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Chapitre 31 : Analyses

- ...Et c'est là que j'ai découvert que les étoiles jaunes dans mes pouvoirs sont plus fortes que les rouges...

Le crayon glissait les mots sur le papier. Ils étaient un peu grotesques, maladroits, l'écriture d'un enfant, soit. La lettre continua, changeant alors de sujet.

- Quand tout sera réglé, je pourrais t'inviter chez moi ! Je sais que tu adores le thé, et nous avons ici du thé multi-dimensionnel. Tu verras, il est excellent ! Et je suis certain que tu plaira à mes frères et soeurs. J'aurais aimé inviter King, mais tu sais bien... Enfin bref, j'espère bientôt te revoir, Enya !

Le Collectionneur plia soigneusement la feuille avant de la glisser dans une enveloppe violet pâle. Un grand sourire sur les lèvres, il sauta de son bureau et flotta hors de sa chambre. Une fois sur la terrasse de son chez soi, il baissa la tête vers la terre juste en dessous.

Les Iles Bouillantes. Rien n'avait changé pendant les mois d'absence de l'enfant. Le squelette du Titan avait la même position de mort, le même bras levé, le même index pointé vers le ciel. La mer était pareille qu'avant, acide et calme sur les côtes. Depuis sa petite plateforme transparente, il pouvait observer inlassablement ce paysage magnifique.

L'être astral prit la lettre qu'il avait faite pour Enya. Cela faisait un moment que l'habitude d'écrire à sa chère amie l'avait saisi. Elle lui manquait, donc, il voulait un minimum de contact. Avec plaisir, il avait découvert qu'elle lui répondait aussitôt, recevant le retour le lendemain au plus tard.

Il écrivait aussi à King, bien sûr. Mais ce n'était pas la même chose. La jeune fille était plus âgée, plus grande, une figure fraternelle et protectrice. Collie savait que s'il confiait ses problèmes, ils auraient une réponse différentes de ses deux amis. Et étonnement, il préférait celles de la bleutée.

Alors que le démon ne faisait que le soutenir, la marionnette, en plus, lui donnaient des conseils réfléchis et de l'aide. En plus, il pouvait lui parler des Archivistes sans craindre de mettre mal à l'aise.

Collie posa son index contre la fermeture de l'enveloppe. Elle se scella avec son symbole, une éclipse souriante d'un côté. Puis, il le lança vers les Iles Bouillantes. La lettre s'entoura de lumières multicolores et plongea, avec la magie, vers sa destination.

- Tout se passera bien, murmura le garçon alors qu'un rugissement de rage et de douleur fit trembler sa demeure.

Le groupe était installé au Manoir de la Chouette, assis dans le salon avec un silence lourd. Amity et Enya se trouvaient dans la cuisine, préparant des tartes aux fées et du thé. Rien de mieux qu'un goûter sucré pour remonter le moral, avaient dit les deux jeunes filles.

King s'était assis sur le giron de Luz. Son regard jaune perçait celui de sa soeur de coeur. Il avait tout de suite ressenti une énergie surpuissante qui s'émanait d'elle, et surtout, les tâches lilas au dessus de ses pupilles ne manquaient pas d'attirer l'attention. Eda réareangea une mèche derrière son oreille, appuyée contre le côté du divan bleu où s'était mis Willow et Hunter. Depuis quelques mois, ses cheveux avaient repoussés, atteignant dorénavant ses épaules. Raine était tant qu'à iel aux côtés de Gus, les bras croisés sur sa poitrine.

- Donc... Lumen est en toi ? demanda la Dame Chouette après un long moment de mutisme.

- C'est ça, confirma l'humaine en se mordant nerveusement la lèvre inférieure, Quand je l'ai touché, j'ai en quelque sorte aspiré son pouvoir en la touchant. Mais je ne sais pas comment.

- Il faudrait voir si ça n'aura aucune conséquence sur le long terme, proposa le Marcheur de l'Ombre après avoir échangé un regard entendu avec sa petite amie.

- Des conséquences ? C'est possible ?

- Tu vois bien ce que fait une trop forte magie à Gus ou à moi, suivit la botaniste.

L'illusionniste acquiesça. Les deux sorcières avaient une puissance magique impressionnante, et peut-être trop grande pour eux. Avant la défaite de Belos, ils leur étaient arrivés de perdre le contrôle de leurs pouvoirs à cause de trop forte émotion, comme la colère ou la panique. Cette situation était notable par leurs yeux qui brillaient de la couleur de leur magie. Mais récemment, ça s'était calmé, les adolescents ayant réussi à garder leur sang-froid.

- Mais comment ? interrogea le barde en remettant ses lunettes correctement sur son nez.

- Je peux aider pour ça.

Amity arriva, accompagnée d'Enya. La mauve déposa sur la table une tarte à la pâte dorée, avec des ailes ou des membres de fées sortant d'une sorte de marmelade magenta. La pâtisserie laissait échapper des gémissements étouffés. La bleutée, tant qu'à elle, rajouta au goûter un groupe de tasses remplies de thé chaud de couleur rose.

- Mon père travaille dans les machines, continua la Blight en servant la tarte aux fées, Il a sûrement une qui peut servir à analyser ton corps. Et puis, je suis certaine que Em' et Ed' seront ravis de te revoir.

Avec un remerciement, Luz prit sa part et la plongea dans le thé. Et dire qu'à l'époque, entendre les cris et voir les spasmes des fées dans la pâte la dégoûtaient... Dorénavant, elle se satisfaisait du goût sucré qui envahissait ses papilles quand elle croquait dans la pâtisserie.

- Je ferais ça. Et en parlant de ton père, ça a avancé, ses recherches pour enlever la marque des clans ?

Après tout, les sceaux qui restreignaient les sorcières étaient toujours présents, même après le jour de l'Unité et la mort de Belos. Les clans principaux avaient été dissous, mais les plus petits, comme par exemple celui des petits chatons, étaient toujours présents. Ils étaient plus des clubs, des communautés, que les clans de l'époque.

- Eh bien, ses recherches sont toujours bloquées à ses débuts, répondit Amity en sirotant le thé au parfum rosé.

- Même avec l'aide de Darius ? s'étonna Hunter, Comme j'habite chez lui depuis un moment, il m'a dit qu'il travaille souvent avec ton père pour ses recherches.

La mauve hocha la tête dans une grimace. Elle espérait que son parent trouve une solution aux sceaux magiques. Le blond et Raine regardèrent à l'unisson les leurs avec peine.

- Je pourrais aider, intervint Enya avec un air calme, mordant dans sa part de tarte.

- Toi ? interrogea King, rapidement suivi de Gus.

- Et comment tu comptes aider avec un soucis que même Alador-

- Parce que je vous rappelle que j'ai des connaissances d'une certaine personne dans mon crâne.

La bleutée illustra ses pensées en posant un index sur sa tempe. Si elle avait les connaissances de Bill, autant les utiliser un minimum pour aider les habitants des Iles Bouillantes. Elle voulait se sentir utile, pour une fois.

Le groupe s'échangèrent un regard. C'était passé par-dessus leur tête que la marionnette avait un démon omniscient enfermé en elle et qu'elle avait accès à un peu de son savoir.

- Je pense que ça ne fera de tord à personne, soupira la Dame Chouette en avalant d'une traite sa boisson chaude.

- Génial !

La jeune fille sourit et claqua les mains. Des étoiles brillaient autour d'elle. Ravie, elle garda cet étirement de lèvres enjôleur sur le visage pendant le reste de la soirée.

Il ne fallut qu'attendre qu'une semaine avant que Luz et Enya se retrouvèrent au Manoir des Blight. C'était un énorme bâtiment violet, aux toits mauves, assez imposant et s'apparentant à un château. Il était au sommet d'une petite colline, sur le bras gauche du squelette. Il y avait un panneau devant un chemin de terre, avec marqué dessus en jaune "Société Blight".

Cette place avait sûrement été l'une des premières réparées après les évènements avec le Collectionneur. En plus que le privilège de richesse, les abomatons aidaient beaucoup lors de la reconstruction d'Osville, ce qui avait fait de refaire le plus vite possible son usine.

A la plus grande peine de l'humaine, Amity ne serait pas exceptionnellement présente. Elle s'entraînait avec Darius, l'ancien chef de clan des abominations et le nouveau tuteur légal d'Hunter. Elle voulait garder la surprise sur quoi elle travaillait, mais elle promettait que c'était impressionnant.

- Pas trop stressée ? questionna la bleutée alors que les amies gravissaient le petit chemin.

- Quoi ? Pfff, pas du tout ! répondit la brune en chassant une mouche invisible, Je vais juste me faire analyser. C'est comme un examen médical.

Le duo arrivèrent à destination. Avant qu'il n'ait le temps de sonner à la porte, une fenêtre à l'étage s'ouvrit grand. Une tête d'adolescente en sortit, aux cheveux verts et longs réunis dans une épaisse tresse. Ses yeux ambrés se posèrent sur la basanée. Aussitôt, un grand sourire se dessina sur ses lèvres.

- Luuuz ! chantonna-t-elle, Ca fait longtemps !

- Emira ! Oui, ça fait un moment ! Ton père est là ?

- Il est toujours là. Attends, je vais demander à Ed' de vous faire entrer.

Il n'eut fallut attendre qu'une poignée de secondes avant que les lourdes portes de bois s'ouvrent. Derrière se trouvait la copie d'Emira mais au masculin, ses cheveux courts et verts parfaitement éparpillés sur son crâne. Il portait une tunique mauve avec une pierre bleue sur le torse et un collant plus foncé.

- Salut Luz ! salua le jeune homme, une main sur la hanche, Et ?

Il tourna la tête vers la marionnette. Celle-ci nota que l'attention était vers elle, fit sa révérence masculine comme à son habitude.

- Enchantée, je m'appelle Enya Epyales. Et vous, vous devez être Edric et Emira Blight. Amity m'a parlé de vous.

- C'est ça ! s'exclama la jumelle en apparaissant derrière son frère, le faisant sursauter, Nous sommes la grande fraterie de Mitaine ! Enya... Tu es la fille au chapeau, c'est ça ?

Elle opina. Sans plus de cérémonie, les deux invitées entrèrent dans le manoir. L'intérieur avait encore l'influence d'Odalia. Elegant, parfait et distingué. Le groupe passèrent couloirs et salons pour se retrouver dans le laboratoire d'Adarius.

Ce dernier faisait tâche comparé au reste de la maisonnée. Les murs, d'un métal lourd et foncé, donnaient un sentiment d'oppression aux lieux. Des tableaux, des morceaux de machines et des tables jonchaient ici et là avec divers outils complexes. Des giclées d'abominations se trouvaient un peu partout, rajoutant un peu de couleur dans ces lieux tristes.

Au fond de la pièce, il y avait Alador. La mâchoire carrée, le nez cabossé, une barbe discrète et des cheveux bruns en bataille, on aurait du mal à croire qu'il était le père d'Amity. Ses yeux dorés et ses oreilles pointues montrait la parenté. Il était penché vers une de ses créations, une sorte de gant doré mécanique.

- Papa ! s'exclama la verte, On a des invitées !

Le brun se détacha de son travail et souleva de sa main couverte de vase ses lunettes aux verres violets. Ses yeux qui semblaient si sérieux devinrent rapidement confus, comme un animal perdu en forêt.

- Des invitées ? Oh, la fille d'Edalyn et...

- Enya, termina Edric avec un sourire, un bras autour de l'épaule de la concernée.

Celle-ci n'était pas dérangée par le contact. L'adulte essuya ses paumes sur sa combinaison grise et serra les mains des invités. L'américaine expliqua brièvement la raison de sa venue. Le père de sa petite amie hocha la tête et l'emmena à l'écart pour pouvoir faire une analyse.

Edric et Emira s'assirent sur l'une des tables, hasardant leur regard dans la salle. Pendant ce temps, Enya s'approcha d'un tableau qui montrait divers calculs, équations et schémas.

Si admiration était un euphémisme, ce serait encore un euphémisme face à ce qu'elle ressentait. Les données étaient complexes, à faire exploser le crâne de n'importe qui. Mais l'adolescente comprenait ces données. Vaguement, mais elle les comprenait. Ses yeux pétillaient alors qu'elle lisait les suites de chiffres et de lettres. C'était passionnant, intéressant, précis, lisse. Mais une donnée lui arracha une grimace peu convaincue. Pendant de longues secondes, les mains dans le dos, elle relit encore et encore la même ligne en silence.

Au bout d'un moment assez court. Luz et Alador revinrent. L'humaine rayonnait de joie, alors que l'adulte avait des yeux de merlan fris, semblant encore sous le choc de sa découverte.

- Papa ? Ca va ? s'étonna le jeune homme en sautant de la table.

- Je n'avais jamais vu ça... balbutia son père alors qu'il frottait son menton de son pouce et son index, La puissance que contient le corps de Luz est impossible...

- A ce point ? dit la jumelle.

- Apparemment, sourit la basanée.

- Et pour les dangers ? rappela la bleutée en se détachant enfin du tableau, les mains sur les hanches.

- Aucun, répondit le brun, Mais regardez ça...

Il sortit un petit appareil s'apparentant à une télécommande avec une antenne. Sur le haut se trouvait le visage d'une abomination et la bouche faisait office d'écran qui montraient des chiffres en vert. L'homme appuya sur le bouton central et pointa son invention vers lui-même. L'écran fixa un nombre net. Ensuite, il la tourna vers l'adolescente. Aussitôt, les données se mirent à défiler avec une vitesse fulgurante sans s'arrêter.

- C'est incroyable, souffla la jeune femme, les yeux brillants.

- C'est Lumen, compléta la marionnette, tout aussi admirative.

- Oui ! Et je n'ai aucun risque avec cette puissance, leur apprit Luz en souriant de toute ses dents, A savoir pourquoi Lumen m'a choisi.

- Je pense que la réponse est évidente... murmurèrent les autres adolescents en s'échangeant un regard entendu.

- C'est là que je ne comprends pas, expliqua Alador alors qu'il se grattait l'arrière du crâne, J'ai beau retourner le problème dans tout les sens, ce gant anti-sceau ne veut pas fonctionner.

Il positionna le gant dans une position aisée et créa un tentacule d'abomination. Avec, il essaya de faire fonctionner la machine, sans grand succès. Il soupira lourdement avec un regard fatigué.

Enya, les mains dans le dos, plissa les yeux. La réponse était pourtant sous le nez du brun. Elle se détacha du gant et alla vers le tableau. Elle prit la craie et l'effaceur.

- C'est simple. C'est parce que votre calcul n'est pas bon, monsieur Alador. Vous permettez ?

Avant que l'homme proteste, elle essuya le calcul mauvais. Les jumeaux Blight regardaient en silence, les lèvres pincées, ayant des doutes que la jeune fille puisse en savoir plus que leur père. Mais Luz, assise sur une chaise, souriait avec confiance. Elle savait que son amie allait encore les épatés.

- Si je fais ça... Et puis comme ça...

Tout en murmurant dans sa barbe, la bleutée traça chiffres, lettres et symboles sur le tableau. Au fur et à mesure, les yeux de l'inventeur se firent de plus en plus rond, jusqu'à qu'ils puissent presque sortir de leur orbite. Il s'approcha de la marionnette et vérifia l'équation. Son souffle se coupa alors que son visage montrait qu'il était plus qu'ébahi.

- C'est... C'est correct, avoua-t-il, Comment est-ce possible ? Tu n'as que quinze ans. Comment as-tu fait ça ?

Les membres de la famille d'Amity regardèrent l'adolescente avec surprise. Elle sentit un poids sur ses épaules. Heureusement, l'humaine était là et la gratifia d'un sourire encourageant.

- J'ai eu un bon professeur.

Ce n'était qu'un demi-mensonge, après tout. La marionnette avait tout appris de Bill, donc, elle pouvait l'appeler professeur en quelque sorte. Même si avouer que tout ce qu'elle connaissait venait du démon lui arrachait la langue.

Avant que l'adulte ne pose d'autres questions, la jeune fille fit une révérence avec une excuse bidon, disant qu'elle avait des choses à faire. Elle cachait son malaise derrière un sourire. Elle saisit le bras de Luz et l'entraîna hors du manoir sans plus de cérémonie.

- Pourquoi on est parti aussi précipitement ? demanda la basanée en peinant à suivre les pas rapides d'Enya alors qu'elle se faisait tirer.

- Il me met mal à l'aise.

Alador, de son côté, regarda alors son appareil qui analysait les puissances. Il remarqua avec étonnement et horreur que l'antenne qui pointait la bleutée, donnait une donnée inattendue.

Sur l'écran était affiché le symbole de l'infini.

Quand Enya rentra chez Willow, elle s'effondra dans le lit, épuisée. Elle avait l'impression que son cerveau fondait. Même si elle ne l'avait pas montré, résoudre cette équation complexe lui avait fait fumer l'esprit. Elle passa une main fatiguée sur son visage. Repenser à Bill avait drainé ses dernières gouttes d'énergie.

Pandore se posa à côté de sa maîtresse et comme d'habitude, pour la rassurer, frotta son visage contre sa joue. Celle-ci sourit tendrement et posa un doux baiser sur son front pour la remercier.

Soudain, un bruit d'étoiles attira son attention. La bleutée eut à peine le temps de se redresser qu'une lettre lui atterrit dans les mains. Elle reconnut le cachet. C'était du Collectionneur.

- Collie, tu es toujours aussi adorable... sourit la jeune fille alors qu'elle ouvrit l'enveloppe et lut le message.

Elle attrapa une feuille de papier et une plume. Sans tarder, elle écrivit une réponse pour son ami. Elle glissa la nouvelle lettre dans l'enveloppe et la lança par la fenêtre. Comme par magie, elle s'envola directement vers le ciel.

- J'espère que tout ira bien... souffla la jeune fille en fixant le croissant de lune bleue qui grandissait de jour en jour.


Après un long moment, voilà le chapitre du jour ! (⁠≧⁠▽⁠≦⁠)

On apprend donc que Collie envoie des lettres à Enya et inversement. Je voulais rajouter cela pour étoffer leur lien sœur/frère que je trouve adorable (⁠ ⁠ꈍ⁠ᴗ⁠ꈍ⁠)

Sinon, Luz a donc l'énergie de Lumen et est dotée d'une puissance phénoménale ! À votre avis, à quoi elle va servir ?

Je vous dis, à la prochaine (⁠。⁠•̀⁠ᴗ⁠-⁠)⁠✧

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