
Chapitre XVIII
May Lee.
Assise au milieu de l'entrepôt, je m'étonnais à attendre avec impatience la venue de Taehyung.
Une heure passa, et je m'y fis à l'idée.
Il ne viendra pas.
Il s'est défilé.
Honnêtement, ça ne me fait ni chaud ni froid, je suis juste indifférente.
Je pris mon sac en le traînant au sol, les yeux dans le vide.
Je m'habillais pour aller au boulot, et me dis qu'au moins cet inconnu me changera les idées.
Et comme d'habitude, je le vis, assit sur cette même haute chaise. J'adorais le voir ainsi, attendant ma venue, comme s'il représentait une promesse d'instants magiques.
Naturellement, un sourire orna mes lèvres et je me dirigeais vers lui.
Je tirais le siège tandis qu'il me fixait en souriant. Il attendit que je finisse de m'installer pour s'adresser à moi:
_Aujourd'hui encore, vous êtes ravissante, dit-il en replaçant une mèche derrière mon oreille.
_Oho, monsieur est connaisseur. Quand l'ai-je le plus été?
_Hmm, eh bien,vous êtes toujours ravissante seulement, à chaque fois d'une façon diférente, réfléchit-il en essayant d'exprimer ses pensées avec les mots justes.
Le voir ainsi réchauffa agréablement mes joues.
_Racontez-moi votre journée, demandais-je.
_Aujourd'hui aurait pu être un jour meilleur, mais il n'en fût pas, et mes décisions en sont la cause. Aujourd'hui, tel un patriote surpris en pleine mutinerie, j'ai lâchement fui une situation. Qu'en est-il de vous?
_Aujourd'hui, j'ai dû attendre pour une personne qui n'était pas vouée à venir. Je mentirais si je disais que cela m'atteignait. Voyez-vous j'ai tellement été déçue dans la vie, que je ne lui en tiens pas rigueur.
Le silence trop longtemps maintenu par mon interlocuteur me fit tourner la tête vers lui. Il avait les yeux dans le vide, fixant un point imaginaire.
_Vous devriez, pourtant.
_Pourquoi donc?
_Tient-il à vous?
_De ce qu'il m'a dit, oui.
_Eh bien, vous devez lui en vouloir. Détestez-le. S'il tient vraiment à vous, il se devait d'être présent. Peut être lui comme moi, s'est enfui. Peut être a-t-il peur.
_Peur de quoi?
Il me regarda longuement, ancrant son regard dans les miens.
_Peur de la profondeur de ce qu'il ressent pour vous. Peut être qu'il a peur de vous détruire.
_Il ne peut pas briser ce qui l'a déjà été.
Il fut un instant hésitant, puis me demanda:
_Pourrais-je avoir le droit de me montrer affronté et vous demander qui est-ce qui vous a brisé?
_Commandez-moi un alcool fort, et vous pourrez vous immiscer dans les limbes de mon passé.
_Monsieur, vous avez entendu. Du vin de Leroy Musigny, le plus vieux s'il vous plaît.
_Bien.
_J'ai dit un alcool fort, pas cher. Vous m'embarassez.
_Même si cela me fait plaisir?
Je ne dis rien, me contentant de voir le liquide pourpre remplir le verre en cristal.
_Disons... Que c'était la première personne en qui j'éprouvais de l'amour pur et simple. Et la véracité de mes sentiments se voyaient dans le fait que je ne lui en voulais pas, même s'il me rendait triste, je lui trouvais volontiers des excuses. Parfois, il m'arrive de penser à lui, et parfois je me demande pourquoi je perds mon temps. Et le jour ou il a arrêté de me souhaiter "bonne nuit", j'ai su que je l'avais perdu. Ses "je t'aime" devenaient comme cette phrase qui résonne dans mon cerveau, comme un écho et qui ne devenait que plus ridicule à chaque répétition.
Elle bu une longue traite du vin rouge, lui picotant la gorge. Il était assez fort, la rendant étourdie pendant un instant. Elle poursuivit:
_Oui, je l'aimais. Je ne l'aimais pas assez pour vivre avec lui, juste assez pour ruiner sa vie. Mais c'était déjà beaucoup. Nous sommes bloqués dans une génération ou "l'amour" n'est plus qu'une citation, et ou le mensonge est la nouvelle réalité. Il était intéressant mais malhonnête, me trompant sous mes yeux sans vergogne, car il savait très bien que je ferait l'aveugle. Et puis un jour, je ne savais plus quoi ressentir. Je ne l'ignorais pas, je voulais voir s'il allait faire des efforts.
Je bus et ris:
_Que Neni! Sa fierté en a prit un sacré coup, et il conclut que la violence était la solution. Si une personne est capable de prendre une décision en sachant que cela blesserai l'autre, ce n'est plus de l'amour. C'est là, que j'ai su, qu'une fois pour toutes, je devais m'enfuir de ce dépotoir d'idiotes trivialités. Il m'a perdu, et je suis navrée pour sa perte. Maintenant je sais, que lorsque je pense à lui, c'est juste un sentiment qui me manque. Naïvement, j'ai donné à quelqu'un qui ne savait que prendre.
Je le regardais furtivement, son regard était sombre et morose, puis il dit, d'un ton assez froid:
_Vous aviez écrit un livre plein de gloire mais deux pages ruinèrent votre vie. Parfois, on attend beaucoup d'une personne parce que nous aurions fait autant pour eux. Vous avez perdu quelqu'un qui n'en avait que faire, par contre, lui a perdu quelqu'un qui en avait quelque chose à faire. Je pense qu'il a fait une erreur et je pense qu'il le sait. La bonne personne ne fuira pas, ne vous blessera pas, et ne vous décevra pas, vous devez juste regarder autour de vous.
Une larme dévala ma joue.
_Pourquoi les gens mentent-ils?
Il tendit sa paume vers mon visage et essuya ma joue humide, en regardant vers le bas.
_Généralement pour obtenir quelque chose. Ils ont peur que la vérité ne l'accepte pas. C'est les personnes qui rendent la vie plus difficile. Le plus triste les gens sont, le plus faux ils deviennent, parce que la joie falsifiée reste la plus douloureuse des mélancolies.
_Et me revoici, prenant un chemin similaire que le précédant. Peut être est-ce le même collet qui m'y attend, de nouveau, représentant de mon erreur. J'aimerais m'y aventurer juste assez pour voir qui sera le dernier à délivrer son adieu.
_Ces deux hommes se ressemblent donc?
_Absolument pas.
_Eh bien le chemin est totalement différent. N'ayez pas peur, et poursuivez votre chemin sans crainte.
_Vous avez l'air confiant, dis-je en reniflant, me resservant.
_J'ai plutôt foi en vous.
_La suite attendra une autre entrevue, le sujet me perturbant comme vous le pouvez voir.
Il ne répondit pas.
Je me retournais pour le voir, à quelques centimètres de mon visage.
Abasourdie, je le regardais en train de subtilement se mordiller la lèvre inférieur tout en fixant mes prunelles, c'est dire qu'il est assez proche pour que je puisse apercevoir mon visage confus dans ses yeux.
Sa respiration tiède s'échouait sur mes lèvres.
_J'aimerais vraiment être grossier, lâcher les pires injures et aller le tuer, seulement ce serait contraire aux règles et je ne veux offusquer vos oreilles délicates.
'Hah, s'il savait...'
_Ne seriez-vous pas... Un peu trop proche? Balbutiais-je perdant étonnement mes moyens, son parfum enivrant me parvenant.
_Vous rendrais-je nerveuse? C'est une bonne chose, signe que vous commencez à oublier ce fils de pu- cette raclure.
Je voulus me reculer, ne pouvant supporter cette distance qui affolait de façon inquiétante mon rythme cardiaque, seulement sa large et chaude main vint s'emparer de ma nuque dénudée, tandis que l'autre agrippa ma hanche. Ses lèvres viennent se poser sur les miennes avec une douceur étonnante, les mouvants à un rythme lent. Mon esprit divagua quelques instants, me rappelant de l'autre crétin lorsqu'il m'avait embrassé, le touché était presque similaire.
Et puis je me repris soudainement, le repoussant gentiment des épaules, le faisant sourire.
_D-Désolée.
_Non, c'est à moi de m'excuser, ce n'est pas très courtois, bien que je ne regrette pas vraiment mon geste, ricana-t-il malicieusement. Je vois que vous avez l'esprit occupé par un autre, n'est-ce pas.
Je ne répondit pas, mais qui ne répond, consent.
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