Assis dans sa voiture face à l'hôpital central de Séoul, Nam Joon avait l'impression d'être dans un brouillard épais et sans fin. La conversation qu'il venait d'avoir eu avec son avocat lui était presque douloureuse car il ne pouvait imaginer une seule seconde qu'un de ses meilleurs amis soit derrière ce massacre. Il ne s'était jamais plaint de sa place d'associé et il avait toujours tenu ses engagements ainsi que ses responsabilités avec le plus de rigueur possible. Non, décidément, Jung Kook ne pouvait pas être le coupable. Il tenait trop à la marque pour cela... A moins que, justement, après tout ce temps et ses efforts a développé l'entreprise, peut être pensait-il être le plus légitime à en être le patron ?

Mais non... Il lui aurait dit au lieu d'utiliser cette manière drastique.

-« Quel bordel..., marmonna-t-il en soupirant ».

Avec son avocat, il avait pris la décision de ne parler à personne de leurs soupçons mais notre jeune homme allait se montrer plus attentif vis-à-vis de son entourage. Il n'allait plus exposer ses activités aussi facilement et il allait surveiller le comportement de ses collègues.

Après avoir vu l'heure qu'il était sur sa montre, il mit son téléphone portable en « mode avion », sortit de son véhicule et se rendit dans le bâtiment réservé aux urgences de l'hôpital. A chaque fois qu'il venait ici, c'était la même chose : ses narines étaient dérangées par l'odeur omniprésente du détergent, les malades s'égosillaient dans leur chambre ou dans les couloirs, et le personnel soignant courait partout. Nam Joon avait du mal à comprendre comment son meilleur ami parvenait à s'épanouir dans un tel environnement mais depuis qu'il avait signé un contrat à durée interminée ici, Jin semblait être le plus heureux des hommes et ce, malgré ses horaires abominables et les cernes sous ses yeux.

Une jeune infirmière, visiblement peu indifférente au charme de notre directeur, lui indiqua que le docteur Kim était dans son bureau, et Nam Joon la remercia d'un clin d'œil qui la fit rougir avant de s'éloigner.

-« Oh Nam Joon ! Comment vas-tu ?, s'exclama le médecin en laissant de côté sa paperasse pour venir saluer son ami. On m'a raconté ce qu'il s'est passé pendant ta soirée... Quelle horreur.

-... Les policiers s'occupent de cette affaire... Désolé de te déranger quand tu es de garde mais j'ai été amoché cette nuit-là et je n'ai pas spécialement confiance au toubib des flics ».

Aussitôt, le visage du plus grand pâlit et notre directeur s'empressa de le rassurer.

-« Je ne pense pas que ce soit trop grave mais j'ai été bousculé et je suis tombé. Mon épaule droite a amortit le plus gros du choc mais maintenant, elle me fait mal au moindre mouvement ».

Comprenant la plainte de son ami, le plus grand lui demanda d'ôter sa chemise, puis d'aller s'asseoir sur la table d'auscultation. Il siffla d'étonnement en découvrant l'ampleur de l'hématome, et il palpa délicatement la zone meutrie avant de lui faire faire divers mouvements. Nam Joon obéit docilement, grinçant parfois des dents à cause de la douleur mais il savait qu'il était entre de bonnes mains.

-« Bon, rien ne semble cassé ou déplacé mais les tendons semblent avoir été endommagés. Je vais te faire une ordonnance pour que tu puisses aller passer une radiographie et également te prescrire une pommade. Hum... Nam Joon... Est-ce que tu voudrais que je te donne le numéro d'un collègue psychologue ?

-Un psy ? C'est gentil Jin mais si tu t'inquiètes pour ma santé mentale, je peux t'assurer que je vais bien. Certes, j'ai été bien secoué mais maintenant, je veux découvrir qui sont les auteurs de ce drame et reprendre rapidement une vie normale ».

Le médecin acquiesça, laissant son ami se rhabiller, puis il lui tendit deux ordonnances.

-« Promets-moi d'être prudent Nam Joon ».

De retour à son bureau, notre chef d'entreprise avait bien tout le mal du monde à se concentrer sur son travail. Les images de la soirée ainsi que les paroles de son avocat lui revenaient sans cesse en mémoire. Le pire dans cette histoire était qu'il se sentait étonnamment seul. Il ne pouvait se confier à aucun de ses amis puisqu'il ne voulait pas mettre en danger Seok Jin ou bien Tae Hyung, et il voulait vraiment savoir si Jung Kook avait tout manigancé. Le cauchemar ne semblait pas vouloir se terminer tout de suite. Il fit tourner l'anneau autour de son doigt et soupira tout bas. Si son meilleur ami était bien l'auteur de ce massacre, il allait devoir trouver des preuves qui l'incrimineraient et trouver un plan pour le lui faire avouer.

Pianotant sur son clavier, il remarqua que son associé avait posé sa journée de demain pour aller voir ses parents et une pointe d'excitation le saisit. Peut être pourrait-il aller fouiller son bureau à la recherche d'indices ?

Génial, voilà qu'il devenait enquêteur malgré lui.

-« Salut Nam Joon ! ».

Sursautant brusquement, l'interpellé s'empressa de fermer la page sur son écran d'ordinateur avant de lever les yeux vers son ami.

-« Jung Kook, sale gosse, on ne t'a jamais appris à frapper aux portes avant d'entrer ? J'ai failli avoir une crise cardiaque.

-Oh si, ma mère a du me le répéter un million de fois mais ne t'en fais pas, ton cœur va très bien. C'est plutôt pour ton épaule que je m'inquiète ; que t'a dit Jin ? » ?

Cette question fit tiquer Nam Joon et il haussa un sourcil. Comment pouvait-il être au courant de sa visite auprès de leur ami médecin alors qu'il ne l'avait dit à personne ? Ces coïncidences devenaient vraiment louches.

-« Il m'envoie faire une radio pour être sûr de son diagnostic mais il ne pense pas que ce soit grave.

-Tu devrais prendre quelques jours de congés pour te reposer. Je peux gérer le planning sans problèmes et ça te permettrait de te remettre totalement sur pieds ».

Mais à quoi jouait-il ? Comment osait-il lui suggérer de prendre des vacances alors qu'il restait tant de choses à faire avant la sortie de la nouvelle collection ? Nam Joon n'en revenait pas.

-« Il est hors de question que je prenne des jours de repos à cause d'un simple hématome. J'ai besoin de travailler pour ne pas trop penser à ce qu'il s'est passé et je veux m'assurer personnellement de l'avancement de l'enquête.

-Ah d'ailleurs ! Tu... Tu as eu des nouvelles des flics récemment ? ».

Voilà que Jung Kook semblait déstabilisé maintenant. A moins que ce ne soit une autre facette de son jeu.

-« Non, pas plus que toi, mentit le plus grand en préférant se montrer prudent.

-Bon, je suppose qu'il faut être patient. Je vais aller vérifier où en sont nos prochains vêtements dans l'atelier. A plus !

-Oui d'accord, va donc faire ça.

-Ah ! Avant que j'oublie ! J'ai reçu une invitation d'un de nos clients pour une soirée privée dans une boîte branchée ce soir. Je te la transfert et tu avises si ça te tente ou non ! ».

Sortir s'amuser ? Autant se moquer de... Quoi que. Voilà un moment qu'il n'avait pas fait ce genre de sortie et il fallait bien avouer que cela lui manquait un peu. Ecouter de la bonne musique et boire un bon coup permettraient de décompresser un peu.