Chapitre III
-« Ah monsieur Kim ! Vous voilà ! ».
L'interpellé passa la première partie de soirée à discuter avec d'importants actionnaires, une coupe de champagne à la main, et il s'évertuait à les rassurer sur la qualité des prochains vêtements de la marque. Après tout, tout ce qu'il créait avec son équipe avait une valeur inestimable à ses yeux et il les défendait de son mieux. Depuis qu'il était à la tête de l'entreprise, il n'avait raté aucune collection et il espérait sincèrement que celle-ci aurait autant de succès que la précédente. Toutefois, il ne pouvait s'empêcher de jeter régulièrement un coup d'œil en direction de Tae Hyung qui s'était éclipsé afin d'aller voir les différents croquis accrochés aux murs et pour grignoter un peu. Son regard dériva lentement sur son postérieur et il s'imagina déjà en train de lui arracher ses vêtements un peu plus tard chez lui. Devenait-il accro ? Il manqua de peu de s'étrangler avec sa boisson quand il aperçut Jung Kook s'approcher de son partenaire et il s'excusa auprès de ses invités afin de les rejoindre.
Mais tout à coup, alors qu'il se trouvait à une dizaine de mètres d'eux, les lumières s'éteignirent brusquement et les vitres volèrent en éclats, faisant hurler l'assistance. Des coups de feu se firent entendre dans les secondes qui suivirent et Nam Joon se baissa instinctivement tandis que son sang se glaçait. Que se passait-il ? Tout devînt un véritable chaos autour de lui : il n'entendait plus que des cris ainsi que des pas précipités, et il fut violemment bousculé. Son épaule gauche heurta le sol, le faisant grimacer, et il dut rouler sur le côté pour ne pas se faire piétiner. Il se releva tant bien que mal mais son angoisse augmenta d'un cran quand il constata avec effroi que ses deux amis avaient disparu. Il tenta de les localiser mais il faisait vraiment trop sombre à l'intérieur de la pièce alors il avança à tâtons. Les gens se précipitaient vers la sortie alors que les coups de feu avaient cessé et il entendit au loin des sirènes de police. Son épaule était douloureuse mais il s'en moquait : il devait retrouver Jung Kook et Tae Hyung. Il sortit son téléphone portable afin d'utiliser le flash lumineux et il balaya la pièce avec. Ce qu'il vit le terrifia davantage : plusieurs tables avaient été renversées, le sol était jonché de nourriture écrasée et il aperçut même deux corps allongés inertes.
Mon Dieu... C'était un cauchemar. Il n'osait même pas imaginer qu'un de ses amis puisse être blessé. Des gens continuaient à le bousculer et il commença à appeler ses amis, même si le chao général couvrait partiellement sa voix.
-« Nam Joon ! On est là ! ».
Apercevant de la lumière par la porte entrouverte des toilettes pour homme, notre jeune directeur dut jouer des coudes pour l'atteindre avant de s'engouffrer à l'intérieur. Son associé referma immédiatement la porte derrière lui, la verrouillant avec un balai à récurer coincé dans la poignée, puis il s'assit par terre, visiblement fatigué.
-« Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ?!, s'exclama-t-il ».
Ignorant cette question à laquelle il n'avait pas de réponse, notre jeune homme rejoignit son compagnon et ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'il aperçut un filet de sang sur sa pommette droite.
-« Tu es blessé !
-C'est... C'est rien, répondit le cadet en proie à de violents frissons. Un morceau de verre m'a touché quand les vitres ont explosé... ».
Horrifié à la pensée que Tae Hyung ait été blessé par sa faute (c'était lui qui lui avait demandé de venir), Nam Joon retira sa veste, imbiba une des manches d'eau fraîche dans l'évier, puis il nettoya délicatement la joue meurtrie du plus petit avec.
-« Le pressing va te demander une sacrée somme pour retirer du sang..., marmonna-t-il en détournant les yeux.
-Si tu savais comme je m'en fous. Tu es bien plus important que cette veste.
-Qu'est-ce qu'il se passe dehors Nam Joon ?, demanda Jung Kook en passant nerveusement une main dans ses cheveux. J'ai vu des cadavres putain !
-Je ne sais pas... Toute la situation m'échappe...
-J'ai entendu des hommes cagoulés hurler ton nom... Et s'ils en avaient après toi ?, s'inquiéta Tae Hyung ».
Le plus vieux l'attira dans ses bras afin d'essayer de le rassurer et il lui caressa les cheveux, ne remarquant même pas la façon dont son associé les observait.
-« Ce n'est pas le plus important pour l'instant, dit-il en l'embrassant sur le front. Il faut d'abord qu'on sorte d'ici.
-POLICE ! Il y a quelqu'un ?! POLICE ! Sortez avec les mains en l'air ! ».
Les trois hommes échangèrent un regard, puis Jung Kook se releva tandis que le plus vieux ouvrait lentement la porte. Aussitôt, plusieurs puissantes lampes de torche furent braquées sur eux, les aveuglant partiellement, et ils obéirent en croisant les doigts sur leur tête. Trois agents des forces de l'ordre les fouillèrent rapidement et ils déclinèrent leur identité.
-« Justement on vous cherchait monsieur Kim. Vous êtes bien le propriétaire de ces lieux ?
-Oui, c'est exact.
-Je suis le capitaine Kwon de la brigade criminelle de Séoul et j'ai des questions à vous poser. Veuillez me suivre. Ne vous en faîtes pas pour vos amis, des médecins vont les prendre en charge dans une ambulance afin de s'assurer qu'ils vont bien ».
Soupirant tout bas, le principal intéressé acquiesça et il se tourna vers ses amis.
-« Ne t'inquiète pas Nam Joon, ça va aller pour nous, le rassura son associé.
-Je veux que tu rentres à la maison ensuite, lança-t-il à son partenaire. Je t'y rejoins dès que possible ».
Les larmes aux yeux, Tae Hyung hocha la tête de haut en bas, puis il déposa un rapide baiser sur les lèvres de son amant avant de suivre Jeong Guk. Notre directeur les suivit des yeux puis il se pinça l'arête du nez en sentant une vilaine migraine faire son apparition.
Arriverait-il chez lui avant le lever du soleil ?
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