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24 ~ Red names

POV Luke

Je regarde Michael s'éloigner avec Diane et Éponine, prenant la direction d'un large Sub tandis que Peter Nicholson se remet à parler en anglais. Aucun Gardien ne semble les toucher, ils sont seulement guidés et je me demande si mes craintes étaient bien fondées. 

Profitant de l'attention générale porté sur le Gouverneur, j'allume l'écran sur ma manche et envoie un bref message à Michael. 

"Réponse quand arrivé. Apprivoise le Panda moi je m'occupe du tri Est."

Il comprendra et si quelqu'un de l'AGFA venait à intercepter nos messages, ils mettraient du temps à déchiffrer une éventuelle menace. Je triture ma manche, attendant l'accusé de réception lorsque Nicholson entame son discours en mauvais français au sujet du Tri et de ses procédures à venir.

Le Recensement n'ayant pas été réalisé après la mise en place de Purity, il nous revient de nous en occuper afin de faire un compte rendu fiable sur l'état actuel de notre pays. Pour l'occasion, l'AGFA a autorisé l'accès au dossier numérique du précédent recensement à tous les Soldats aillant choisi de rester.

Et celà ne tarde pas, car quelques secondes après nous recevons un message nous permettant de nous connecter aux dossiers de notre État. Bien que je teste de me connecter sur le dossier Ouest, je suis automatiquement renvoyé au dossier Est et j'imagine qu'il en va de même pour les anglophones. Jared essaye à son tour en vain, avant d'appuyer sur le dossier Est, se décomposant en deux parties, la Perle et le Terrier.

Encore une fois je tente d'entrer dans un dossier qui, en soit, ne me concerne pas et de la Perle je suis automatiquement envoyé au Terrier, seul dossier que je puisse ouvrir.


" Eh bien, apparemment ici non plus on ne se mélange pas  -Murmure Jared en ouvrant le dossier de son quartier, la Perle-

- Nos écrans n'ont pas été changés avec les tenues -Dis-je en observant l'écran neuf sur ma manche- Du moins notre dossier digital est resté le même.

- Ça veut dire qu'ils ne nous considèrent pas encore comme les leurs. Que crois-tu que Michael ait sur son écran en ce moment?

- Je n'en sais rien, je me demande même s'il n'est pas éteint."


C'est ce que je finis par penser après plusieurs minutes sans réponses de sa part et surtout devant l'absence d'accusé de réception. Qu'il y ait des soucis de connexion à l'Iceberg je veux bien y croire, mais en ce moment il ne devrait pourtant être qu'à quelques mètres ou kilomètres d'ici.


" Comme vous le voyez, chaque dossier contient les noms des habitants répertoriés par Quartiers. Tenant compte de votre provenance, vous trouverez la liste des personnes auxquelles vous devrez rendre visite d'ici ce soir, quand la majorité des travailleurs seront rentrés.

- Comment devrons-nous procéder ? -Demande une fille dans mon dos-

- Bien que certains aimeraient faire usage de leurs armes, ce sera une procédure totalement pacifiste -Précise-t'il alors que certains grognent- Elles vous serviront plus tard, mais nous ne voulons pas inquiéter la population. Tout ce que vous aurez à faire est une visite de routine afin d'actualiser les données que nous avions déjà. L'âge du couple, sa situation, l'âge de l'enfant si il y en a un.

- Et si on tombe sur une famille qui cachait des Illégaux? -Demande un autre Soldat-

- nous avons déjà retiré les Illégaux des dossiers, vous n'aurez pas à vous soucier de ce détail. Seuls les noms sur la liste importent, nous attendons de vous le plus de détails et de renseignements possibles.

- Pourquoi nous plutôt que les Gardiens? -Je demande alors que Nicholson m'observe un instant-

- Car les habitants ont confiance en vous. Ils ne se confieront pas à un Gardien, tandis qu'à un enfant qu'ils auront vu grandir, si -Il esquisse un sourire et se détourne de moi- Toutes les informations que vous jugerez nécessaires seront bonnes à prendre. Aussi, vous trouverez des noms en rouge, ce sont des personnes prioritaires qui auront le droit à un traitement spécial. Vous recevrez plus d'informations d'ici ce soir."


Puis il reprend le même discours en anglais alors que ceux de l'Est sont invités à retourner dans leurs chambres pour se préparer. Quel traitement spécial? Si c'est quelque chose lié au rang social alors je ne pense pas en trouver au Terrier, il faudra que je pose mes questions à Jared le moment venu.

*

Une fois arrivé dans ma chambre, je dépose ma veste sur le bureau, trouvant avec stupeur des douilles neuves dans la poubelle, provenant des armes de Michael et Eponine. Ces abrutis auraient pu me faire tuer si il y avait eu des fouilles! Ignorant s'il s'agit d'une erreur ou d'un de leur plan débile, je les récupère à la hâte et les cache dans mes poches de pantalon avant d'aller me poser lourdement sur le bord de mon lit. Elles me serviront si les choses tournent mal ici.

 Je dépose d'ailleurs mon arme sur le côté, assez proche pour m'en servir à tout moment, tandis que je zieute enfin le lit de Michael, en bordel comme d'habitude, mais vide. Je tape mollement dedans, comme pour faire de l'interaction, mais la pièce reste silencieuse. J'espère qu'il s'en sortira de son côté car je n'ai pas l'intention de l'attendre trop longtemps.

Mais si jamais il trouve Pandore, j'imagine qu'il s'en sortira. 

Je sors de mon autre poche la moitié de photo que j'avais volée à Michael un peu plus tôt, observant la demi-Pandore qui sourit, me sourit. J'aurais dû me douter que ça arriverait, aucun Illégal n'a jamais réussi à se jouer totalement de l'AGFA et je pensais m'être suffisamment détaché pour être prêt le moment venu mais rien n'y fait. Que lui avais-je dit, en dernier... Je ne m'en souviens plus, je savais qu'elle ne tiendrait pas longtemps mais je gardais espoir. Se rapprocher de l'AGFA a finalement été son meilleur plan, je le comprends à présent. 

" Quelle merdeuse"

Je soupire, las, avant de m'intéresser à mon écran à partir duquel je retourne aux dossiers. Dans la liste du Terrier se trouve encore des sous-dossiers, un pour les hommes et l'autre pour les femmes. Machinalement j'ouvre celui des hommes, recherchant directement la lettre H.

Hemmings Andrew

Hemmings Luke

Bien évidemment, aucune trace de Ben. C'est le coeur lourd que j'ouvre le dossier de mon père, y trouvant une vieille photo datant d'avant l'éboulement.

Hemmings Andrew / (H) / Terrier

Parents : Hemmings Jonas, Sophie / Marié à : Colton dite Hemmings Liz 

Enfant : Hemmings Luke (H)

Âge : 43 ans - Décédé (20 Octobre 2256 - 13 Avril 2299) / Métier : Puisard

Les quelques images qu'il me restent de mon père me reviennent en tête; La façon qu'il avait de m'encourager, son amour pour ma mère, son sourire devant moi alors qu'il était épuisé et détruit par son travail. Ses vêtements couverts de terre, de sang et portant sur lui l'odeur de dizaines d'hommes parqués nuits et jours dans des colonnes de roche au soleil. Lui et ma mère ont fait de leur mieux pour m'offrir une belle vie... Maman...

Si il avait été là aujourd'hui, aurait-il pu aider maman à se relever après la perte de Ben? Aurait-il su lui apporter ce que je ne pouvais lui apporter à cette époque? Dire qu'il n'aura pas vraiment connu son deuxième fils. 

Je retourne en arrière et ouvre mon dossier, à jour, seulement je ne sais pas si la mention étudiant est toujours d'actualité étant donné que nous n'allons plus du tout à l'École de l'Est et que la majorité des cours obligatoires sont dispensés ici au QG de l'armée, par des membres proches de l'AGFA. Michael est également noté étudiant, aussi je préfère ne pas y toucher et attendre d'en discuter avec Jared ce soir. Après tout, notre recensement ne me semble pas nécessaire.

Je fais défiler quelques noms, tombant finalement sur certains notés en rouge. Il ne s'agissait donc pas d'un traitement lié au rang social, car pour le moment toutes les personnes notées dont des personnes assez âgées, issues d'anciennes familles et si pauvres qu'elles seraient, d'après une ancienne rumeur, hébergées par l'Hôpital du Terrier. Rumeur confirmée à en voir la mention (HT) pour Hôpital du Terrier et non (T), sur la première ligne.

Même scénario du côté des femmes et je me demande bien ce que l'AGFA veut en particulier à ces personnes. Si toutes les personnes âgées devaient recevoir un traitement spécial, alors il en manquerait plus de la moitié.

Je défile à présent la liste des femmes, cherchant les noms Keanon et Jones. Là aussi aucune surprise, il n'est fait mention que d'Alice et Victoria pour les Keanon et Cécile pour les Jones, cette dernière n'ayant aucun enfant. Il y a quelques mois de ça Pandore Jones serait apparu dans la liste, mais l'AGFA s'est bien empressée de la faire disparaitre.

Elle n'apparait pas non plus dans le dossier de son père biologique Marcus Keanon ou d'Adam Jones, tous les deux des Puisards décédés dans un éboulement qui avait précédé celui de mon père de quelques années. C'est un fantôme, me dis-je en regardant le bout de photo posé sur ma cuisse.

Je reprends ma lecture, défilant les listes d'hommes et de femmes, m'arrêtant sur les noms rouges jusqu'à ce que l'un d'eux me fasse tilter. Wilfried... J'ai lu ce nom il y a quelques minutes! C'est le père de Cécile Jones, Pierre Wilfried. Pourtant, il y a un deuxième Wilfried en rouge, Philippe Wilfried, père d'Ana Calgary, la prof de physique de Pandore.

Est-ce une erreur ou les deux Wilfried sont frères? Des Illégaux hébergés par l'Hôpital et l'AGFA est au courant ? Je n'y comprends plus rien et attrape un carnet sur le bureau, y notant ces deux noms avec un point d'interrogation. Dès que j'aurais mes instructions pour les visites de ce soir je me rendrai chez Cécile, elle saura me répondre.

Je retourne en arrière et regarde l'heure sur mon écran, impatient, lorsque je reçois un message.

C'est l'accusé de réception du message pour Michael, enfin.

Mais lorsque je l'ouvre mon estomac se noue. Echec de l'envoi. Je tente encore une fois de l'envoyer, faisant les cents pas jusqu'à entendre une notification de message quelques minutes plus tard. Ça a été plus rapide cette fois, mais le résultat est le même.

Michael ne reçoit plus mes messages et bien que je me rassure en imaginant un problème de réseau, mon instinct me met en garde. J'espère vraiment que son plan et celui d'Éponine aura fonctionné.

*

À l'heure du repas je rejoins Jared au réfectoire de l'Armée. Tout le monde parle des noms sur les listes, certains jouent même avec leur arme, arborant un sourire vainqueur tout en parlant de leurs tactiques d'intimidation sur certaines familles. Bien que l'on ne pourra pas se servir des armes, nous pourrons quand même les avoir sur nous, afin de dissuader ceux qui voudraient se rebeller. Jared lui n'en a que faire, il ne trouve pas cela intéressant pour un travail de Soldat.


"Franchement ce devrait être aux Gardiens de faire ça -Marmonne-t'il- On nous fait perdre notre temps ici alors qu'on pourrait continuer à s'entraîner. Même ceux qui sont partis pour l'Iceberg auront de meilleures missions j'en suis sûr.

- Honnêtement je ne pense pas -Dis-je en pensant à Michael et son absence de réponse-

- Ça te plait toi de devoir aller frapper aux portes, faire la discussion et ce même jusqu'aux hôpitaux des Quartiers?

- Alors j'avais vu juste -Dis-je en reprenant intérêt à la conversation- Les fameux noms en rouge, ce sont les pauvres et âgés hébergés par l'Hôpital? Enfin, si il y a des pauvres à la Perle.

- Tu te doutes bien que non, mais ce sont des vieillards oui pour la plupart. Je me demande vraiment pourquoi ils ont le droit à un traitement spécial. Ce n'est pas le cas des autres vieux qui sont à la retraites ou tout simplement malades.

- Je me suis posé la question moi aussi. Tu es déjà allé là-bas?

- Non, j'ai eu la chance de ne jamais y finir et toi ?

- Une fois quand j'étais petit -Dis-je en repensant à mon rêve- Il y a eu un éboulement au Terrier, juste au niveau du quai du Sub où je me trouvais avec des... amis.

- Oh je me souviens, Michael aussi non? Vous aviez manqué l'École pendant un bon bout de temps.

- Je suis allé à l'Hôpital mais je ne me souviens pas avoir vu ces personnes âgées quand je faisais des séances de marche dans les couloirs. Elles devaient avoir un étage rien que pour elles."


Jared hausse les épaules, faussement intéressé avant de reprendre notre discussion sur les entraînements. Nous devons encore nous améliorer en tir, mais à première vue nous maitrisons bien des armes et c'est une première pour des adolescents d'à peine dix-huit ans. Si ce soir nous terminons assez tôt, nous irons nous entrainer.

Puis sans prévenir, un bip résonne à l'unisson dans le réfectoire. Nous avons reçu les instructions. Je me jette sur le message et remarque que Jared en fait autant, finalement curieux.

" Cher Soldat, ci-joint vous trouverez la liste personnelle qui vous a été attribuée. Vous devrez vous rendre, dès ce soir, dans les résidences indiquées et récolter les informations suivantes en priorité : Âge/Métier/État de santé. Si un comportement vous semble suspect, merci de le signaler également dans le dossier. En cas de nom rouge dans votre liste, merci de contacter un de nos médecins en amont pour assister votre visite, les consignes vous seront divulguées par ces derniers. Pour les enfants de moins de douze ans, précisez également la forme physique.

Ne faites jamais usage de votre arme, vous êtes seulement autorisés à la sortir en cas de dissuasion. Si un contrôle venait à mal se passer, le reporter directement aux autorités.

En étant opérationnel vous terminerez le travail d'ici demain.

Que le Nouveau-Canada demeure." 


" Une liste personnelle ? - Demande Jared à présent concerné- Qu'est-ce que ça veut dire ?

- Je n'en sais rien, attends on a reçu un autre message -Dis-je en l'ouvrant- Mais qu'est-ce qu..."


Alors c'est ça la liste personnelle. Sur mon écran seuls quelques noms, exclusivement masculins et dans un ordre à respecter, apparaissent. Nous ne pouvons pas nous rendre chez qui bon nous semble et j'entends à leurs grondements que les caïds-armés désapprouvent totalement cette absence de choix.

Je jette un regard en biais sur l'écran de ma voisine de table, sa liste ne comporte que des noms féminins. Il y a des parenthèses à côté de certains noms, comme sur ma liste, dedans il y a le nom du Soldat de sexe opposé avec qui nous devrons faire le contrôle dans les foyers en couple.

Comment vais-je faire pour aller voir Cécile ? Et qui se rendra chez elle ou chez les Keanon ? Je racle le bois de la table avec mes doigts, cherchant une idée de dernière minute tandis que plusieurs Soldats se lèvent sans même finir de manger, dont Jared.


" Tu m'as l'air pressé pour quelqu'un qui voulait refourguer ce boulot à un Gardien.

- Plus vite ce sera fait et plus vite on pourra s'entraîner -Dit-il avec sérieux-

- Tu as une liste intéressante ?

- Je ne connais quasiment personne dessus -Répond ce dernier en haussant les épaules- et toi?

- Pareil, je m'attendais à y voir des noms de parents d'élèves que je connaissais. Même les noms rouges ne me disent rien.

- Au moins on ne s'éternisera pas, allez viens!"


On ne s'éternisera pas et surtout on ne pourra pas discuter ni alimenter les rumeurs. Je ne suis pas retourné au Terrier depuis que j'ai intégré l'Armée mais je suis sûr que les habitants commencent à se poser des questions.

Je débarrasse mon plateau et suis Jared jusqu'à nos dortoirs où nous enfilons quelques affaires en plus et rechargeons nos armes, ce qui nous a été conseillé malgré tout. Au dehors je le vois qui détache ses cheveux pour faire moins strict et donner un air de confiance tandis que je me contente d'un rasage rapide pour donner l'air plus sympathique.

Je passe mon arme en bandoulière, la laisse pendre dans mon dos et je quitte la chambre, gardant les douilles neuves de Michael dans ma poche au cas ou.

*

Le trajet en Sub est rapide pourtant je me remémore des souvenirs, comme si mon dernier voyage à l'intérieur remontait à des années. Jared me salue d'une tape sur l'épaule avant de descendre à la Perle, prenant automatiquement un air enjoué et rassurant, tandis que je descends au Terrier avec de nombreux autres Soldats. Qui parmi eux ira chez Pandore ? En aura-t'il simplement connaissance s'il s'agit d'un soldat adulte ? Après tout, c'est un fantôme.

Je me rends docilement jusqu'au baraquement du premier homme sur ma liste. Il habite beaucoup plus en contre-bas que Pandore ou Michael et je me demande même si je suis déjà allé dans ces recoins du Terrier, ceux les plus profonds que ma mère appelaient le coin des oubliés. En marchant dans les galeries je me rends compte qu'en fait, le Terrier commençait à me manquer. Certes les odeurs, les lumières blafardes et la pauvreté ambiante ne sont pas les meilleurs souvenirs que je garde, mais un quelque chose me fait me sentir chez-moi, en sécurité.

Mais il y bien que nous, les Soldats, qui nous sentions en sécurité ici désormais. Je vois des regards apeurés ou méfiants par les crevasses des baraquements, aucun enfant ne joue dehors entre la fin du dîner et le couvre-feu et je vois même des rideaux de fortune se tirer à certaines fenêtres. L'ambiance est lourde et ce n'est pas uniquement lié au fait que j'ai enfin atteint le plus bas du coin des oubliés. Tout le Terrier semble se cacher de nous.

Le baraquement de Pierre Cordet est parmi les plus délabré du Terrier. Semblable à un tas de bois pourri empilé à la hâte et couvert d'un tapis de poussière immaculé, à tel point que, lorsque je frappe à sa porte et manque de l'arracher de ses gonds, j'en vienne à me demander s'il ne pourrait pas être mort dedans et depuis longtemps. Pourtant un vieil homme vient m'ouvrir.

Aussi ravagé et rabougri que son baraquement, le visage et le cou couverts de plaques atroces, Mr Cordet me propose d'entrer chez lui sans trop bien comprendre. Je décline poliment l'invitation avant de lui expliquer la raison de ma présence, lui assurant être un gamin d'ici pour le rassurer alors que je le sens se braquer. Comme la majorité des habitants du Terrier, il hait l'AGFA et crache au sol quand je prononce le nom de nos Gouverneurs.

En dehors de ça, il ne fait rien et répond à mes questions en me regardant de bas en haut. Le nom Hemmings lui parle et alors que je termine mes notes, ce dernier commence à se rappeler de "vieux ragôts" au sujet d'une Hemmings qui avait eu deux enfants et dont le plus jeune était "probablement mort". Je reste évasif dans mes réponses et prends congé du vieux qui me lance un dernier regard mauvais, comme s'il me jugeait d'avoir rejoint l'ennemi.

Il ferme sa porte, ou ce qu'il en reste et je remonte les galeries d'un pas rapide, renseignant son mauvais état de santé et une force physique peu flagrante tout en me demandant à quoi pourraient bien servir ces données. Quoi qu'il arrive je ne peux pas mentir, j'imagine que l'AGFA revérifiera nos notes alors je ne prends pas de risque et change seulement la force physique à légèrement défaillante. Peut-être que ça pourrait jouer en sa faveur.

*

Finalement Jared avait raison, il n'y a rien de vraiment intéressant à faire ce boulot. Par moment je dois attendre mon binôme pour aller interroger les couples, mais en dehors de ça, je me sens inutile. Les personnes listées ne me connaissent pas ou bien ils ont entendu parler de ma mère, de son ancien poste de professeur ou même de mon père et donc fatalement, de sa mort. Une femme me demande d'ailleurs si ce n'est pas suite à ce choc que j'ai choisi de retourner ma veste et d'intégrer l'AGFA. La mort d'un père, d'un frère et l'abandon d'une mère. Mon binôme me regarde à peine, comprenant que je suis issu d'une famille ayant caché un Illégal, et je me demande si cette question relève de la pitié ou de la méchanceté. Je ne lui ai pas répondu, même en quittant le baraquement et me retrouvant seul sur le pas de leur porte.

Tout cela n'a rien à voir avec ma famille.

Je m'éloigne du baraquement et marche en direction du prochain où je suis sensé attendre un autre binôme encore une fois quand j'aperçois celui de Pandore, ou plutôt des Keanon. Il est toujours aussi flambant neuf, obligeant les deux filles à vivre dans une maison restaurée par leur fille et soeur qui leur a été arrachée. Non pas que ce soit désagréable à vivre, mais je ne me sentirai pas à l'aise. Je me remémore le visage de Pandore à sa fenêtre, quand nous étions gamins et qu'elle nous attendait. Les pierres que nous lancions contre le bois pour la réveiller pendant sa sieste et la forcer à jouer avec nous. A présent la fenêtre est condamnée et je me demande à quoi peut bien ressembler son ancienne chambre.

Non loin en face, le baraquement de Michael n'a pas bougé. J'aurais aimé avoir son père sur ma liste, j'aurais pu leur parler de leur fils, les rassurer. Mais sont-ils seulement inquiets ? Étant des stylistes haut-placés à l'AGFA, peut-être sont ils fiers du choix de leur fils et n'ont aucune préoccupation. Je les vois d'ailleurs sortir en même temps que le binôme qui les interrogeaient, sereins et remerciant les Soldats d'une poignée de main comme s'il s'agissait d'une visite amicale. Pas étonnant que les Clifford soient de moins en moins appréciés au Terrier.

Bien qu'ils m'aient vu au loin, ils ne me font pas signe de venir les voir. Ils me saluent seulement avant de rentrer chez eux, me laissant encore une fois seul à attendre mon binôme.

Celle-ci n'arrivant pas, je vérifie l'heure sur mon écran avant de me décider à faire un léger crochet. La fille me notifiera quand elle sera là, après tout elle ignore si je suis en contrôle ou non. Je prends un chemin opposé et m'éloigne du baraquement des Keanon, débouchant dans une allée peuplée de petits baraquements réservés aux personnes seules mais encore assez actives pour éviter le coin des oubliés. Je sais où aller, j'ai obtenu l'adresse exacte par Michael et alors que je m'approche d'un des derniers baraquement de l'allée, la porte s'ouvre brusquement sur Cécile, une arme à la main, pointée sur moi.


" Qu'est-ce que tu fais là?! -Lance-t'elle avec rage alors que je mets mes mains en l'air-

- Je... je voulais seulement savoir comment vous alliez madame Jones.

- Ça ne t'a pas suffit de m'avoir pris ma fille? Maintenant tu viens me narguer ici?!

-Pris votre f... Quoi?! Je n'ai rien fait à Pandore!

- C'est toi qui l'a dénoncée, je le sais et elle le sait! Tu étais au courant de son secret depuis longtemps et tu jouais sur ça, elle me l'a dit Luke, ne t'approche plus jamais de moi ou je te tue!"


Je suis abasourdi, non pas par sa menace qu'elle mettra à exécution, ça je n'en doute pas, mais pour Pandore. Elles se sont imaginé que c'était moi qui l'avais dénoncée ? Je déglutis difficilement, sentant le rouge monter à mes joues alors que des flots de colère s'apprêtent à jaillir de ma bouche. C'en est trop.


" Je n'ai JAMAIS dénoncé Pandore! -Je lâche finalement, les poings serrés et m'avançant vers elle- C'était mon amie et même si nous avions pris des chemins différents JAMAIS je n'aurais pu lui faire ça!

- RECULE-TOI LUKE OU JE TIRE!

- EH BIEN TIREZ! Je n'ai jamais voulu qu'elle soit envoyée à l'Iceberg loin de vous, loin des Keanon et encore moins loin de Michael. Comment pouvez vous croire qu...

- Tu lui as envoyé des mots, des menaces! Ton petit jeu pour la persécuter a bien fonctionné!

- Mais puisque je vous dit que jamais je n'aurais fait ça! J'ignore qui l'a dénoncée et si je le savais je vous le dirais ! - Elle charge l'arme et je sens une once de peur m'envahir- Vous ne pouvez pas croire ça, tout ce que je faisais c'était m'amuser.

- Tu voulais être meilleur qu'elle, tu voulais la battre et pouvoir te moquer -Dit-elle d'un ton amer, serrant l'arme avec force- Mais avec ton attitude puérile tu as détruit ma fille!

- Je ne voulais pas, j'en suis désolé. Si je pouvais faire quoi que ce soit pour la ramener je l...

- Ah oui? Pourtant tu es toujours là, tu n'as pas essayé d'aller à l'Iceberg tandis que Michael, lui je sais qu'il va tout tenter pour aller aider ma fille. Sans savoir si elle était en vie, il préparait son arrivée à l'Iceberg depuis un moment, avec Éponine. Tandis que toi, toi tu es à te pavaner avec ton arme et ton costume flambant neuf, mais tu ne m'impressionne pas. Maintenant va-t'en ou bien ta mère aura un deuxième fils à pleurer.

- Vous pouvez y aller, elle ne s'en préoccupe plus -Dis-je en m'approchant avec hargne- Allez-y, tirez, vu que vous êtes si certaine d'avoir le traître devant vos yeux! Vengez votre fille allez! Je n'aurais jamais pu lui faire de mal réellement car je l'ai aimée.

- La ferme ne joue pas à ce jeu pitoyable!

- Si j'avais voulu dénoncer votre fille pourquoi aurais-je attendu toutes ces semaines ?! C'est vrai quoi, avec cette somme d'argent en échange d'une dénonciation j'aurais pu avoir suffisamment d'argent pour offrir une nouvelle vie à ma mère. J'aurais pu également utiliser cet argent pour arriver à mes fins et m'offrir l'Université de mon choix -Dis-je fou de rage sans même voir son arme vaciller- C'est sûr que sa capture m'aurait rapporté gros, même des semaines après le lancement de Purity!

- J...Je vais tirer Luke!

- J'aurais pu la dénoncer après le tournoi sportif, quand je l'ai vu partir aux toilettes pour dissimuler cet espèce de liquide jaune qui, j'imagine, la protégeait. J'aurais pu prévenir le Gardien qui patrouillait non loin ou encore j'aurais pu la balancer à ce mec, Joe, qui lui tournait autour, désireux de savoir si elle était Illégale ou non pour servir son putain de projet. Il se doutait que je savais quelque chose mais je ne lui ai rien dit, il me proposait même une place importante dans son projet si je lui donnais les informations qu'il voulait au sujet de Pandore sans en parler à Amadalia.

- Tu... Tu as dit Joe? Joe Duncan?

- Je n'en sais rien et je m'en moque!

- Elle nous a parlé de lui, il fait tout pour la garder auprès de lui.

- Et c'est MOI que vous voulez éliminer ? J'avais certes toutes les raisons du monde de dénoncer Pandore mais je ne l'ai pas fait -Dis-je dans un dernier râle de colère- Je vous le jure. Michael ne m'a jamais tenu pour responsable alors qu'il aurait pu lui aussi, mais il me connait, il sait ce que représentait Pandore pour moi et je ne voulais pas qu'elle tombe dans leurs mains. Je vous en supplie faites-moi confiance.

- P...Pourquoi es-tu là dans ce cas ? -Demande-t'elle sans baisser son arme pour autant-

- Je veux tr...

- Hey qu'est-ce que tu fous là toi?! "


Je sursaute à l'entente d'une voix dans mon dos et en me retournant je comprends qu'il s'agit de la femme qui doit s'occuper du contrôle de Cécile, laquelle pointe toujours son arme sur moi ainsi que sur la femme. Mais si moi je n'ai pas fais usage de mon arme, la femme elle attrape la sienne et la charge, conseillant à Cécile de ne pas causer de problèmes.


" Je peux savoir pourquoi t'es encore là toi? -Me grogne-t'elle au visage- C'est mon contrôle alors reprends ta liste et retourne t'occuper des hommes ou je fais un rapport. Madame Jones Cécile? Je vais vous demander de bien vouloir répondre à quelques questions et de ranger cette arme pour ne pas que je vous la retire."


Cécile me regarde du coin de l'oeil et je lui fais signe de coopérer avant de m'en aller au pas de course, la bile au bord des lèvres. J'aurais dû me douter qu'on penserait à moi en premier vis à vis de la dénonciation de Pandore, après tout nous agissions comme des ennemis, mais de là à croire que ça pouvait réellement être moi. Et dire qu'elle aussi en est persuadé... Je n'ose même pas aller voir les Keanon, quant à ma propre mère, il suffirait qu'elle ait entendu cette rumeur et ce serait fini.

Je donne un coup de pied dans des cailloux environnants quand enfin mon binôme se présente au prochain contrôle. Je n'écoute presque pas, je note ce qu'il m'est demandé de noter et sors le premier.


" Eh à ton avis pourquoi ils ont besoin de savoir quel est leur état de santé ? -Demande mon binôme qui commence à me suivre-

- J'en sais rien -Dis-je sèchement-

- Vous avez des questions intimes vous?

- Mais de quoi tu parles ? -Je demande soudain agacé, m'arrêtant à sa hauteur-

- On doit poser des questions aux filles entre dix-huit et trente ans, sur leurs menstruations et leur virginité, sûrement pour faire le point fécondité et savoir qui a déjà un enfant et qui en voudra à l'avenir. Vous n'avez pas ça vous ?

- Non, seulement la forme physique -Dis-je en y réfléchissant- mais je crois qu'il s'agit plus de force qu'autre chose.

- Bizarre, en tout cas il y a des filles dont les parents décident pour elles, moi je n'aurais pas supporté ça."


Puis elle me laisse enfin terminer ma liste, arrivant bientôt au dernier nom qui est un rouge. Jusque-là je n'avais pensé qu'à Pandore, Cécile puis cette histoire de virginité totalement déplacée qui ne présageait rien de bon pour les jeunes filles. J'en avais oublié ce dernier nom.

Il se fait tard mais le médecin que je contacte me demande de me rendre directement à l'Hôpital où il se trouve déjà. La visite sera courte vu l'heure, mais je suis intrigué, chassant au second plan le problème Pandore.

Je me rends jusqu'à l'Hôpital du Terrier que je n'avais pas approché de nouveau depuis l'éboulement, tout me revient en mémoire. L'escalier de pierre, les néons grésillant juste au niveau des grandes portes d'entrée et le bourdonnement des machines s'échappant par les planches fissurées mal calfeutrées. À l'intérieur m'attend un médecin au visage fermé, on aurait dit un Gardien habillé en infirmier, pourtant il sait ce qu'il fait et il m'amène sans attendre au fond de l'Hôpital où se trouve une porte dérobée derrière des planches de bois.


" Le Gouverneur Nicholson nous a dit que vous nous assisteriez dans le contrôle -Dis-je mal à l'aise-

- Il n'y auras pas besoin de contrôle -Répond le médecin sans me regarder et m'indiquant un long escalier descendant- Après toi."


Comment ça pas de contrôle? Je fais glisser discrètement mon arme de mon côté tandis qu'il ferme la porte et me suis sans rien dire. L'escalier est mal éclairé et glissant, sans compter l'odeur nauséabonde qui commence à flotter dans l'air. Où est-ce qu'on va?

Arrivés en bas de l'escalier, nous débouchons dans un espace circulaire en pierre verdâtre où sont disposés des cartons débordants de tenues médicales. Au loin une porte se dessine dans la pierre et de derrière proviennent des sons de machines ainsi que l'odeur devenu intenable.


" Tu auras besoin de ça -Dit-il en me montrant un carton- enfile le masque et les gants et un conseil, garde ton arme cachée, certains pourraient être effrayés ou au contraire avoir des idées en tête."


Encore un malaise. Je m'exécute pourtant et enfile une blouse, cachant mon arme dessous, puis des gants et un masque. Je ne sens plus rien du tout me voila rassuré, mais je me demande bien pourquoi je dois porter tout cet attirail. Le médecin à côté fait la même chose avant de me barrer la route.


" Tu ne poseras des questions que si je t'y autorise, quand j'aurais terminé le test tu enverras les résultats directement à l'AGFA et tu préciseras que je ferai suivre l'échantillon. C'est bien clair Soldat ?

- Bien monsieur."


Puis il s'écarte et ouvre la porte que je passe avec appréhension, ne sachant pas à quoi m'attendre.

À l'intérieur je découvre plusieurs rangées de lits d'hôpital, disposés en ligne et sur lesquels sont allongés des patients plus ou moins grabataires. Tous sont reliés à des machines, certains ont en plus des perfusions un peu partout tandis que d'autre sont comme ligotés et posent leurs yeux fous sur moi. Des infirmières et des médecins vont et viennent, au fond de la pièce une femme est nue dans une espèce de boîte en plastique, allongée et auscultée par des médecins dont seules les mains sont passées au travers de la boîte. Elle se débat, voudrait sortir et semble hurler sauf qu'un faible son traverse le plastique blindé. Que lui font-elle ?

Je passe à côté du lit d'un autre homme, lequel agrippe mon bras sans aucune agressivité, pourtant le médecin lui hurle de me lâcher comme s'il me menaçait. Je regarde du coin de l'oeil le vieillard qui murmure des propos incompréhensibles sans me lâcher des yeux; D'énormes hématomes couvrent son cou et ses bras, il y a également des traces de piqures à répétition ce qui provoque des cavités crouteuses et je n'ose même pas imaginer le reste du corps sous la couverture rongée par le temps.

Je n'aurais jamais imaginé ça.

Puis le médecin me fait signe de venir au chevet d'un autre homme de corpulence moyenne, les cheveux tirant tout juste sur le blanc et un bandage autour d'un oeil. Lui aussi est couvert d'hématomes et je me sens coupable lorsque le médecin sort une aiguille et lui inflige une nouvelle marque. Il fronce les sourcils mais s'y résous, me regardant de temps à autre.


" Vous lui faites quoi ? -Je demande pour briser le seul bruit des machines et des plaintes de patients-

- La procédure envoyée par l'AGFA -Répond-t'il machinalement alors qu'il prélève un deuxième tube de sang- Au lieu de me poser des questions fais ton travail, après la dernière piqûre il ne pourra plus te répondre."


La dernière ? J'observe la dernière seringue, plus volumineuse et contenant un liquide noir. Que va-t'il lui injecter ? Pourtant l'homme ne dit rien, il est habitué et à l'évidence je comprends que s'il ne dit rien, c'est parce qu'il n'en a plus les capacités. Je suis obligé de lui poser des questions auxquelles il peut répondre oui ou non à l'aide de sa tête, pour le métier il me confirme seulement avoir été cuisinier pour l'École de l'Est il y a des années et c'est le médecin qui m'apprend qu'il a perdu sa petite-fille récemment, Pia Zeller.

Pia! J'avais appris sa mort par Éponine, touchée par un tir d'intimidation d'un des Gardiens alors qu'ils venaient arrêter Pandore. Pourtant de le réaliser une seconde fois me fait encore plus de peine et bien qu'il commence à perdre la tête, le vieillard remarque à mon attitude que je la connaissais, un petit sourire triste prenant place sur ses lèvres.

Par sympathie je pose ma main sur son épaule et après que le médecin ait fini de vider le contenu de la seringue, il ferme les yeux, respirant fortement. 


" C'est bon je te communiquerai les résultats et tu pourras les transmettre à l'AGFA.

- Je peux vous poser une question ? Y a-t'il un Pierre ou un Philippe Wilfried ici ?

- Pourquoi ? -Me demande-t'il avec suspicion- Je ne crois pas qu'aucun des deux ne soit sur ta liste.

- C'est juste que l'un d'eux est le père d'un professeur de physique, ça m'a surpris de voir son nom dans la liste.

- En effet -Il jette un regard circulaire avant de me montrer deux lits collés l'un à l'autre un peu plus loin- Ils sont là-bas.

- Ils sont... frères n'est-ce pas?

- Tu poses beaucoup de questions Soldat, tu devrais faire attention, l'AGFA n'aime pas les questions."


J'acquiesce et ne pose plus aucune question, observant une dernière fois du coin de l'oeil les Wilfried, couverts d'une multitude de câbles et de perfusions. Cécile sait-elle que son père est ici? 

Au moment où nous quittons la pièce, un espèce de meuglement s'élève du lit que je venais de quitter. Le grand-père de Pia semble pris de panique et la dernière image que je vois c'est son corps, soulevé par des spasmes et tombant du lit, du liquide noir s'échappant de ses lèvres tordues de douleur.


" Tu n'as pas besoin de voir ça -Me dit le médecin en me poussant presque hors de la pièce- Maintenant retire le matériel et rentre à ton QG, je t'enverrai les résultats."


Puis il me ferme la porte à la figure et part aider les infirmières à gérer les autres patients en crise, alertés par les bruits de Mr Zeller.

Sans attendre je retire les gants et la blouse, l'arrachant presque sous la précipitation et je ne retire le masque qu'une fois arrivé là-haut, prenant un bol d'air moins putride qu'en bas. 

Quelques médecins me regardent faire, ne me demandant rien du fait que je sois de l'Armée et quand je sors enfin dehors, je vais me poser à l'écart, me frottant le visage. C'était quoi ce bordel ? Je reçois les résultats quelques minutes après ainsi qu'un message de Jared me demandant de faire vite pour que l'on puisse s'entraîner. J'attends encore quelques instants avant de me lever, voyant les Gardiens arriver pour le couvre-feu. Je ne vais pas m'éterniser ici, je n'y ai plus ma place.

Mais au moment où je m'éloigne de l'Hôpital un sifflement retenti dans mon dos.

Cécile était cachée derrière des rochers, attendant que je sorte et restant loin des Gardiens. Elle me semble moins agressive que tout à l'heure et après avoir vérifié qu'aucun Gardien ne patrouillait, je la rejoins.


"Vous m'avez suivi? - Je demande en chuchotant-

- Tu dois te demander ce que cache le Terrier dans les sous-sols de l'Hôpital.

- Vous étiez au courant ?!

- Mon père et mon oncle y sont retenu prisonniers.

- Pierre et Philippe Wilfried ? - Elle acquiesce- Je les ai vu, ils av...

- Ils sont en vie ?! -Elle sursaute, stupéfaite- Comment vont-ils ?

- J'ai dit que je les avais vu oui, mais l'état des gens là-dessous est catastrophique... On dirait un laboratoire pour personnes âgées.

- C'est un laboratoire en effet -Dit-elle les lèvres pincées- Ils ont tous plus ou moins le même âge et ils sont t...

- Ils sont tous Illégaux n'est-ce pas ? -Elle acquiesce- Pourquoi sont-ils ici plutôt qu'à l'Iceberg ?

- Écoute je n'ai pas le temps de répondre à tes questions mais si tu disais vrai, que tu n'as pas dénoncé Pandore, alors prends ça et enfuies-toi le plus rapidement possible -Elle me donne une boite dans laquelle se trouve une seringue-

- Je crois que j'ai eu ma dose de seringue pour la journée Madame Jones.

- C'est ce sur quoi ma cousine travaillait, Ana Calgary, la professeur de Physique de Pandore, après qu'elle ait compris vers quel destin nous avancions.

- Où est-elle d'ailleurs ?

- Je l'ignore mais j'espère pour elle qu'elle est morte -Dit-elle dans un frisson- Quoi qu'il en soit prends-la, Michael et Éponine en ont pris avec eux avant de partir et j'espère que ça leur servira. Qui sait ce que l'AGFA vous réserve, surtout si vous n'êtes pas totalement assujettis à leurs idées.

- Je ne le suis pas.

- Alors prends cette seringue, tu as plusieurs réserves de sérum pour te protéger des menaces. Si jamais ils te font boire, inhaler ou tester un produit, utilises-la immédiatement.

- Mais et vous ?

- Peut-être que je serais épargnée par le Recensement, mais ayant caché Pandore et faisant partie d'une lignée d'Illégaux, j'ai bien peur d'être utilisée à des fins de recherches.

- Vous devriez garder ce sérum dans ce cas! -Dis-je en lui redonnant la boite- C'est plus risqué pour vous pour le moment.

- Crois-tu que je ne sois pas préparée ? Ana et moi nous attendions à ces temps de guerre, je suis bien équipée et ils ne m'auront pas vivante. Toi par contre tu ne l'es pas et l'AGFA pourrait décider de s'occuper de ton compte en te prenant à ton propre piège.

- Comment pourrais-je partir? Vous ne travaillez plus sur les Subs j'imagine ?

- Non, ni ma cousine, mais toi tu peux -Elle regarde par dessus le rocher et se baisse d'un coup- Je devais garder cette information pour Victoria et Alice ou encore Michael mais finalement il semblerait que tu en aies plus besoin. Ana a laissé des instructions à l'université de Technologie et de Physique, il y a un petit Sub que tu peux utiliser, il t'amènera à la surface ou à l'Iceberg si tu sais le piloter. Tu devras t'y rendre mais fais bien attention à ne pas en parler à qui que ce soit.

- Je devrais partir seul ? Je veux dire... ma mère..

- Ce n'est pas le moment d'être sentimental Luke, tu sais que rien ne pourra plus ramener ta mère à elle, nous avons tout essayé. Toi par contre tu peut être sauvé.

- Et Pandore ?

- Michael devrait s'occuper d'elle.

- Oui mais si il échoue ?

- À toi de voir dans ce cas, si tu veux aller la sauver. Mais si tu fais ce choix, s'il-te-plait n'oublie jamais une chose, en aucun cas elle ne doit tomber entre les mains d'Amadalia.

- Pourquoi ?

- Car elle a besoin des prouesses de Pandore mais aussi de son énergie pour mettre à bien un projet personnel, une machine. J'ignore de quoi il s'agit mais avant de disparaitre Ana m'a confiée avoir entendu Amadalia parler de "détruire l'Initiale" à son propre jeu. Elle n'enverra pas Pandore sur Terre, elle a trop besoin d'elle et de son sang. Elle a déjà essayé de lui tendre un piège et de la faire revenir ici en échange d'une place dans son laboratoire mais aussi de pouvoir nous revoir de temps en temps, et...

- J'imagine que cette idiote a accepté? Amadalia l'a bien cernée.

- Oui -Soupire Cécile- Si jamais elle revenait, partez avec le Sub, mais si elle reste à l'Iceberg, fais en sorte, avec Michael, qu'elle soit loin de ce monstre.

- Quand doit-elle arriver ?

- Tu la trouveras avec Amadalia. Si cette dernière est seule, alors contacte Michael. Bonne chance Luke."


Avant qu'elle ne parte je lui donne les douilles neuves de Michael pour son arme ou pour n'importe quel projet tant que cela peut la protéger, elle me remercie et s'excuse finalement pour son attitude de tout à l'heure. J'aimerais lui dire que ce n'est rien mais c'est faux, je n'aurais vraiment pas pu faire une telle chose et je pense qu'elle l'a enfin compris.

Étant cernés par des Gardiens, je fais mine d'être encore en contrôle et de ramener une femme chez elle, pointant mon arme non chargée sur son dos jusqu'à chez elle.


" Je pense que j'ai bien fait de te donner ce sérum -Dit-elle en regardant en tous sens- Tu risques d'attirer l'attention sur toi.

- C'est déjà fait, le médecin a trouvé que je posais beaucoup trop de questions. Mais je voulais savoir ce qu'ils faisaient à ces pauvres gens... Les souffrances qu'ils endurent...

- Je ne sais pas vraiment ce qu'ils y font. Mon père m'a toujours dit qu'il était un Illégal particulier, que le Gouvernement avait encouragé les couples de l'époque à repeupler le Nouveau-Canada décimé par une maladie et qu'il y avait de nombreux Illégaux de sa génération dont la naissance avait été validée pour la cause. Ils ne devaient rien risquer... Pourtant aujourd'hui ils sont tous dans ce sous-sol plutôt qu'à l'Iceberg.

- On dirait qu'ils les prennent pour des patients zéro, qu'ils testent leur sang et leur réaction à des virus. Pourtant, les premiers Illégaux remontent à beaucoup plus loin...

- Je te dis tout est lié à cette maladie en particulier et le sérum que je t'ai donné est un dérivé direct du Sérum de Guérison réalisé pour stopper l'hécatombe de l'époque. Donc quoi que tu tentes, ne t'en sépare pas, ça devrait te protéger un moment."







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