Chapitre 4
Hyunwoo dit un dernier au-revoir à son père avant de refermer la porte derrière lui. Il s'apprêta à s'engager dans le couloir lorsqu'il cogna dans quelqu'un. Il se retourna et, vif comme l'éclair, rattrapa la personne qu'il avait percuté, qui était sur le point de tomber. Alors qu'il la tenait dans ses bras, il se pencha sur son visage, et sourit en le reconnaissant.
- Bah alors Kihyun, qu'est-ce que tu fais là ? T'es jamais dans les couloirs d'habitude, dit-il, le ton taquin.
- Bonjour déjà, répliqua-t-il en fronçant les sourcils et en tentant de se débarrasser des gros bras de Hyunwoo. Et puis, j'allais sortir justement.
Hyunwoo aida Kihyun à se redresser correctement et à retrouver sa stabilité à l'aide de ses béquilles. Kihyun baissa légèrement la tête, avant de la relever vers Hyunwoo.
- Tu veux venir avec moi ?
- Avec plaisir, sourit-il.
Kihyun commença alors à trotter avec ses béquilles vers le jardin de l'hôpital, talonné par Hyunwoo. Une fois dehors, ils prirent place sur l'un des bancs bordant le chemin traversant le jardin. Le temps était nuageux aujourd'hui mais la pluie ne semblait pas décidée à tomber, permettant de préserver l'atmosphère chaude bien que lourde.
- Ça fait presque un an qu'on se connaît, lâcha distraitement Kihyun afin de briser le silence.
- Un an que je te supporte, taquina Hyunwoo.
- Un an que je TE supporte ! rétorqua Kihyun en frappant son bras. D'ailleurs, t'as le don de toujours me rentrer dedans, tu le fais exprès ou quoi ?
- C'est toi qui te met toujours sur mon chemin ! se défendit Hyunwoo.
- Excuse-moi ?! demanda-t-il, outré. La première fois qu'on s'est rencontrés, c'est toi qui m'as totalement foncé dessus, tu regardais même pas devant toi !
Hyunwoo sourit en se rappelant de ce jour-là. Effectivement, c'était entièrement de sa faute, il venait de rendre visite à son père et était terriblement inquiet quant à son état et l'incertitude des médecins à pouvoir le soigner. Il était plongé dans ses pensées en sortant de l'hôpital, et n'avait pas fait attention à Kihyun, qu'il avait littéralement balayé de sa grosse masse musculaire. Heureusement, par réflexe, il l'avait rattrapé avant qu'il ne tombe, exactement comme aujourd'hui. Il était revenu le lendemain et l'avait cherché dans tout l'hôpital afin de se faire pardonner en lui offrant des cookies qu'il avait fait lui-même. Hyunwoo sourit inconsciemment à ce souvenir, récoltant un nouveau coup de la part de son ami.
- Ça te fait rire en plus ! lui reprocha Kihyun alors qu'il se mit à rire.
- Ils étaient bons au moins mes cookies ?
- Dégueulasses, ils étaient dégueulasses, répliqua Kihyun en faisant la grimace.
- Tu mens !
- Je ne mens pas, dit Kihyun en essayant d'être le plus convaincant possible.
Hyunwoo laissa échapper un petit rire.
- Tu m'apprendras à faire des cookies alors ? demanda-t-il.
- Quand ça ?
- Quand tu sortiras de l'hôpital.
Kihyun resta silencieux. Hyunwoo savait qu'il s'aventurait sur un terrain glissant, mais il ne supportait pas de voir Kihyun traîner dans cet hôpital et voir son état empirer, pour la simple et bonne raison qu'il refusait de se soigner. Depuis un an, il se laissait littéralement mourir, Hyunwoo pensait pouvoir l'aider en lui faisant rejoindre le Lost clan, mais il s'était vite rendu compte que ce n'était qu'une raison de plus pour lui pour se détruire la santé et espérer voir la mort arriver plus vite.
- Il faut bien que tu sortes de l'hôpital un jour, continua-t-il.
- Pour aller où ? rétorqua-t-il du tac-au-tac, déjà sur la défensive.
- On est six à pouvoir t'accueillir chez nous, ou du moins quatre si on ne compte pas la famille collabo de Hoseok et le psychopathe qui sert de père à Hyungwon.
- Je préfère rester ici, répondit sèchement Kihyun.
- Pour quoi faire ? demanda Hyunwoo. Tu ne veux même pas aller mieux, et ton état empire-
- Je vais déjà mieux avec le Lost clan, coupa-t-il. Je n'ai besoin de rien d'autre.
- Kihyun, tu as besoin de soins, est-ce que tu te rends compte que ça fait un an que t'es à l'hôpital mais que tu refuses de te faire soigner ? Je sais bien que le Lost clan t'aide à te sentir mieux, il nous aide tous à nous sentir mieux, mais c'est pas ça qui va aider à soigner ta ja-
- Tais-toi ! explosa Kihyun, l'empêchant de prononcer ce mot tabou pour lui. Juste... Arrête. S'il-te-plaît, ajouta-t-il sur un ton plus calme mais pas moins ferme. On en a déjà parlé. J'ai pas envie de parler de...
Il jeta un regard vers ce qu'il n'arrivait pas à évoquer. Sa jambe droite. Hyunwoo l'avait toujours connu comme ça, avec sa jambe droite inutilisable. Il n'avait aucune idée de comment cela lui était arrivé, si c'était de naissance ou s'il s'était blessé. Kihyun refusait catégoriquement de lui en parler et s'énervait à chaque fois qu'il essayait d'aborder le sujet.
—
C'était une journée ordinaire. Une journée comme les autres. Kihyun s'était levé ce matin pour se rendre au conservatoire de musique, où il étudiait depuis plus d'un an déjà. Il avait passé sa journée à faire ce qu'il aime : chanter, étudier la musique, jouer de la guitare et du piano. A chaque fois qu'il entrait dans le conservatoire, c'est comme s'il entrait dans un nouveau monde, dans son monde, et le monde à l'extérieur n'existait plus pour lui.
Mais ce jour-là, lorsqu'il sortit de cours, il s'en est voulu d'avoir fermé les yeux sur ce qu'il se passait à l'extérieur. Les rues étaient étrangement vides, et le peu de personnes que Kihyun voyait étaient des gens qui courraient en hurlant. Il comprit que ce n'était vraiment pas normal lorsqu'il vit un groupe d'une dizaine de militaires s'arrêter devant le conservatoire. Par réflexe, il se cacha derrière le muret de l'entrée, ne sachant comment réagir. Les militaires semblaient chercher quelqu'un, mais il ne savait pas qui. Peut-être Kihyun faisait-il partie de ces gens qu'ils cherchaient ? Il n'en savait rien. Il préférait se faire discret dans le doute. Il vit le groupe armé passer le portail et foncer vers l'intérieur du bâtiment. S'ils n'avaient ne serait-ce que tourné la tête sur la gauche, ils auraient vu Kihyun, recroquevillé contre le muret, les yeux paniqués et le cœur battant. Une fois les hommes hors de sa vue, il prit ses jambes à son cou et fonça vers sa maison. Avec un peu de chance, il sera en sécurité chez lui, enfermé à double tour. Pendant sa course, il entendait au loin des coups de feu, des cris. Cela paraissait si irréel. Il n'avait vu ça que dans les films, et ne s'était jamais dit qu'un jour il allait être dans la même situation.
Plus il s'approchait de son domicile, plus les coups de feu étaient sonores. Il voyait aussi de plus en plus de gens fuir en courant, des familles surtout, avec des affaires prises à la va-vite dans les bras. Kihyun arriva enfin devant sa maison, dont la porte d'entrée était ouverte. Cela n'annonçait rien de bon. Et le cœur de Kihyun s'affola encore plus lorsque des cris de sa mère parvinrent à ses oreilles. Il entra en trombe dans la maison et se figea lorsqu'il arriva au salon. Impossible. C'était impossible. C'était un cauchemar, il voulait se réveiller au plus vite. Sa mère, son père et ses deux sœurs étaient agenouillés en cercle, dos à dos, les mains tremblantes derrière leurs têtes baissées, pointés par les fusils d'assaut de trois militaires. Jihyun et Mihyun, ses deux sœurs, venaient visiblement tout juste de rentrer de l'école, elles étaient encore en uniforme, leurs sacs de cours encore sur leurs dos. Un quatrième militaire, un gradé d'après toutes les médailles présentes sur sa veste, faisait les cent pas autour d'eux. D'ailleurs, c'est cet homme qui releva vivement la tête lorsqu'il entendit les pas de Kihyun s'approcher du salon pour s'arrêter dans l'encadrement de la porte. Ce dernier pâlit lorsque l'homme croisa son regard.
- Et ça, c'est quoi ? demanda-t-il en s'adressant à madame Yoo, désignant le nouvel arrivant.
- S'il-vous-plaît, ne prenez pas mon fils, souffla-t-elle, la voix tremblante et les yeux clos.
- C'est donc bien votre fils, vous m'avez donc menti quand vous m'avez dit que vos deux filles étaient vos seuls enfants ? demanda le militaire d'un ton menaçant.
Elle ne répondit que par des sanglots difficilement retenus, de même que les trois autres membres de la famille de Kihyun. Le gradé reporta son regard sur le jeune garçon, qui était incapable de bouger jusqu'alors.
- Yoo Kihyun, c'est bien cela ? demanda-t-il, même s'il semblait sûr de cette information.
Kihyun ne répondit pas. Son corps refusait de répondre. Tous ses membres tremblaient de manière incontrôlable alors que ses poumons étaient comprimés par l'angoisse.
- Tu vas venir avec nous pour servir la République populaire démocratique de Corée, annonça-t-il. Tu vas suivre une formation militaire et rejoindre les rangs pour servir ton pays, comme tous les jeunes garçons de ton âge.
Alors que Kihyun commençait à paniquer en envisageant le destin que lui offrait ce militaire, il vit du coin de l'œil ses parents et ses sœurs secouer la tête, comme l'incitant à refuser cette proposition. Sans vraiment se rendre compte, il imita inconsciemment sa famille en secouant la tête à son tour.
- Ce n'était pas une question Kihyun, appuya l'homme.
- Pars d'ici, murmura son père, tentant d'atteindre les oreilles de Kihyun mais en évitant celles du militaire, ce qui fut évidemment un échec.
- Êtes-vous sûr de ce que vous dites, monsieur Yoo ? demanda l'homme gradé en sortant sa propre arme de poing pour la poser sur la tempe du père qui tressaillit. Yoo Kihyun, regarde-moi bien, dit-il en reportant son regard glacial sur le jeune homme, si tu fais un seul pas, tu peux leur dire adieu. Et tu ne pourras de toute façon pas nous échapper. A toi de choisir.
La mâchoire de Kihyun tremblait alors que les larmes qui avaient emplis ses yeux se mirent à glisser le long de ses joues. Son cœur battait si fort qu'il lui faisait mal, rendant sa respiration désagréablement difficile. Il croisa les regards de son père, de ses sœurs, et de sa mère, sa mère qu'il vit articuler « Tu es le seul qui ait la possibilité de t'en sortir. Ne t'en fais pas pour nous. » Il ne savait que faire. S'il rejoignait les rangs de l'armée, sa famille allait être sauve, mais sauve de quoi ? Quel était le sort que l'armée nord-coréenne allait leur réserver une fois qu'il sera loin d'eux, dans son école militaire, à servir une cause qu'il ne voulait pas défendre ? Kihyun se remémora ses cours d'histoire sur l'occupation japonaise en Corée, qui s'était passé environ un siècle avant. Travaux forcés, déportation, cobayes, prostitution forcée... Il ne voulait pas de tout ça pour sa famille. Sa tête lui faisait mal, terriblement mal. Les préférer morts plutôt que vivants mais avec des conditions de vie déplorables. Était-ce égoïste ? Sa tête lui faisait si mal qu'il ne pouvait plus réfléchir. Il regarda une nouvelle fois dans ses yeux son père, sa sœur Jihyun, son autre sœur Mihyun, et sa mère, tentant de leur transmettre tout son amour pour eux à travers ses yeux débordant de larmes.
- Je suis désolé... murmura-t-il dans un souffle, la gorge serrée.
- Cours ! cria son père à pleins poumons.
Kihyun laissa échapper un sanglot avant de rassembler toutes ses forces dans ses jambes pour courir hors de la maison. Ses larmes ne firent que redoubler alors que son cœur se serra lorsqu'il entendit des coups de feu derrière lui alors qu'il n'était qu'à quelques mètres de sa maison, mais ne ralentit tout de même pas sa course. Il ne savait pas où aller. Il fonçait juste tout droit, le plus loin possible de ce cauchemar.
Malheureusement, le cauchemar continuait de le poursuivre. Il entendit bien vite derrière lui des pas le courser. En se retournant, il remarqua une vingtaine de personnes, armées jusqu'aux dents, pointer leurs fusils vers lui.
- Arrêtez-vous ! Arrêtez-vous ou nous ferons usage de notre arme !
Kihyun fit la sourde oreille et ne fit que courir plus vite, à une vitesse qu'il ne pensait même pas capable d'atteindre. Ses yeux brûlaient, sa gorge brûlait, ses poumons brûlaient, ses cuisses brûlaient alors qu'il se sentait comme un gibier impuissant face à son prédateur. Il entendit l'un des militaires donner l'ordre de tirer. Un coup de feu retentit et la balle s'écrasa au sol à seulement quelques centimètres de son pied. Son cœur battait à tout rompre alors que la peur lui tordait les tripes.
Le deuxième coup de feu fut celui qui eut raison de lui. Après la détonation, il sentit rapidement une douleur aiguë dans le haut de sa cuisse alors qu'il laissa échapper un cri en trébuchant. Malgré la forte douleur qui remonta jusque dans son bassin, il décida de continuer de courir à travers les rues de la ville, en comprimant maladroitement sa blessure avec sa main pour perdre le moins de sang possible, la peur de se faire attraper par l'armée l'aidant à faire abstraction de la douleur qui déchirait sa jambe. Il n'osa même pas regarder sa cuisse, il avait peur de ce qu'il allait voir, et il avait surtout peur de ralentir sa cadence.
A force de tourner et tourner de manière aléatoire dans les rues, il finit par semer les militaires, qu'il entendait toujours courir dans les rues adjacentes. Il était temps, la douleur à sa jambe était désormais difficilement supportable. Il entra dans une maison vide, où visiblement l'armée était déjà passée. Il boita jusque dans la cuisine pour être sûr d'être bien caché, et s'effondra au sol dans un douloureux gémissement. Il appuya son dos contre l'un des placards, puis jeta un œil en direction de sa jambe. Malgré sa main toujours fermement plaquée sur sa blessure, une tache rouge se répandait doucement sur son jean. Il décida de délicatement retirer sa main, non sans mal car il sentait la balle bouger dans ses chairs, faisant grandir sa douleur. Et apparemment, sa compression avant bien marché, puisque dès que sa main fut éloignée, le saignement s'intensifia. La panique s'empara de Kihyun alors que de nouvelles larmes emplirent ses yeux de même que le sang emplit son jean. Il avait été responsable de la mort de toute sa famille pour pouvoir se sauver, et il n'y avait même pas réussi. Il allait mourir lui aussi, après tout, n'est-ce pas ce qu'il méritait après cet acte horrible ? Sa vision se troubla alors que la douleur à sa jambe s'intensifia, au point de ne plus être supportable. Il se laissa tomber allongé sur le carrelage de la cuisine en gémissant de douleur, pris de spasmes alors que ses larmes s'échappèrent pour s'écraser sur le sol. Il avait si froid. C'est tremblant comme une feuille et la respiration courte qu'il finit par laisser ses yeux se fermer, tiré par une force inconnue contre laquelle il ne pouvait pas lutter.
–
Alors qu'il reprit petit à petit conscience, Kihyun fut enveloppé d'une douce chaleur, contrastant avec l'état dans lequel il s'était endormi. En ouvrant les yeux, il se rendit compte qu'il était dans une chambre aux murs bleu pervenche, allongé dans un lit, recouvert d'un plaid beige, son bras relié à une poche qui portait l'appellation de morphine. Il comprit alors vite pourquoi sa douleur avant complètement disparu. Il se redressa difficilement, avant de soulever la couverture pour pouvoir jeter un œil à sa blessure. Mais la première chose qu'il remarqua le choqua bien plus que ce à quoi il s'attendant. Sa jambe droite était étrangement... bleue ? Grise ? En jetant un coup d'œil à sa blessure, il fit la grimace. Elle était encore totalement ouverte, et montrait tous les éléments anatomiques que Kihyun aurait aimé ne pas voir de ses yeux, surtout sur son propre corps. Il détourna le regard. Il ne savait pas si les médecins avaient réussi. à retirer la balle mais en tout cas, il ne la sentait plus. Et, pour dire vrai, il ne sentait plus sa jambe en général... Était-ce la morphine ? Il posa son doigt sur sa cuisse droite. Il ne sentit rien du tout. Il tenta la même expérience sur sa jambe gauche.
- Oh non... Non... Non non non non non...
Il refusait d'y croire. Ça ne pouvait pas lui arriver. Pas à lui. Il tenta de plier sa jambe gauche, ce qu'il réussit avec succès. Mais lorsqu'il essaya avec sa jambe droite, elle refusa de lui répondre. Kihyun essaya de toutes ses forces alors que la colère montait en même temps que ses larmes. Mais rien ne se produisit. Il laissa échapper un cri de rage, alors que son poing s'abattit sur son matelas.
Il aurait préféré mourir ce jour-là.
—
Bonsoiiiir on s'amuse bien ici :DD
Je me demande parfois pourquoi j'ai écrit un truc si déprimant ptdr j'espère que vous appreciez tout de même !
Je vous avoue que je doute un peu de ma fanfic... Quand je relis mes chapitres avant de les poster, je trouve mon écrit vraiment pas ouf, j'ai l'impression que j'aurai pu faire mieux mais j'ai beau relire et relire, je trouve pas vraiment ce que je pourrai changer et ça me frustre... Dites moi si je devrais changer quelque chose ou quoi, ou même si ma fanfic et nulle à chier vous avez le droit de me le dire mdrrrdqjkjqbs
Voilà voilà, et désolée pour le retard aussi bruh, je voulais poster dans le train hier, j'avais même emmené mon ordi pour ça mais bon y a eu des bails de changements et retards de train, je suis partie de la gare avec 1h40 de retard par rapport au premier train que je devais prendre et Wattpad m'est complètement sorti de la tête
Bisous les copains, et à la semaine prochaine !
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