PDV Newt

      Alors que je regardais Thomas, abasourdi, Marine s'est élancée. Je me suis avancé pour la retenir, mais trop tard.

- Marine !! je hurle.

    Mais elle continue sa course effrénée, sans se retourner une seule seconde. Alors que j'allais m'élancer à mon tour, Thomas me retient par le bras.

- Lâche moi ! Laisse moi y aller !

- Non Newt ! Calme toi !

    Je me débats, mais il finit par bloquer mes bras et à m'obliger à le regarder.

- Arrête ! Ça ne sert à rien d'aller se jeter dans la gueule du loup ! Réfléchis un peu !

Excuse moi d'être amoureux !

- Et bien quoi ? Je vais la regarder se faire embarquer, inconsciente ?

- Non. Viens avec moi.

Et il tourne les talons, m'incitant à le suivre. Putain, il est sérieux là ?! Marine est peut être morte, et le mec veut se faire une balade, tranquille...

- Newt ! Bouges ton cul !

Je soupire bruyamment tout en ronchonnant. Si c'était pas Thomas, je lui aurais déjà cassé la gueule pour 1) m'empêcher d'aller aider Marine, 2) la voir mourir devant moi parce que monsieur veut faire autre chose et 3) pour me parler comme il me parle en ce moment-même. Mais je suis calme... Bouddhiste suprême !

     Je rejoins donc Thomas en courant. Il est accroupi derrière un buisson, à côté de Minho, Fry, Alex et deux autres blocards. Il me fait de grands signes, me pressant encore plus.

     Je m'accroupis à côté de lui, derrière le buisson au bord de la falaise qui domine le camp du Bras Droit.

- Et... Vous vous êtes crus dans un ciné ou quoi là ? je m'énerve.

- Mais non, espèce d'abruti ! soupire Thomas en levant les yeux au ciel.

- Bah alors vous faites quoi ?

- On admire la vue, ça se voit pas ? ironise Minho.

Bouddhisme, bouddhisme Newt... AHUUUUUUUUUMMMM !

- Minho ?

- Oui ?

- Si WICKED n'avait pas débarqué, je t'aurais tapé. Mais vu qu'on va avoir besoin d'être soudés, je vais pas le faire.

- Bonne décision ! J'ai pas envie d'avoir le visage marqué !

Je serre les poings et lève les yeux au ciel, exaspéré. Mais je remarque que mes amis me regardent bizarrement.

- Quoi ? je demande sèchement, énervé.

- Tu l'aimes vraiment mec, répond Fry en me regardant avec de gros yeux.

- Pourquoi...

- Tu nous a jamais parlé comme ça, me coupe Minho. Et tu es toujours resté calme, en toutes circonstances.

Mais pas aujourd'hui... Ils ont raison. Si je suis irritable à ce point, c'est tout simplement parce que j'ai peur. Peur de la perdre. Alors que je l'aime plus que ma propre vie.

- T'inquiète pas Newt, dit Thomas en posant une main sur mon épaule et en me fixant avec gentillesse. On reste pas là pour le spectacle. On attend juste le bon moment pour aller les aider.

- Et ce sera quand, le bon moment ? demande Alex, devançant ainsi ma question. Parce que, c'est pas que, mais moi aussi je m'inquiète pour Marine...

- Je sais. Et moi, pour Brenda, soupire Thomas en regardant en bas la tente qui a brulé.

C'est à ce moment que je me rends compte que Thomas doit être aussi inquiet et apeuré que moi. Parce que si on tarde trop à agir, ce n'est pas juste sa sœur qu'il perdra. Non, c'est aussi une fille qu'il aime. Une fille à qui il n'aura pas eu le temps de lui dire qu'il l'aimait.

- On va pouvoir y aller. Tiens Newt, hors de question que tu ailles en bas sans arme.

Sur ces mots, Minho me donne une machette, que je met dans ma ceinture. Après l'avoir remercié d'un geste de la tête, je baisse mon regard vers le pied des montagnes. C'est l'agitation totale. Le Bras Droit, au début surpris par l'attaque, a vite réagit, et se bat maintenant férocement contre WICKED. Des helicos continuent à tourner autour du camp, le bombardant.

- Vous êtes prêts ? demande Thomas en haussant la voix pour bien se faire entendre malgré les explosions. À mon signal...

Je me redresse, plus motivé que jamais, priant pour que ma jambe ne fasse pas des siennes, et pour que Marine soit en vie...

- Allez !

    Je m'élance aussitôt avec mes amis. On dévale la pente, en faisant attention de ne pas trop attirer l'attention, car si un hélico nous lance une bombe, on est foutus. On se disperse donc sur les flancs de la montagne. Je mets plus de temps à descendre, à cause de ma jambe, qui tire lorsque je glisse.

     Lorsque j'arrive enfin en bas, c'est le chaos total. Tout le monde court dans tous les sens, cherchant un abri, tandis que WICKED avance, tirant sur tout le monde. Je suis choqué par cette scène, qui me révolte. Nous sommes comme des proies, pris au piège, et apeurés.

Une balle électrique sifflant au creux de mon oreille me ramène à la réalité, et je m'écarte d'un bond. Je me retourne, levant mon arme, et je tire sur le gars de WICKED qui a tenté de me viser. Il s'écroule au sol en hurlant. Je me retourne, et vise d'autres hommes. Certains tombent, morts, tandis que d'autres réussissent à se mettre en sûreté, là où je ne pourrais pas les toucher.

Soudain, j'entends un sifflement à ma gauche et tourne la tête. Plusieurs mètres plus loin, Alex me fait de grands signes, caché derrière une voiture. Je cours vers lui, en tirant sur quelques hommes de WICKED qui viennent me barrer la route. Lorsque j'arrive à côté d'Alex, je m'assois à côté de lui, essoufflé.

- Elle est vivante ! s'écrie-t-il, alors que je viens tout juste de m'assoir.

- Quoi ? De qui tu parles ?

- Marine ! Regarde !

Bien sûr que je savais de qui il parlait. Mais je ne voulais pas le penser tant que je n'étais pas sûre que c'était bien d'elle qu'il parlait, au cas où il serait arrivé malheur à ma copine, pour éviter de me faire de faux espoirs. Mais lorsqu'il l'a dit, je n'ai pu m'empêcher de soupirer de soulagement.

Et lorsque j'ai tourné la tête pour regarder où Alex pointait du doigt, j'ai cru que mon cœur allait sortir de ma poitrine tellement j'étais heureux et soulagé.

En effet, plusieurs mètres plus loin, devant la tente, se relevait Marine, saine et sauve.

***

PDV Marine

     J'ouvre doucement les yeux. Au début, je vois flou. Complètement flou. Mais ma vue devient petit à petit de plus en plus nette, et ma tête me tourne de moins en moins. Je m'appuie sur mes coudes et relève la tête. J'entends quelques bruits, indistincts pour le moment. Suis-je devenue sourde ?

Je peux maintenant distinguer des formes devant moi. Lorsque ma vue devient nette, je comprends qu'il s'agit de personnes. Ceux du Bras Droit, et ceux de WICKED. Et lorsque je retrouve mon ouïe, le bruit des explosions me vrille les tympans. Les balles sifflent au dessus de ma tête, et une bombe explose plusieurs mètres plus loin.

    Je me relève donc aussi vite que je le peux, et je me met à courir, allant me cacher derrière un rocher, un peu à l'écart. Mon cœur bat à la chamade. Calme Marine. Respire. Une fois calmée, je pose la main sur ma veste, une idée soudain en tête. Je souris en sentant la bombe encore présente dans ma veste. J'ai peut être une chance de survivre en fait !

Je sors la bombe de ma poche et, après avoir inspiré un grand coup, m'élance au centre du camp, là où il y a le plus de monde. Oui, je suis suicidaire, et alors !

      Une fois à l'endroit où je voulais, c'est à dire bien au milieu, là où je risque le plus de me prendre une balle dans la tête, je m'accroupis en regardant à gauche et à droite.

- Ça va le faire, ça va le faire, je souffle.

    Je regarde la bombe, dans ma main. Je tremble, si bien qu'elle manque de tomber. Faut que je me calme, elle va pas me péter à la gueule !

    Je me prépare à me lever et pose mon doigt sur le bouton, le bras tendu. Ouais parce que bon, je tiens à ma vie quand même, donc faut que je me prépare à courir !

Alors que j'allais enfin appuyer, un cri de guerre se fait entendre. Je relève la tête pour voir un homme armé me foncer dessus. Je soupire. Bande de casse couilles !

- Pourquoi il faut toujours que vous compliquiez tout ? je grommelle.

     Je me lève d'un bond, et lui assène un coup bien placé lorsqu'il est à ma hauteur. Tiens, ça te remettra les idées en place !

     J'ai juste le temps de me retourner pour voir ses potes rappliquer et me foncer dessus avec leurs armes. L'un d'eux tire, et je me baisse, échappant de justesse aux balles. Il n'a pas le temps de recharger que je lui tire dessus. Je fais pareil avec les autres et me retourne. C'est bon, plus de casse couille en vue ! (Si on réfléchit bien, c'est moi qui leur casse leurs parties, mais bon...)

    Je ramasse la bombe, qui était tombée, l'enclenche, fais demi-tour et cours.

     Pourquoi j'ai choisi de placer la bombe ici ? Déjà, parce que c'est là qu'il y a le plus de monde, et ensuite parce que la zone est entourée de bidons d'essence. En gros, ça va faire deux fois plus de dégâts.

       Je cherche du regard un coin où m'abriter, affolée. J'entends alors quelqu'un m'appeler, et je tourne la tête pour voir Newt derrière une voiture, quelques mètres plus loin. Je fonce pour venir le rejoindre, et une fois derrière la voiture, je m'assis et protège ma tête (même si ça sert pas à grand chose vu que je suis derrière la voiture). J'entends la bombe exploser, et je relève donc la tête. Je n'ai même pas le temps de reprendre mon souffle que Newt pose violemment ses lèvres sur les miennes. Je lui rend son baiser en le prolongeant.

      Il finit par le rompre, alors que je suis complètement essoufflée.

- Me refais plus jamais ça !

- T'inquiète, c'est pas dans mes intentions de me faire exploser.

     Il rit doucement. Je me rends soudain compte qu'il manque quelque chose... Merde, le sac ! Je passe ma tête sur le côté de la voiture, et je le vois, en plein milieu du "champ de bataille". Je grimace. Super, je vais devoir y retourner !

     Je me tourne vers Newt et lui tends mon arme. Il me lance un regard interrogateur. Il ne va pas aimer la suite...

- Couvre-moi, je lui souffle.

     Il fronce les sourcils et ouvre la bouche, mais trop tard, je m'élance. Il va me maudire... Surtout que c'est la deuxième fois que je lui fais le coup, avec la même phrase ! Je vais le rendre chèvre...

      Je me concentre sur mon but. Je cours aussi vite que je peux et esquive plein de gens qui se poussent, se mettant en travers de mon chemin. Ils me feront chier jusqu'au bout faut croire !

Je me rapproche de plus en plus du sac (normal je cours vers lui...) et une fois qu'il est juste à mes pieds, je me penche et l'attrape.

      Je soupire de soulagement. Il est enfin sur mon dos ! Maintenant, je dois faire en sorte qu'il y reste, et ça, c'est plus compliqué...

Je regarde rapidement autour de moi. Tout le monde se bat férocement, personne ne lâche rien.

Je me remet à courir vers le côté, pour me mettre à l'abri. Mais ça aurait été trop demander de passer tranquillement, sans encombre... Un gars de WICKED me tire dessus. Je me baisse juste à temps, évitant les balles, qui atterrissent sur un autre gars de WICKED. Il tombe d'une manière très drôle à cause de l'électricité contenue dans les balles. Je ne peux m'empêcher de ricaner.

- Bande de braisés ! je me moque en leur faisant un bras d'honneur.

Le gars qui m'a tiré dessus me regarde, choqué. J'en profite pour ramasser une pierre à mes pieds et la lui balancer en pleine poire. Il s'écroule, assommé. Babouin !

Je relève la tête. Deux autres babouins me foncent dessus (je vais les appeler comme ça maintenant, c'est mieux que "les types de WICKED"). Le premier tire, mais j'esquive habilement la balle. En revanche, lorsque le deuxième tire, je l'évite de peu. Il a l'air plus doué lui ! Je souris.

- On va enfin pouvoir s'amuser ! je m'exclame en me frottant les mains de satisfaction.

Ils rechargent leurs armes pour me tirer de nouveau dessus. Alors que je m'apprêtais à esquiver leurs coups, ils s'écroulent brutalement au sol. Je plisse les yeux et vois une tâche de sang apparaître sur leur torse. Ils se sont pris une balle ! Je tourne la tête et vois Newt, les sourcils froncés, toujours derrière sa voiture. Je souris. Il me couvre bien !

Alors que je le regardais, il m'a regardée et a pointé son arme sur moi. Euh... WHAT ????

***

Je m'arrête de respirer. Il fait quoi là au juste ? Je le vois se concentrer, et tirer. Choquée, je ne bouge pas d'un poil. Alors que je fermais les yeux, m'attendant au choc, la balle frôle mon oreille pour aller se ficher dans un babouin, juste derrière moi. Il tombe dans plusieurs soubresauts. Je regarde de nouveau Newt, la bouche grande ouverte. Il me sourit. Euh, ok. Le mec sourit, tranquille, comme si de rien n'était, alors que j'ai failli faire une crise cardiaque...

Je sors bientôt de ma transe et regarde autour de moi. Les babouins m'encerclent et se rapprochent doucement de moi. Bon, y'a plus d'échappatoire là...

Vaincue, je ne bouge pas. Ça ne sert à rien de se battre, ils sont trop nombreux. Je me répète cette phrase en boucle. J'ai envie de me battre putain !

Soudain, je ne pense qu'à une chose.
Le sac ! (NDA : ouais, elle pense à son sac plutôt qu'à son copain, je sais, ça craint ! Mais lisez la suite avant de vous moquer) Oui enfin... Plutôt ce qu'il y a dedans ! Soit la pierre.

J'enlève le sac de mon dos, et le jette à Minho, dans la benne d'un pick-up, quelques mètres plus loin. Il l'attrape au vol et me lance un regard anxieux.

Je reporte mon attention sur le groupe de babouins. Ils se sont rapprochés, mais ne me tirent toujours pas dessus. Bizarre...

Je recule doucement et m'arrête, me rappelant que de toute façon, ça ne sert à rien vu que je suis ENCERCLÉE.

Alors que l'un d'eux levait lentement son arme vers moi, prêt à me tirer dessus, victorieux, Newt sorti de derrière la voiture et vint vers moi en marchant vite. Il me lance une arme, que j'attrape au vol, et vient se placer dans mon dos.

- Défends toi ! me dit-il en collant son arme à sa joue et en commençant à tirer.

     Je secoue la tête et ferme la bouche, sortant de mon état choqué. Je colle l'arme à ma joue et tire sur le tas de babouins. Au lieu de riposter, ces idiots ne pensent qu'à se protéger avec des sortes de boucliers en verre. Je recharge, je tire, l'un d'eux s'écroule... Et je répète l'opération. Sauf que, au bout d'un moment, je n'ai plus de munitions...

- Merde, merde, merde !

     Newt continue à tirer, mais lorsqu'il recharge... Il n'y a plus rien non plus.

- Et merde ! jure-t-il.

     Ah bah oui. Merde ! Je lâche l'arme, et il fait de même. Les babouins s'avancent alors, méfiants. Puis lorsqu'ils se rendent compte que ce n'est pas un piège, ils se jettent sur nous, nous empoignent par les bras, et nous obligent à nous mettre à genoux, côte à côte.

- On est mal, je souffle.