
Chapitre XIII
Omniscient.
Ils sortirent du laboratoire, tout en s'étirant.
_J'ai trop envie d'un café. Paye moi donc un café.
_Pourquoi devrais-je te payer un café? Demanda Taehyung, surpris.
_Faut-il une raison, pour payer un café à May Lee? Lui répondit-elle, tout aussi étonnée par le manque de perspicacité de ce jeune homme impertinent.
_Il faudrait même une lettre de motivation! s'écria-t-il.
Contre toute attente, elle rit, sous les yeux écarquillés de Taehyung.
_Elle était pas mal, celle-là, t'as un bon humour, dit-elle, encore secouée par de légers spasmes de rires.
Elle ne s'en rendit pas compte, mais les joues de Taehyung s'étaient colorées pendant une fraction de seconde.
_Aller viens, dit-il en lui prenant le poignet, l'entrainant au café en face de l'université.
Malgré le froid, ils s'installèrent dans les moelleux fauteuils camelle à l'extérieur, admirant les étendues de vert devant eux.
Ils commandèrent un thé noir pour Taehyung et comme d'habitude, un café noir pour May.
Ils restèrent silencieux, dans une atmosphère agréable, une brise glacée annonçant les premières neiges faisant doucement virevolter les sombres cheveux des deux seuls clients.
Taehyung sortit un paquet de cigarettes, et en passa une à May.
Il alluma la sienne, la mis en bouche, et à peine voulait-il tendre le briquet à la jeune femme, qu'il trouva celle-ci penchée sur lui.
Sans aucune réaction spéciale, il la regarda s'approcher, de sorte à ce que la cigarette de Taehyung brûle l'extrémité de celle de May.
Puis, elle retira sa cigarette de sa bouche ainsi que celle du brun, et souffla la fumée sur ses lèvres.
Satisfaite, elle lui rendit sa cigarette puis retourna à sa place, sirotant son café noir brûlant, comme si de rien n'était.
Lui aussi se mit à boire son thé en petites gorgées, et demanda sur le ton de conversation:
_Séduction? Provocation? Qu'est-ce que je dois penser de cet assaut particulier? Comment dois-je le prendre?
Elle ricana:
_Prend-le donc comme tu le sens, car de toutes les suppositions que tu peux émettre, seront justes.
Il lui lança un regard amusé, gardant le silence.
Elle bu de nouveau et poussa un long soupire de contentement:
_Aaah, ça fait du bien. Aussi noir que l'enfer, aussi fort que la mort et aussi amère que la haine.
Elle claqua son palais, se délectant de se goût unique.
_Tu parles comme une droguée.
_Mais je suis une droguée, voyons. Une mauvaise journée avec du café est bien meilleur qu'une bonne journée sans.
_Tes pensées sont amusantes. Je me demande comment tu as pu devenir comme ça, ayant réussit à te désillusionner du monde, sachant qui sont les Judas parmi ces centaines de masques aléatoires.
Elle gloussa:
_C'est vrai, tu parles tel un poète.
_Je ne parle ainsi qu'à ceux qui le méritent, qu'à ceux en qui je suis persuadé qu'ils comprendront le sens de mes mots, autrement, je ne perds pas mon temps.
Elle le regarda, intéressée. Elle se retourna, regardant droit vers elle.
_Je me suis juste réveillée un matin, et j'ai tout détesté. Evidemment, il y'avait cet évènement qui a déclenché ce déclic, cette dépression. Tu sais, quand tes espoirs sont trop hauts et ton mood trop bas? J'ai absolument tout détesté: les gens, les émotions, la vie, moi et ma naïveté, moi et ma crédulité, moi et ma faiblesse, moi et ma façon d'être, et surtout j'ai détesté ma faculté à ressentir des émotions. Et je déteste toujours autant ces choses. Et puis, en essayant de comprendre pourquoi cette personne m'a brisé, je me suis perdue dans le chemin de la compréhension , parce qu'il n'y avait rien à comprendre. Et puis j'ai réalisé que la lumière à ainsi quitté ma vie définitivement, comme si mes tourments formaient un trou noir, absorbant toute joie, quelqu'en soit la forme.
Il remit une mèche derrière son oreille tout en disant:
_Il faut mourir un peu pour survivre, et pleurer un peu pour se sentir mieux, c'est comme ça. Je ne sais pas qui est cette personne qui t'a détruite mais je la plains, car personne ne pourra l'aimer autant qu'un artiste l'aimera, même dans les pires moments de sa vie, celui-ci trouvera magnifique la lueur de lumière qui se reflète dans ses larmes.
May tourna sa tête vers Taehyung, un sourire sournois, voir même malfaisant, mais elle le regardait avec des yeux brillants de larmes ou de regrets.
_Oui, et j'espère qu'il regrettera jusqu'au moment ou il rendra son dernier souffle, et je souhaite qu'il se retourne un nombre incalculable de fois dans sa tombe, se tenant la tête entre les mains, pleurant sa décision qui lui aura coûté sa santé et bien plus.
_Qu'à-t-il donc fait, pour que tu lui en veule ainsi?
_Je ne veux pas en parler. Je ne veux plus m'arracher davantage de cheveux.
_Si tu n'es pas capable de raconter ton histoire sans avoir un pincement au coeur, c'est que tu n'es pas encore guérie.
Elle secoua la tête pour réfuter.
_Taehyung, les filles ne guérissent pas.On a peut être l'air d'aller mieux, mais si tu regardes de plus près, on est recouvertes d'anti-cernes.
Il la regarda de ses yeux sombres, cachés par ses quelques mèches brunes et il lui tendit la main:
_Tu veux guérir?
Elle ne répondit pas, prenant simplement sa main, parce que si elle parlait, sa voix allait se briser comme son âme, et ça, Taehyung le savait.
_Peut être qu'il veut mieux que certaines choses ne reviennent jamais, dit-il, caressant de son pouce le dos de la main de la jeune femme, ce n'est pas grave de vouloir se cacher dans un endroit ou personne ne te connaît.
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