Chapitre XXI

- Heather - 

Finalement, je devais bien reconnaître que j'avais beaucoup aimé le concert. Zayn avait eu raison d'insister, même si je le nierai face à Liam et les autres. Ou peut-être pas. Je soupirai légèrement, frustrée par mes propres pensées, alors que mon regard tomba sur les garçons qui revenaient de la scène, ruisselants de sueurs, mais fous de joie. A cet instant, j'eu un pincement au cœur. Moi aussi j'aimerai pouvoir à nouveau être si heureuse et insouciante qu'eux. Malheureusement, après tout ce qu'il m'était arrivé, je ne m'en sentais plus capable. 

J'avais beaucoup réfléchi durant le concert. Souvent mon regard s'était dirigé vers mon jumeau, réfléchissant toujours à ce qu'impliquer notre discussion à venir. Je la redoutais tout en ayant hâte de l'avoir enfin, après trois ans de souffrance continue. Mais au fond de moi, j'avais peur. Peur qu'Harry soit incapable de me croire, peur de ne pas être capable de lui pardonner mais aussi, peur de ne jamais me retrouver. Parce que la vérité c'est que je ne supportais plus le rôle que je jouais depuis ces trois dernières années. 

Mais à force d'agir ainsi, de me mentir à moi-même, j'avais réussi à me convaincre que c'est ce que je ressentais réellement, que j'avais vraiment besoin d'agir de cette façon avec tout le monde. C'est à cette seconde, que sans raison, mon esprit s'égara et projeta une image de ma mère devant mes yeux. 

Elle me manquait. Notre complicité, notre amour, tout cela me manquait terriblement. Harry et maman me manque, reconnu-je finalement en plein tête à tête avec moi-même. 

C'est ce moment qu'Harry choisit pour se diriger vers moi avec un petit sourire en coin, timide et hésitant. D'un signe de la tête, il m'invita à bouger pour que nous nous retrouvions seuls dans une des loges vides. Nerveuse, je le suivis tout de même en me rongeant distraitement les ongles. 

Harry se tourna vers moi et un sourire hésitant mais affectif se peignit sur ses lèvres. 

 - Tu n'as toujours pas réussi à t'en débarrasser! 

J'arquai un sourcil, ne comprenant pas du tout de quoi il me parlait. J'étais trop angoissée pour réfléchir convenablement. Mais Harry ne s'en formalisa pas, et il désigna du regard mes doigts. Oh..., je haussai les épaules le plus nonchalamment possible en baissant mes doigts. Mais son regard se fit soudainement lointain et un petit rire de gorge lui échappa. Il se rappelait compris-je alors. Je rougis légèrement, frustrée qu'il se souvienne de ça. Depuis que j'étais enfant j'avais ce tique de me ronger les ongles par angoisse, et avec Harry, on avait tout essayé pour résoudre ce problème. Notamment les plonger dans une sauce au piment. Mais non, rien. 

 - Pas faux mais on n'est pas là pour discuter de mes soucis de nervosité, soupirai-je finalement. 

Harry déglutit légèrement et passa une main nerveuse dans ses boucles, mais il acquiesça. Un sourire en coin se développa chez moi en remarquant que lui aussi agissait toujours de la même façon lorsqu'il était angoissé. Je me pris alors à espérer. Espérer qu'il ait raison et qu'il n'ait pas réellement changé. 

 - Ok... Donc j'aimerai tout savoir, Heather. Pas juste ce que tu considère important. Tout ton ressenti, toute cette fichue histoire. 

Je me raidis légèrement; j'allai encore une fois devoir me dévoiler plus que jamais. Mais il fallait aussi que j'arrête, c'était mon jumeau. Il m'avait toujours connu à part ces aspects sombres de ma vie que je tentais de lui cacher. Il allait enfin découvrir ma part d'ombre. Celle dont il n'avait jamais soupçonné l'existence avant de partir à X-Factor. Avant que mon existence ne soit brisée. Et j'étais terrorisée, pourtant je refusais de le lui monter. Alors, je partis m'installer dans un fauteuil à quelques pas de lui. Il se mit dans celui en face de moi, et il attendit. 

Et je me jetai enfin à l'eau. Trois ans après le tournant chaotique qu'avait pris ma vie. 

 - Très bien. Ça a commencé quand je suis arrivée en première année au collège. J'ai rencontré un garçon, il s'appelait Max et il m'avait paru adorable, vraiment. Les premiers jours, il me suivait tout le temps, il était très gentil avec moi et je lui ai confié des tas de choses sur moi, pensant alors que je pouvais avoir confiance en lui. Je m'étais trompée. Dès qu'il en a suffisamment su, il s'est contenté de m'humilier quotidiennement, souvent en déformant mes propos. Je n'ai jamais compris pourquoi il me détestait autant, et la seule fois où j'ai osé lui demander, il m'a juste répondu que c'était parce que j'étais moi. Bien sûr, cela ne m'a jamais aidé à comprendre. Je me mordis la lèvre sans regarder Harry, puis je continuai. Si il avait été le seul, j'aurai pu aisément gérer mais... Max est vite devenu populaire pour un première année. Et beaucoup prenait pour acquis tout ce qu'il disait. Alors, beaucoup de monde s'est mis à me détester et à s'acharner sur moi, me menaçant, m'harcelant de messages anonymes horribles. La première année c'était souvent les mêmes choses, mais au fil du temps - avant que tu n'arrives bien sûr - ils ont étaient de plus en plus cruels dans leurs actions. Et j'étais à bout. C'est pour ça que maman n'a pas été difficile à duper quand on a réussi à la convaincre de nous mettre ensemble. Evidemment, j'aurai aimé que ce soit moi qui change de collège mais ça ne s'est passé comme ça, malheureusement. Je soupire. Quand tu es arrivé... je ne sais pas trop ce que tu leur a fait, mais ils t'adoraient tous! Alors, je me suis dis que ce n'étais pas plus mal, que de cette façon les gens apprendraient à me connaitre plutôt qu'écouter ce que Max racontait sur moi. Je m'étais encore une fois trompée. Dès que tu n'étais pas là, que tu étais dans un autre cours, dans un vestiaire, malade, au football... Dès que j'étais seule, tout reprenait. Mais je ne pouvais pas t'en parler. Jusqu'à il y a trois ans et demie. Je n'en pouvais plus. J'étais à bout, Max s'acharné toujours sur moi et j'avais besoin d'en parler avec quelqu'un. Gemma avait vu que je n'allais pas bien, toi aussi, maman aussi. Mais j'avais finalement réussi à vous convaincre du contraire, jusqu'à ce que je décide d'enfin vous parler. Mais ce jours-là...tu l'as su. Tu as su que tu pouvais passer les auditions de X-Factor. Tu étais si rayonnant Harry, autant que maman et Gemma... Je ne pouvais pas tout foutre en l'air, je n'avais pas le droit de t'en parler. Tu aurais refusé de te présenter aux auditions en me laissant derrière. Alors j'ai tout gardé pour moi. Puis tu as eu "tow yeses" par Nicole et Simon. Deux votes sur trois, l'aventure continuait pour toi. J'avais besoin de toi. Mais je sentais déjà une distance douloureuse entre nous quand je t'avais dis que je ne voulais pas que tu retournes aux studios. Je ne sais pas pourquoi je t'ai dis ça ce jour-là, parce que c'était faux. Enfin, je voulais que tu y ailles et réalise ton rêve, mais égoïstement, je refusais que tu m'abandonnes, tu m'en avais fais la promesse. Mais tu m'en as voulu, tu m'a insulté, tu ne voulais plus me voir. Maman était furieuse. Et moi brisée. Alors je me suis renfermée sur moi, je n'ai plus jamais rien dis, je suis restée dans ma dépression tandis que tu faisais X-Factor, maman refusait de voir la vérité et moi j'avais mal, je continuais d'être harcelé. C'est quand Simon t'a mis avec les autres que j'ai craqué. Je t'avais perdu, j'avais perdu maman, je n'arrivais plus à suivre les cours, à être heureuse. Mais le pire de tout ça, c'était que je t'avais perdu, et ça m'a paru définitif quand vous avez formé les One Direction. Alors je me suis mis dans le bain et je me suis coupée les veines. Je me racle douloureusement la gorge. Contrairement à ce que tu as pu croire à l'époque, je ne voulais pas attirer l'attention. Juste...disparaître une bonne fois pour toute. Mais tu m'as jugé, tu m'as regardé comme jamais tu ne m'avais regardé; avec dégoût. C'est à ce moment-là que je t'ai détesté, et maman aussi parce qu'elle en faisait de même, murmurai-je. 

Finalement, au bout d'interminables secondes après m'être mise à nue, je relevais le regard vers lui. Et ce que je vis me fit mal au coeur malgré la colère que je ressentais toujours à son égard. Mon jumeau s'était laissé tomber au sol, à quatre pattes, respirant difficilement tandis que d'horrible sanglots secouaient tous son corps et qu'un cri de pure douleur lui échappa. 

 - Harry..., je lâchais des larmes à mon tour, laissant de côté "Harold" et ma douleur, puis je me laissais tomber à ses côtés en le serrant contre moi. 

 - Heather... Pardonne moi.. je suis un monstre...!

Je me mordis la joue en le serrant contre moi. Je secouai légèrement la tête, anéanti qu'il pense cela de lui alors que je lui avais pourtant dis bien pire. Mais que voulez-vous? C'est mon frère jumeau et malgré tout, je l'aimerai toujours.

 - Tu n'es pas un monstre. Tu es juste idiot, ris-je faiblement. 

To be continued...