- partie 6
Chan resta pantois, immobile, incapable de prononcer un seul mot. Et ça, ça avait le don de faire jubiler Minho. Lui demander une telle faveur l'avait sans nul doute pris de court. Et c'était bien là l'effet escompté. Il ne pouvait pas être le seul à être préoccupé par la situation qui s'avérait plus qu'étrange.
— Et donc on va où ? demanda Minho, un sourcil haussé.
— Chez moi ?
Il pouffa de rire et Chan continua :
— C'est pas que je veux pas repayer le motel, mais j'habite pas loin alors…
— D'accord. Je te suis.
Minho le provoqua du regard. Il avait bien senti que son ex petit ami était sur le point de perdre ses moyens, et ça l'amusait énormément. Quant à lui, il voulait garder la face jusqu'au bout. Il ignorait ce qui adviendrait de lui une fois cette partie de jambes en l'air terminée, mais à cet instant, il voulait simplement profiter.
Chan lui adressa un petit signe de la tête et, sans un mot, ils se mirent en route. Le trajet leur sembla interminable alors qu'il ne dura que quelques minutes. La résidence étudiante dans laquelle vivait Chan n'était qu'à quelques pas de là et pourtant, ils eurent l'impression de marcher des kilomètres. L'ambiance était étrange, lourde, et le silence n'arrangeait rien. Minho lui lançait bien quelques coups d'œil pour jauger la moindre de ses réactions, mais rien. Il était impassible, comme résigné, et cela finit par le perturber plus que de raison. Décidément, il avait beaucoup de difficulté à le cerner. Tantôt il se montrait confiant, tantôt complètement démuni. Comment se comporterait-il une fois chez lui ? Minho mourait d'envie d'obtenir la réponse.
Ils empruntèrent l'ascenseur pour monter au troisième étage, toujours dans un calme olympien mais dans une nervosité qui ne faisait qu'accroître. Elle devenait de plus en plus palpable, et Chan dut se résoudre à laisser filer un lourd soupir, sans doute pour relâcher toute la tension qu'il ressentait. Même s'il n'était pas dans un meilleur état, Minho afficha un petit sourire narquois. Hors de question de se montrer aussi fébrile que son ex petit ami. Il voulait prouver qu'il avait changé lui aussi, qu'il était bien plus confiant qu'il n'avait pu l'être au lycée. Chan avait toujours eu l'air assuré dans tout ce qu'il entreprenait, il ne doutait jamais de lui, et Minho se réjouissait déjà de le sentir perdre pied.
Ils sortirent de l'ascenseur et longèrent le couloir pour arriver devant la porte de l'appartement de Chan. Ce dernier sortit son badge pour le passer devant le boîtier et ils pénétrèrent chez lui. Aussitôt, Minho fut surpris de l'agréable odeur fleurie qui régnait dans le lieu. Il se déchaussa et observa les alentours, le petit hall d'entrée était déjà bien décoré et il crut même qu'il se trouvait dans l'appartement de quelqu'un d'autre.
— Tu me donnes ta veste ?
Il sursauta presque en entendant sa voix retentir, mais s'empressa de se séparer de son vêtement pour le lui confier. Chan le rangea aussitôt dans l'armoire. Il lui intima de le suivre dans la pièce principale, elle était spacieuse et bien rangée. Une fois de plus, Minho fut étonné de constater que son ex était devenu un jeune homme ordonné et soigné, et qui avait tout de même bon goût pour la décoration.
— Tu veux boire un truc avant de…
Il déglutit et Minho en fit tout autant. La situation était plus qu'embarrassante. Qu'étaient-ils censés faire maintenant ? Se jeter l'un sur l'autre pour s'envoyer en l'air ou alors attendre un peu avant de passer aux choses sérieuses ? Être d'accord pour coucher ensemble était une chose, savoir comment s'y prendre en était une autre. Lors de leur petite escapade au motel, tout était différent. Ils n'avaient pas perdu de temps, tout s'était enchaîné très vite ; le trajet, la chambre, la douche, puis leur moment intime. Minho n'avait pas fait de manières, il ne s'était pas encombré de toutes ces pensées qui aujourd'hui venaient le tourmenter. Devaient-ils prendre leur temps ? Devaient-ils établir une ambiance spécifique avant de se jeter dans le bain ? L'un comme l'autre n'en avait absolument aucune idée, et ils le ressentaient parfaitement dans les regards désespérés qu'ils s'échangeaient.
— Hm, je vais nous servir de l'eau.
— T'as pas de la bière ? demanda Minho.
Chan eut un mouvement de recul tout en haussant les sourcils.
— J'en ai, mais…
— Alors j'en veux bien une. Enfin, seulement si tu bois avec moi.
Debout en plein milieu de la pièce, Chan cligna des yeux à plusieurs reprises avant d'accepter la proposition de Minho. Il se dirigea vers le réfrigérateur et en extirpa deux bouteilles qu'il décapsula sur le plan de travail.
— Voilà pour toi.
Il poussa celle de Minho dans sa direction avant de lever sa bière tout en le regardant dans les yeux.
— Et on trinque à quoi ? s'amusa-t-il.
Chan pouffa se rire avant de dire :
— Je sais pas, à notre dernière partie de jambes en l'air ?
— Allez.
De concert ils lâchèrent un léger rire qui sonna affreusement géné, mais leurs bouteilles se rencontrèrent et l'embarras sembla se dissiper lorsqu'ils burent. Minho ne savait pas vraiment où tout cela allait le mener, comment tous ces sentiments allaient évoluer une fois qu'ils se trouveraient au lit tous les deux. Il en avait un peu peur. Peur de devenir dépendant de ce que son ex petit ami allait lui offrir. Peur d'admettre pour de bon qu'il ne l'avait jamais oublié et que le revoir avait ravivé une flamme qui s'était atténuée, mais jamais éteinte. Mais il ne reculerait pas. Pas maintenant, pas comme ça. Il avait lui-même provoqué cette situation dès qu'il avait demandé à Chan de l'emmener au motel. Il avait ouvert grand la porte à tout un passé qui ne demandait qu'à surgir et à l'engloutir sous une vague redoutable.
Ils terminèrent leur bière sans rien ajouter, leurs yeux parlaient à leur place. Ils se jetaient des regards, s'échangeaient des petits sourires qui se voulaient timides et un peu confus aussi.
— Bon… lança Chan en reposant la bouteille. Tu veux aller dans la chambre ?
Minho déglutit tout en hochant la tête. Chan le rejoignit et lui adressa un petit signe afin qu'il le suive. Il l'emmena dans la pièce d'à côté et la tension augmenta encore d'un cran. Minho observa tout autour de lui, la chambre n'était pas très grande et la décoration bien moins travaillée que dans le reste de l'appartement. Un lit deux places, une commode en face et un porte-manteau. Pas de fioritures, rien de plus.
— Est-ce que je mets la lampe de chevet ?
— Oui, ce sera mieux.
Chan s'empressa d'éteindre la grande lumière et alluma celle sur la petite table à côté du lit. Il lança un coup d'œil à Minho tout en s'installant sur le bord du matelas. Il tapota la place à côté de lui pour lui indiquer de le rejoindre, ce qu'il fit non pas sans une pointe d'hésitation. Une fois à côté de son ex petit ami, Minho se montra plus intéressé par ses pieds. Il sentait son regard pesant, cette tension insupportable qui émanait dans toute la pièce et qui venait lui opprimer la poitrine. La gorge nouée, l'estomac en vrac, l'esprit tourmenté. Il serra les poings et laissa un discret soupir quitter sa bouche avant que Chan toussote pour se rappeler à son bon souvenir. Il se redressa, leurs yeux s'ancrèrent les uns dans les autres.
— Hm, on va peut-être pas y passer la nuit.
Minho acquiesça aux paroles de son ex. Non, ils n'allaient pas commencer à faire des manières, c'était ridicule. Ils étaient adultes, ils savaient ce qu'ils voulaient, alors inutile de tourner autour du pot. Cependant, il ignorait comment faire un pas vers Chan. Devaient-ils s'embrasser ? Juste se toucher ? Se déshabiller tout de suite ? Finalement, le moment au motel avait été bien moins prise de tête.
— Déjà, est-ce que j'ai le droit de t'embrasser ou tu veux pas ?
Minho considéra la question un instant avant d'empoigner le t-shirt de Chan pour le tirer dans sa direction. Il scella leurs lèvres et entreprit de remuer doucement les siennes. Il se disait que tout serait plus simple s'il initiait un premier contact, la suite se ferait naturellement. Et il avait visé juste. Chan vint trouver son visage qu'il attrapa entre ses larges mains pour donner à leur échange une tout autre dimension. Il caressa la bouche de Minho avec davantage de fougue et d'empressement, comme s'il souhaitait passer à la vitesse supérieure. Malgré l'envie débordante avec laquelle il l'embrassait, il restait consciencieux et attentionné. Il touchait sa peau de ses pouces, dans des mouvements réguliers et circulaires. Puis sa langue vint se joindre à la danse dans l'espoir de se frayer un chemin. Sans attendre, Minho lui donna l'accès à sa bouche qu'il entrouvrit pour venir à sa rencontre. Il ne put réfréner un faible gémissement dans le baiser et il agrippa le t-shirt de Chan au niveau de ses épaules.
Il savoura chaque instant, chaque seconde, chaque geste qu'il avait envers lui comme s'il s'agissait de la toute dernière fois. Mais n'était-ce pas censé être la dernière fois ? Il ferma les yeux aussi fort que possible avant de se reculer pour mettre un terme à ce baiser. Il déraillait totalement. Il devait cesser d'imaginer qu'il y aurait une suite, qu'ils reprendraient une relation normale, comme si rien ne s'était passé depuis deux ans.
Déjà à bout de souffle, il analysa son ex petit ami et se mordit la lèvre. Il n'avait pas l'air dans un meilleur état, ses joues rouges et sa respiration erratique laissaient imaginer qu'il n'en pouvait plus d'attendre. Il vint empoigner le bas de son t-shirt pour le lui retirer et d'une pression sur ses épaules, il l'incita à s'allonger. Chan se laissa guider.
— Tu voulais pas que je prenne les rênes aujourd'hui ? s'amusa-t-il.
Minho ne répondit rien. Il se leva et ôta son haut, puis retira son pantalon pour se retrouver uniquement en boxer. Chan en profita pour s'installer confortablement sur le lit, dans l'amas de gros oreillers. Il tendit une main vers son partenaire, mais ce dernier n'en fit rien. Il grimpa sur le matelas, puis se positionna à califourchon sur lui pour se pencher et l'embrasser à nouveau. Un nouveau baiser affamé débuta. Chan vint empoigner les hanches de Minho tout en ondulant généreusement sous lui. Il sentit sans mal son érection comprimée dans son jean, et cela le fit une nouvelle fois gémir dans l'échange. Il arrêta aussitôt. De ses mains quelque peu tremblantes, il défit la boucle de sa ceinture puis se débrouilla comme il put pour lui enlever son pantalon devenu bien trop encombrant. Il considéra son ex un instant, observa son corps bien bâti, sa peau laiteuse, ses muscles bien entretenus. Il déglutit. Chan était vraiment devenu un beau jeune homme, il ne ressemblait plus à l'adolescent qu'il avait connu même s'il le trouvait déjà parfait à l'époque où ils étaient en couple.
Il se pencha et laissa courir sa bouche sur son torse déjà chaud. Il l'embrassa, le lécha, et s'attarda sur ses tétons qu'il mordilla. Cela le fit se cambrer tout en lâchant un petit gémissement rauque. Minho se souvenait parfaitement de l'effet que cette simple action pouvait lui faire. Il se souvenait de chacun de ses points sensibles, du bien-être qu'il pouvait ressentir quand il avait certains gestes à son égard. En réalité, le corps de Chan n'avait aucun secret pour lui, autant que le sien n'avait aucun secret pour Chan. Il le connaissait par cœur, c'était lui qui lui avait fait découvrir son corps et ses désirs. Et quand il couchait avec d'autres hommes, il ne pouvait que penser à lui et à ces choses délicieuses qu'il lui avait fait subir. Il ne pouvait que voir Chan, même s'il avait toujours essayé de l'enterrer dans un coin de son esprit. Depuis tout ce temps, à chaque fois qu'il vivait une histoire d'un soir, il était en réalité à la recherche de ce qu'il avait vécu avec son ex.
— Minho, arrêtons de jouer…
Le concerné releva la tête pour planter son regard dans celui de Chan.
— Je ne joue pas.
— Tu sais très bien…
Un petit sourire narquois étira ses lèvres et il haussa un sourcil.
— De quoi tu parles ?
Chan se redressa en position assise.
— Pourquoi tu cherches tant à me torturer ? Tu sais quel effet ça me fait, tu sais que je peux pas résister quand tu me touches comme ça, quand tu m'embrasses comme ça.
— Peut-être que j'ai envie de te montrer ce que t'as raté en deux ans ?
— J'ai parfaitement conscience de tout ce que j'ai raté.
Il vint lui caresser la joue, mais Minho se recula. Sans un mot, il alla s'allonger et se débarrassa de son boxer pour enfin libérer cette érection qui le tiraillait depuis un moment maintenant.
— Tu attends quoi ?
Chan secoua la tête et ôta lui aussi son sous-vêtement. Désormais totalement nu, il soupira d'aise. Il ouvrit le tiroir de sa table de chevet et en sortit un tube de lubrifiant, ainsi qu'un préservatif qu'il déposa à proximité. Ils se fixèrent un instant, se demandant silencieusement s'ils étaient toujours d'accord pour la suite. Minho acquiesça et Chan lui répondit d'un petit mouvement de tête.
— Tu veux faire ça comment ?
— C'est à toi de gérer, lança Minho d'un ton provocateur.
— Oui, mais j'ai quand même le droit de te demander ton avis.
— Je t'ai dit que la seule condition était que tu me baises, le reste je m'en fiche.
Ses lèvres s'étirèrent légèrement tandis que ses yeux pétillaient d'impatience et d'envie. Il se fichait bien de quelle façon Chan allait s'y prendre, il voulait simplement qu'ils ne fassent plus qu'un. Il voulait simplement le sentir se fondre en lui comme avant, mais de manière encore plus sauvage que ce qu'ils avaient déjà partagé par le passé. Il voulait qu'il le fasse aussi rapidement et rudement que lui l'avait fait au motel. Peut-être qu'il voulait se faire souffrir un peu plus maintenant qu'il avait réussi à faire du mal à Chan. Peut-être était-ce la seule solution qu'il avait trouvée pour se dégoûter de lui, pour se convaincre qu'il n'était pas un homme qui lui convenait.
Il le vit enduire ses doigts de lubrifiant et aussitôt, Minho remonta les jambes pour lui laisser accès à son intimité. Il avait gardé de vieux réflexes, comme lorsqu'ils couchaient ensemble après une dispute et qu'ils ne s'adressaient pas la parole. Mais à l'inverse, Chan se montra doux et consciencieux. Il introduisit son index dans de petits mouvements de va-et-vient avant de le faire tourner. Minho ferma les yeux et expira lentement, comme si ce simple mouvement l'avait soulagé. Il enfonça le crâne dans les oreillers quand il sentit un deuxième doigt se faufiler dans son intimité, puis un troisième qu'il accepta sans difficulté. Il tentait vainement de contrôler sa voix, de ne pas trop gémir pour que Chan ne prenne pas trop la confiance. Cependant, il n'arrivait plus à se contenir. Plus il poussait à l'intérieur de lui, plus sa respiration se faisait saccadée, plus son ventre se contractait. Il en avait mal au sexe tant il était tendu et dur. Il ne savait pas s'il tiendrait longtemps ainsi, et ce n'était que le début.
— Ça va ?
Minho se mordit la lèvre inférieure et grogna pour seule réponse. Chan s'arrêta.
— Tu me le dirais si je te faisais mal ?
— Tais-toi, dit-il les dents serrées. Et passe à la suite.
— Déjà ?
— Perds pas de temps.
Il fit encore quelques mouvements pour s'assurer que Minho était assez détendu puis il retira ses doigts. Il les essuya rapidement sur son t-shirt qu'il avait préalablement ramassé et se saisit du préservatif. Il déchira l'emballage pour le jeter avant de dérouler la protection sur son membre. Minho attendait, patiemment, les jambes écartées et légèrement relevées vers son torse. Il fixait Chan et analysait chacun de ses gestes, chacune de ses expressions. Il se demandait à quoi il pensait, comment il vivait cette situation. Il avait envie de lui parler, de lui poser des questions, peut-être même d'avoir une sérieuse discussion, mais ce n'était pas le moment pour tout arrêter en si bon chemin. Et puis, il en avait assez de cogiter, de réfléchir, de se torturer l'esprit avec cette histoire. Pourquoi ne pouvait-il simplement pas profiter de cet instant ? Pourquoi le passé revenait toujours s'immiscer dans ses pensées ? Sans doute parce qu'il y était attaché et qu'il ne voulait pas le laisser filer.
— Je peux ? demanda Chan en passant les mains sous ses cuisses.
Minho frissonna de désir et hocha la tête. Le voir là, entre ses jambes, prêt à entrer en lui, c'était une vision qu'il n'avait jamais oubliée. Il avait l'impression de revivre, d'à nouveau sentir ces choses étranges qui le parcouraient quand ils n'étaient que deux adolescents et qu'ils se retrouvaient pour faire l'amour. Pourtant, tant de temps était passé, tant d'événements s'étaient produits, mais son cœur battait toujours aussi fort.
Avec délicatesse, Chan entra en lui, une main maintenant sa jambe droite, l'autre guidant son sexe. Minho se cambra aussitôt, les yeux révulsés sous le bonheur qui l'envahit. Il se souvenait parfaitement de tout, des divines sensations que son ex petit ami lui procurait, des gestes tendres qu'il avait à son égard même dans les parties de jambes en l'air les plus sauvages qu'ils avaient pu avoir. Chan l'avait toujours choyé, il avait toujours pris soin de lui, malgré sa réputation de mauvais garçon et ses airs bourrus.
— Ah… Chan, je…
Il plaqua une main contre sa bouche, embarrassé par sa voix brisée par le plaisir qui ne faisait que se répandre dans tout son corps.
— T'es sûr que ça va ?
Il acquiesça et serra le poing.
— Bouge, marmonna-t-il.
— Tout ce que tu voudras.
Minho lui attrapa le poignet et l'incita à se pencher vers lui pour que leurs lèvres se scellent à nouveau. Chan remua doucement, dans de longs et langoureux coups de reins. Ils étaient délicieux, délicats, comme s'il avait peur d'abîmer son partenaire. Et ce dernier lui empoigna les cheveux pour que le baiser se fasse moins chaste. Leurs langues se trouvèrent pour entamer une danse sensuelle et parfaitement répétée. Une danse qu'eux seuls connaissaient. Minho se concentra autant qu'il le put pour ne pas laisser éclater gémissements et autres soupirs de bien-être. Il avait la sensation de se consumer de l'intérieur, que ses entrailles partaient en fumée. Tout était trop sans être assez. Chan se détacha de lui et posa une main sur sa joue.
— Regarde-moi.
Minho ouvrit les yeux pour répondre à sa demande.
— Pourquoi tu fais ça ? dit-il tout bas.
— Faire quoi ?
— Pourquoi tu me regardes de cette façon ?
Chan esquissa un petit sourire et augmenta le rythme de ses va-et-vient. Minho retroussa le nez et ne put s'empêcher de gémir.
— Parce que je te trouve beau.
— Arrête… Et baise-moi.
— Je peux pas te baiser.
Minho plissa les yeux et planta les ongles dans les épaules de son partenaire pour lui intimer d'aller plus vite. Sa respiration était totalement désordonnée, comme ses cheveux, comme son cœur, comme les draps.
— Pourquoi ?
— Parce que ça voudrait dire que j'ai plus aucun sentiment pour toi.
Un nouveau gémissement étranglé retentit et Chan enfouit le visage dans le cou de Minho. Il ondula davantage, lui administrant plus d'à-coups qui lui arrachèrent d'autres cris incontrôlables. Il en profita pour se délecter de sa peau, de son goût si singulier, humant son parfum rassurant qu'il ne voulait plus oublier. La tête basculée en arrière, Minho se laissa porter par les mouvements de son ex petit ami, les mains cramponnées à ses omoplates tandis que ses jambes se mirent à trembler. Il les resserra aussi fort que possible autour du corps de Chan, il voulait le sentir encore plus, qu'il ne s'arrête pas. Il était en train de lui faire l'amour comme jamais personne ne lui avait fait. C'était divin. Hors du temps et de la réalité.
Une chaleur agréable vint l'envelopper et dans le feu de l'action, il demanda à Chan de l'embrasser. Celui-ci ne se fit pas prier et Minho s'abandonna dans ses bras. Il relâcha toute la tension accumulée depuis des semaines, toute cette pression insoutenable qu'il s'était infligée. Il n'était plus en mesure de lutter contre tous les sentiments qu'il ressentait pour Chan. Il ne pouvait plus se voiler la face. Il ne l'avait jamais oublié parce qu'il y avait toujours cette petite étincelle qui ne demandait qu'à redevenir le brasier d'antan. La passion et la fougue de leur relation s'étaient ravivées.
Il s'agrippa à son partenaire, les ongles plantés dans son dos alors qu'il se laissait anéantir sous la puissance d'un orgasme provoqué par ses va-et-vient incessants. Il dut rompre le baiser car il ne parvenait plus à contenir sa voix. Il la laissa fuser sans aucune pudeur, mêlant à ses gémissements quelques injures tandis que Chan ne cessait de bouger en lui.
— Encore, putain encore…
Sa raison s'était totalement aplatie pour lui permettre de laisser parler ses désirs les plus profonds. Son corps, parcouru de frissons et de décharges électriques, ne cessait de trembler. Il resserra son emprise sur le dos de Chan quand il le sentit se raidir à son tour et qu'un gémissement long et rauque s'échoua dans le creux de son cou. Petit à petit, ses mouvements s'atténuèrent pour cesser et seules leurs respirations saccadées et fortes vinrent emplir la chambre.
Après quelques secondes où ils furent obligés de redescendre de leur petit nuage, Chan se retira de Minho pour rouler sur le côté. Il s'allongea sur le dos et fixa le plafond avant de se décider à retirer le préservatif usager. Il le noua et le laissa mollement tomber sur le sol.
— Putain de merde, souffla-t-il.
Il tourna la tête vers Minho, ce dernier restait dans la même position, les bras croisés contre son torse. Il semblait grelotter. Chan réagit aussitôt. Il ouvrit sa table de chevet pour en sortir une boite de mouchoirs et il entreprit de lui essuyer le ventre. La première tentative se solda par un échec, Minho repoussa sa main dans un râle.
— Laisse-moi m'occuper de toi.
Minho déglutit, mais se détendit malgré tout. Il autorisa Chan à le nettoyer sans pour autant le regarder. Il se sentait minable de se comporter de cette manière, d'être aussi faible pour lui. Il essayait encore de résister alors qu'il savait pertinemment qu'il était trop tard. Il était trop tard dès lors qu'il avait recroisé son regard quelques semaines auparavant. Il n'avait jamais été fort face à lui.
— Tu vas avoir froid, attends.
Consciencieusement, Chan remonta la couverture sur leurs corps nus.
— Pourquoi ? prononça Minho d'une voix incertaine.
— Pourquoi quoi ?
— Pourquoi t'es comme ça ? Pourquoi tu es si… Je sais pas…
Il soupira et se résigna. Il ne pouvait pas fuir indéfiniment. Il se tourna sur le côté, de manière à faire face à son ex petit ami.
— Qu'est-ce que tu veux vraiment ?
— Ce que toi tu voudras.
Minho secoua la tête.
— Non, je veux que tu me parles de ce que toi tu attends de tout ça. Après tout ce temps, j'ai besoin de savoir.
— Hm, promets-moi que tu ne vas pas juste te lever et partir si je te dis ce que j'ai sur le cœur.
— Je t'écouterai jusqu'au bout.
Chan ravala bruyamment sa salive avant de se lancer, le regard fuyant.
— Je suis désolé d'avoir agi comme un con. J'étais jeune et bête, j'ai cru que faire ce que j'ai fait c'était cool, alors que pas du tout, c'était sans doute la pire erreur.
Il marqua une pause et essaya de jauger la réaction de Minho, mais ce dernier restait impassible.
— Et puis, j'assumais pas du tout d'aimer les gars. Enfin, d'aimer un gars en particulier. Tous mes potes étaient en couple avec des filles, et pas forcément très fidèles. Et moi je pouvais pas leur dire que j'étais avec Lee Minho, le petit intello de la 3B. J'aurais aimé, mais j'avais la trouille.
— J'avais la trouille aussi que quelqu'un découvre notre secret. Mais jamais j'aurais été voir ailleurs.
— Je sais… Et j'aurai beau m'excuser de ce que j'ai fait, je pourrai jamais le réparer. Mais ça signifie pas du tout que je t'ai jamais aimé. J'ai juste été un gros nul et c'est tout. Y'a rien à ajouter.
La bouche de Minho se fendit d'un mince sourire. D'une main un peu timide, il osa venir replacer les mèches ondulées de son partenaire avant de lui caresser le visage. Sa peau était chaude et réconfortante sous son toucher.
— Et aujourd'hui, qu'est-ce que tu ressens ?
— J'ai honte. Mais ça n'empêche pas que je ne t'ai jamais oublié et que j'ai jamais réussi à revivre une histoire après la nôtre.
— C'est pareil pour moi.
Chan releva brusquement la tête, les yeux écarquillés. Minho continua ses gestes avec douceur et bienveillance. Il sentait que son ex était on ne peut plus sincère, et il appréciait qu'il se livre enfin sur ses sentiments. Ils avaient plus en commun que ce qu'il voulait laisser penser.
— J'ai jamais retrouvé ce que j'avais avec toi. Et inconsciemment, je te cherchais à travers les autres. Alors que tu m'as fait putain de mal ! Je dois être maso à ce stade.
Chan lâcha un petit rire et un silence s'installa. Il n'était cependant pas pesant, bien au contraire, il était reposant. C'était comme s'ils avaient enfin trouvé la paix tous les deux.
— Je sais pas si tu veux entendre ça, mais…
Minho fronça les sourcils.
— Dis toujours.
— J'ai vraiment des sentiments pour toi et…
— Chan, l'interrompit-il.
— Non, mais attends.
Il lui attrapa la main et la serra dans la sienne.
— Je veux plus faire le fier devant toi en essayant de garder la face. Je t'ai provoqué parce que je voulais savoir si tu avais encore de l'amour pour moi, mais au final je sais pas si tu joues juste un rôle pour te venger ou s'il y a encore quelque chose entre nous. Mais si c'est la première option alors voilà, on est quitte. J'ai joué les idiots, t'as totalement le droit de me le faire payer. Alors maintenant, peut-être que t'es en mesure de passer à autre chose et que notre relation ne sera plus un frein à ce que tu fasses de nouvelles rencontres. De toute façon, tu mérites d'être heureux et si c'est pas avec moi, j'accepte.
— Eh bah… Tu l'as préparé ou c'est de l'impro ?
Chan haussa un sourcil.
— J'ai jamais vu Bang Chan parler autant sur l'oreiller, c'est la première fois.
Le concerné piqua un fard et Minho se rapprocha de lui pour que leurs corps bouillants ne se retrouvent. Il passa un bras autour de sa taille et déposa un petit baiser aux coins de ses lèvres. Tout était encore très frais. Leurs retrouvailles avaient été étranges et, même s'il avait apprécié ce moment intime en sa compagnie, même s'il avait aimé cette manière qu'il avait eu de lui faire l'amour, il demeurait encore sur ses gardes. Il l'avait blessé, profondément, et il ne demandait qu'à constater à quel point Chan avait changé.
— Je veux bien qu'on réessaye, lança Minho.
— Qu'on… Tu veux dire…
— Oui. Prouve-moi que je peux avoir confiance en toi et que tu n'es plus celui d'il y a deux ans. Prouve-moi que ce n'est pas que du sexe entre nous.
— Je te le prouverai, c'est promis. J'ai pas besoin de coucher avec toi pour savoir que je ressens un truc super fort pour toi. Nous deux c'est… une connexion spéciale.
Minho sourit et alla se blottir contre le torse de Chan. Il avait parfaitement résumé la situation, et ça le rassurait déjà de constater qu'ils étaient sur la même longueur d'onde. Peut-être que cette fois, avec la maturité qu'ils avaient gagnée, les choses seraient différentes. Il voulait y croire, sans trop se bercer d'illusions.
— Je te jure que je serai un meilleur petit ami et que je ne te décevrai pas.
— Je ne demande qu'à voir.
Ils se serrèrent l'un contre l'autre, avec toute la force dont ils pouvaient faire preuve. Minho se laissa tendrement dorloter, il se sentait bien dans les bras forts de Chan. Il se sentait revivre. Même s'ils avaient changé, il retrouvait celui qu'il avait tant aimé. Celui qu'il avait tant haï.
Oui, Lee Minho tombait pour les garçons comme Chan, ceux un peu idiots, mais pas bien méchants. En fait, il tombait juste pour Chan.
•••
Hellooo ☀️
Voilà ce chapitre marque la fin de I don't fall for boys like you ! J'espère que vous aurez aimé cette mini-fic, en tout cas personnellement j'ai apprécié l'écrire et surtout de me remettre un peu au minchan.
N'hésitez pas à passer sur mes autres histoires ( ꈍᴗꈍ)
Encore merci de l'avoir suivie 💜
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