Owen était dans sa chambre, inquiet pour sa sœur. Rien ne lui venait à l’esprit, rien qui puisse l’aider et la sortir de sa démence. Il soupira et se rendit dans la chambre de Lydia, pour chercher quelque chose. Il fouilla partout et tomba sur un journal. Il ne savait pas qu’elle tenait un journal. Il sourit, c’était indiscret, certes mais peut-être qu’il pourrait l’aider en lisant ce qu’il y avait dedans. Il le prit et rentra dans sa chambre. Il s’allongea tranquillement sur le lit et commença à lire.

"1er  Janvier 2013

           Mon nom est Lydia. Bon, je ne suis pas trop fan de journal intime mais si je l’écris c’est au cas où il m’arrive quelque chose. Je veux que celui qui le lit sache ce que j’ai vécu dans la vie à cause d’un simple trouble de mémoire. Ce n’est pas un trouble, en fait, parce que les troubles c’est quand notre mémoire a des problèmes à se rappeler de certaines choses ou pire mais moi… je me rappelle chaque détail insignifiant de ma vie. C’est une sorte de don, disent les gens. Mais est-ce vraiment le cas? Non!!

          Mes problèmes ne sont pas aussi important que les gens qui souffrent dans ce monde, à cause des guerres, de l'injustice et tout; ils ne sont pas non plus comme ceux des ados préoccupés par les études et les résultats scolaires. Non. Si on regarde bien, ce ne sont même pas de problèmes, en fait, mais ces choses me dérangent. Quand je me rappelle tout ce qui s'est passé, j'ai envie de les tuer tous, sans exception. Et vous savez? J'ai une liste. Je l'ai préparé pour le jour où je vais succomber à mon désir d'assassinat. Si ce n'est ça, je vais me suicider. En tout cas, une chose est sûre, je vais tuer quelqu'un. La question est: qui? Les autres? Ou moi?"

          Owen se redressa; jamais il n'avait pensé qu'elle serait si déterminée à tuer. Il ne la connaissait pas assez, vu qu'elle avait l'habitude de tout cacher, y compris à soi, néanmoins, il savait qu'elle souffrait de ses jours de lycée, surtout depuis la première. Mais que s'était-il passé pour qu'elle devienne ainsi? Il allait se remettre à lire lorsqu'il entendit la porte d'entrée. Il soupira et descendit. Lydia montait les escaliers comme un voleur et elle lui sourit innocemment, lorsqu'il croisa les bras sur sa poitrine. Elle le faisait chaque fois qu'elle commettait une bêtise.

     -Je t'écoute. Qui était la victime?

     -Qu...quelle victime?

     -Tu m'fais ce sourire quand tu fais une gaffe.  En ce moment, la seule que tu puisse faire, c'est tuer quelqu'un. Alors je veux savoir qui c'était avant que la police débarque à nouveau ici.

     -J'ai tué personne, je te promets!!

     -Non? Alors où était-tu toute la demi-heure?

          Elle le regarda et réfléchit à un mensonge. Mais à quoi servirait ce mensonge si la police revenait demain pour les demander des questions? Peut-être qu'elle pourrait les mentir une fois de plus. Elle sourit.

     -J'ai croisé Shayne.

     -Qui c'est encore?

     -L'inspecteur séduisant de tout à l'heure.

     -Celui qui t'a invité au rencard?

     -Ouais. Et je suis allée m'promener avec lui, pour changer mes idées.

     -Promener ne te ferait pas faire cette tête.

          Elle se mordit la lèvre inférieure, tout en souriant. Il lâcha ses bras et la dévisagea, ne sachant pas comment réagir.

     -Tu... tu l'as sérieusement fait avec lui?

     -Non!! On a juste commencé et...

     -Et?

     -Et la suite ne te regarde pas.

     -Je suis ton frère, le seul qui a ta responsabilité en ce moment.

     -Insinues-tu que je dois rentrer chez papa et maman?

     -Lyd, tu change de sujet.

     -Alors quel était notre sujet?

     -La bêtise que t'as commise.

     -Je te l'ai dit!!

     -La Lydia que je connais ne ferait pas ça aussi facilement avec qui que ce soit croisé quelques minutes plus tôt.

     -Je le connais depuis longtemps!!

     -Lydia! C'est assez. Je veux la vérité.

          Elle soupira. Il devinait toujours tout. Elle froissa son visage et monta en révélant.

     -J'ai croisé Troy, un pote à Ian.

     -Et? demanda-t-il, le cœur battant très rapidement.

     -Tu sais la suite.

     -Avec...

     -Sa voiture, répondit-elle avant qu'il finisse sa phrase.

          Il s'assit sur les marches pour reprendre ses esprits, la tête enfouie dans ses mains. Que pouvait-il faire? Elle devenait de plus en plus incontrôlable. Mais c'était sa petite sœur, il ne pouvait pas la dénoncer, ni l'interner malgré ses menaces, qui ne la faisaient pas peur du tout. Il soupira et retourna dans sa chambre. Il se changea et s'allongea sur son lit, le journal de Lydia en main. Il l'ouvrit où il s'était arrêté.

"         Vous vous demandez sûrement ce qui s'est passé, ce que les autres m'ont fait. Bon alors...par où commencer? Mmmmm! Alors voilà! Tout a commencé en première. Les autres années n'étaient pas aussi mauvaises que ça. Tout le monde est fou à cette époque. Et puis, on grandit, on s'engage dans la voie de la maturité, bien sûr, en connaissant des obstacles comme les désirs, les envies (et je vais même citer l'amour).

          Je ne suis pas une fille comme les autres. (Je sais!! Vous direz que c'est l'hymne national des filles. Mais non, en fait. Ce n'est pas l'hymne national des filles, ce n'est que la vérité). Où j'étais? Ah oui!! Je suis plutôt solitaire, disons, je l'ai toujours été. Depuis longtemps bien que j'ai eu des amies à mes côtés (etaient-elles vraiment des amies? Parce que les amies sont toujours là, sans même les demander. Laissons-les ou j'aurais envie de les tuer aussi. Grrr) et j'ai aussi eu ma famille. Mais, vous savez, je suis le genre de personne qui enterre tout au fond de soi. C'est ce que j'ai fait avec mes sentiments, ma colère, tout. Et aujourd'hui, tout est en train de sortir, voilà pourquoi je suis déterminée à tuer quelqu'un."

          Il allait lire la suite lorsque Lydia arracha le journal de ses mains, furieuse. Il soupira et la regarda. Lydia le fixait aussi, le journal serré dans ses bras, attendant une explication. Elle faisait tout pour sembler sérieuse alors qu'en fait son cœur tambourinnait dans sa poitrine. Finalement, ce fût Owen qui brisa le silence.

     -Je l'ai trouvé dans ta chambre.

     -Et monsieur s'est dit que s'il prenait ce journal, je ne le saurai pas.

     -Lyd...

     -Ne m'oblige pas à te mettre sur ma liste, Owen.

          Elle se dirigea vers la porte mais Owen fût rapide et l'attrapa par le bras, serrant fort sa prise.

     -C'est la première et la dernière fois que je t'entends dire ça, sœurette, répliqua-t-il, en colère comme jamais.

     -Ou quoi?

     -Tu le verras.

     -Tu me menace là ?

     -Lydia, qu'est-ce qui te prend? demanda-t-il en la lâchant.

     -Ce qui me prend, c'est que j'en ai marre!! Je veux que ces gens disparaissent, de ma mémoire, de ce monde, de partout! JE NE VEUX PLUS LES VOIR!!!!
 
        Cette fois, Owen la gifla, hors de lui. Elle le dévisagea, sa main sur sa joue, puis courût dans sa chambre. Réalisant qu'il avait été très sévère envers elle, il la rejoignit. Elle était assise sur son lit, les bras croisés sur son oreiller et la tête enfouie dedans. Elle sanglotait. Lorsqu'il posa sa main sur son épaule, assit à côté d'elle, elle se poussa.

     -Lydia...

     -Laisse-moi!!

          Il la prit de force dans ses bras et pressa sa joue contre ses cheveux, ses mains massant son dos.

     -Je suis désolé, ma petite. Je n'aime pas te voir comme ça, j'ai peur pour toi. La police est arrivée jusqu'ici, ce soir, et si elle t'arrêtait un jour? Je ne veux pas te perdre et ce que tu fais provoquera ce que je crains. Comprends-moi, s'il te plaît. J'ai déjà perdu un frère avant toi...

     -Quoi? demanda-t-elle, en levant la tête, les yeux rougis.

     -Oui, Lydia. Nous avions un frère, mais il est mort à sa naissance. Et j'ai attendu encore deux ans avant que tu naisses. Tu ne sais pas tout ce que j'ai fait pour toi.

     -Pourquoi je ne me rappelles pas ce que t'as fait pour moi?

     -Tu étais petite et pas encore hypermnésique. Ensuite, j'étais occupé avec mes études et toi avec les tiens mais crois-moi, j'ai pas arrêté de veiller sur toi.

     -Alors où étais-tu quand ces gens se sont moqués de moi? Quand ils ont profité de mon innocence?

     -Dis-moi tout, tout ce qui te fait mal.

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