chapitre 37
Denver, Palerme et Stockholm sortirent sur le toit, à la suite d'Helsinki. Ils tirèrent sur lui, tout en faisant attention à ne pas le blesser. C'était bien différent de ce qu'ils avaient appris et aussi bien plus dur. Helsinki se mit à couvert derrière une surface surélevée. Il jeta un œil à Nairobi et à sa plaie de plus en plus rougeâtre puis, il scruta le ciel. L'hélicoptère ne devrait pas tarder. Alors que les tirs fusaient à nouveau de partout, son regard fut à nouveau attiré sur la femme qu'il essayait de sauver à n'importe quel risque. Malgré tout, il se força à reprendre le contrôle de ses émotions. L'inquiétude lui était d'aucune utilité.
Se donnant du courage, il se releva et continua d'avancer. Il savait qu'il n'était pas vraiment en danger mais la police devait y croire.
- Tokyo, vas y
- Compris Professeur
Tokyo était resté en retrait avec Bogota. Elle devait s'occuper des tireurs embusqués. Elle prit le fusil à lunette que lui tendait Bogota et, alors qu'il ouvrait la porte, assez pour lui permettre de viser mais trop peu pour la mettre en danger, elle entreprit de chercher sa cible.
Sa recherche fut un succès. Elle le trouva alors qu'au même moment, Tamayo donnait le signal de tirer. En effet, la fumée se dissipait et la visibilité était plus évidente. Elle tira, sans le blesser, et il se mit à couvert, entrainant ses coéquipiers avec lui.
Soudain, l'hélicoptère tant attendu était enfin en vue. Le bruit des hélices devint assourdissant à mesure qu'il s'approchait.
Sergio, de son côté, sentait l'excitation l'envahir. Il entendait Suarez lutter pour expliquer qu'il voulait une extraction propre et rapide.
- Hélicoptère en approche chef informa-t-il au colonel
- Delta intervenez ! lui ordonna Suarez mais le Professeur n'avait pas besoin de son autorisation
. Ils étaient si proches du but.
Helsinki vit l'engin volant se stationner juste au-dessus de lui. Il amorça sa descente alors que les braqueurs continuaient de tirer. La puissance des hélices faisaient tourner la poussière au sol. Le bruit était tellement fort qu'il n'entendait rien d'autre. C'était comme s'il était coupé du monde. Ses tympans s'en souviendraient, ça, il en était sûr.
Il vit la passerelle arrière de l'hélico s'ouvrir dans un fracas assourdissant et trois hommes en sortirent. Ils coururent vers lui et deux d'entre eux le soulagèrent du poids de Nairobi. D'abord méfiant, il finit par obtempérer en reconnaissant des alliés médecins rencontrés quelques semaines plus tôt. Il les regarda regagner l'engin puis la passerelle se referma derrière eux.
Son soulagement était énorme mais il ne devait pas se réjouir trop vite. Alors que l'hélico repartait dans les airs, le troisième homme qui l'avait rejoint devait l'aider à regagner l'intérieur du bâtiment, puis par la suite, se joindrait à la bande. Le Professeur les avait informés. Un nouveau membre rejoindrait l'équipe. Quand Tokyo avait demandé de qui cela pourrait s'agir, il s'était contenté d'une réponse énigmatique « vous le saurez en temps voulu ».
Helsinki se laissa guider à la suite de l'homme car il possédait une arme, contrairement à lui. Ensemble, ils coururent se mettre à l'abri derrière un bloc assez haut du toit pour leur permettre de se cacher. L'homme inconnu tira au hasard sur les braqueurs. C'était du bluff, ils pourraient tout autant arrêter de tirer et se contenter de marcher jusqu'à la sortie mais, les policiers les surveillaient et il était impératif de maintenir l'illusion jusqu'au bout.
C'est alors que la radio du nouveau venu se mit à transmettre la voix de Tamayo. Le Professeur avait fait en sorte de transmettre la ligne de communication à son frère, à sa demande. Il n'avait plus aucun intérêt à répondre de toute façon.
- Bon sang ! Mais ou est-ce que ce barre l'hélico bon Dieu ?! Clama la voix du colonel. On pouvait aussi entendre l'appel de Suarez un peu plus loin.
- Y'a un problème avec l'hélico chef. Il est parti réglé ça apprit l'homme, entre autre Berlin.
Il regarda Helsinki et un sourire vint prendre place sous sa cagoule. Il l'avait reconnu au son de sa voix. Et maintenant qu'il distinguait ses yeux, il n'avait plus aucun doute à avoir.
- Mais...
- Plus tard les explications coupa-t-il : il faut nous mettre à l'abri.
Il rechargea son arme et lui lança un « content de te revoir » avant de se lancer à découvert.
Sur ce, il se mit debout et commença à réduire l'écart qui les séparait des autres. Helsinki n'avait pas d'autre choix que d'en faire de même, alors que les questions fusaient dans sa tête. Comment se faisait-il que Berlin soit toujours en vie ? Le Professeur était-il au courant ? Bien sûr, sinon il ne serait pas là mais alors, il leur avait menti ? Qu'est-ce que tout cela signifiait ?
- Colonel ils battent en retraite cria Berlin, tout en tirant devant lui.
Les deux hommes s'approchaient toujours plus près de de leur porte de sortie. Ils seraient bientôt en sécurité.
Dans la tente des opérations, le téléphone sonna. C'est Antoٖñanzas qui décrocha. Il s'écoula un temps durant lequel il écouta son interlocuteur. Son visage se plissa sous l'inquiétude. Il n'arrivait pas à croire ce qu'il entendait. Il en avait marre de ce braquage et, alors qu'il pensait avoir enfin l'avantage, il s'apercevait que la police ne l'avait jamais eu. Avec un soupir, il donna le téléphone à un collègue et le chargea de le transmettre au colonel. Il ne voulait pas subir sa colère.
- Colonel, un appel de Soto del Real. C'est le convoi qui transporté Murillo
- Quoi ? Demanda-t-il, plus par agacement d'être ainsi dérangé en pleine opération délicate que par réelle attention sur le cas Murillo
- Colonel Tamayo, on a une femme qui dit s'être fait kidnappée en sortant de chez le coiffeur
- et qu'est-ce que j'en ai à foutre. Ici c'est le centre de commandement du braquage de la banque d'Espagne. Tiens, abruti
Il se débarrassa du téléphone et reporta ses yeux sur les écrans
- Gandia tenez bon. Tenez bon jusqu'à ce que l'hélico revienne. Compris ? Transmit-il dans sa radio puis à voix haute : que fait ce putain d'hélico bordel de merde !
Derrière lui, Suarez ne lui répondait pas. Antoٖñanzas se trouvait à ses côtés. Tous deux échangèrent un regard. Leur supérieur n'allait pas aimer ce qu'il allait entendre.
- Colonel ? Se décida enfin Suarez, d'une voix maitrisé par la colère et la honte : je crois qu'il faut pas se fier... aux apparences
Autour de lui, tout le monde avait déjà compris. Le silence s'était fait. Tamayo se retourna pour leur faire face. Il était bien trop concentré sur l'affaire Gandia qu'il n'avait pas compris de suite ce que cette information impliquait. Il le comprenait, maintenant. Et il n'aimait pas ça du tout.
- Les fils de pute hurla-t-il en abattant son poing sur la table la plus proche
Alors que la police subissait la honte de sa défaite, une femme pleurait en silence. Dans un coin de la tente, assise sur une chaise, devant son bureau, se trouvait Tatiana. Ses yeux se perdant dans le vide, le corps figé de peur et de colère, elle n'arrivait pas à croire qu'il est fait ça. Berlin. Elle avait reconnu sa voix, quand il parlait à Tamayo. Comment son mari avait pu faire une chose pareille ? Sans la tenir au courant. Soudain, un détail lui revint. Dans le bar, avant qu'elle ne soit appelée, il voulait le lui dire. Mais il s'était abstint. Il avait déjà cette idée en tête. Elle fut sortie de ses sombres pensées par Antoٖñanzas.
- Ça va ? Tu es toute pâle. Il était inquiet
- Je vais bien. C'est juste ce braquage. Ça me rend dingue
- Je comprends. Je ressens la même chose
- J'ai...j'ai besoin de prendre l'air.
Elle se leva brusquement et sortit. Elle l'avait sauvé. Elle avait perdu son frère, pour lui. Elle avait trouvé un antidote, pour lui. Elle n'arrivait pas à croire qu'il est remis ça. Ils en avaient parlé. Quoi qu'il arrive, il ne devait pas rentrer dans la banque.
Elle serra le poing. Tout ça, c'était la faute de Sergio. C'était lui qui l'a laissé y aller, malgré les risques. Si ça se trouve, c'était lui qui lui avait ordonné. Il avait besoin de Berlin dans la banque pour diriger les braqueurs.
Des larmes coulaient mais ses yeux brûlaient de détermination. Elle avait pris sa décision.
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