Chapitre 22
Les jours passent et vendredi arrive très rapidement, beaucoup plus que je ne l'avais imaginé. J'ai échangé par téléphone avec Léo toute la semaine. C'est vraiment un chic type. On a eu l'occasion de déjeuner une fois ensemble à la cafétéria, entre deux cours.
Son bâtiment de cours se trouve plus loin par rapport au mien. Il faut dire que nos deux domaines sont assez éloignés : commerce et science. Pas étonnant que l'endroit où nos cours sont disposés le soient aussi. Mais nous avons tout de même trouvé le temps de manger ensemble.
Nous sommes tous les deux occupés mais nous prenons le temps de répondre aux messages de l'un et de l'autre. On s'entend plutôt bien. On rigole ensemble, on se fait des blagues, et on se soutient lors des révisions.
J'ai parlé de lui à Kyle pas plus tard qu'avant-hier, en classe, en attendant que le professeur arrive. Nous étions arrivés en avance, comme à notre habitude. Kyle doit être mon âme soeur du travail. Nous avons exactement la même façon de fonctionner. On arrive toujours à l'heure et nous ratons aucun cours, on prend nos notes consciencieusement et nous révisions à la bibliothèque pour atteindre les meilleures notes. Nous nous battons à chaque fois pour savoir lequel de nous deux est le meilleur. C'est pour cette raison qu'on est proche et que je suis à l'aise lorsque je parle avec lui.
- Il paraît que tu fréquentes un gars en commerce, m'avait lancé Kyle, sourire en coin, en me donnant un coup de coude dans les côtes.
- Les nouvelles vont vite par ici, avais-je répondu en rigolant.
- Je suis vexé que tu ne m'aies rien dit !
- Ce n'est rien de sérieux, on a seulement bu un verre ensemble.
- Dis moi Lana, avec combien de garçons es-tu allée boire un verre dans ta vie avant lui ?
- C'est une question piège ? avais-je demandé en haussant un sourcil.
- Avec personne, alors ne va pas me faire croire qu'il n'y a rien entre vous !
- Ça va, je capitule ! Le feeling passe plutôt bien, je vais à une de leurs soirées vendredi, pour rencontrer quelques uns de ses amis.
Kyle avait froncé les sourcils, comme si ça ne lui plaisait pas. Je n'avais pas compris sa réaction sur le moment, pas plus qu'aujourd'hui. Pourquoi semblait-il mécontent que j'aille à une soirée ? Kyle n'est certainement pas le genre de personne à restreindre son cercle d'amis en n'allant qu'aux soirées de son groupe d'amis. Alors pourquoi est-ce qu'il n'apprécie pas le fait que je fasse de même ? Je n'ai toujours pas de réponse convaincante aujourd'hui. Mais il m'a tout de même dit cette phrase, semblable à celle de Chelsea :
- Fais attention à toi. Les étudiants en commerce ne sont pas digne de confiance et pourtant ils arrivent facilement à la gagner avec leurs belles paroles.
Je l'ai questionné à ce moment sur ce qu'il entendait par là. Ça m'a intrigué qu'il dise quelque chose de semblable à ce que Chelsea avait dit. : "Il paraît que ce sont tous des beaux parleurs, fais attention à toi, ce sont de vrais serpents."
Mais il ne m'avait pas répondu et avait préféré changer de sujet. Existe-il une rumeur, ou un fait, qui justifie ces propos ? Kyle et Chelsea ne m'auraient pas dit ça sans raison. Alors pourquoi ? Quelque chose m'échappe et je préfère ne pas y accorder plus d'attention. Je ne vais pas me priver de rencontrer des gens à cause de petites phrases lancées sans raison. Et puis Léo sera là, s'il y a le moindre soucis, je sais que je pourrais compter sur lui. Il n'y a donc pas de raison de s'inquiéter.
En plus, j'en ai parlé à ma mère et elle est d'accord pour que j'y aille. Elle a dit que ce ne serait pas une mauvaise chose d'ouvrir ses horizons et de découvrir d'autres domaines. Si j'ai l'autorisation de ma mère, alors ça ne peut que bien se passer.
Les cours s'enchaînent, comme à leur habitude. Je bavarde et déjeune avec Kyle. Avant de nous quitter pour notre dernier cours, on s'est donné rendez-vous le lendemain après-midi pour étudier à la bibliothèque. Nous avons des recherches à rendre pour la semaine prochaine. Je ne pensais pas avoir autant de devoirs en entrant à la fac, mais visiblement, les professeurs aiment autant en donner qu'au lycée.
Je salue mon ami et je me dirige vers la salle où aura lieu le cours de psychologie. Je n'appréhende plus comme au début de semaine d'entrer dans cette salle. Hayden et moi nous adressons plus la parole, comme d'habitude. Ça ne m'étonne même plus à présent. On ne pourra jamais réglé nos différents. On passera notre temps à nous chamailler si nous nous réconcilions.
Alors, pour le bien de tous, vaut mieux pas qu'on se réconcilie, comme ça, pas de nouvelles disputes. C'est la meilleure chose à faire et ma conclusion n'a pas l'air de déranger Hayden plus que ça. En même temps, il n'est pas le genre de personne à accorder de l'importance à son entourage. La seule personne qui l'intéresse c'est lui-même. Et sa soeur. Enfin, il a l'air d'être différent avec sa soeur, il a un air adorable à chaque fois qu'il parle d'elle, mais peut-être que ce n'est pas le cas. Ce n'est pas comme si je le connaissais.
*****
- Pour le semaine prochaine, je vous demanderai de faire une étude de cas clinique sur l'une des maladies que nous avons évoqué depuis le début de l'année en binôme.
Je me suis réjouie du devoir jusqu'à ce que j'entende la fin de la consigne. En binôme ? Je me retourne précipitamment pour tenter de trouver quelqu'un de ma classe avec qui faire ce devoir mais je ne connais personne et chacun a l'air de s'être mis d'accord pour faire ce travail avec son voisin de classe.
Je pousse un long soupir avant de me tourner vers Hayden qui rigole sarcastiquement face à ma réaction. Parfois, j'ai vraiment l'impression qu'il y a quelqu'un qui se moque de moi, en dehors d'Hayden actuellement, au vu de la malchance que j'ai toujours dans ce genre de situation.
- Je crois qu'on va devoir travailler ensemble, je finis par déclarer. Je peux faire tout le travail toute seule, tu rajouteras juste ton nom sur la copie.
Je préfère faire l'ensemble du devoir toute seule et qu'Hayden hérite de ma note sans avoir rien fait plutôt que de devoir travailler avec lui.
- Je n'oserai pas te laisser faire seule ce devoir.
- Évidemment, je souffle en répondant à son air sarcastique par un regard noir.
- Donne moi ton numéro, je te contacterai.
Je n'avais pas réalisé qu'on avait encore jamais échangé nos coordonnées cellulaires. Pourtant, j'ai le numéro de tout le groupe d'amis, même d'Alec et Éthan, à qui je parle très rarement. En même temps, dans quelles circonstances j'aurai pu l'appeler ou lui envoyer un message ? Aucune. Je gribouille rapidement mon numéro sur un post-it et je quitte la salle, ne supportant plus son air satisfait et amusé qu'il n'a cessé d'arborer depuis qu'il a su qu'on allait devoir travailler ensemble.
*****
Je me mets un dernier coup de gloss sur les lèvres et je me regarde une dernière fois dans le miroir. Parfait. Chelsea m'aurait complimenté si elle n'était pas déjà partie à la soirée de sa fraternité de prédilection.
Je me demande vraiment comment ils peuvent sans cesse faire la même chose, chaque semaine, sans exception. La semaine, ils étudient, le week-end, ils font la fête. Ne se lassent-ils jamais ? Surtout que c'est toujours pour y voir les mêmes personnes.
N'est-il pas plus agréable de passer des soirées plus calmes plutôt que d'être entourés par une musique trop forte et de mauvais goûts avec des gens bourrés sur chaque mètre carré de la maison ? Par exemple, la soirée que j'ai passé avec Hayden après le feu de joie est incroyable souvenir. Ce genre de soirée est beaucoup mieux que celles de la fraternité.
Je me fixe du regard dans le miroir. Pourquoi ai-je pensé à lui ? Sûrement à cause du cours de psychologie de tout à l'heure. Quelle poisse ! Et puis, comme si sa conscience lui disait de ne pas me laisser faire seule ce devoir ! Il s'amuse simplement à me tourmenter ! Cet être est vraiment exécrable.
Quelqu'un toque à la porte. Je replace mes cheveux correctement sur mes épaules, je ferme la porte de mon armoire où se trouve le miroir et j'ouvre à Léo qui est venu me chercher. Je ne laisserai pas Hayden gâcher ma soirée. Ce soir, j'allais m'amuser auprès d'un garçon qui me plait, et à qui je plais et qui n'est pas prise de tête. J'allais rencontrer de nouvelles personnes et profiter pleinement de ma soirée.
- Salut toi, tu vas bien ? me demande Léo avant de m'embrasser la joue.
- Ça va et toi ? je réponds sans pouvoir m'empêcher de rougir.
J'aimerai tant pouvoir arrêter d'être aussi expressive avec mon visage. Je n'ai pas besoin de mots pour me trahir.
- On y va ?
Je hoche la tête et Léo me prend par la main pour me guider jusqu'à sa voiture. Je tente de cacher mon visage avec mes cheveux pour qu'il ne remarque pas mon inconfortabilité face à cette situation. Pour lui, peut-être est-ce anodin d'embrasser une fille sur la joue et de lui prendre la main, mais pour moi, tout ceci est nouveau. Léo ne semble pas remarquer que je suis mal à l'aise alors je tente de me reprendre du mieux que je peux. Ces deux gestes sont tout à fait anodin. Il ne se passe rien.
Durant le trajet en voiture, Léo met de la musique et il me demande comment s'est passé ma journée, comme il l'a fait chaque jour de cette semaine. Il est très attentionné et écoute attentivement ce que je lui dis. Il s'intéresse à moi et il me fait des compliments sans retenu.
- Tu es sublime ce soir. Cette robe te va à ravir.
Le rouge me monte aux joues, comme j'en ai pris l'habitude et je réponds un vague "Merci" avant que Léo gare sa voiture dans la rue. J'étais tellement absorbée par les paroles de mon ami que je n'ai pas remarqué qu'on était arrivé. Et maintenant que je me concentre, je peux distinctement entre la musique qui s'échappe des fenêtres ouvertes de la fraternité des étudiants en commerce.
Léo est descendu de la voiture et il m'ouvre la porte avant de me tendre une nouvelle fois la main. Nous traversons la petite pelouse qui se trouve devant la bâtisse et la musique augmente de plus en plus. Une fois que nous sommes à l'intérieur, la musique est si forte que je sens ma cage thoracique vibrer. La vision n'est pas différente des autres soirées étudiantes auxquelles j'ai déjà pu assisté. Il y a des personnes bourrées partout. Je suppose que ça doit être le B.a-ba des soirées étudiantes.
- Je vais te présenter à mes amis, me crie Léo à mon oreille pour que je puisse l'entendre par dessus les basses de la musique.
Je hoche la tête puis il me traîne à travers la foule. La soirée commence.
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