Chapitre 8
Hayden me raccompagne jusqu'à ma chambre universitaire qui se trouve à vingt minutes de chez lui après avoir remis un tee-shirt propre. J'observe les étoiles en marchant, qui sont plutôt nombreuses étant donné que nous sommes toujours en été.
Aucun de nous deux ne parle, s'en serait gênant si mes pensées n'étaient pas focalisées sur ce qui venait de se passer dans la salle de bain plus tôt dans la soirée. Bon sang, qu'est-ce qu'il m'a pris ? En plus, c'est moi qui l'a embrassé ! Je suis la seule fautive cette fois.
Je suis certaine que c'est l'alcool qui a parlé parce que ça ne me ressemble pas de sauter sur les gens de cette façon, surtout sur quelqu'un que je connais depuis à peine une semaine. Ce qu'il vient de se passer était tout simplement une erreur d'une personne éméchée, ce qui arrive souvent en soirées je suppose.
Mais je ne peux m'empêcher de penser aux sensations que j'ai ressenti. Je me souviens des milliers de picotements qui ont parcouru mon corps dès l'instant où sa peau est entrée en contact avec la mienne, de sa langue qui jouait avec la mienne, de mes mains dans ses cheveux.
J'aimerai dire que c'est l'alcool aussi qui a embrumé ma perception de la réalité mais je n'ai pas l'impression que ça a été le cas. Ce baiser était tout simplement magique. J'aimerai ressentir ces sensations à nouveau mais je ne veux pas faire l'erreur d'embrasser Hayden une nouvelle fois. Je me souviens de ce que ma mère me répète sans cesse depuis que je suis enfant : "Les études avant tout, pas de relations avant ton diplôme". Je l'ai toujours écouté et ça ne changera pas.
J'ai envie de lui poser des questions au sujet de sa soeur, Luna, mais je sais bien qu'il n'a aucune envie d'y répondre alors je me retiens. Nous sommes l'un à côté de l'autre, tous les deux perdus dans nos pensées.
Nous arrivons devant la porte de ma chambre. Je me retourne pour le remercier.
- Merci de m'avoir raccompagnée. Je n'aurai pas été sereine de rentrer toute seule en pleine nuit. Et merci de m'avoir sauvée de cet homme.
- Ce n'est rien, me répond-il.
Nous nous regardons quelques secondes, ne sachant pas quoi faire. Il prend alors la parole :
- Par rapport à ce soir, ce serait mieux de faire comme si rien ne s'était passé. Nous avions tous les deux bu donc nous n'étions pas en capacité de réfléchir correctement.
Je hoche la tête. J'avais la même envie, ça tombe bien qu'il pense la même chose, ça facilite les choses. Il ne s'est rien passé ce soir, et puis, pour lui, un baiser ce n'est rien, ça ne signifie rien. Il faut que j'arrête d'y penser et que j'oublie cette soirée.
- Bonne nuit.
- Rentre bien.
Hayden s'éloigne et je regarde sa silhouette traverser le couloir. Je m'allonge dans mon lit sans prendre la peine de me changer. Cette soirée m'a épuisé. Je me promets de ne plus jamais toucher d'alcool de ma vie. Et peut-être que je ne devrais plus aller en soirée. Je n'ai pas le temps de penser plus longtemps que je m'endors.
*****
Lorsque je me réveille, une personne est penchée au-dessus de moi, les poings sur les hanches et je manque de faire un arrêt cardiaque.
- Maman, qu'est-ce que tu fais là ? je demande encore à moitié endormie.
- Tu sais quelle heure il est ?
J'entends dans sa voix qu'elle est énervée. Je me tourne vers l'horloge sur ma table de nuit et je vois qu'il est déjà treize heures. Je me redresse immédiatement. Il est extrêmement tard.
- Il est treize heures et tu es toujours au lit. Tu ne t'es même pas changée avant d'aller dormir ni même démaquillée.
Je me sens de suite coupable d'être allée à cette soirée hier. Je ne peux rien dire pour ma défense.
- L'alcool empeste dans toute la chambre et tu étais bourrée hier. Qu'est-ce qu'il t'a pris ?
Je n'ai rien à lui répondre. J'ai beau réfléchir mais je n'ai aucune excuse valable à lui fournir. Je la regarde et je vois bien qu'elle attend une réponse.
- Je ne recommencerai pas, je promets à ma mère.
- Il y a bien intérêt, je n'ai pas payé tes études pour que tu ailles boire en soirée. Je ne t'ai pas élevé pour ça. Je te faisais confiance.
Les larmes me montent aux yeux et je me fais violence pour éviter qu'elles ne coulent le long de mon visage. Décevoir ma mère me brise le coeur. De plus, elle s'est déplacée jusqu'ici à cause de mes bêtises. Je n'ose même pas relever la tête. Je sais qu'elle a donné sa vie en travaillant pour me payer des études et que je puisse avoir une vie meilleure que la sienne. Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça, je n'aurais jamais dû le faire, je dois seulement réussir mes études, c'est tout ce qui importe.
- Je suis désolée, je chuchote.
- Bon, il est treize heures, tu viens déjeuner avec moi ?
Je relève les yeux vers elle et elle me sourit gentiment. Ça s'est mieux passé que prévu. Un énorme poids disparait dans mon coeur. Elle a toujours été la meilleure mère au monde. Je ne l'échangerai pour rien au monde.
- J'ai juste besoin de dix minutes pour me doucher.
- Vas, fais disparaître toute trace de soirée. Et j'espère pour toi qu'il n'y en aura plus jamais.
Je hoche la tête vigoureusement et je prends des vêtements et mes affaires de toilettes rapidement pour prendre une douche express. Lorsque je reviens, j'ai eu le temps de faire le ménage dans mes pensées. Ma mère m'attend, assise à mon bureau.
Nous allons toutes les deux dans une rue commerciale, celle où je devais aller pour m'acheter de nouveaux vêtements qui avait été effacé de mon emploi du temps.
- Alors, comment se passent les cours depuis la dernière fois ? me demande ma mère en coupant un morceau de son steak.
- Bien, j'ai toujours de l'avance. Les cours sont toujours fascinants. Je suis tellement heureuse d'être à la fac !
- Tu t'es fait des amis ? Tu ne m'en as pas parlé au téléphone.
- J'ai rencontré le groupe d'amis de Chelsea, ma colocataire et on s'entend bien.
Nous finissons de manger tranquillement en discutant de tout et de rien. Ça fait du bien de voir ma mère. J'aimerai ne pas être séparée d'elle mais je sais bien que c'est impossible.
- J'ai besoin de faire quelques achats, tu m'accompagnes ? je propose à ma mère.
Elle accepte et nous nous dirigeons vers une petite boutique dont la vitrine est attrayante. Nous passons l'après-midi à faire les magasins et je me retrouve avec deux nouveaux jeans, deux pulls et trois tee-shirts. Je suis contente de mes achats.
En regagnant la voiture, quelqu'un m'interpelle et en me retournant je vois Liam et Ambre ensemble, main dans la main. J'en conclue qu'ils sont finalement en couple. Je suis contente pour eux.
- Tu vas bien ? me demande Ambre avec un magnifique sourire.
Je n'ai pas le temps de répondre que Liam prend la parole :
- Que s'est-il passé avec Hayden hier ?
Liam n'a pas l'air d'avoir remarqué ma mère qui s'est arrêtée un peu plus loin lorsque je me suis retournée quand il m'a appelé.
- Avec Hayden ? De quoi tu parles ? je fais semblant de ne pas comprendre.
Je lui fais de gros yeux pour qu'il ne rajoute rien. Je n'ai pas envie que ma mère me questionne avec ce sujet. Malheureusement, c'est peine perdue, il ne remarque rien.
- Tu sais à la soirée hier, il s'est battu, tu lui as couru après et on ne vous a pas revu de la soirée. Est-ce que vous avez...
Ambre lui donne un coup de coude pour le faire taire mais c'est trop tard, ma mère a déjà entendu et compris ce qu'il voulait dire.
- De quoi parle-t-il Lana ? me demande ma mère en nous rejoignant.
Liam comprend alors sa gaffe. Il n'est pas très réactif.
- Je vais t'expliquer.
- Monte dans la voiture, dépêche toi.
Je dis rapidement au revoir à mes amis et Liam s'excuse. Je monte et ma mère démarre la voiture. Elle a l'air plus énervée que lorsque je l'ai vu ce matin. Pas étonnant, je lui ai caché quelque chose et lorsque j'étais petite, elle m'avait fait promettre de ne rien lui cacher, de ne jamais lui mentir. Je la déçois une nouvelle fois. Mais je ne peux pas me résoudre à lui dire ce qu'il s'est passé chez lui.
- C'est un ami de Chelsea, je commence. Il m'a sauvé d'un garçon qui essayait de profiter de moi et il s'est battu avec.
Ma mère me jette un regard et sa colère semble s'être atténuée quelque peu.
- Un garçon a essayé de profiter de toi ? Tu vas bien ? Il t'a touché ? s'inquiète ma mère.
- Oui je vais bien et non il ne m'a rien fait, heureusement que Hayden était là sinon ça aurait mal fini.
- Pourquoi ton ami a-t-il laissé supposer que vous aviez passé la nuit ensemble ? Ce n'est pas ce qu'il s'est passé rassure moi ?
- Non ! Bien sûr que non ! Comment peux-tu imaginer une chose pareille ? Je l'ai juste rejoint pour le remercier de m'avoir tirée de cette affaire.
Nous arrivons à l'université et ma mère se gare sur le parking. Elle se tourne vers moi et me regarde dans les yeux.
- Et c'est tout ce qu'il s'est passé ? me demande-t-elle.
- Je l'ai aidé à soigner ses blessures, je culpabilisais qu'il soit blessé par ma faute.
- Tu ne me caches rien d'autre ?
Elle continue de me fixer car elle sait que je ne pourrais jamais lui mentir effrontément. Elle me connaît mieux que quiconque et elle sait comment me faire cracher le morceau. Ça a ses avantages et ses inconvénients, comme en ce moment par exemple.
- Je l'ai embrassé, je dis tout bas en baissant les yeux.
- Lana Élisabeth Moore, qu'as-tu fait ? s'exclame ma mère. Tu as perdu la tête ! Que t'ai-je dit au sujet des garçons depuis que tu es enfant ?
- "Les études avant tout, pas de relation avant ton diplôme". Mais ce n'est pas une relation ! J'avais bu, lui aussi et on s'est mis d'accord pour oublier cet événement. Je ne veux rien avec lui !
- Il vaudrait mieux pour toi parce que je refuse que tu sortes avec lui !
Elle sort de la voiture pour clore la conversation. Je récupère mes sacs rapidement et je cours pour la rattraper.
- Maman, je suis désolée de ne pas t'en avoir parlé, je n'ai pas trouvé le moyen de te le dire.
- Arrêtons de parler de ça.
Je sais qu'elle est toujours en colère mais je préfère ne pas en rajouter. Elle reste quelques minutes de plus puis se décide à rentrer. Lorsqu'elle referme la porte derrière elle, je commence à sérieusement me mettre en question.
En seulement une semaine d'université, j'ai déjà fait deux soirées, j'ai fini bourrée à l'une d'elle ce qui m'a amené à embrasser un garçon, et le comble dans tout ça c'est que j'ai menti à ma mère en lui cachant des choses. Je n'arrive pas à croire que j'ai fait ça en seulement une semaine. Je ne me reconnais pas. Il faut que je me reprenne en main.
Pour éviter de repenser à tout ce que j'ai pu faire de mal cette dernière semaine, j'étudie. C'est la meilleure façon que je connaisse pour me vider la tête de toute pensée.
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