Chapitre 65
Tamayo était au bord du gouffre. Il venait d'apprendre que la Banque Centrale Européenne n'avait pas l'intention de les soutenir. Aucun prêt n'allait être mis en place pour compenser le vol des lingots d'or. L'armée faisait preuve d'une grande pression à son encontre. Tous savaient qu'il détenait la bande au grand complet avec le cerveau du braquage. Tant qu'il en serait ainsi, c'était lui qui devait faire plier le Professeur et retrouver l'or.
Dans l'esprit collectif, il avait toutes les cartes en mains. Mais personne ne connaissait véritablement le Professeur. Personne n'avait subi la pression incommensurable du braquage. N'empêche, le Colonel ne pouvait pas s'avouer vaincu. C'était soit devenir le héros national, soit la risée du pays.
Il entra en trombe dans l'une des pièces de réceptions de la Banque. Lisbonne et le Professeur étaient menottés sur des chaises. Quatre soldats les surveillaient, qu'il s'empressa de faire sortir. En entrant, il ne se retint pas. Son poing partit directement dans le torse de l'homme.
- Salopard hurla Raquel.
Mais il ne s'arrêta pas pour autant. Il multiplia les coups, sous les cris de colère de Lisbonne.
- Tu t'es trompé sur mon compte hurla-t-il.
- Tamayo. Si vous franchissez la ligne rouge, c'est le point de non-retour.
- T'es bien placé pour le savoir hein pétasse. Regarde bien.
Cette fois, il envoya un coup droit en plein sur le visage du Professeur.
- Je vais t'éclater la gueule pour que tu comprennes un truc. Tu n'auras pas d'autopsie. Je vais te massacrer à coup de poing devant ta petite amie. Et je n'arrêterais pas tant que vous ne m'aurez pas dit ou est l'or ou tant que tu ne seras pas mort. Parce que soit c'est moi qui gagne, soit personne.
- Arrêter ! Supplia Lisbonne, tirant sur ses liens.
Le Professeur se redressa pour croiser le regard du colonel. Il n'y avait aucune colère, seulement une détermination et une foi sans faille au plan. Tel que Berlin, il se battrait jusqu'au bout.
- Et si vous vous trompez sur ce que c'est que de gagner ? Essayez de vous projeter dans quelques mois, dans votre fauteuil, en train d'écouter les chiffres de chômage, de la dette. Le pays entier plongé dans la faillite la plus totale. Subissant une crise sans précédent. Un chaos absolu. Quel Tamayo à le plus a gagné ? Celui qui nous met tous en taule ou nous tue et perdra l'or ? Ou celui qui le récupère et empêche le désastre financier le plus grand de notre histoire ?
Tamayo baissa les bras. Ses sourcils se froncèrent. Il réfléchissait sérieusement sur ses paroles. Le Professeur décida donc de continuer :
- Ecoutez-moi, colonel, je sais que vous allez avoir du mal à accepter ça. Je le sais. Mais maintenant vous et moi n'avons plus qu'une seule option. Soit on gagne tous les deux. Soit on perd tous les deux.
Seulement, Tamayo en avait assez de réfléchir. Il renvoya un coup, prévoyant avec satisfaction l'œil au beurre noir qu'il lui causait. Le Professeur reprit précipitamment la parole quand le Colonel voulut l'étrangler.
- Je ne sais pas où est l'or. Je n'en ai aucune idée. Je ne le sais pas. Lisbonne non plus. Aucun membre de la bande non plus. Vous vous attendiez à quoi ? Je ne serais jamais entré dans la banque si j'avais cette information. Tamayo, vous enterrez des gens dans le désert. Tôt ou tard, vous auriez fait parler n'importe lequel d'entre nous. Je ne pouvais faire entrer personne ici avec cette information, pas même moi. J'ai mis en place un pare-feu. L'or est dehors. Et en mouvement.
- Alors c'est ça ton putain de dernier tour de passe-passe. 90 tonnes d'or dans la nature. Tournoyante et pleine de crasse. Mais c'est vrai tu as raison sur un point. Je ne sais plus comment me sortir de ce bourbier. Alors il faut peut-être qu'on perde tous les deux.
- Vous et moi nous sommes insignifiants face au tsunami économique qui va s'abattre sur nous. Nous ne sommes absolument rien. Vous savez qu'il n'y a qu'une seule issue. Vous le savez bien.
Tamayo coupa court à ses protestations. Il sortit et demanda des nouvelles à Angel. Son dernier espoir. Tout reposait sur ces épaules à présent.
- On a localisé le camion. Il se dirige vers le nord sur la national A. Ils sont arrivés au port de Passaia.
- L'autre fils de pute de Professeur ne nous dira rien. Dépêche-toi d'aller sur place Angel.
- Je monte dans l'hélicoptère.
Tamayo raccrocha. Puis se prit la tête entre les mains. S'il l'avait pu, il se serait volontiers déchargé de cette responsabilité.
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