May Lee.

La fin des cours, en d'autres termes, l'heure de faire mon rituel habituel, ce qui veut dire, je dois aller à l'entrepôt.

C'était de ces moments, où je ne ressentais plus rien vis-à-vis du monde réel, je ne plongeais que dans mes désirs, dans mes songes, dans mes ambitions, et dans mon idéal. J'oubliais tout le reste. L'entrepôt est pour moi, comme une sorte de portail, à un monde qui n'existerais que pour ma réalité propre.

Il était dix-sept heures, j'avais encore deux heures avant d'aller me préparer pour aller au boulot. Rien que d'imaginer la soirée remplie de paroles intelligentes, me mettait de bonne humeur. J'avais absolument tout pour terminer ma journée parfaitement.

J'allumais le baffle et y mis de la musique, aléatoire, et je repris mon tableau de la dernière fois.

D'après ma playlist d'aujourd'hui, c'étais du métal. Je ne suis pas spécialement fan d'un groupe ou quoique ce soit, juste parfois, j'aime en écouter. Je continuais de peindre sans arrêt sous les yeux de cet idiot de Kim Taehyung qui croyait sans doute avoir été inaperçu en me suivant jusqu'ici.

Surement parce qu'il devina que j'ai remarqué ça présence, il demanda:

_Pourquoi du métal?

Je ne répondis pas tout de suite, me remémorant les évènements antérieurs.

_Parce que parfois, quand ta vie te piétine, t'écrase et te déchiquète, quand la vie commence à peser lourd sur tes épaules, entendre quelqu'un hurler à quel point il sait que ça fait mal, quelqu'un qui sait dans qu'elle merde t'es en train de passer, quelqu'un qui hurle sa rage en même temps que la tienne parce que tu ne sais comment l'exprimer, ça fait du bien.

_Parce que t'es passé dans ce genre de merde?

_Mêle-toi de tes oignons.

Il ne répondit pas, ce contentant de me regarder peindre.

_Au fait, dis-je sans le regarder.

_Hmm?

_Pourquoi tu me fais pas chier comme toujours, en restant devant la porte?

_Je respecte trop ce que tu fais. J'aime ton art et tes mains qui sont capables de faire de telles choses. Je ne peux pas oser venir déranger l'esprit qui mouvoit ces mains et souiller cet endroit.

Je me retournais vivement, à ces paroles qui m'ont secoués. Étais-ce vraiment Kim Taehyung qui parlait?

_Rien que pour ces mots pleins de perspicacité, je t'autorise à entrer.

Il ouvrit grand les yeux, et entra tout en hésitant à chaque fois.

_Je te dois des excuses.

_Haaeinh? Toi? Qu'est-ce que t'as foutu encore? Dis-je, désintéressée.

_La dernière fois quand je t'ai menacée du fait que j'allais saccager cet endroit. C'était un mensonge. Mais je n'avais rien trouvé pour t'intéresser à part ça.

Je me retournais avec agacement une seconde fois et j'allais lui annoncer ses quatre vérités, mais son regard m'arrêta dans mon élan.

Il était, pour la première fois, sincère. Comme celui de Jungkook.

_T'en fais pas, va. Au moins, tu es sincère.

Il me dévisagea, sceptique.

_Comment tu peux en être aussi sûre?

_Après avoir observé ce monde peuplés d'hypocrites et de matérialistes portant des masques du vice pendant environs treize ans, on sait reconnaitre les vertueux très facilement. C'est comme remarquer des saphirs au milieu de cailloux, c'est assez facile.

_Tu viens de me comparer à un joyau? Dis-t-il avec un sourire narquois.

Ahhh, je le sens venir, ce chacal.

_Eh bien pour être honnête, t'es qu'un gros animal à mes yeux comme tout mon entourage d'ailleurs. Il n'y a rien qui puisse me dire que tu sors du lot. Cependant, là, maintenant, tu m'as fait douter.

_Je comprends mieux maintenant ton attitude snob et le fait que tu ne te mélanges pas avec les autres. Néanmoins, tu ne veux pas être sûre et te pencher plus près pour savoir si je suis vraiment qu'un caillou?

_Tu as l'air sûr de toi... Et que ce passe-t-il s'il s'avérait que tu étais bel et bien un caillou?

_Dans tout les cas, je serais soit un caillou rare ou un joyau à l'état brut. Si tu le souhaite, le jour où tu te lasseras de ce caillou, tu pourras le vendre à très bon prix.

Il n'y avait plus aucun bruit, hormis le son de l'eau dans les éconduits.

_Concrètement, qu'est-ce que j'y gagnerais, si je te vendais? Demandais-je, songeuse, aventurant mes yeux dans les profondeurs des siennes.

_Une multitude de souvenirs.

Je continuais de le regarder, et marquais un temps de pause. Il était parfaitement calme, sa respiration régulière, il ne paniquait sous la pression que je lui imposait. Deuxième signe d'honnêteté. Je remarquais aussi qu'il profitait de cet instant bercé de brutal octaves de metal, pour me retracer de ses yeux sombres.

_Tu sais que je ne m'intéresse qu'à ceux qui savent apprécier l'art à sa juste valeur.

_Je suis un artiste, aussi.

_Ah oui? Qu'es-tu?

_Et comme tout les amoureux et les personnes tristes et mélancoliques, je suis un poète.

Je le regardais, les yeux ronds.

_Toi? Tu écris des poèmes?

Il se gratta l'arrière du crâne en baissant légèrement la tête, sûrement pour essayer de cacher cet impersceptible rougissement, qui evidemment, ne m'échappa pas. Mignon.

_Non, je n'écris pas... Arrgh, et puis merde, tu verras par toi-même. Alors? Tu acceptes de voir de plus prêt ce sois-disant caillou? Deal?

_...Deal.

Il partit, son manteau sur l'épaule.

Je pris mon téléphone.

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