Chapitre 17
Le soleil est déjà en train de se coucher. Hier, j'ai passé un bon moment autour de ce succulent burger. Je n'ai toujours pas déterminé lequel des deux fast-food, entre celui d'hier ou celui rétro dans lequel je suis allée à mon arrivée ici, est le meilleur. On doit être dans la ville des burgers délicieux.
Chelsea a continué à me charrier quant au fait que Léo souhaite me revoir, bien que je ne comprenne pas pourquoi elle s'imagine de telles choses. Les cours se sont bien déroulés, comme à leur habitude. Kyle a été mon voisin et camarade de classe toute la journée et nous avons pu partager nos notes durant la pause déjeuner.
Et durant le cours de psychologie, Hayden était... Hayden. Il ne m'a pas adressé la parole, on est retourné au point de départ, comme si la journée de samedi n'avait pas existé. Mais je m'y attendais donc je n'ai pas été déçue.
Il a un comportement qui diffère lorsque nous sommes à l'université et lorsque nous sommes dehors, ou lorsque nous sommes accompagnés, je pense à ses remarques désobligeantes face à nos amis lors des soirées, et lorsque nous sommes seuls, notamment les fois où j'étais chez lui et mon premier jour de travail.
Actuellement, je suis dans les vestiaires en train de me changer. Cette fois-ci, j'ai pensé à ramener un petit cadenas, ce qui me permet de fermer mon casier et de laisser mes affaires en sécurité, bien qu'il n'y ait pas grand chose à voler.
Devant le miroir, je place mes cheveux de part et d'autre de mon visage puis j'enfonce le chapeau sur la tête. Il est assez ridicule, si on sort de l'environnement spécial qu'est ce cinéma. Mais bon, je ne vais pas me plaindre pour si peu étant donné que j'ai un super job étudiant à présent !
Je sors des vestiaires et je salue mes collègues un par un. Ma mère m'a toujours appris à entretenir des relations avec notre entourage. Je vais voir mes collègues presque tous les jours pour, je l'espère, toutes mes années de fac, alors il faut que j'ai de bonnes relations avec eux, ce qui commence par dire bonjour à chacun d'entre eux.
- Salut Lana ! Tu vas bien ? Comment s'est passé ta première journée samedi ? me demanda Jack, la personne m'aillant fait visiter le cinéma lorsque je suis arrivée ici. Je ne t'ai pas revu pour te poser la question.
- Super ! L'environnement est vraiment incroyable ici ! J'ai l'impression d'avoir fait un saut dans le passé, c'est génial !
Je m'exprime avec des gestes, excitée par ce travail sortant de l'ordinaire sous le regard amusé de mon collègue.
- Je suis d'accord avec toi, c'est pour ça que j'apprécie énormément travailler ici moi aussi. Hayden ne s'est pas montré trop désagréable ? Il n'a pas la réputation d'être un homme sympathique, mais il fait bien son travail et il n'accueille pas la clientèle alors cela n'est pas dérangeant pour le cinéma.
Je ne suis pas choquée par les propos de Jack car, en effet, Hayden est vraiment antipathique aux premiers abords. Quoi que, même en le connaissant un peu, il l'est toujours, mais il est plus nuancé. Je me souviens de la première fois où je l'ai rencontré, dans ce fast-food qui doit appartenir à un fanatique des vieilles voitures. Il m'a glacé sur place avec son impolitesse alors je ne suis pas étonnée que d'autres personnes partagent ma première impression. Mais il savait se montrer sympathique, à de rares occasions, et samedi a été le cas, alors je lui réponds :
- Non, du tout, il m'a montré tout ce qu'il fallait savoir pour faire mon travail correctement.
Jack hoche la tête et on se regarde quelques secondes, n'aillant plus rien à dire, ce qui devient légèrement gênant.
- Je vais y aller du coup, il doit m'attendre pour nettoyer les salles. Passe une bonne soirée ! je souhaite à mon collègue.
- Si jamais il y a le moindre soucis, n'hésite pas à venir me voir. Travaille bien.
Je le remercie et je monte les marches d'escaliers pour rejoindre l'étage où se situent les salles de visionnage. Je jette un coup d'oeil à ma montre et je remarque que j'ai quatre minutes de retard, à cause de la conversation que j'ai eu avec Jack.
Demain, j'essaierai d'arriver un peu plus en avance. Mais c'est dur d'enchaîner les cours et le travail, bien plus que je ne l'aurai imaginé, surtout que je dois prendre les transports en commun. Je finis les cours à seize heures et je dois être au cinéma à dix-sept heures et j'ai près de trente-cinq minutes de transports avec un changement de bus à faire alors qu'en voiture, cela ne prend qu'à peine dix minutes.
Cette information me conforte dans l'envie de m'acheter une voiture dès que l'occasion se présentera. Avec l'argent que ma mère m'envoie, mes économies, et les futurs salaires que je recevrai, je pourrais sûrement m'acheter une voiture d'ici deux mois. En attendant, je dois me montrer patiente et tenir le coup.
- T'es en retard, me fait remarquer Hayden lorsque je rentre dans la salle de repos pour voir le tableau d'affichage qui indique les horaires de fin des films pour qu'on puisse nettoyer les salles.
- Comme si ça ne t'arrivait jamais, je lui réponds en levant les yeux au ciel.
- Jamais, je suis un employé model.
Je pousse un soupir d'exaspération.
- Et moi je suis la reine d'Angleterre.
- Non, tu es une employée en retard.
- Je suis arrivée au cinéma en avance, j'ai simplement croiser Jack au rez-de-chaussée, et on a discuté un petit peu.
- Jack ? C'est qui ?
Sa question ne me surprend pas plus que ça. Pas étonnant que les gens le trouvent impolis et désagréables. Hayden ne s'intéresse tout simplement pas au monde qui l'entoure et aux gens qui s'y trouvent.
Il ne salue personne, ne se présente pas et ne parle à personne, ne retient pas leurs prénoms. Est-il au courant de la façon dont les gens pensent de lui ? Je pense que ce n'est pas difficile à deviner, mais il ne doit pas y accorder d'attention.
- C'est un de tes collègues, celui qui m'a montré le cinéma hier.
- Ah, ce connard.
- Hayden ! je m'exclame, choqué par ses propos. Ne dis pas ce genre de chose à propos de tes collègues !
Hayden hausse un sourcil devant ma mine horrifiée, comme s'il ne comprenait pas pour quelle raison ses mots me choquent. C'est pourtant une évidence !
- Une fois, il a fait exprès de faire tomber un pot de pop-corn pour que je le ramasse. Une autre fois, c'était une glace pilée. Donc c'est ce qu'on appelle un connard, la vierge.
- Arrête de m'appeler comme ça ! je m'offusque.
- Pourquoi, c'est faux ?
- Là n'est pas la question, ce ne sont pas le genre de chose qu'on dit, c'est tout.
Pour toute réponse, Hayden hausse les épaules, me faisant comprendre qu'il s'en fiche royalement de ce que je pense. Je retiens un cri de frustration. Je comprends complètement les gens qui le trouvent désagréable !
- On y va ? La salle 2 ne va pas se nettoyer toute seule, fait remarquer Hayden.
Je lui lance un regard noir, ce qui le fait sourire. Je ne comprends pas pourquoi il prend un si malin plaisir à me mettre hors de moi. Suis-je une attraction amusante à ses yeux ? Parfois j'aimerai bien lui mettre un morceau de ruban adhésif sur la bouche pour qu'il arrête de faire son sourire sarcastique qui me donne l'impression d'être moquée.
Je me saisis du balais tandis que Hayden prend un sac poubelle. La soirée commence maintenant. Étant donné qu'on est en semaine, il y a moins de séances en soirée, mais aussi moins de personnes qui viennent au cinéma, donc moins de nettoyage à faire, donc plus de temps de pause.
Je me retrouve alors bien plus souvent en tête à tête avec Hayden dans cette salle de repos bien trop petite. Et, les cours de psychologie l'affirment, l'être humain n'aime pas le silence alors il fait tout pour le combler, que ce soit avec de la musique, la télévision en bruit de fond, ou alors parler. C'est pour cette raison que je demande :
- Tu aimes quel genre de films ?
Hayden paraît étonné par ma question, mais je suppose qu'il comprend assez vite la raison pour laquelle je la pose. Lui, cependant, n'a pas l'air d'être mal à l'aise lorsque le silence s'installe. En même temps, ce n'est pas le type de personne qui ferait la conversation pour combler un blanc.
- Les films d'action, et toi ? Non, laisse moi deviner. Je suis sûre que tu apprécies les films à l'eau de rose. C'est quoi les films de ce genre les plus populaires sur Netflix actuellement ? À tous les garçons que j'ai aimé, The Kissing Booth, After ?
Je suis étonnée qu'il connaisse ces films-là mais je devine facilement que ce sont juste des informations qu'il a saisi pour son boulot. Je doute qu'il ait déjà regardé un seul de ces films. Sa soeur est aussi trop jeune pour regarder ce type de films mais il ne sera tarder qu'elle les regarde et que Hayden se retrouve obligé d'en visualiser un ou deux. L'idée me fait sourire mentalement mais je lui réponds tout de même sur la défensive :
- Ce ne sont pas que des films à l'eau de rose ! Il faudrait que tu aies lu les livres pour comprendre chacun de ces films.
- Ce n'est pas lassant de voir toujours la même histoire ? Ils finissent toujours ensemble, tu sais déjà ce qu'il va se passer, quel est l'intérêt de les lire ou de les regarder ? En plus, je suis sûr que tu es le genre de personne à lire ou regarder plusieurs fois le même livre ou film.
- Parce que ça transmet des émotions ! Tu entres dans la peau du personnage et tu te sens vivre à travers elle. Et je ne vois pas en quoi c'est un problème, ça permet de mieux saisir l'histoire et les clins d'oeil et indices de l'histoire !
Je vois dans les yeux de Hayden que quelque chose l'a fait tilter dans mes propos, bien que je ne sache pas ce qui a pu l'amener à ce genre de réaction.
- Tu ne te sens pas vivre dans la réalité, en dehors des livres ?
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