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L'atmosphère est pesante, humide et emplie de cris stridents qui déchirent l'air.
Elle avance doucement, mais prudemment.
Voilà bien un lieu qui lui est totalement inconnu et sa dernière envie serait bien de se faire remarquer...
De toute façon, elle ne peut se le permettre...
Perdue dans ses pensées, elle heurte le dos de quelqu'un.
Confuse, elle lève la tête et s'apprête à s'excuser.
Mais le visage qui se dessine sous ses yeux n'était pas celui auquel elle s'attendait.
Élizabeth n'en avait vu qu'à l' Aulograan, et avait fini par croire que la G.A.S.D.R ( Garde Armée Sanctionnant les Délits des Rôdeurs ) avait fini par tous les mettre en prison.
Le Rôdeur qui se tient face à elle est immense. Il a une peau verdâtre, des yeux rouges, perçants et des cicatrices blanches qui lui strient le visage. Un grondement sourd fait trembler la jeune fille, qui a bien du mal à réaliser que le monstre est simplement en train de grogner.
Élizabeth, devant un tel mastodonte, ne tarde pas à bafouiller une mince excuse avant de s'éclipser.
Il faut qu'elle trouve une sortie, sinon la Planque la trouvera.
Le cœur toujours battant à lui en crever la poitrine, elle tente de se frayer un chemin à travers la foule de Rôdeurs de couleurs, de tailles et de natures différentes.
Elle n'était jamais venue dans un complexe d'Hunter Light.
Encore une fois, elle n'en avait entendu parlé qu'aux résultats sportifs à l'Aulograan, principalement ceux de l'équipe des bleus, la préférée de son père.
Et ce qu'elle ne savait pas non plus, c'est que les places étaient principalement occupées par des Rôdeurs.
Si la Planque n'était pas de nouveau à ses trousses, elle se serait probablement arrêtée pour jeter un coup d'œil.
Mais elle ne peut pas risquer de se faire attraper.
Élizabeth n'en peut plus, elle ne retournera pas là-bas.
Élizabeth, ses parents ayant étés tués dans un accident de voiture et n'ayant pas de famille proche, celle-ci a été envoyée à la Planque.
Une sorte de refuge pour les enfants orphelins, le temps que l'on trouve un nouveau foyer, avec une nouvelle famille aimante, etc...
Enfin c'est ce que tout le monde n'a cessé de lui répéter, mais Élizabeth en est à sa 7ème famille, et comme à chaque fois, elle fugue, n'en pouvant plus.
La jeune femme secoue vivement la tête, dans l'espoir de chasser ses idées noires, les cris des Rôdeurs la ramenant difficilement à la réalité.
Elle lève son visage et s'arrête brusquement, les sueurs froides lui déchirant le dos. Sa respiration se fait de plus en plus courte. Elle se tient devant la plateforme des Hunter Light.
Le présentateur ( qui n'est autre qu'un Rôdeur ) agite ses tentacules bleues en l'air, en prononçant des phrases incompréhensibles. La chasse va commencer et elle opposera l'équipe des noirs contre l'équipe des jaunes. Élizabeth reste béate, n'en croyant pas ses yeux : elle va assister à un Hunter Light, en direct. Ses mains en tremblent d'excitation et tout son corps est tendu, comme si c'était elle qui allait passer la porte.
Elle rêverait de partir avec eux. Le monstre qui sert de présentateur, ouvre la porte dimensionnelle. Un cercle bleu clair, presque blanc apparaît et éclaire
la salle d'une lumière pure et puissante. Le présentateur explique les règles du jeu, mais Élizabeth n'écoute pas, elle les connais déjà par cœur.
Une équipe se compose de 5 joueurs, mais en terme de mixité, le choix est libre. Il est extrêmement rare que quelqu'un crée une bande, généralement c'est en entrant dans une équipe et en faisant ses preuves, qu'on parvient à se faire remarquer.
Mais fonder son propre escadron relève du défi.
Les matchs se jouent entre deux équipes. On ouvre une porte dimensionnelle, et les deux adversaires atterrissent dans un milieu qui change constamment. Puis on leur donne une mission, et l'équipe qui l'accomplit, gagne la partie. Les joueurs disposent généralement de pistolets, dont les fonctions changent continuellement elles aussi. Une partie d'Hunter Light peut durer 10 minutes comme elle peut durer 2 jours. Il n'y a pas vraiment de règles, à peu près tous les coups sont permis.
Tout le monde n'attend plus que le début de la chasse, lorsqu'une alarme, ainsi qu'un bruit d'hélicoptère assourdissent et font taire toute discussion, terrifiant la salle et stoppant chacun dans son mouvement. Élizabeth rebascule brutalement dans la réalité. Elle sait, pourtant Élizabeth persiste à croire que ce n'est plus la Planque qui la recherche: ceux-ci n'envoient pas d'hélicoptères, simplement quelques hommes pour la ramener. Cependant, la jeune femme ne peut se permettre de trop réfléchir, elle doit passer à l'action. Élizabeth doit partir tout de suite, c'est bien ce que n'arrête de lui répéter une petite voix dans sa tête. Pourtant, les jambes de la jeune femme refusent de bouger.
Son cœur semble prêt à sauter hors de sa cage thoracique, son cerveau fulmine et cherche désespérément une solution. De larges faisceaux lumineux traversent les vitres du complexe, l'alarme retentit de plus belle, tandis les Rôdeurs s'agitent comme des cafards lorsqu'ils sont exposés à la lumière.
Élizabeth doit réagir vite, trouver une solution, pour leur échapper, peut importe qui ils sont, et s'ils en ont après elle.
Elle ressent le grondement des pas martelant le sol, elle perçoit le cliquetis des équipement des hommes qui débarquent et elle entend le bruit des cris et de l'excitation autour d'elle comme si elle avait la tête plongée dans de l'eau glacée.
Une goutte de sueur perle le long de sa colonne vertébrale et sans crier gare, une idée lui poignarde l'esprit.
Peut-être n'est-ce-pas une bonne idée, mais Élizabeth manque de temps, de calme et d'imagination.
Ses pieds, qui jusque là étaient suspendus au sol, décollent brusquement et Élizabeth s'élance à pleine vitesse. Déjà, celle-ci a l'impression que tout tangue sur son passage. Pantelante, elle titube le plus rapidement possible vers l'arrière de l'estrade. Elle entend les pas se rapprocher. Elle gravit rapidement les escaliers et cours vers l'équipe des noirs. Prudemment, elle se faufile derrière un des joueurs, celui qui est le plus en retrait et passe à l'action. Élizabeth enfonce son genoux gauche dans le dos du joueur et plaque sa main sur sa bouche. Avant que sa victime n'attire l'attention du reste de son équipe, celle-ci enfonce ses doigts dans le cou du joueur noir qui lui tombe littéralement dans les bras. Élizabeth palpe rapidement son pouls: il est en vie. Cette technique lui a été enseignée par les autres enfants de la Planque: elle endort complètement la victime. Cependant, on lui bien informé que si elle appuyait trop fort, elle pouvait briser le cou de la personne, voir même la tuer. Cette prise ne lui avait jamais servi jusque-là, mais en ce moment précis, elle remercie mentalement ses anciens amis de la Planque.
*
- Nous l'avons! Les paroles résonnent dans le couloir comme un cri de joie et de soulagement.
- Vous avez quoi ? Crache sèchement Mason.
- Lui.
Le silence se pose des deux cotés de la porte.
- Entrez... Souffle Mason au bout plusieurs longues minutes.
La poignée s'abaisse et 5 agents de P.C.R ( Police Chargée des Recherches ) entrent dans le bureau, suivis d'une personne, les bras menottés dans son dos, la tête baissée, et les cheveux cachant son visage.
- Je vous écoute... Lâche Mason assez ironiquement. Cependant, on entend une grande lassitude dans sa voix, d'autant plus que celui-ci se penche sur son bureau pour prendre sa tête entre ses mains.
- Nous l'avons trouvé professeur... Répond prudemment un des agents après de longues secondes d'hésitation.
- Je ne peux pas voir son visage. Siffle durement Mason, ne levant que ses yeux.
L'agent qui s'était avancé, se retourne et attrape brutalement le menton du jeune homme pour relever son visage. Celui-ci a les cheveux blond, les yeux bleus, les traits de son visages sont creusés, mais il devait être très beau avant de s'être fait attrapé. Ses cheveux retombent autour de son visage après que l'agent lui ai lâché la tête. Ses yeux fixent durement ceux de Mason, pour autant, celui-ci ne semble pas le moins du monde intimidé par le jeune homme.
- Êtes-vous sûr qu'il s'agit bien de là, l'Émergeant dont je vous avez parlé ? Demande Mason, dont le ton se fait de plus en plus coléreux.
- Hé bien professeur, je pense que c'est bien lui, nous l'avons trouvé dans un complexe d'Hunter Light... Commence l'agent avant d'être coupé brutalement par Mason qui ne cache plus sa colère.
- Bande d'incompétents! Mais pourquoi vous appelle-t-on la Police Chargée des Recherches? Des Recherches! Vous êtes incapable de faire la différence entre une fille est un homme! Je vous avais demandé de la trouver! C'est de elle et elle seule dont nous avons besoin! Éclate-t-il avant d'être à son tour coupé.
- C'est bon Mason, je pense qu'ils ont compris, pose calmement Hemma. Celle-ci se tient dans l'encadrement de la porte, et s'avance vers le bureau. Elle revêt une blouse blanche, parfaitement lissée, lui tombant jusqu'au genoux. Ses cheveux rouges s'envolent lorsqu'elle traverse la pièce d'un pas rapide. Elle laisse derrière son passage un léger parfum qui rappelle les désinfectants utilisés par les médecins avant la consultation.
- Que veux-tu Hemma? Demande plus calmement Mason, mais en prenant soin de laisser dans sa voix un agacement visible.
- Je pense, que tu devrai me laisser le rennes des recherches... Laisse-moi la traquer, je la trouverai, et tu sais que j'en suis capable. Ne me négliges pas, tu sais que je peux t'aider, et tu ne fais qu'y gagner. Propose Hemma en fixant fixant l'homme de ses yeux parfaitement noirs.
- Ta partie de la mission est de t'occuper des tests et des prélèvements sur les Émergeants. Répond inflexiblement Mason avec une expression impassible.
- Je ne fais que les attendre, et la P.C.R est incapable d'en ramener. Nous n'avançons pas, et tu sais que notre temps est précieux. Nous ne pouvons plus nous en tenir au plan. Laisse-moi me charger des Émergeants. Rajoute Hemma en regardant Mason avec tant d'insistance, qu'elle semblerait être folle.
L'hésitation de Mason est visible, et de longues minutes qui semblent passer des heures s'écoulent lentement.
- Ton seul objectif est de me ramener des Émergeants. Mais avant tout, tu dois la trouver, elle est la lumière qui élucidera tout le reste. Tu as carte blanche Hemma. Achève Mason avec un ton qui laisse apercevoir un certain scepticisme.
La jeune femme sourit de satisfaction, et tourne les talons pour se diriger vers la porte.
- Hemma... Appelle Mason, lorsque la jeune femme arrive à mi-chemin entre la sortie et le bureau de celui-ci.
- Oui? Répond Hemma en se retournant vers l'homme.
- Nous avons besoin d'elle... Assure gravement Mason.
La jeune femme hoche de la tête comme simple réponse avant de faire volte-face et de sortir de la pièce en claquant la porte derrière elle.
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