J'aurais voulu être un Artiste.

Jude était en plein dilemme. Son album avait été annoncé sans son accord et tous ses fans l'attendait avec impatiente. Le problème ? Il n'avait aucune chanson. Aujourd'hui il avait rendez-vous avec Aaron pour choisir entre différents artistes pour composer son projet. Comme ils étaient majoritairement déjà accaparés par une autre commande, il pouvait en choisir quatre sur les dix.

Pour l'instant, il patientait juste devant le bureau de son manager, l'impatience lui rongeant les entrailles. Il n'avait reçu aucun nom concernant ses potentiels futurs collaborateurs. Soudain, la porte s'ouvrit en laissant voir le visage souriant de son ami qui lui fit signe d'entrer dans la pièce. Il se leva précipitamment et marcha d'un pas rapide pour arriver le plus vite possible, bien que sa destination ne soit qu'à deux mètres. Il aperçut plusieurs personnes assises sur le même canapé en mode sardine. Il les salua poliment et s'assit sur le siège qui lui était réservé.

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Après plus de deux heures de réunion, il avait enfin désigné quatre individus. Un vieil homme de plus de cinquante ans mais qui respirait la sagesse et l'expérience, exactement le genre qui n'écrirait pas les paroles qu'il redoutait le plus, celles parlant de la beauté d'une plage et d'une partie bien précise d'un corps hm. Ensuite, il avait jeté son dévolu sur une toute jeune pour contraster un peu, elle ne devait pas avoir plus de vingt-cinq ans et elle se lançait dans le métier. Il voulait lui donner une chance, elle lui inspirait confiance. Enfin, les deux derniers avaient plutôt été pris car s'étaient les moins pires, en effet, le reste était composé de rappeurs plages, de philosophes à deux balles et de femmes qui fantasmaient juste sur le fait d'avoir la possibilité de se le taper durant leur écriture. Malgré cela, Jude était quand même content, son album n'allait peut-être pas être le meilleur, mais ce sera sûrement celui pour lequel il aura le plus sué et stressé !

Avec toute cette agitation et ce travail, il avait un peu oublié l'inconnu qui tourmentait autrefois ses nuits. Il n'y pensait même plus. Enfin, plus pour longtemps...

Après sa pause de midi, il se dirigea vers les studios, comme à son habitude. Tout à coup, une mélodie parvint à ses oreilles et une voix claire s'éleva. Elle provenait probablement de l'une des pièces exiguës et on l'entendait car la porte avait été mal fermée. Il se mit en tête d'aller prévenir le chanteur qu'il pouvait déranger tout le couloir de cette manière mais il se figea. Les paroles. Putain les paroles. Il sortit rapidement le papier qui ne le quittait plus de sa poche et le déplia du plus vite qu'il put. C'était impossible, ça ne pouvait pas être ça. Non. Il rêvait n'est-ce pas ? Il commençait seulement à oublier ce morceau et cet auteur... Pourquoi la mélodie jouée semblait si compliquée et alambiquée alors que seulement quelques accords de base figuraient sur la feuille, pourquoi certaines des annotations prenaient tout un sens alors que d'autres étaient encore un grand mystère, pourquoi est-ce que les paroles s'enchaînaient-elles si bien ? Pourquoi est-ce que tout s'accordait d'une manière presque irréelle alors que sur cette bête feuille tout semblait flou et mal fait, simpliste et basique ?

Il était planté au milieu de ce couloir vide, il n'avait aucune réaction, il bugait. Aucune réaction, le vent, le vide, l'espace. Un trou noir. Son esprit avait arrêté de fonctionner. Il en oubliait de respirer. Il ne se rendit même pas compte que la chanson était finie depuis belle lurette et que la porte avait été fermée. Il n'avait pas vu la silhouette d'un jeune homme sortir et se diriger vers la porte de secours au fond du couloir. il n'avait pas vu la démarche rapide de cette même personne, il n'avait pas vu son visage rempli d'inquiétude. Non, un vrai flan, une carpe, une grosse masse, un mollusque, une flatte. Quand il s'en rendit compte, un juron sortit de ses lèvres.

Bordel qu'il était con.

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Hyacinthe courait, ses poumons brûlaient et il haletait tel un petit caniche qui aurait couru une vingtaine de kilomètres, pour simplifier, il était exténué. Il avait été pris en flagrant délit. On l'avait entendu chanter une chanson, SA chanson. Il s'était rendu dans le même studio que d'habitude mais comme un imbécile, il avait oublié de fermer la porte. Et puis qui l'avait entendu ? Peut-être qu'on l'avait enregistré ? Et si on lui volait sa création ? C'était bien plus courant qu'il n'y paraissait !

Et merde. Il commençait à stresser.

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Okay, il venait probablement de merder mais il était vraiment désespéré et n'avait pas vraiment réfléchit... Les réactions de ses fans et des médias se faisaient déjà sentir mais le chanteur semblait avoir posé son cerveau sur une table au loin. Il était aussi actif qu'un Nokia 3310, qu'un mec shooté à la coke ou qu'un babouin sous anesthésie. Ouais, il était mou. Aaron lui hurlait dessus depuis le début de leur entrevue en le traitant d'inconscient et qu'il allait devoir se tenir à carreaux pendant quelques temps. Certes son action n'était pas trop grave, il ne venait pas d'insulter une minorité ou une communauté quelconque, même si certains vegans mériteraient qu'on les flagelle avec un gros morceau de steak ou une entrecôte mais là n'est pas le sujet.

Mais pourquoi Aaron était si énervé, pourquoi les journalistes de magazines people mouillaient à l'idée de rédiger leur article le plus vite possible et pourquoi quarante-six mille théories s'écrivaient-elles sur le net ? Tout simplement car Jude venait de poster un long message sur Twitter, Instagram, Snapchat et tout autre réseau social contenant des ados boutonneux et des parents espions qui ne comprennent même pas comment prendre une photo ou ajouter un commentaire, ce qui n'est pas plus mal.

Ce fabuleux petit texte faisait le tour de la toile.

Cette simple annonce.

« Toi qui as chanté dans le studio numéro vingt-et-un, je t'attendrai demain dans le couloir numéro neuf à neuf heures. Toi qui as composé ce son, je t'admire et souhaite collaborer avec toi sur mon album. Je te cherche et te trouverai, H. »

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▪️▪️Sweet Dreams (Are made of This) de Eurythmics est un pilier des années 80 alors que cette chanson contient moins de 10 phrases différentes. La chanteuse passe le reste à répéter des phrases déjà dites auparavant dans le son.