Tatiana, qui était toujours à l'écoute, entendit simplement le coup de feu, suivit d'un grognement de douleur. Son cœur rata un battement. Se pourrait-il que ... ?

- Sierra qu'as-tu fais ? Cracha-t-elle

- Rien du tout. J'ai juste remis ce crétin à sa place. C'est moi qui dicte les règles ici.

Ça ne rassura pas le moins du monde Tatiana. Elle n'avait aucune idée de l'état de Sergio, ni s'il était encore en vie. Logiquement, Sierra n'aurait aucune raison de l'abattre mais cette femme était imprévisible. Il fallait s'attendre à tout.

- Tu l'as tué ? Demanda-t-elle, se forçant à garder le contrôle sur le timbre de sa voix.

- Bien sûr que non. Qu'aurais-je à y gagner ? Non ce que je veux c'est le faire souffrir.

La haine dans la voix de l'inspectrice fit frissonner Tatiana. Mais le pire était qu'elle ne pouvait rien faire. Elle était totalement impuissante, résolu à écouter les horreurs que Sierra avait le luxe de déblatérer sans une once de respect.

- Je t'interdis de lui faire le moindre mal. T'entends ?

- Tu sais quoi ? Parler avec toi était divertissant seulement, vois-tu, tes questions m'insupportent au plus haut point

Tatiana n'eut pas le temps de protester que déjà, la ligne fut coupée. Elle remit le combiné en place et sorti de la cabine, les yeux perdus dans le vague. Son manque de prudence allait faire tuer Sergio. Et pour couronner le tout, elle ne pouvait pas continuer à s'éclipser comme si de rien n'était. Son champs d'action était limité. C'est alors qu'elle repensa au sauvetage de Lisbonne. Elle ne connaissait pas les détails du plan mais elle était prête à parier que Lisbonne était en route pour rejoindre son amant. Pour éviter que la police ne les retrouves, les complices qui l'accompagnaient devaient emprunter des détours et changer de véhicule, mesures de précautions.

Tatiana devait les prévenir. Ils ne devaient pas perdre de temps. La femme brune fouilla ses poches, en quête de monnaie et retourna dans la cabine. Elle composa à nouveau le numéro du Professeur sans pour autant vouloir le contacter. Non, ce qu'elle voulait, c'était parler avec les hackeurs. Elle avait compris qu'elle ne pourrait rien faire mais eux si. Ils étaient en contact avec tous les membres du groupe.

Tandis qu'elle attendait, elle se remit à penser aux paroles de Sergio :

Possible mais en attendant je me sens délaissé. Je suis l'homme le plus recherché du pays et tu préfères papoter avec Tatiana.

Sur le coup, Tatiana avait été surprise. Cela ne lui ressemblait pas de faire preuve d'autant d'audace et de fierté. Il la dénigrait presque, par la même occasion. Seulement maintenant, elle comprenait pourquoi. Il lui avait donné le champ libre pour appeler les renforts et elle ne comptait pas le décevoir.

- Allô ? Hasarda une voix au bout du fil.

- Je suis Tatiana j'ai appelé il y a quelques minutes.

- Je m'en souviens. Laissez-nous le temps de mettre en place les pare feu et je vous passe le professeur.

- Surtout pas ! Elle avait crié sans le vouloir. Surprise, elle bredouilla des excuses et expliqua que non, il ne devait surtout pas l'appeler. En quelques mots, elle formula sa requête.

Jaquer ne posa pas de question. Il représentait l'efficacité à l'état pur. Celle qui consistait à agir en premier lieu et de poser les questions ensuite. Toutefois, il se doutait qu'informer les autres, pour qu'ils arrivent plus vite à la planque, n'était pas pour fêter la réussite du plan. Il entreprit alors de contacter Benjamin et l'équipe de Darko, mettant Tatiana en attente. Puis, une minute plus tard, il l'informa qu'il avait fini. Tatiana le remercia et raccrocha.

Désormais, elle croisait les doigts pour que ses efforts soit suffisants. Elle ne pouvait rien faire d'autres.