
Chapitre XII
Omniscient.
C'était un dimanche.
Un dimanche agréable.
Un dimanche, ou tout le monde est de bonne humeur, même May.
Un dimanche, où l'on faisait attention à la couleur des yeux des gens autour de nous, ou l'on trouvait agréablement de l'argent égaré dans notre poche.
Ce dimanche, ou on se lève d'un profond sommeil et que l'on sent la chaleureuse odeur de pain fraichement cuit, ou après avoir été complimentée par un étranger de passage. Ce genre de dimanche-là.
Il faisait très froid. Mais il faisait aussi très lumineux. Le léger vent glacé amenait la douce odeur de terre humide.
Les jours avant les premières chutes de neiges étaient magiques. Ils dégageaient une sorte d'aura qui les différenciait des jours communs.
En ce jour-ci, May voulait commencer et surtout terminer, sa partie de rapport de laboratoire.
Elle se leva paresseusement de son lit, et partit faire sa toilette. Elle enfila un gros pull en laine blanc à col roué, et enfila un pantalon de survêtement noir.
Elle aimait ces jours comme ceux-là.
Sans le brouhaha incessant des étudiants dans les couloirs, sans cette vilaine pression due à la précipitation pour rejoindre le cours suivant, sans ces déplacements à effectuer à longueur de journée.
May mangeait son petit déjeuné, un mug de café noir bien chaud entre les mains, et décida d'envoyer un message à Taehyung, pour qu'ils se rendent aux laboratoires.
MayMay à K.th3012:
Ramène ta graisse au labo de chimie.
Quoi de mieux qu'un charmant petit message en ce jour tout aussi charmant?
K.th3012 à MayMay:
Oui, merci, j'ai bien dormi et toi? Tu ne trouves pas qu'il fait beau aujourd'hui? Que dirais-tu de manger avec moi le petit déjeuné?
MayMay à K.th3012:
Trop tard, j'ai déjà bouffé. Rdv au labo n°4.
Taehyung, de son coté, soupira en voyant le manque de réaction de la jeune fille, froide en toutes circonstances, se disant qu'il y aura du chemin à faire.
Cachant son buste dénudé, il enfila un col roulé noir, ainsi d'un jean mais resta en pantoufles. Après tout, il n'y avait pas cours.
Il passa sa main dans ses cheveux encore mouillés après la douche, collants sur son front et sa nuque. Il prit son sac avec le matériel nécéssaire, et sortit en fermant à clef.
Il marchait dans le couloir désert, trainant ses pieds, le bruit résonnant en un écho.
Il prit les escaliers pour atteindre l'étage dédié aux laboratoires et se dirigea vers le laboratoire cinq. Et quelle fut sa consternation en voyant qu'il était arrivé en premier.
K.th3012 à MayMay:
Eh, c'est quoi ce genre de bail, encore? Tu me donnes un point de rencontre et c'est moi qui arrive en premier?
Une voix s'éleva derrière lui, alors qu'il tapait rageusement sur son écran.
_Et pourquoi devrais-je être là en premier? Pour attendre ta fraise? La bonne blague.
Il leva les yeux, ne laissant que le blanc de ceux-ci, exaspéré. Il ne pouvait absolument pas supporter un tel niveau de sarcasme si tôt le matin.
Il l'observa: un pull en laine blanc, un bas de survêtement, un visage fatigué non maquillé, les cheveux en batailles dont ils se serraient passé d'un coup de brosse.
_Ravie de voir que je ne suis pas la seule à venir en schlague, marmonna-t-elle en ouvrant la porte, suivie du jeune homme.
_Non, mais à ce niveau-là, même moi j'ai fais un effort. C'est quoi cette dégaine? tu t'es même pas brossé les cheveux?
Il reçu un violent coup les côtes, lui coupant le souffle.
_Pour qui tu me prends? Pour ta gouverne, j'ai pris ma douche et j'ai séché mes cheveux, c'est pour ça qu'ils ont un volume suppérieur que la normale! Moi au moins, je les sèche, je suis pas une clocharde comme toi!
En réalité, elle se languissait de la vue qu'elle avait sur sa nuque, mouillée par ses cheveux. Mais elle ne l'admettrais pas, même sur le bucher.
_May, je n'ai pas la force de me prendre la tête ce matin, vient on bosse.
_Hmpf.
_Mais je ne te permets absolument pas de me "Hmpf"! S'écria-t-il, choqué, j'essaie de me montrer civilisé, mais tu me pousses dans mes derniers retranchement.
_Ta gueule, j'fais des roues arrières dans le cul de tes morts.
Il se tut, beaucoup trop surpris par la violence de ses propos. Comment peut-on émaner de tels pulsions meurtrières rien qu'avec des mots? Cela ne servait absolument à rien d'essayer de prendre l'ascendant sur la conversation, cela ne résulterait qu'à une grande perte d'énergie.
May, qui n'attendait pas grand investissement de la part de Taehyung, fût agréablement surprise.
Il était aussi investit qu'appliqué dans ce qu'il faisait. Peut-être qu'il méritait bel et bien son titre.
May se servit d'un bécher, et y versa la solution de NaOH(hydroxyde de sodium) ainsi que le liquide contenant du triglycéride.
Elle voulait prendre la mesure exacte de l'huile de colza avec la pipette à ampoule, mais y trouvait des difficultés.
_Attends deux secondes, je viens t'aider, dit Taehyung en reposant son matériel.
Il passa derrière May et passa ses mains sur les siennes.
Inconsciemment, celle-ci se crispa, tendue soudainement.
Il lui parlait, mais elle ne l'écoutait pas. Son odeur de gel moussant, mélangée à son parfum, sa chaleur émanant de son corps, tout cela causait sa confusion. Sa main contre la sienne. C'était bizarre, son toucher contre le sien était vraiment différents des autres personnes.
_... et tu relâche la pression de l'ampoule. T'as compris?
_Hein? Ah, oui, j'ai compris.
Elle n'avait rien compris.
_Ok, alors il ne reste plus qu'à faire l'interprétation et la conclusion.
Ils prirent place à une table, l'un s'asseyant face à l'autre, et commencèrent à rédiger leurs rapports.
Elle profita de ce moment pour le scruter.
De grandes mains habiles, vu sa façon d'écrire. Ses traits fins et en même temps virils, des cils courbés à la perfection, ses cheveux mouillés retombant devant ses yeux concentrés. Oui, elle devait se l'avouer il était beau.
Et ce qu'elle redoutait le plus, arriva: il leva les yeux vers elle.
Ils se regardaient. L'un ne comprenant pas pourquoi l'autre la regardait, l'autre se maudissant de ne pas avoir été assez rapide pour éviter ce moment gênant de se produire.
_Ben alors? On m'épie, maintenant? Subjugué par ma beauté?
_C'est vrai, les mots ne pourraient décrire ta beauté, lâcha-t-elle, impassible.
Surpris, il répondit:
_Euh... Merci?
_Mais les chiffres peuvent: trois sur vingt, répliqua-t-elle, l'ombre d'un sourire carnassier sur le visage.
Il resta sans voix.
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