Chapitre IV
Trente minutes plus tard, Nam Joon se retrouva dans une toute petite salle d'interrogatoire composée uniquement d'un bureau et de deux chaises, mais il s'estimait heureux de ne pas avoir de menottes autour des poignets. Il était épuisé ; sa soirée et même une partie de son travail avaient viré au cauchemar et la seule idée qu'il avait en tête était de retrouver son lit ainsi que les bras de Tae Hyung. Mais cela ne semblait pas être une possibilité dans l'immédiat et les aiguilles de sa montre indiquaient déjà 1H15.
-« Tenez monsieur Kim, lança le capitaine en entrant dans la pièce et en déposant un gobelet en plastique devant son témoin. Je vous ai préparé un café ; ce ne sera certainement pas le meilleur de votre vie mais ça vous aidera peut être à calmer vos tremblements ».
Jetant un coup d'œil à ses mains, Nam Joon remarqua effectivement qu'elles étaient parcourues de nombreux spasmes et il les glissa dans les poches de son pantalon. L'odeur de café le répugnait et il n'était pas sûr qu'une dose de caféine arrange son épaule.
-« Comment va votre épaule ? Notre toubib m'a dit qu'elle n'était ni déboitée, ni cassée mais que vous alliez avoir un sacré hématome.
-... Les calmants font effet. Est-ce qu'on pourrait parler de ce qui nous intéresse vraiment ? Je dois vous avouer que j'ai du mal d'encaisser tout ce qu'il vient de se passer et j'aimerais rentrer chez moi ».
Et sa patience commençait à lui échapper.
-« Très bien, dit le flic en perdant son sourire et en s'asseyant sur la dernière chaise libre. J'aimerais que vous m'expliquiez ce qu'il s'est passé ce soir.
-Je vous ai déjà dit que je n'en avais aucune idée ! Nous avons organisé cette soirée, mon associé et moi, afin de présenter l'avancée de notre prochaine collection à nos actionnaires ainsi qu'à nos plus gros clients, et c'est ce que nous faisons à chaque fois. Je suis arrivé vers 20 heures avec mon... compagnon, et tout se déroulait bien jusqu'à ce désastre.
-Et vous n'avez rien vu venir ?
-Bien sûr que non. J'étais en train de discuter avec des actionnaires lorsque les lumières se sont éteintes et quand les tirs ont commencé, je me suis instinctivement accroupi.
-... C'est tout de même surprenant que vous et vos proches n'aient pas été davantage blessés alors qu'une quantité monstrueuse de balles a été tirée ».
Nam Joon n'aimait définitivement pas ce que ce type venait de dire, ni encore moins le ton qu'il venait d'employer.
-« Je peux savoir ce que vous insinuez ?, demanda-t-il en serrant les poings.
-Eh bien je trouve simplement étrange que des types qui en ont après vous débarquent à votre soirée armés, tuent quatre de vos meilleurs actionnaires dont un millionnaire américain mais qu'ils vous laissent sain et sauf, ou du moins en liberté.
-C'est une plaisanterie ?! Vous êtes en train de dire que c'est moi qui aurais manigancé cette horreur ?! Et dans quel but ?! Dîtes-le moi ! On n'est pas en train de parler d'une collection de vêtements mais de personnes mortes dans nos locaux ! ».
Nam Joon n'en revenait pas que ce type puisse imaginer une seule seconde que ce soit lui le responsable de cette tuerie. Ses mains tremblaient dorénavant à cause de la colère et il allait vite perdre son sang-froid si cet agent continuait sur sa lancée en l'accusant sans aucune preuve.
-« Avez-vous des ennemis monsieur Kim ?
-... Pas à ma connaissance. Mon père et moi-même avons toujours fait attention à maintenir de bonnes relations, même avec nos concurrents.
-Je ne parle pas de cela vis-à-vis de votre travail. Tout le monde sait à quel point votre entreprise est une richesse pour notre pays, et ce dans de nombreux domaines, mais des rumeurs circulent sur votre vie privée.
-Des rumeurs ?, lâcha notre directeur en croisant les bras et en haussant un sourcil.
-On raconte que vous êtes très... Volage. Que vous n'avez pas de partenaires réguliers et que vous aimez vous amuser. Le jeune homme que j'ai aperçu ce soir est-il votre dernier jouet ? Il se pourrait que vos anciennes conquêtes ne vous veulent pas que du bien ».
Là, s'en était de trop.
-« Si vous avez décidé de me voir comme un coupable et de m'insulter, je n'ai plus rien à faire ici. Sans preuves, vous n'avez aucun motif pour me garder ici contre mon gré et dorénavant, je ne vous verrai qu'en présence de mon avocat. Sur ce, bonne nuit capitaine ».
Sans attendre de réponse, Nam Joon se leva et il quitta la pièce. Non mais pour qui se prenait-il ? Savait-il vraiment à qui il avait à faire ? Il se fraya un chemin jusqu'à la sortie, ignora les multiples appels du policier, puis fit rugir le moteur de sa voiture. Il était furieux, épuisé ; mais surtout encore chamboulé par le cauchemar qu'il venait de vivre.
Au moment où il franchit la porte de son appartement, il entendit des bruits de pas provenir de la chambre et un petit sourire étira ses lèvres lorsqu'il vit Tae Hyung. Celui-ci avait le teint pâle et les traits tirés, signe qu'il n'avait pas dormi, mais il ne perdit pas une seconde de plus pour venir se blottir dans les bras du plus âgé. Les deux hommes restèrent ainsi enlacés de longues minutes, dans un silence apaisant, simplement heureux d'être en vie. Les yeux fermés, Nam Joon inspirait profondément l'odeur du shampoing du cadet et il se rassasiait de la chaleur de sa peau. Que c'était bon de le retrouver... Il avait eu une peur bleue de l'avoir perdu... Il glissa une main sous son menton afin de lui relever la tête puis il caressa sa joue du bout des doigts ; évitant le pansement placé à l'endroit de la coupure.
-« Je vais bien Nam Joon, le rassura son partenaire. Le médecin m'a dit que c'était superficiel et je n'ai même pas eu besoin de points de suture. Ça a été au commissariat ? Tu as l'air épuisé...
-Hum... Pas vraiment non. Ce flic pense que c'est moi qui ait organisé ces meurtres et je me suis tiré au moment où il a dit que tu n'étais qu'un jouet de plus à mes yeux.
-Pardon ?, s'étonna Tae Hyung en écarquillant les yeux.
-Allons-nous coucher, d'accord ? J'ai un mal de tête pas possible et j'aimerais oublier ce qu'il vient de se passer pendant au moins quelques heures.
-... Tu veux que je te laisse tranquille ? Jung Kook m'a tenu compagnie puis il est entré se reposer lui aussi.
-Je n'arriverai jamais à dormir sans toi Tae Hyung ».
Allongé sous les couvertures de son lit, notre directeur observait son compagnon dormir, bercé par sa lente respiration. Le cadet n'avait pas mis bien longtemps à plonger dans les bras de Morphée, épuisé par ce qu'ils venaient de traverser, mais les traits de son visage restaient tendus. Pourvu qu'il ne fasse pas de cauchemar... Il avait vraiment besoin de repos. Nam Joon réalisa que c'était la première fois de sa vie qu'il s'endormait à côté de quelqu'un sans avoir eu une bonne partie de jambes en l'air avant, mais que c'était tout aussi agréable. La présence de Tae Hyung le réchauffait de l'intérieur et c'était comme si ce garçon était une pièce manquant de son existence. En fait, l'aîné était en train de détruire les propres règles du jeu qu'il s'était donné et il se sentait un peu perdu. D'un côté, il avait envie de laisser croître ses sentiments naissants envers Tae Hyung mais d'un autre côté, avec ce qu'il venait de se passer, il avait peur de représenter un danger. Cependant, une chose était sûre : jamais il n'avait eu aussi peur de perdre quelqu'un avant. Il serra davantage le cadet dans ses bras, déposa un baiser sur son front puis s'endormit à son tour.
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