34 ANS AVANT CAEMIL FELEAM, HERNULIA ARAMÎR, PRAHïL HAJJIN, SEHOLLAN, LEROSON ROSTUGO ET DIULIA GLINGAL

     Je tombais, encore et encore, je tombais.

     Et une nuit supplémentaire je me réveillais en sursaut, comme si tout ceci avait été réel. Cela l'avait été, j'étais tombée une fois. Mais en revivant cette fois en rêve, chaque nuits depuis plus d'une semaine, j'avais l'impression de retomber une centaine de fois. A chaque rêve, j'avais la sensation de sombrer dans le vide et je me réveillais avant d'atteindre la fin.

     Je soupirais bruyamment en me redressant dans l'immense lit où je dormais depuis près de deux semaines. Aucune servante n'était venue, il devait donc encore être tôt. Je jetai un oeil à l'extérieur et remarquai qu'en effet, le soleil se levait juste. Avide de voir ce spectacle depuis mon étage, je me levai sans difficultés et ouvrai grand les rideaux puis la fenêtre à laquelle je m'accoudai. La bouche entrouverte, j'admirai le soleil faire son chemin jusqu'à la limite de l'horizon qu'il finit par dépasser pour commencer à s'élever et enchanter chaque parcelle du royaume de ses rayons. Au loin dans la forêt que l'on apercevait depuis le château, le vent fit voler une fleur violette d'un arbre.

     Je savais que très vite, tout le palais s'agiterait et que les servantes devaient dors et déjà courir partout et s'occuper des nombreux préparatifs dus à notre arrivée. Je n'aimais pas causer autant de chaos et de perturbation, même si techniquement ce n'était pas de ma faute mais celle de ma mère que nous étions là. Mais je savais qu'elle ne se souciait pas des personnes qu'elle disait "de la basse société", je m'en souciais donc pour deux.

     Je m'habillai sans trop me soucier des détails - j'en aurai bien le loisir ce soir - et jetai un regard par ma fenêtre toujours ouverte. Une nouvelle fleur violette tomba.

     - Après tout, qu'ai-je à y perdre ? murmurai-je pour moi-même, comme pour me persuader d'y aller malgré la légère angoisse qui me pesait toujours sur le coeur

      Mais je me rappelai mon rêve, et comment malgré ma chute, il n'avait jamais été un cauchemar. Non, j'adorais revivre ce moment à l'infini et me réveiller chaque matin en songeant qu'une fois la journée finie, mon rêve recommencerai. Alors je pris la décision de descendre pour sortir.