'estimé heureux d'avoir pu en manger.
- Et moi je te rappel que t'as toujours pas récupéré ma balle.
Il tendit sa main dans ma direction.
Je regardai ma part de pizza, puis la main de Kyle, puis la pizza, puis la main de...
Ok.
Je lui donnai la dernière part et quittai le canapé.
De toute façon c'était mauvais pour mon régime alimentaire de sportif.
- Tu vas ou ? On a pas fini l'épisode !
- Me coucher, je suis crevé et puis j'ai entraînement tôt demain matin.
Je n'entendis pas sa réponse. Il devait être trop occupé à savourer MA part de pizza.
Je montai à l'étage et ouvris la dernière porte au fond du couloir.
J'avais la plus grande chambre de la maison. Enfin, c'était plutôt une villa car bien qu'elle ne comporte que deux étages, elle était suffisamment grande pour que 15 gars de notre fraternité y habitent.
Le rez-de-chaussée était composé d'une cuisine ouverte sur un immense salon avec trois canapé, un écran plat, chaine hifi et un grand bar (indispensable pour les soirées). A l'étage se trouvait les chambres et 3 salles de bains pour 15. Je vous avoues qu'au début j'étais sûr que ça allait être la merde pour se doucher ou aller chier, mais en fait pas du tout.
Déjà par ce que la plupart du temps je prenais ma douche au club d'athlé après mes entrainements, et ensuite par ce qu'il n'y avait pratiquement jamais personne a la maison les jours de repos.
J'entends par jour de repos, les jours ou l'on ne fait pas de soirées. Car évidement quand y a pas de fêtes chez nous, ben y en a chez dans les autres fraternités, du coup tous mes potes se barrent là-bas.
Par exemple ce soir, alors qu'il est plus de 22h30, et à l'exception de Kyle qui me suit un peu de partout comme un chien (et aussi par ce qu'il attendait que je lui ramène sa balle, comme un chien je disais), mes 13 autres potes se trouvent actuellement dans une soirée étudiante organisée par une autre fraternité... Sympa la solidarité entre frères hein ?
En tout cas en tant que président de ma fraternité, je comptais bien leur faire passer un mauvais quart d'heure demain matin afin de leur apprendre ce qu'était la fidélité et la loyauté au sein d'une fraternité.
Et ce mauvais quart d'heure commencerait très certainement par leur renverser un sceau d'eau bien glacé dans la gueule !
On avait déjà tout préparé avec Kyle tout à l'heure, alors qu'on mangeait MA pizza.
Bon pour être plus correct la pizza devait être pour Jenny à la base mais bon... Elle n'en avait pas voulu. D'ailleurs quel être humain était capable de refuser une belle pizza 4 fromages encore toute chaude et moelleuse à souhait ? Cette fille n'était vraiment pas normale !
Je retirai rapidement mon tee-shirt gris foncé et mon jean, puis me glissai sous les draps en caleçon.
Ah merde, je ne m'étais pas lavé les dents.
Fait chier.
Je me relevai et allai rapidement dans la salle de bain.
Durant mon brossage de dents, et comme à chaque fois que je me trouvais dans la salle de bain, j'admirais plusieurs fois mes pectoraux et mes biceps dans le miroir.
J'étais fier de mon corps, ou plutôt des efforts acharnés que j'avais fait pour l'avoir.
Faut dire que quand à 17 ans on fait seulement 52 kilos pour 1mètre 70, ça craint vachement pour un mec.
Au lycée vous ne pouvez pas imaginer le nombre de moqueries que je m'étais pris dans la gueule.
Tous mes " potes " m'appelaient la baguette. Certains même me prenait pour un anorexique.
Pourtant je vous jures que j'avais beau manger pour 4, je ne prenais jamais un gramme de plus. Une fois je m'étais même lancé le défi de manger durant toute une semaine des burgers bien gras et au final après 7 jours tout ce que j'avais réussi a avoir c'était une bonne gastro.
Du coup un jour j'en ai eu tellement marre que je suis aller m'inscrire dans une salle de sport et voilà...
Après des années d'entrainement sans jamais rien lâcher, mes efforts ont porté ses fruits. J'ai encore prit quelques centimètres vu qu'aujourd'hui je fais pratiquement 1mètres 80 , mais j'ai aussi prit énormément en masse musculaire puisque je fais également 68kg.
Alors les copains, elle est passée ou la baguette hein ?
Donc ouais, c'est vrai que je me la pètes vachement quelques fois, mais avec l'adolescence de merde que j'ai vécu je pense que j'ai bien le droit de me vanter du corps que je me suis construit non ?
Je me rinçai la bouche et repartis dans ma chambre, non sans manquer de me fouler la cheville en trébuchant sur une chaussette sale d'un de mes colocs.
Vu la couleur noir de la chaussette qui devait en fait être blanche de base, je pouvais presque parier qu'elle appartenait à Tyler.
Tyler, c'est le gros porc de la fraternité lui.
Il fait jamais le ménage, nettoie jamais ses affaires, et se douche pas très souvent non plus (encore un avantage pour les douches).
Mais Tyler est également celui qui ramènes les bières et autres alcools a chaque soirée grâce à son père qui est caviste. Même si les boissons ne sont pas gratuites, son père accepte de nous faire des réducs en échange de la pub qu'on lui fait en collant sur chacune des bières qu'il nous fournit des étiquettes sur lesquelles figurent le nom de sa cave à vin.
Donc, même si Tyler dégrade un peu l'image des Alpha Delta Phi, faut dire qu'avoir un gars comme ça dans notre fraternité c'est le top quand même !
Bref, en tout cas heureusement que je ne m'étais pas fait une entorse par ce que sinon j'étais mal pour courir demain matin !
Mais peut être que si je m'étais mis à boiter moi aussi, j'aurais pu l'approcher !
Dire que j'avais l'habitude d'avoir à peu près tout ce que je désirais, cette fille était bien la première à me mettre autant de bâtons dans les roues !
Sacré Jenny.
Je m'allongeai dans mon lit et réfléchit un instant.
Il fallait que je trouve un terrain d'entente.
Mais qu'est ce qu'une fille comme elle pourrait bien vouloir en échange d'une balle ? Putain c'était qu'une stupide et fichu balle dont je m'en tapais complètement (contrairement à Kyle), mais j'étais sûr qu'elle aussi elle s'en tapait.
Ou peut être que non.
Peut être qu'elle adorait le baseball et qu'elle n'avait aucune intention de me rendre cette balle depuis le début car elle voulait la garder !
Je soupirai puis eut brusquement une idée.
J'attrapai mon portable posé sur ma table de chevet, et lançai l'application Facebook.
13 notifications, 13 demande d'ajouts, 8 messages et tout ça en 1h.
La popularité c 'était chiant des fois, j'avais l'impression de me faire harceler.
" Jenny Menser ", écrivis-je dans la barre de recherche.
Ce n'était pas la première personne vu qu'il s'agissait d'une vieille de soixante piges.
La deuxième ? Oh purée la vache !
Je cliquai sur la page et agrandis la photo de profil.
Elle n'était pas si grande que ça, mais elle avait de longues et belles jambes dénudées grâce à la combi-short couleur pèche qu'elle portait.
Ses longs cheveux bruns recouvraient ses épaules et lui arrivaient jusqu'à la poitrine. Elle n'en avait pas beaucoup d'ailleurs, tout comme ses formes, mais l'élégance et la finesse qui se dégageait d'elle faisait une bonne partie de son charme.
L'autre partie était dû à son sourire, un beau et grand sourire dévoilant toutes ses dents blanches et bien sûr, à ses yeux bleu envoûtants.
Elle avait l'air vraiment heureuse sur cette photo, photo qui d'ailleurs avait été prise devant un lac ou une rivière. Aucune idée. Et derrière le fleuve (comme ça on les aura tous fait) se dressait au loin des collines d'herbes vertes.
En tout cas Jenny devait être au top de sa vie car elle se tenait debout, devant cette étendue d'eau, les deux bras en l'air comme-ci être là était super génial.
Mais j'avoue que le cadre était beau. Ca me donnait presque envie d'être là bas avec elle.
Je fis défiler la photo suivante.
Elle était désormais avec des amis, dans une soirée je suppose car elle tenait un verre à la main et ses joues étaient bien rosies !
Cela me fit sourire.
Elle avait l'air marrante quand elle était bourrée.
Dommage qu'à chaque fois que je la croisais elle me tirait la gueule.
La photo d'après me surpris.
Elle semblait avoir été prise dans une salle de danse.
Jenny portait un juste au corps noir ultra moulant. Elle était vachement sexy avec ça !
Suffisamment pour que mon ami Popaul veuille sortir de sa cachette et lui faire pleins de trucs pas très catholique.
Oh non !
Je quittai rapidement son profil et jetai mon portable à l'autre bout du lit.
Purée mais il m'arrivait quoi là... Cela faisait déjà deux fois que je commençais à fantasmer sur cette meuf !
Une meuf que je connaissais depuis moins d'un jour, qui avait l'air d'un ennui total, qui s'amusait à me casser les couilles à cause d'une balle qu'elle ne voulait pas me rendre et en plus de tout ça elle n'était même pas canon !
Enfin si sur ses photos Facebook elle l'était vachement, surtout sur celle ou...
AAAAAA
Je frissonnai et chassai ses pensées de ma tête.
" Calme toi Justin, calme toi..."
Ok, fallait vraiment que j'arrête de penser à elle là.
Flemmard que j'étais (et aussi par ce que j'étais trop bien calé dans mon lit) je réussis à faire venir à moi mon portable à l'aide de mes pieds (cela m'avait demandé beaucoup d'entrainement mais maintenant j'étais un pro).
J'ouvris mes contact et appelai Rachel.
Elle me répondit avant même que la première sonnerie ne retentisse.
- Allooooo ? Fit-elle de sa petite voix de pouffe bien aiguë.
Mais en vrai j'adorais ça chez elle.
- T'es dispo là ? J'ai besoin de toi.
Je l'entendis glousser.
- Bien sur, pour toi je suis toujours dispo Justin.
- Ok fait vite bébé, ça urge.
Et je raccrochai.
Ouais, là fallait vraiment que j'oublie Jenny. Tout de suite.
Tant pis pour l'entrainement de demain... J'allais le regretter.
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NA : Que pensez-vous de l'histoire pour l'instant ? Sinon le lien avec les tomes précédents sera révélé dans le prochain chapitre normalement :)
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