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✺Chapitre 20: Le sang du loup

Pas un seul jour, la Louve ne regrettait ses actes. Pas une seule pensée pour ce qui aurait pu arriver si elle n'avait pas été là, tout ce temps. Tout ces sacrifices, ce sang versé, ces petites avancées de chaque jour qui l'avaient menée à une organisation grandissante et déterminée. Ainsi, aujourd'hui elle pouvait arborer fièrement le blason, l'emblème des rebelles : le loup.

Elle-même se savait injuste, parfois cruelle et sans pitié. Seulement, c'était la seule façon de résister. Se créer une volonté propre, se détacher de l'identité que le Capitole leur donnait. Jamais les manifestations pacifiques n'avaient donné de résultat. Les rebelles étaient arrêtés, mis sous barreaux ou humiliés publiquement. Cela sans oublier la mort inévitable et prochaine qui les attendaient par la suite.

Bien vite, et avec regret, la Louve s'était construite sur l'idée que la violence devait combattre la violence. Puisque le Capitole ne semblait pas décidé à écouter ce qu'elle avait à leur dire, elle devrait leur hurler dans les oreilles jusqu'à ce qu'il tombe. Les rebelles étaient de plus en plus nombreux, de plus en plus jeunes et engagés. Elle se sentait grandir et son pouvoir prenait de l'importance.

Lorsque son appel avec le président Snow se termina, elle se sentait nauséeuse. La présence du président près d'elle, bien que sur un écran, lui rappelait à quel point elle était proche du but... Et si loin à la fois.

- Dimitri... Nous passons à la phase deux.

- Oui.


Ness regarda Cassiopée dans les yeux, et sourit. Son regard frondeur se posa dans les iris marrons posées du jeune homme. Il était plutôt grand, musclé et il semblait être tout ce qu'il y avait de plus doux. Cette dernière caractéristique ne lui plaisait guère en général, il fallait avouer, mais ce jour-là, elle se sentait de bonne humeur.

Après l'invitation qu'il lui avait faite, à laquelle elle s'était présentée, elle avait bien réfléchi. Ainsi, Ness de Saint-Vast n'était certainement pas aussi innocent et désintéressé qu'il ne le laissait paraitre. Elle connaissait ses atouts et savait user de ses charmes chez les jeunes hommes. Il devait sans aucun doute faire partie de ses admirateurs secrets, et avait un jour fait le premier pas vers elle en prétextant cette invitation hasardeuse pour passer du temps avec elle.

Cette théorie, bien que fumeuse sur les bords, lui paraissait totalement possible au vu du comportement du jeune homme lors de leur « rendez-vous ». Directement, il avait agi comme s'il la connaissait depuis bien longtemps. Il connaissait son père, ses exploits passés et l'avait directement interrogée sur la raison de sa fausse mort.

Cet élément, Cassiopée Price l'avait complètement oublié. Il s'était passé tellement de choses, ces derniers temps, combinés au fait qu'elle avait passé six bons mois à s'enterrer dans l'alcool, complètement ravagée par la mort de son petit ami Franck. Avec la découverte de l'équipe des gagnantes des 95èmes Hunger Games du district 10, elle avait vécu des choses extrêmement différentes et en avait oublié sa vie d'avant et son rang.

Sa vie d'avant lui semblait tellement lointaine, maintenant qu'elle était ici ! Avant, elle passait sa vie à s'entraîner, matin et soir. Parfois, Pandora se plaignait du fait qu'elle devait s'entraîner trois heures avant le midi... Mais par rapport à ce que Cassiopée faisait avant, c'était ridicule. Elle faisait du sport toute la journée, motivée par deux choses : rendre son père fier, et rejoindre par la suite Franck, lui qui faisait la même chose qu'elle à des degrés différents.

Elle adorait ses journées ainsi. Lorsqu'elle faisait une bêtise, désobéissait à son père, elle était punie. Elle était enfermée dans une salle et se faisait tabasser jusqu'à ce que son père entre, et la sermonne longtemps. Ce n'était pas les meilleurs moments de la journée, mais Cassiopée avoua bien par la suite que ce genre de punitions n'avaient jamais été aussi efficaces sur elle. De plus, la récompense était plus forte que le désagrément : retrouver son blond préféré.

Maintenant, son père l'avait reniée. Apparemment, elle lui faisait honte. Elle l'avait déshonoré lorsqu'il avait dû acheter sa vie au président Snow contre une forte somme d'argent. Ainsi, il lui avait dit sèchement, avant de l'abandonner, que si elle ne rachetait pas ses fautes, elle ne le reverrait plus jamais.

Ces mots entretenaient donc un espoir, peut-être infime, qu'elle puisse récupérer son titre, son père et son argent. Il fallait qu'elle lui prouve sa loyauté, sa grandeur qui la faisait appartenir aux Price. Sa grand-mère lui aurait dit quoi faire, mais elle n'était plus là. Elle devrait se débrouiller seule, à présent. Et ce n'était pas pour dire mais ce n'était pas gagné.

Elle revint au moment présent lorsqu'elle rentra dans l'appartement et vit Valentin, accoudé à une table, ses mains se mouvant sur ce qui semblait être un bout de tissus. Elle secoua la tête, libérant ses boucles blondes.

- Salut, dit-elle avec lassitude.

Elle voulut s'asseoir en face de lui, mais il fit un mouvement en arrière en fronçant les sourcils, occupé.

- Sympa, commenta la blonde en faisant la moue. Tu fais quoi ?

Il ne lui répondit pas, et elle regarda un autre homme s'asseoir à côté d'elle:

- Alors, le pot de peinture, ça roule ?

- Oh, mademoiselle ! Si j'étais toi, je rangerais cette langue de vipère, dit Kaloss en faisant de grandes mimiques, relevant au ciel ses yeux maquillés.

- Nan, ricana Cassiopée Price en s'amusant à tirer la langue, remarquant avec plaisir l'expression dégoutée du tailleur.

- Je ne veux vraiment pas savoir où elle a trainé !

- Oh ? Et bien, commença-t-elle avec malice. Le gars d'hier, truc-chose-je-me-rappelle-plus-son-prénom, mais il ne savait pas galocher, puis il y avait aussi-

- Je ne veux pas savoir, dit Kaloss en se bouchant les oreilles théâtralement.

- Pardon ? Pourquoi tu fais le prude alors que tu as littéralement des seins et des pénis tatoués sur ton bras ?

- Primo, c'est la mode du nu, ma biche, se défendit-il. Et en plus, c'est parce que c'est toi qui me dit ça.

- Pardon ? Tu crois que je vais attendre définitivement mon prince charmant toute ma vie ?

Elle ricana, mais son regard perdit un peu de son éclat. Ses mains sur la table se crispèrent. Le mien est mort.

- Non, parce que tu joues avec des jeunes hommes pour ton bon vouloir, que tu n'es pas saine, et que tu ne trouveras jamais ce que tu cherches donc que tu essaies désespérément.

La voix de Kaloss avait un peu baissé, presque chuchotée, et grattait le fond du cerveau de Cassiopée. Celle-ci arrêta soudain de sourire et regarda ailleurs, mal à l'aise.

- Qu'est-ce que tu crois ? T'as cru que tu savais ce que je "cherchais" ?

Elle rit nerveusement, alors qu'il la sondait de ses yeux fardés.

- Ce n'est pas parce que je suis plus maquillé que toi ou que toutes les filles de cette équipe que je n'ai pas un cerveau, Cassiopée Price. Et je te jure, ma belle, qu'il y a des choses qui me crèvent les yeux. Comment ça va, ta petite romance entre toi et Pandora ?

La blonde roula des yeux, avant de faire semblant de s'étouffer, un air de dégout peignant son visage:

- Pardon ?!

- On me la fait pas à moi. Raconte.

- Nan mais tu t'es pris pour qui là ?

- J'ai un sentiment bizarre à propos de vous deux. Elle te kiffe depuis combien de temps ?

- Je crois que tu te méprends horriblement, réfuta Cassiopée, interloquée. Pourquoi je serais amoureuse de Pandora ? J'étais en c... Je ne suis pas vraiment célibataire.

- Pardon ? s'esclaffa l'homme en frappant du poing sur la table. Avec ton Franckounet mort ?

- T'es vraiment un salopard. Va te faire enculer, lui lança Cassiopée avec lassitude.

- Avec plaisir, ironisa le tailleur. Mais j'apprécie quand même, ce doit être les choses les plus gentilles que tu m'as dit de la semaine.

La blonde tripota une de ses boucles dans ses cheveux, les dents si serrées qu'elles grinçaient presque, avant de lancer d'un ton brusque:

- T'es pas un salopard.

Les yeux de l'homme se teintèrent d'une lueur étonnée, malicieuse et amusée, alors qu'elle rougissait et qu'elle quittait la table en marmonnant des insanités. 


Zachary Servilus sortit du bureau du président Snow avec l'allure d'un bouledogue qui aurait avalé tout rond une boue de pâte à modeler. Il paraissait étonné, figé dans une expression de stupeur mêlée à de l'horreur, ses sourcils relevés, plissant son front en de grosses rides. Seulement, lorsqu'il fit Iris, son regard changea, ses iris incandescentes la raillèrent alors qu'il disait:

- Et bien. Pour une fois, tu fais ce que je te dis.

- Vous m'aviez demandé de venir à la fin de votre rendez-vous, dit-elle d'une voix neutre, trahissant son amertume.

- Et c'est exactement ce que tu étais sensée faire. C'est bien.

Il lui parla de la même façon que l'on parlerait à un animal, avant de sortir de ses poches pleines à craquer une liasse de billet qu'il écrasa sur sa poitrine avec un petit ronronnement satisfait. Elle le regarda avec un air dégoûté, qu'elle remplaça bien vite par une moue de fatigue honnête avant de prendre quelques billets, ses yeux trahissant son envie de s'en aller.

- Nous allons parler, ma petite, dit Servilus avec un rire gras.

Même si le doyen le dissimulait, Iris commençait à le voir. Elle décelait ses expressions cachées, comme le fait qu'il avait toujours l'air défait et mécontent lorsqu'il sortait du bureau de son supérieur. Tellement dur d'être toujours en dessous du président, pauvre de l'égo de Zachary Servilus.

Elle se demandait même parfois s'il ne le détestait pas. Il avait tellement de rancoeur lorsqu'il le voyait...

Elle secoua la tête et le suivit sans rien dire. Ce qui était le plus ironique, c'était que le doyen était un homme petit, courtaud et peu sportif, ce qui était totalement le contraire d'Iris. Celle-ci faisait une bonne tête de plus que lui, avait des membres musclés et se maintenait toujours en bonne santé quoi qu'il arrive. Pourtant, qui prenait la tête entre les deux ? Iris se rendait compte qu'elle se faisait marcher dessus, et cela ne lui plaisait pas.

- Voilà, expliqua-t-il alors qu'ils marchaient dans les couloirs. Notre cher et aimé président m'a fait part d'une chose. Tu sais bien que lui et moi nous sommes très proches et amis depuis toujours, évidemment.

Iris hocha la tête, voulant abréger ce moment qui s'avérait toujours désagréable lorsqu'elle était en la compagnie de Servilus.

- Et il m'a confié une part de l'histoire ex-tra-or-di-naire qui lui est arrivée hier. Des rebelles se sont infiltrés au Capitole.

- D'accord.

- Et tu sais pourquoi je raconte ça à une fille aussi intelligente et rusée que toi, au péril de mettre ce secret en de mauvaises mains ?

- Non.

- Parce que je sais déjà qui c'est. Et je sais déjà quoi faire.

- Laissez-moi deviner. Vous allez m'utiliser.

- Bravo, petite, dit-il d'un ton méprisant. Tu as tout compris. Et je vais t'envoyer quelque part. Quelle chance n'est-ce pas ? Tu ne pourras malheureusement plus profiter de mon corps de dieu.

- Oui.

- Je te charge de te rapprocher de ton ancien coéquipier des Hunger Games, Valentin, un rebelle sous les ordres de la Louve. Ainsi, tu protégeras Morgane et Pandora... Et tu feras en sorte que Valentin se trahisse.


Valentin hésita à ouvrir la porte lorsqu'il entendit frapper. Il venait à peine de rentrer à l'intérieur, se trouvait suant et rouge, poisseux et très malodorant après les quelques kilomètres qu'il avait dû faire en se pressant. Ces derniers jours étaient particulièrement agités, il y avait eu une énorme polémique au Capitole dont il avait malheureusement fait parti, et avait passé des heures durant à essayer de régler la chose sans que les médias ne s'en emparent. Le quotidien du Mentor des gagnantes des 95 Hunger Games n'était pas de tout repos...

- Oui ? dit-il d'un ton hésitant.

- C'est Morgane, grogna une voix grave derrière la porte de l'appartement.

Le Mentor fronça les sourcils, avant d'ouvrir la porte prudemment. Elle était censée avoir les clefs, et n'avait jamais toqué jusqu'ici pour entrer dans leur appartement commun. Enfin, il se passa de commentaire et la regarda, debout, marcher à l'intérieur et déposer ses affaires par terre.

Elle enleva son manteau sans faire de commentaire, qu'elle laissa tomber au sol dans un bruit de tissus froissé, posa son sac en bandoulière de la même façon. Un sourcil levé, le brun la dévisagea, mais elle n'eut pas un regard pour lui. Elle semblait, à la même façon que lui, avoir le visage un peu rouge et son front semblait baigné de sueur. Elle balança ses bottes à l'autre bout de l'appartement, et elles vinrent se loger sur le canapé de rouge de luxe que Kaloss avait acheté, et qui avait même été complimenté par Cassiopée.

Cassiopée, pour dire.

Valentin était un peu ébahi par son audace, et son insolence, mais n'eut pas le temps de lui dire quoi que ce soit qu'elle était rentrée par la porte de ses propres appartements, et le claquement avait retenti à son nez. Le courant d'air qui en découla rafraichi l'homme comme une insulte en elle-même.

Pandora était assise sur un lit, en train de lire un livre fort intéressant. plongée dans la bonne odeur de feu de camp des vieilles pages qu'elle tournait avec passion et délicatesse, elle appréciait ce moment. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas eu le temps de lire. Presque un an, et c'était pour dire. La dernière fois remontait sûrement à avant la Moisson, puisqu'elle n'avait pas eu le temps, juste après l'arène, de s'adonner à ce qu'elle aimait faire.

Ainsi, elle se replongeait dans des classiques, une série de romans qu'elle affectionnait particulièrement et qui lui avait certainement manqué pendant tout ce temps. Lorsqu'elle entendit quelqu'un rentrer, elle posa son livre, enfouissant son marque-page dedans avec l'habitude. Elle se leva comme sur un ressort, et un sourire éclaira son visage:

- Morgane !

Elle leva la tête vers elle... pour rencontrer un regard profond, mais inatteignable. Quelque chose qu'elle connaissait et qui était propre à la jeune femme, mais qu'elle n'arrivait jamais à déchiffrer correctement. Elle décida d'aller à sa rencontre, puisque Morgane restait collée à la porte, adossée à la poignée, le regard dans le vide.

Aussitôt proche d'elle, elle sentit que quelque chose n'allait pas, sûrement dans le silence de sa petite amie. Mais celle-ci, au lieu de se confronter à elle, l'attira par la manche pour la coller à elle. La blonde étouffa une exclamation, mais se laissa aller dans le mouvement.

Morgane se retourna, collant le dos de Pandora contre la porte, avant de l'embrasser passionnément.


- Putain... grogna la brune.

Elle voulut se gratter la tête, sentant une douleur vive à l'arrière de celle-ci, s'apparentant à la même douleur que la dernière fois, il y a sept jours. Seulement, ses mains ne bougèrent pas et un étau se resserra autour de ses poignets.

Elle se rendit aussi compte qu'elle n'avait pas entendu sa voix lorsqu'elle avait parlé, et se rendit compte qu'elle était bâillonnée, un épais torchon dans sa bouche grande ouverte. Elle paniqua un peu. Elle ne se rappelait plus de grand-chose, que s'était-il passé ? Où était-elle ? Quelle heure était-il ?

Elle était visiblement assise sur une espèce de chaise, les mains dans son dos attachées, tout comme ses pieds. L'obscurité dans laquelle n'était créée qu'uniquement qu'avec le bandeau qu'elle avait sur ses yeux. Elle n'avait donc plus rien. La vue, la parole, ses mouvements, elle n'avait plus que des sens secondaires, tels que l'odorat et l'ouïe.

Immédiatement, elle sut qu'on l'avait kidnappée. Son souffle s'accéléra.

- Bonjour, Morgane Clay.

La voix qu'elle entendit l'étonna légèrement. Elle s'attendait à être entourée par une bande de rebelles, de gros gars musclés impatients de la violer et de la brandir en trophée auprès du Capitole. Cependant, c'était la voix d'un jeune homme, une voix claire, mais pas si assurée que ça. Elle aurait pu en sourire, si elle n'était pas dans cette position de vulnérabilité.

Comme lui répondre était impossible, il continua:

- Je suis un rebelle, au service de la Louve. Nous devons passer un marché, il me semble.

Elle sursauta lorsque des mains froides la libérèrent, en partie. Son visage, recouvert de bandes noires en tissus, fut découvert à la lumière. Elle papillonna quelques instants, les couleurs tournant autour d'elle, s'habituant peu à peu.

Un jeune homme, un peu gringalet, avait un masque de loup sur le visage, qui cachait son identité. Seulement, elle pouvait deviner qu'il n'était pas du Capitole. Il avait une voix trop mesurée pour cela, était trop maigre et elle ne le connaissait pas.

- Ouais, grogna Morgane.

Le grondement de la jeune femme, son regard noir et le filet de bave qui s'écoulait de sa bouche inévitablement, dû au bandeau trop longtemps posé dessus, semblait rendre l'homme prudent. Il n'était pas proche d'elle, et s'était reculé rapidement après lui avoir parlé.

- Quelle est votre réponse.

- Sérieux ? articula-t-elle.

Elle commençait à sentir qu'elle pouvait reprendre le pouvoir, puisqu'elle avait un impact sur lui.

- Quelle est votre réponse, répéta l'homme.

Elle lui jeta des éclairs, de son regard.

- Je... N'accepte pas, évidemment.

Le premier coup fusa.


Pandora éclata de rire soudainement, amusée par son amie. Alors qu'elle tenait dans sa main une petite pochette de crevettes frites, et de raviolis aux légumes vers qu'elle grignotait peu à peu, elle recracha par le nez tout ce qu'elle avait par la bouche. Les larmes lui montèrent aux yeux alors qu'elle s'étouffait presque, voyant la tête dégoutée et horrifiée de l'autre blonde.

Depuis quelques temps, Pandora consacrait tout ce qu'elle avait aux relations sociales. Elle se rendait compte avec tout ce temps de ce que cela pouvait lui apporter. Ainsi, elle trouvait en Cassiopée une personne infiniment drôle, dotée d'un humour sarcastique qu'elle n'aurait pas cru venant d'elle.

Malgré le soutien qu'elle avait été après l'appel de ses parents, la consolant et lui permettant de se lâcher, Pandora se rendait compte qu'il y avait des limites à cela. Elle était plutôt mal à l'aise concernant les sujets sérieux, évitant même de parler de ce fameux moment qu'elles avaient passé ensemble. Si la blonde s'en trouvait handicapée, elle respectait cela et passait outre. Après avoir retrouvé et renié des liens avec Léonore, la petite maquilleuse du Capitole, elle passait ses journées à ne rien faire, traînant dans des boites de nuit avec Cassiopée.

Elles se racontaient leurs aventures, et Cassiopée adorait parler de ses anecdotes croustillantes.

- Tu sais, c'est très simple de draguer un gars, déclara celle-ci en buvant nonchalamment son milk-shake.

- Ah oui.

- Bon. Je te dis ça quand tu seras plus en couple, mais c'est simple. Tu fais la meuf facile, tu le dragues... Tu fais genre que c'est un héros, tu vois ? Ils adorent ça.

Pandora éclata de rire:

- Mais tu dragues des hommes préhistoriques ? Tu te fais passer pour leur victi-

- Mais non ! Tu fais genre que t'as BESOIN d'eux.

Elles se regardèrent, avant que Cassiopée ne craque et sourie, goguenarde:

- Alors qu'on s'en fout ! On a pas besoin d'eux. Enfin, je parle plutôt pour moi. Toi, t'as ton ours.

- Mon ours ! s'exclama la jeune adulte, faussement choquée. Mais on dirait que tu parles d'un animal, je suis pas zoophile moi.

- Mais on sait tous trèèèèès bien que Morgane ressemble à un ours quand elle est énervée... Enfin, je veux dire, tout le temps !

- Balle contre son camp ! dit son amie en s'étouffant de rire.

Cassiopée redevint un peu plus sérieuse, ce qui était souvent le cas lorsqu'elles parlaient de la petite amie de Pandora. Il était évident que les deux femmes ne s'aimaient pas, en témoignent les regards assassins qu'elles s'envoyaient pendant les rares repas que l'équipe faisait ensemble. Cependant, elles ne se disputaient pas, restaient éternellement en conflit.

- Enfin. Elle avait pas l'air bien ces derniers temps, murmura Pandora.

- T'as dit quoi ?

Elle se rapprocha d'elle, n'ayant pas entendu sa dernière phrase.

- J'ai dit que Morgane n'avait pas l'air bien, répéta Pandora.

- Quoi ? Elle te kiffe plus ?

- Mais ! Si, bien sûr, seulement, je ne sais pas.

- Ton "si, bien sûr" n'était pas très assuré.

Pandora leva ses yeux bleus vers les yeux frondeurs de Cassiopée, qui regardait par la fenêtre les rayons du soleil taper contre le verre. Elle réfléchit, et déclara:

- Je suis absolument certaine qu'elle m'aime. Pas plus tard qu'hier, on était ensemble.

- Mouais, ça me parait plutôt banal pour une meuf qui dort dans la même chambre que toi.

- Non ! Enfin, je veux dire...

Pandora rougit un peu, avant de déclarer:

- Je ne sais pas très bien, elle avait l'air un peu secouée, mais elle était fougueuse, débridée.

Cassiopée se tourna d'un coup vers elle avant de prendre entre ses deux doigts l'oreille cramoisie de la blonde et de la tordre en signe d'affection:

- Dit-donc, vous ! 'Perdez pas votre temps !

Pandora éclata d'un rire gêné et nerveux, rejoint par son amie qui lui tapa dans le dos en se pliant en deux, fortement amusée par son embarras. Elle ne vit pas arriver au loin un grand jeune homme qui ralentit devant eux.

- Bonjour Cassiopée.

Pandora le regarda, levant la tête pour voir son visage. C'était un jeune homme de la même tranche d'âge qu'elles, très beau. Il devait être bien musclé, sûrement un sportif. Il avait un peu de barbe, et de grands yeux doux qu'il avait posé sur la jeune femme aux cheveux bouclés. La plus petite d'entre eux, légèrement étonnée, se tourna vers son amie, qui regardait le grand avec un air supérieur.

- Salut, Ness. Ça va ?

- Oui, ça va, dit il.

Son sourire lui-même éclaira la pièce, il avait l'air d'être quelqu'un de bien, songea Pandora. Étais-ce une des nombreuses conquêtes de Cassiopée ? Cela semblait être le cas.

- Moi aussi ça va bien. J'étais avec mon amie Pandora Lane, la gagnante des Hunger Games, dit elle en relevant le menton d'un ton amusé. Tu avais quelque chose à me dire ?

- Et bien, non, répondit-il, légèrement déstabilisé.

- Alors au revoir, dit elle d'un ton impatient.

Il sourit, étonné, et s'en alla dans le couloir, un peu gêné. Pandora, silencieuse, remarqua simplement que leurs mains se frôlèrent lorsqu'il passa à côté d'elle.

- C'était qui lui ? lui chuchota-t-elle furieusement.

- Attend qu'il soit loin.

Un grand sourire éclaira le visage de Cassiopée, et elle déclara d'une voix haute:

- C'est un gars ! Ness de Saint truc.

- Tu ne te rappelles même plus de son nom de famille ?

- Oh, tu sais. Des gars comme lui, on en voit partout. En plus, c'est pas trop mon genre.


Pandora donna un coup dans le sac de boxe. Son souffle était court, elle n'en pouvait déjà plus. Une heure que Valentin les avait lâchement abandonnés aux sac de sables ! Elle était furieuse. Depuis quelques temps, elle le voyait être autre part, perdus dans ses pensées. Dès qu'elle évoquait le mot "Hunger Games", il sursautait et la regardait comme si elle l'avait insulté. De plus, c'était lui qui était sensé animer leurs entrainements, ce n'était plus vraiment le cas. Morgane, concentrée, frappait sur le même sac, de l'autre côté de la salle. Toutes les deux concentrées, elles ne se parlèrent pas vraiment.

La communication était devenue difficile. Dès que Pandora essayait de parler sérieusement deux minutes, Morgane l'interrompait et la déconcentrait avec un certain contact physique. Si elle le faisait exprès, c'était une bonne tactique. Pandora n'était jamais contre un câlin, mais ils devenaient omniprésents, et saugrenus. Comme si Morgane voulait taire quelque chose.

Cette pensée devenait trop insistante dans sa tête, et elle décida de demander:

- Est-ce que ces nuits, tu dors bien ?

Morgane arrêta de frapper répétitivement le sac de sable, avant de se tourner vers elle. La vision d'elle ainsi, ses muscles ressortant, veines comprises, et ses joues rougies par l'effort ainsi que son regard alerte, rendit Pandora impressionnée, amoureuse.

- Euh, nhoui, répondit Morgane, en s'approchant d'elle, posant sur le sol ses gants de boxe qui rebondirent dans un bruit mat.

- Oui ou non ?

- Oui, concéda-t-elle.

Pandora s'approcha d'elle pour venir se coller à son buste, qu'elle finit par pousser légèrement de ses mains, mécontente:

- C'est faux ! Pourquoi tu me mens ? Tu te réveilles toutes les nuits.

Elle articula ces derniers mots, poussant un peu plus l'abdomen de sa petite amie du plat de la main à chaque syllabe. Celle-ci soupira et posa sa main sur celle de la blonde avant de dire:

- Oui, mais je dors très bien puisque je suis avec toi.

- Mais ce n'est pas suffisant, visiblement. Est-ce que tu veux prendre des somnifères ? Ça pourrait t'aider ?

Morgane tressaillit, et marmonna:

- Non.

Elle se retourna et se baissa pour ramasser ses deux gants, qui trainaient au sol. Pandora sursauta, comme si quelque chose l'avait brûlé, et la suivit en se pressant:

- Hé ! Désolée, mais ça me paraissait normal que j'évoque ça. Peut-être qu'un rendez-vous avec un bon médecin...

- Je n'ai pas vraiment envie d'en parler, coupa simplement Morgane.

Elle n'avait pas mis d'intonations particulières dans sa voix, mais le ton grave et sans appel qu'elle utilisa mit une chape de plomb dans le coeur de Pandora.

- Pourquoi tu ne veux jamais parler de rien ? s'exclama la blonde, exaspérée.

- Je peux te parler de tout ce que tu veux.

- Tu ne me dis rien sur le fait que quelque chose ne va pas bien... Mon amour.

Un frisson parcourut la peau de Morgane lorsqu'elle entendit ces derniers mots. Elle tourna la tête vers sa petite amie... Un moment qui parut interminable passa, durant lequel personne ne parla. Puis, Morgane passa ses mains autour de la nuque de Pandora avant de lui dire d'un ton doux, avec un sourire:

- Pandora, tout est compliqué. Ne te fait pas de soucis.

Elle posa ses lèvres sur celles de Pandora, qui accentua le baiser en se pressant contre son corps. Son parfum enivrait la blonde. Elle se sentait comme si elle était une chasseuse, et qu'elle avait enfermé un oiseau dans une cage -son coeur- et qu'il tentait de se libérer. Tout en elle sonnait et s'alarmait lorsqu'elle était dans ses bras, comme si elle se laissait totalement faire, et ce sentiment d'emprise lui était enivrant.

Leur baiser dura quelques secondes, quelques minutes peut-être. Ou une heure ? Pandora n'était pas dans ce monde, elle en avait rejoint un autre qui était plus céleste et plus introspectif, dans lequel seul ses lèvres et celles de la brune comptaient, ainsi que leur corps qui étaient si serrés l'un contre l'autre qu'ils ne faisaient plus qu'un.

Morgane caressait son dos, descendant de ses longs cheveux blonds qui couraient sur ses omoplates à son bas du dos, ce qui la faisait frissonner.

Non. Elle ne devait pas s'adonner à ces sensations. Il y avait plus important à parler, et tout cela n'était qu'un subterfuge pour éviter une conversation. Pandora éloigna cette voix dans sa tête, et laissa les mains de Morgane s'emparer de tout son être. Après tout, ce n'était pas grave, non ?

Morgane avança peu à peu, acculant Pandora contre un mur. La suite était bien dessinée, comme si elle s'était déjà passée et que les deux femmes la rejouaient ensemble de bon coeur. Seulement, quelque chose d'inattendu échappa à leur attention.

La porte s'ouvrit, et Cassiopée rentra:

- Oh, merde !

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