Merry Christmas!
Hello!
Après demain c'est Noël et pour vous faire patienter en attendant d'ouvrir vos cadeaux je vous propose un petit chapitre spécial qui sera divisé en trois parties. La première est juste en dessous, la deuxième arrive demain et la dernière après demain. Au départ je ne devais en poster qu'une, le jour de Noël mais comme j'ai écrit plus que prévu le chapitre est devenu trop long pour Wattpad donc je l'ai découpé. C'est aussi pour ça que les parties ne sont pas de taille égale.
Bref ce chapitre ce passe durant les vacances de Noël, lorsque Sean est rentré chez lui et a retrouvé Clayton.
Je voulais aussi vous dire merci car ça fait un bout de temps que ce roman n'est pas remonté au dessus de la centième place dans le classement! J'espère qu'il continuera de descendre vers les premières!
Je vous laisse lire et j'espère que ça vous plaira!
Dans une petite ferme perdue au fin fond de la campagne anglaise résonnaient les bruits d'une froide soirée d'hiver. Le craquement des bûches dans la grande cheminée de la salle à manger. Le léger soupir d'un père tirant sur sa pipe, envoyant des nuages de fumée argentée au plafond et le cliquètement des aiguilles d'une mère s'appliquant à rapiécer une chaussette. Le claquement de la porte d'entrée suivi du soupir de satisfaction de retrouver la chaleur de la maison d'un frère parti nourrir les animaux et les boutades d'un autre, resté bien douillettement blotti près des flammes. Le reniflement suivant l'éternuement d'une petite sœur qui aurait dû écouter sa mère et mettre une écharpe et le grincement régulier des lattes de parquet sous les pieds d'une autre petite sœur.
La petite, qui ne devait avoir guère plus de six ans, tenait serré contre sa chemise de nuit bleu ciel un petit morceau de papier cartonné qu'elle caressait de temps à autre de son index. Adroitement elle évita les lattes de plancher situées juste devant la chambre de son deuxième grand frère en sautant légèrement.
Ces quelques morceaux de bois, elle les appelait les Cochons car lorsqu'on marchait dessus ils produisaient les mêmes sons stridents et glaçants que ceux que produisaient ces animaux lorsqu'on faisait venir l'égorgeur. La seule différence notable était que le bois ne libérait pas un lac de sang, songea la petite en se demandant s'il ne valait pas mieux renommer ces lattes les Chiens car après tout elles donnaient l'alerte lorsque quelqu'un passait dans le couloir.
Elle continua son chemin à reculons, ne quittant pas des yeux les Cochons pour essayer de déterminer s'il valait mieux les renommer ou non. Finalement, alors qu'elle arrivait à la fin du couloir, elle décida qu'il valait mieux attendre et demander son avis à Holly. Sa grande sœur avait toujours de chouettes idées pour donner des noms aux choses, elle avait par exemple appelé le gros rocher près de la maison Marco Polo car il ressemblait aux Indes.
Au début la petite n'avait pas trop vu le rapport mais par la suite sa sœur lui avait appris que c'était Marco Polo qui avait découvert l'Asie, qu'il avait même écrit un livre sur cela, et que les Indes se trouvaient en Asie. Elle était toujours impressionnée par les connaissances que possédait son aînée, elle, elle avait toujours cru que c'étaient les Anglais qui avaient découvert ce pays.
Oui, Holly trouverait certainement un nom très intelligent pour les Cochons.
Sur cette pensée elle tourna la poignée de la porte devant laquelle elle se trouvait et entra sans même prendre la peine de demander la permission. Elle avança de quelques pas et se planta devant un jeune homme penché sur une pile de papier recouverts d'une fine écriture. Se rendant compte de la présence de la petite intruse il releva la tête et lui adressa un sourire tout en reculant un peu la chaise sur laquelle il était assis.
Profitant de cette ouverture la fillette se rua sur ses genoux et confortablement assise face à lui, crocheta ses petits talons dans l'arrière de ses genoux pour être bien sûre qu'il ne la délogerait pas.
« J'ai un cadeau pour toi ! annonça-t-elle en brandissant la carte, la collant presque contre le visage de son frère. »
Le jeune homme essaya de s'en saisir pour mieux la regarder mais la petite recula ses mains et retourna le présent, révélant deux mots tracés d'une écriture maladroite.
« Tu as vu ? Regarde ! J'ai marqué : « pour Sean ». Mais Holly dit que j'ai raté le grand s...
- Je le trouve très réussi, moi. Tu aimes bien les travaux d'écriture à l'école ? »
L'enfant hocha vigoureusement la tête. L'écriture c'était ce qu'elle préférait avec le calcul et elle s'empressa de le dire à son frère qui lui embrassa le front et la félicita.
« Oh ! C'est l'une des images que l'instituteur te donne lorsque tu travailles bien. Tu ne veux pas la garder pour toi ? demanda Sean en observant le verso de la carte.
- Non, c'est pour toi ! C'est un poème... J'ai beaucoup travaillé pour l'avoir et j'ai demandé à l'instituteur si je pouvais avoir celle-ci spécialement pour toi parce que tu aimes les poèmes. Il y avait plein de cartes avec des poèmes mais Clayton m'a dit que ce poème-là tu l'aimais beaucoup alors j'ai demandé à avoir celui-ci... ça ne te fait pas plaisir ?
- Bien sûr que si ! Et je suis très heureux de savoir que tu as travaillé dur pour me l'offrir. Regarde. -Il se leva, calant la petite sur sa hanche et marcha jusqu'à son sac posé au pied de son lit.- Je vais la mettre ici, dans mon portefeuille, comme ça dès que j'irai faire des courses je penserai à toi, d'accord ? »
La petite hocha vigoureusement la tête tout en saisissant le portefeuille pour s'assurer que son cadeau était bien rangé et, par la même occasion, plongea sa main à l'intérieur jusqu'à en ressortir une pièce qu'elle examina en fronçant les sourcils. Elle la fit tourner dans sa paume, observant les deux faces et plissa les yeux pour essayer de lire les petites inscriptions gravées sur le métal. Finalement elle leva le visage vers Sean et demanda :
« C'est une pièce de pirate ? Elle faisait partie d'un trésor ?
- Non Lily, c'est juste un franc. La monnaie qu'on utilise en France, expliqua-t-il.
- Oh... »
Un peu déçue la petite blottit sa tête dans le cou de son frère qui retourna s'assoir à son bureau en souriant. Il savait à quel point sa sœur pouvait aimer les histoires de pirates, d'ailleurs elle avait beaucoup aimé la petite maquette de voilier qu'il lui avait ramenée pour Noël.
« Je peux la garder ?
- Hum ? Oui, si tu veux.
- Même si c'est pas une pièce de pirate elle est chouette quand même. Ça sera mon porte-bonheur rien qu'à moi et même Holly aura pas le droit de l'avoir ! Tu ne vas pas lui en donner une aussi, hein ? »
Lily observa son frère, l'air inquiet. Si jamais il en donnait également une à leur sœur alors cette pièce ne serait plus unique et perdrait beaucoup de son attrait. Sean rit en voyant sa mine, d'un rire doux et aucunement moqueur, il savait très bien ce qui était en train de se passer dans la tête de la petite.
« Non, ne t'inquiète pas, elle est juste à toi et Holly n'en aura pas une. Tu la mettras dans ton plumier, d'accord ? Comme ça chaque fois que tu seras à l'école tu penseras à moi et à combien je suis heureux lorsque tu travailles bien.
- D'accord. Quand je serai grande j'irai dans une école comme toi et je deviendrai très intelligente et je serai capable comme toi d'écrire dans un code secret ! déclara-t-elle avec le plus grand sérieux en se penchant sur les diverses feuilles de cours éparpillées sur le bureau.
- Un... C'est du français, ça n'a rien d'un code secret, tu sais.
- Ah. Je trouvais que ça ressemblait à un code secret, moi... Parce que ça ne veut rien dire. Moi je sais écrire dans un code secret, tu sais ? C'est Holly et Lizzi qui m'ont appris comment faire ! Tu veux que je te montre ?
- Demain, d'accord ? Je voulais aller marcher un peu avant d'aller me coucher et il commence déjà à être tard. D'ailleurs tu devrais être au lit, répondit-il en jetant un coup d'œil à sa montre.
- D'accord, mais demain je te montre hein ? C'est promis ?
- Oui c'est promis. Maintenant fais-moi un bisou, va dire bonne nuit aux autres et mets-toi au lit. »
La petite obéit et colla deux baisers sonores sur les joues de son frère qui pour sa part l'embrassa sur le front et ébouriffa ses cheveux châtains. Elle sauta sur le sol et cavala hors de la chambre, laissant son frère seul.
Sean la suivit un instant du regard en songeant qu'elle avait vraiment beaucoup changé depuis qu'il était parti. Elle lui arrivait désormais au-dessus de la taille et était capable de lire seule des petits contes. C'était comme s'il était parti durant des années alors qu'il ne s'était absenté que quelques mois. Lorsqu'il reviendrait à la fin de l'année scolaire elle serait certainement une toute autre petite fille, plus mature et peut-être moins encline à venir se percher sur ses genoux.
Alors qu'il rangeait rapidement ses notes il se demanda un instant si Clayton avait autant changé que Lily avant de se traiter mentalement d'idiot. Sa sœur était une enfant, c'était normale que quelques mois suffisent à la métamorphoser, Clayton, lui, était un adulte alors il était plus que probable qu'il soit toujours le même, identique à celui qu'il avait quitté cet été.
Du moins il l'espérait de tout son cœur.
Au loin il entendit l'église du village sonner.
C'était l'heure de partir, l'heure de le rejoindre.
Il était arrivé en fin d'après-midi et n'avait pas pu se libérer plus tôt, sa famille l'accaparant totalement. Il avait bien essayé de s'échapper, ne serait-ce que quelques dizaines de minutes, juste le temps de courir jusqu'à chez lui et de l'embrasser, mais ses proches ne lui avait laissé aucun instant de répit.
Alors il avait dû se résoudre à attendre que la nuit tombe et que le clocher sonne neuf fois. Et maintenant que le moment était venu il se sentait fébrile et nerveux comme avant chacun de leurs rendez-vous, ce qui lui donna la drôle d'impression d'avoir remonté le temps. Comme d'ordinaire il avait le sentiment que chacun pouvait lire sur son visage qu'il n'allait pas faire une simple promenade nocturne et c'est pour cela qu'il sursauta aussi fort lorsque Holly prononça son prénom.
Il arrêta de nouer son écharpe et regarda sa deuxième petite sœur, le cœur battant la chamade.
« Tu vas faire une promenade ?
- Oui.
- Il fait nuit.
- Je sais. Mais j'ai envie de marcher un peu.
- Il n'y a pas d'endroit où se promener à Paris ?
- Si mais ce n'est pas pareil. Et puis ici la nuit on peut voir les étoiles.
- Je peux venir avec toi jusqu'au bout du chemin ?
- Holly... »
La fillette releva la tête et vacilla un peu, elle était déjà en train d'enfiler une chaussure en équilibre précaire sur un seul pied.
« Oui ?
- Je vais te chercher le châle de maman. Tu es déjà un peu malade, il ne faudrait pas que ça empire. »
Sean donna une petite tape amicale sur la tête de sa sœur avant de filer dans le salon, le cœur un peu plus léger. Bien sûr qu'elle ne se doutait de rien, ce n'était encore qu'une enfant et même si elle pouvait se montrer très perspicace elle ne voyait en Clayton que le meilleur ami de son frère et le grand frère de sa meilleure amie.
« Pourquoi tu as deux gants différents ? »
Il attrapa la main de sœur alors qu'elle était sur le point d'attraper le châle en laine qu'il venait de rapporter. Il examina la main droite recouverte de laine dans deux teintes de rose différentes puis la gauche enveloppée dans du cuir clair agrémenté de deux pompons blancs au niveau des poignets.
« On a fait un échange avec Lizzie. Pour montrer à tout le monde qu'on est copines. Et puis regarde. (Elle attrapa sa natte retenue par un ornement en forme de nœud.) C'est Clayton qui nous les a offerts ! On a les mêmes avec Lizzie et même que Lily elle a pleuré comme un bébé parce qu'elle, elle n'en avait pas !
- C'est très joli mais tu devrais être plus gentille avec Lily, elle est encore petite, tu sais.
- Mais c'est pas ma faute ! C'est pour dire que Lizzie et moi on est les meilleures amies du monde et elle, elle n'est pas notre meilleure amie alors c'est normale qu'elle n'en ait pas ! Et puis Clayton lui a acheté des bonbons ! »
Boudeuse, elle ouvrit la porte d'entrée en grand, faisant entrer l'air glacial. Elle frissonna et sembla sur le point de se raviser mais finalement elle resserra le châle autour de ses épaules, remonta sa capuche sur sa tête et sortit, suivie par Sean.
« Et tu as expliqué à Lily pourquoi Lizzie et toi aviez les mêmes et pas elle ?
- ... Non, mais Clayton l'a fait.
- Il s'occupe beaucoup de vous ? »
La voix de Sean oscillait entre la surprise et la joie. Lorsqu'il était parti, il lui avait demandé de prendre soin de ses sœurs, sachant parfaitement que ni son père ni ses frères ne feraient l'effort de jouer avec elles mais il ne s'attendait pas à ce qu'il soit aussi attentionné envers elles.
« Oui. Il nous aide à faire nos devoirs tous les soirs et puis après s'il a le temps il joue avec nous. Il nous a aidées à construire une cabane avec Lizzie et il a appris à Lily à faire du patin à roulettes. Elle n'arrivait pas à avancer au début, elle n'arrêtait pas de battre des bras comme un oiseau et elle est même tombée. Mais elle n'a pas pleuré. Je lui ai dit que c'était bien, que c'étaient les bébés qui pleuraient et on l'a aidée avec Lizzie. Pourquoi tu souris comme ça ? demanda-t-elle après une courte pause en observant le visage de son frère avec perplexité.
- Hum ? Pour rien. Clayton est mon meilleur ami alors je suis content qu'il s'occupe bien de vous, c'est tout. »
En réalité, le simple fait d'imaginer son amant tendre et paternel envers ses sœurs lui donnait envie de courir au plus vite à leur lieu de rendez-vous pour le serrer dans ses bras jusqu'à ce qu'il sente ses os se fendre. Il avait toujours aimé le voir prendre soin des petites, cela provoquait chaque fois en lui des bouffées de tendresse qu'il ne pouvait expliquer.
« Lizzie et moi on écrit un livre. »
Ces mots sortirent Sean de se réflexion et il tourna la tête vers Holly qui détourna le regard, ne sachant pas très bien si elle devait en être fière ou honteuse.
« On a même fait des dessins. Ça parle d'une petite fille qui a peur d'un chien fantôme très méchant et un jour elle le rencontre et elle découvre qu'en fait il n'est pas méchant. La petite fille c'est Lily, elle voulait être dans l'histoire, ajouta-t-elle après une pause.
- C'est une très bonne idée, elle est terminée ?
- Oui. Elle fait un cahier entier... C'est bien ? Tu voudras la lire ?
- Bien sûr que je veux la lire ! Et un cahier en entier, c'est énorme !
- C'est vrai ? Clayton aussi a dit ça ! Tu la liras demain ?
- Promis. »
Ils étaient arrivés au bout du chemin qui longeait la maison alors Sean s'agenouilla, frissonnant un peu lorsque son pantalon ne le protégea pas du froid de la neige, et serra Holly dans ses bras avant de l'embrasser sur le front.
« Rentre maintenant, sinon tu vas prendre froid. »
Il l'embrassa une dernière fois sur le nez puis se releva et la poussa gentiment en direction de la maison. Il l'observa s'éloigner et, lorsqu'il fut certain qu'elle était désormais dans la cour, il tourna les talons et poursuivit son chemin, s'enfonçant dans les sous-bois.
Après des mois passés en ville au milieu du bruit et des lumières, il trouva le silence et l'obscurité de cette nuit de campagne angoissante. Il avait l'impression de voir bouger des formes à la périphérie de son champ de vision et plus d'une fois il confondit une souche avec un animal menaçant.
Finalement le chemin déboucha sur les prés et le poids qui pesait sur sa poitrine le quitta. La lune éclairait le paysage aussi bien que le soleil et les étoiles semblaient aussi brillantes que la lueur des réverbères. La neige sur le sol scintillait si bien qu'il avait l'impression de marcher sur une vaste étendue de quartz et la nature gelée semblait avoir été enveloppée d'un sortilège tant la glace et le givre dessinaient des motifs parfaits.
Il traversa plusieurs pâtures, toutes vides à cette époque de l'année, avant d'arriver devant ce qui ressemblait de loin à une ruine. Mais en s'approchant on se rendait vite compte que cette ancienne bergerie était en réalité encore parfaitement habitable. Certes, le lierre avait recouvert les murs mais la porte, la toiture et les volets étaient encore parfaitement en place.
Sean sortit de sa poche une clef que tous croyaient sans doute perdue et, après avoir bataillé quelques instants avec la serrure, ouvrit la porte, révélant une pièce petite et sombre. Il referma la porte et alluma le bougeoir qui se trouvait juste à côté avant de se diriger vers la cheminée.
Les bûches et le papier journal étaient déjà disposés dans le foyer et un briquet n'attendait que lui pour pouvoir enflammer le tout, ce qu'il s'empressa de faire. Les flammes se ruèrent sur le bois et les feuilles, se nourrissant d'eux pour grandir et former une flambée qui baigna la pièce d'une lumière tamisée et rougeoyante.
Satisfait du résultat, il ôta son manteau et son écharpe qu'il pendit à un clou planté à même le mur et se déchaussa avant de se laisser tomber sur le matelas collé contre le côté droit de la cheminée. Il nota sans surprise que les draps et les couvertures le recouvrant étaient propres et dégageaient une bonne odeur de lessive. Curieux, il roula sur le ventre et observa le reste de la pièce, découvrant une petite cafetière ainsi qu'une théière, divers pots et boîtes et même une poêle.
A cette vision il eut un sourire. Il n'y avait aucun doute possible : Clayton devait être venu un peu plus tôt dans la journée pour tout préparer et il était certain que la seule raison pour laquelle il n'avait pas trouvé un bouquet de fleurs sur le matelas était parce qu'aucune ne poussait en hiver.
Frissonnant légèrement mais ne sachant dire si c'était de froid ou d'impatience, il s'enroula dans l'une des couvertures et se déplaça jusqu'à être assis par terre, à seulement quelques centimètres des flammes. Il était si proche qu'il avait l'impression de les sentir sur son visage et lorsqu'il ferma les yeux elles dansèrent derrière ses paupières closes.
Sean entendit la porte s'ouvrir puis il perçut le son d'une clef tournant dans la serrure, les enfermant à double tour pour assurer leur sécurité et leur secret.
Il le sentait dans son dos, proche, plus proche qu'il ne l'avait été depuis des mois et pourtant bien trop loin. Il le sentait hésiter, n'avait pas besoin d'ouvrir les yeux pour savoir qu'il avait certainement fait quelques pas vers lui avant de s'arrêter. Sans doute se demandait-il s'il allait se retourner et se lever. Finalement il l'entendit se déplacer et le froissement qui suivit lui indiqua qu'il était certainement en train d'enlever son manteau.
Il était sur le point de se lever, de rompre la distance les séparant encore, lorsque Clayton se laissa tomber sur le sol, juste derrière lui, et l'entoura de ses bras. Sean le laissa faire. Il le laissa l'attirer à lui, entremêler ses jambes avec les siennes, glisser ses mains sous la couverture jusque sur son ventre, enfouir son visage dans son cou et presser un baiser juste là où le pouls battait.
Sean bascula sa tête, cherchant à tâtons les lèvres de son amant. Il embrassa doucement la mâchoire avant de dériver sur la joue puis vers la bouche. Il mordit tendrement la lèvre inférieure avant de lécher doucement la marque qu'il venait de laisser dans la chair.
Clayton se laissa faire. Il le laissa se servir de ses dents car il savait que c'était chez lui une preuve d'affection. Il le laissa caresser ses dents de sa langue durant un long moment avant que celle-ci se fasse plus insistante, l'obligeant à ouvrir la bouche. Il le laissa mener le baiser, bougeant à peine car il connaissait Sean et il savait qu'il détestait être embrassé autant qu'il aimait être celui qui menait la danse lors d'un baiser. Lorsque l'étreinte devenait intime, il se pliait toujours aux caresses de son partenaire avec un abandon lascif mais les baisers, c'était toujours lui qui les dirigeait.
Et Clayton le savait, l'appréciait.
Peu à peu les lèvres se mirent à bouger plus lentement contre les siennes, la langue étrangère gratifia sa bouche d'une dernière caresse puis celle de son amant se pressa tendrement contre la sienne avant de se retirer.
Il leva une main et effleura la joue de Sean avant de venir entortiller une mèche de ses cheveux autour de son index. Il joua un instant avec, tirant sur la boucle jusqu'à la rendre lisse puis la relâchant pour l'observer s'enrouler de nouveau tel un ressort châtain.
« Tes cheveux sont plus longs. »
Ce n'était pas la phrase qu'il avait imaginé prononcer. Il aurait dû lui dire à quel point il lui avait manqué, combien il l'aimait et que le revoir lui donnait l'impression d'atteindre le paradis. Mais cela lui avait échappé et puis, après tout, cela valait bien une autre introduction.
La tête de Sean, qui s'était enfouie dans son cou, se releva et son nez vint caresser sa joue puis ses yeux s'ouvrirent et croisèrent son regard. Il y avait au fond des prunelles un éclair d'incertitude, une sorte de peur que Clayton se sentit coupable d'avoir déclenchée.
« Tu n'aimes pas ?
- Si. Tu as l'air plus jeune comme ça et ils bouclent mieux, c'est adorable, murmura-t-il en enroulant de nouveau une mèche autour de son doigt. »
Sa main dériva dans ses cheveux, se frayant un chemin jusqu'à l'arrière du crâne puis jusque sur la nuque qu'il massa un instant avant de raffermir sa prise et d'attirer le visage de son amant contre le sien.
« Tu m'as manqué. Chaque jour. Chaque fois que je me rendais en ville et que je passais devant une librairie et que tu n'étais pas là pour détailler chaque livre en vitrine. Chaque fois que ma mère faisait cuire des pommes au four avec de la cannelle et que tu n'étais pas là, planté devant le four. Chaque fois que je me promenais loin du village et que tu n'étais pas là pour entremêler tes doigts aux miens. Chaque jour. Tu m'as manqué. »
Il baisa une énième fois les lèvres de Sean dont la bouche s'était légèrement entrouverte de surprise. Les grandes déclarations, Clayton n'en faisait jamais. Il embrassait pour dire son amour, il caressait avec tendresse pour lui faire comprendre qu'il le trouvait beau, il faisait l'amour pour clamer qu'ils ne se quitteraient jamais.
Alors l'entendre murmurer ces mots en ne le quittant pas du regard malgré ses joues rougies par la gêne provoqua chez lui une réaction que son amoureux n'aurait jamais envisagée. Il s'échappa de la couverture et de ses bras si vivement que Clayton ne put le retenir et en un bond il fut devant son manteau qu'il fouilla. Un bruit de papier que l'on déchire brisa le silence et, aussi soudainement qu'il était parti, il revint avec ce qui ressemblait à une lettre dont on avait arraché une partie.
Sean se mit en tailleur en face de lui et présenta la feuille en la tenant à deux mains, comme s'il était en train de réaliser une sorte de rituel. Voyant l'incompréhension de son amant il tendit les bras, plaquant presque la lettre contre sa poitrine et lui lança un regard qui lui ordonnait clairement de la prendre.
« Le... Ce n'est que le début qui est important. »
Il se pencha en avant, embrassant doucement la commissure des lèvres de son amant et lui glissant la missive dans la main puis se détourna de nouveau pour aller s'assoir sur le matelas. Il ne savait pas pourquoi son cœur battait aussi fort dans sa poitrine, des déclarations comme celles que contenait cette lettre qu'il avait écrite sur le quai de la gare, il en avait fait des dizaines. Peut-être était-ce parce que, pour la première fois, ce n'était pas lui qui avait l'initiative.
Il roula sur le ventre et enfouit son visage dans un oreiller qu'il entoura de ses bras. Derrière lui son amant ne faisait aucun bruit mais il se doutait bien qu'il devait être en train de lire. Il ferma les yeux et se concentra sur les bruits de la campagne. Le vent dans les arbres, le hululement d'une chouette, le craquement de la charpente au-dessus de sa tête, le son, très lointain, à peine perceptible d'un clocher, une voix douce et chaude qui murmurait son prénom contre son oreille.
Bon, cet endroit n'était pas idéal pour couper mais comme je voulais séparer le lemon du reste du texte je ne pouvais pas trop faire autrement...Car oui! Le prochain chapitre contiendra le lemon et uniquement le lemon comme ça ceux qui ne veulent pas le lire pourront reprendre le train en marche après!
Sinon j'ai beaucoup aimé écrire avec les sœurs de Sean! Au départ j'avais prévu de commencer le chapitre lorsqu'il arrivait au lieu de rendez-vous mais j'ai finalement décidé de consacrer un peu de temps aux petites!
Bon, on se revoit demain?
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