✺Chapitre 18: Le contrôle sur Iris
/!/Chapitre osé /!/
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Iris laissa son regard défiler sur la foule. La fête battait son plein. Des centaines de personnes dansaient, hurlaient des paroles insensées sur un fond de musique assourdissant. La foule ressemblait à une vague, parsemée d'écume lumineuse qui éclairait parfois les spectateurs de la scène. Au dehors, on ne voyait que la brutalité des personnes jetées en dehors de la salle, ou agglutinées les unes sur les autres pour danser. Et danser était un bien grand mot: ils sautaient sur place, comme des animaux.
Elle les regardait ainsi, sa plénitude habituelle et son calme contrastant avec les boules disco au plafond, qui projetaient milles lumières en tout sens. Son visage baigné dans cette ambiance céleste ne montrait que son calme et sa dévotion quand à ce qui l'alimentait intérieurement. Elle était heureuse, en ce moment-même. C'était sans douter qu'elle pouvait dire que ça n'était pas souvent le cas: Iris était une femme sérieuse, concentrée sur sa vie et ses objectifs. Mais ici, lorsqu'elle mettait ses bouchons d'oreille, elle se laissait aller et acceptait parfois de se déconcentrer un peu pour humer les odeurs de la sueur des danseurs et le gout de l'alcool fort qu'elle prenait avec modération.
Avec modération, c'était là la chose. Nombre de ses confrères et consoeurs étaient tombés dans l'alcool, la déperdition, les abus et les excès en tout genre. C'était une chose qui rendait Iris vraiment furieuse. Vivre les Hunger Games était une chose. Se laisser dépérir de cela en était une autre, et elle était bien placée pour savoir quel était l'effet de ces deux choses. Avec amusement, elle regarda une femme se faire pousser, tomber, puis se faire piétiner. Ce n'était pas son jour.
Elle ira mieux demain. Iris prit une gorgée de sa boisson, un charmant cocktail qu'elle s'offrait chaque semaine pour terminer la semaine en beauté. L'odeur l'enivrait.
- Excusez-moi ?
Elle tourna son regard impénétrable vers le serveur, qui n'était visiblement pas un Muet. Elle se rendit compte de cette dernière information, en plus du fait qu'il semblait un peu rouge. Avec plaisir, elle constata que c'était surement son charme, sa beauté et surtout ses yeux qui le faisaient craquer. Elle lui offrit un petit sourire, toujours avec un air reservé, mais c'était tout ce qu'elle pouvait faire.
- Oui ? dit-elle dans le silence de ses bouchons d'oreille.
- Le monsieur là-bas voudrait vous offrir un verre.
Elle regarda avec étonnement le serveur lui tendre un verre, pareil au sien. Son cerveau marcha à tout allure, alors que ses joues se teintaient légèrement d'une couleur rosée. Elle était bien naïve de penser ainsi, ses traits de visage étaient bien trop stricts aux gouts des hommes... Elle chassa ses mauvaises pensées et prit le verre entre ses doigts. Elle constata aussi avec dépit que son vernis n'était plus là.
Puis elle se rappela soudainement que "le monsieur là-bas" était une personne, et qu'il voudrait sûrement parler avec elle... Puisque l'intention là était bien même de la draguer. Et cela lui plut, l'idée même de pouvoir plaire. Elle releva le menton, laissant ses cheveux bruns dévaler ses épaules, et regarda autour d'elle. Ne voyant personne d'autre que des femmes sur le bar, elle se tourna vers le serveur:
- Où est l...
Elle regarda l'emplacement où le serveur avait été il y a quelques secondes avec stupéfaction. Il était vide. Définitivement parti. Etrange, songea la femme, alors qu'elle trempait ses lèvres dans le verre.
C'était un mélange doux, sucré et amer. Quelque chose comme une larme qui aurait coulé jusqu'au récipient pour lui être servie. Puis une saveur de framboise, le même type que les délicieuses dont elle avait eu la chance de se nourrir durant son passage à l'arène des Hunger Games, et qui lui avaient valu son salut. C'était délicieux. Iris sourit, appréciant ce gout sur ses lèvres.
- IRIS !
Une voix la fit sursauter. Tout son corps s'emballa, le verre failli tomber mais elle le rattrapa du bout des doigts, renversant la moitié de son contenu sur le comptoir en verre. Son cœur se mit à battre à toute vitesse, et elle engloutit une grande lampée d'air avant de se retourner.
Au loin, la silhouette courtaude et furieuse de Zachary Servilus se dessina parmis les danseurs, ses trois gardes du corps lui permettant de se frayer un passage. Peu à peu, les gens s'écartèrent pour ne pas se faire brutalement pousser par les gorilles du doyen. La musique baissa, les lumières se focalisèrent soudainement sur l'homme qui traversait la boite de nuit en criant:
- Iris !
Il s'approcha d'elle, alors que ses gardes du corps s'arrêtaient, postés là, portant sur eux d'étranges vêtements colorés. Rouge, furieux, essouflé, il postillonna:
- Sale petite...
Il s'arrêta deux minutes, pour reprendre son souffle. La gracieuse femme, figée, répondit:
- Oui ?
- OU ETAIS-TU PENDANT CE TEMPS ?
- Ici, répondit elle doucement, le buste en arrière et le verre à la main.
- Sale petite pute, cracha Servilus, ses yeux fous se focalisant sur elle. Tu mens !
- Je ne mens pas, répondit la femme, tremblante. J'étais ici. Demande au serveur.
- Quel serveur ?!
Iris se retourna, et se rendit compte de quelque chose qui lui glaça le sang. Le serveur avec qui elle avait échangé deux mots avait disparu, et elle l'avait prit pour témoin. Il croirait inévitablement qu'elle lui mentait. A peine cette pensée formulée, celui-ci lui cracha à la figure:
- Tu m'as menti. Après tout ce que j'ai fait pour toi.
- C'est faux. J'étais ici, s'entêta Iris.
- Ici ?
Zachary commença à ricaner, d'un rire sans joie qui glaça les veines d'Iris.
- Regarde mes gardes du corps, petite ingénue. REGARDE !
Il lui prit le menton avec ses doigts boudinés, et le tourna violemment vers eux. Elle lâcha un couinement ppaniqué, sentant le regard des trois autres hommes sur elle. Ils étaient vêtus d'étranges bouts de tissus vert, rouge, bleu. Elle les regarda bien, cela lui disait quelque chose.
- Etonnant, n'est-ce pas ? dit Servilus en plissant ses yeux et en humectant ses lèvres gonflées par le botox.
- ... Je ne comprend pas.
- J'ai trouvé dans la salle de bain des robes.
- Celles que tu m'avais off-
- Certainement pas, coupa Zachary Servilus. Qui offrirait une robe à une petite pétasse comme toi ? Moi ? Absolument pas.
Un groupe de personne ricana, à côté d'eux, en entendant ces paroles. Encouragé par cela, le doyen sourit, et prit parti de cela pour regarder la pauvre femme avec des yeux frondeurs.
- Tu t'es achetée des robes pour faire la belle ? Pour te faire défleurer par des hommes, n'est-ce pas ? Ou alors pour me rendre jaloux, pour m'avoir à toi toute seule ?
Iris réprima un relent de vomi au fond de son estomac, et considéra la situation avec effroi. Tout le monde, absolument tout le monde la regardait. Comme une scène de spectacle, comme un potin de plus auquel le Capitole s'adonnait, elle devenait la bête de foire de tout ces gens. La musique s'était arrêtée, les projecteurs étaient braqués sur eux. Servilus s'adonnait à ce jeu politique avec adresse et captivait maintenant la foule. Sa main toujours sur la machoire de la brune, il l'empêchait presque de parler.
- Ou alors... Quelqu'un te les as offert ? Mais qui voudrait de toi ?
La foule rit, et Iris se ratatina sur elle-même.
- Qui voudrait d'une fille facile comme toi... murmura Zachary à quelques centimètres de ses lèvres, un affreux sourire barrant son visage. D'une pute.
- Je ne suis pas une pute, Servilus, dit Iris d'un ton qui se voulait asssuré.
Il la regarda, surpris, avant de se tourner vers tout les gens présent derrière lui:
- Vous avez entendu ? Elle n'est pas une pute ! Oh, pardon madame ! Vous êtes sûrement... Un ragondin, c'est assuré.
Des éclats de rire fusèrent, puis quelques blagues. L'obscurité dans laquelle ils étaient tous plongés rendait tout cela confus: Iris ne pouvait voir qui parlait et son sentiment d'oppression ne s'en raffermit qu'un peu plus.
- Ou alors un tournesol ! dit une voix, qui fusa de la foule.
- Un Muet ! en dit une autre.
- Le président Snow, rigola un autre.
Servilus reprit la parole:
- Ca suffit. Maintenant, tu vas arrêter de me mentir. Tu vas aussi arrêter de boire comme une dingue, on dirait que tu veux oublier les magnifiques moments qu'on passe ensemble.
Il ricana, avec les autres.
- Et surtout, tu vas tout de suite arrêter de te faire faire offrir des robes. Ca suffit la vie de princesse, ici. Tu es à mon service.
Il lâcha son menton, en ayant pris soin d'y poser une petite tape humiliante, ce qui fit rire aux éclats certains des danseurs de la boite de nuit. Les gardes du corps la regardaient, indéchiffrables. Elle se sentit si petite. Si minuscule, si bafouée...
Le souffle court, elle prit son verre et bouscula Zachary Servilus en sortant précipitamment de la boite de nuit.
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Pandora regarda les lumières éclairer les têtes et les corps suants de ceux qui dansaient avec elle. Tout était question de rythme, on dansait, on hurlait des paroles hasardeuses, sans jamais se désister à l'euphorie du moment.
Elle n'était jamais allée dans une boite de nuit avant ce jour, et n'y serait allée de son plein gré, s'il n'y avait pas eu Cassiopée pour la pousser dedans. En surpassant sa peur de la foule, son angoisse et son stress, elle s'amusait et maintenant se laissait porter. Elle n'avait été étonnée de voir que Cassiopée connaissait déjà tout le monde ici, et elle rit beaucoup en voyant les avances poussées que le serveur, un adolescent timide et boutonneux, lui faisait.
Pandora elle-même fut octroyée de quelques regards intéressés. Il fallait faire le parallèle avec le district 10: elle avait déjà été sifflée dans la rue, ou huée par des hommes, ce qui était très désagréable, mais jamais au Capitole. Un écart dangereux d'intelligence et de savoir séparait ces deux lieux, et la blonde en prenait conscience.
C'était ainsi. Elle avait mit une robe tunique qu'elle appréciait particulièrement, sertie d'or. Elle aimait plaire, ainsi. Voir certains hommes, certaines femmes la regarder avec respect, admiration, désir. Sans cependant répondre à cet attrait, elle s'y complaisait. Son amie, dont les boucles rebondissaient allègrement lorsqu'elle sautait, l'initiait à la chose. Elles s'amusaient beaucoup à danser au milieu de tous et se faire remarquer n'était plus une honte mais un but.
C'est alors avec surprise qu'elle vit une femme, au fond de la salle, adossée au mur. Il ne lui en fallait pas plus, malgré la pénombre des projecteurs, pour reconnaitre sa petite amie. Que faisait-elle seule ? Pandora s'approcha d'elle, les joues rouges et les cheveux en bataille d'avoir tant hurlé.
- Salut, dit-elle de sa voix éraillée.
- Bonjour princesse.
Morgane jeta un coup d'oeil à la tenue que sa petite amie portait, et apprécia de voir cette tunique sur elle. Elle savait qu'elle l'appréciait, et partageait bien son avis. Elle lui sourit, et tira un peu sur son veston noir.
- Vous m'accordez une danse ? proposa la brune.
- Mmh, je ne sais pas, réfléchit malicieusement sa petite amie. Bon, allez, pourquoi pas.
Elle poussa un petit cri lorsque Morgane se leva, la fit tournoyer sur elle-même avant de la prendre par la taille et de se coller à elle. Pandora sourit. C'était exactement comme ça qu'elle voyait sa vie... Aux mains de cette femme magnifique, en oubliant le passé. Son parfum l'enivrait, elle posa ses mains sur les épaules de la brune et y laissa glisser sa tête.
Ronronnant de plaisir, elle joua quelques instants avec les mèches rebelles de Morgane. Celle-ci la berçait, dansait un étrange slow dans la musique techno d'où provenait la pièce. Cependant, elles étaient en paix.
- Je crois que nous devrions avoir une petite discussion toi et moi, déclara Pandora.
Morgane la regarda relever la tête. Leurs visages étaient à quelques centimètres l'un de l'autre, et bien qu'elle parlait doucement, elle pouvait lire sur ses lèvres.
- Cette musique me fait mal aux oreilles, avoua Morgane.
Pandora caressa l'oreille de sa petite amie en souriant doucement, puis se mouvant doucement vers la sortie, se balançant d'un côté à l'autre pour atteindre la porte. Dès que les veilleurs reconnurent les visages des gagnantes des 75èmes Hunger Games, ils ne se firent pas prier pour les laisser passer.
C'est ainsi que les deux femmes se retrouvèrent seules dans un long couloir peu éclairé. Seuls les panneaux verts lumineux indiquant les issues de secours leurs permettaient de se voir l'une l'autre.
Quelques baisers silencieux s'échangèrent dans le calme calfeutré de cet endroit. Après avoir passé au moins une bonne heure à hurler dans la tempête de la boite de nuit, Pandora trouva cela reposant, et se laissa complètement aller à la chaleur du corps de la brune.
- Alors parlons, déglutit la blonde.
- Je te trouve trop douce avec Cassiopée Price. D'ailleurs, je ne considère pas que ce soit une bonne chose qu'elle reste avec nous.
Pandora soupira, mais il était important qu'elles parlent de cela. Depuis l'attentat au district 1, qui les avaient touchées toutes deux, c'était le sujet principal de disputes entre elles. Mettre cela au clair améliorerait surement leur relation.
- Cassiopée est une fille brisée. Ça ne se voit pas mais... Je commence à comprendre comment elle marche. Si toi aussi tu prenais le temps d'essayer de voir à travers son masque...
- J'ai plus d'égo et de fierté que toi, se rembrunit Morgane. Je ne me laisserai pas insulter éternellement pour comprendre que cette pauvre chérie a besoin de me niquer la vie.
- Écoute-moi un peu. C'est une fille qui s'est faite renier. Qui a perdu sa grand-mère. Et son petit ami.
- Je sais, grogna sa petite amie, qui resserrait instinctivement ses doigts sur sa taille. À cause de moi. Tu crois que je ne m'en veux pas déjà assez ?
Pandora la fit taire d'un baiser, ce qui eut don de la calmer.
- On ne parle pas de ça. On parle du fait qu'elle est blessée, et que tout le monde ne sait pas le montrer, tout le monde ne sait pas guérir. Donc je te demande d'être patiente, et d'agir comme une adulte responsable.
- Nous ne sommes pas des adultes.
- Nous devons agir comme si nous en étions. Et ainsi, on aidera simplement Cassiopée à ne pas boire. J'étais ici avec elle pour réguler sa consommation, tu sais. Nous avons passé la journée ensemble, et elle n'a pas bu une seule goutte.
- Peut-être qu'elle a besoin de compagnie ?
- Exactement. Donc je t'en prie, essayons de ne pas nous disputer à l'avenir avec elle. Cela ne fera que l'encourager à dire des conneries et... Je pense qu'elle n'en a pas besoin.
- D'accord, soupira Morgane. Très bien, tu as raison. Je ne suis pas encore assez patiente pour découvrir sa réelle personnalité. Je ferais des efforts.
Un joli sourire vint s'inscrire sur le visage de la blonde, visiblement très contente de la réponse posée de sa partenaire. Elles s'embrassèrent langoureusement, et la brune eut la décence de lâcher la taille de Pandora, à qui elle commençait à faire mal à serrer ainsi.
Après cela, tout se passa de plus en plus vite. Morgane poussa peu à peu sa petite amie contre un mur, où les timides baisers devinrent passionnés, où les mains prenaient peu à peu leurs marques sur le corps de l'autre. Pandora était fière de la réaction de la brune. Elle était contente qu'elle comprenne enfin, et accepte cela. Et puis, elle sentait que peu à peu, après tout ce temps passé l'une aux côtés de l'autre, quelque chose de plus fort que l'attirance prenait place en son coeur.
Quelque chose qui serrait sa gorge, faisait exploser ses poumons et colorait ses joues lorsqu'elle sentait le poids de ce corps contre le sien, ces lèvres brûlantes contre les siennes. Elle adorait voir l'effet qu'elle avait sur elle. Voir la flamme de colère de ses yeux se teinter d'attention à son égard, entendre ses compliments qu'elle lui faisait. Elle adorait ce sentiment de sécurité qu'elle avait avec elle, et cette délicatesse dont elle faisait toujours preuve en son égard. Elle aimait chaque recoin de la peau chaude de Morgane, ses cheveux en bataille, sa mâchoire puissante et son sourire salé. Ses expressions, les insultes qu'elle employait tout le temps, sa douceur et sa brutalité.
Le souffle en vrac, Pandora détacha ses lèvres des siennes, avant de prendre les cheveux de Morgane dans ses mains habiles et de déposer dans son cou ses lèvres humides. La brune découvrit sa gorge, presque sous l'emprise de la passion de leurs échanges.
Les mains de Morgane s'étaient doucement posées sur la poitrine de Pandora lorsque toutes deux sursautèrent, au bruit d'une porte qui se claqua violemment.
La plus grande des deux se retourna, pour voir passer en courant une femme, un verre à la main, qui semblait pleurer, ou tout du moins être paniquée. Dans leur monde, elles n'avaient pas remarqué que la musique s'était arrêtée dans la boite de nuit. C'était surement l'heure de fermeture, songea Morgane.
- Allons dans notre chambre, murmura malicieusement Pandora en l'entrainant avec elles.
Elles y seraient moins dérangées, c'était sûr. Elles se rendirent rapidement à l'appartement, et n'attendirent pas pour se jeter sur le lit.
Morgane enroula ses jambes autour de la taille de Pandora, qui se trouvait sur elle, et mit sa tête sur son oreiller en la regardant. Qu'elle était belle, dans la lumière du soir. Elles n'avaient pas eu la tête à allumer la lumière, et c'était très bien comme ça. Les cheveux de la blonde brillaient presque, éclairés par la lune.
Elle passa ses mains sur tout le corps de sa petite amie, ses lèvres avaient besoin des siennes.
- Morgane je...
La brune l'écouta, tout son corps à son écoute. Le silence n'était pas pesant, car leurs deux corps se parlaient lorsque leurs lèvres prenaient congé. Elle se sentit rougir, lorsque Pandora murmura:
- Je t'aime.
C'était un mot si puissant, si inattendu, elle se mordit la lèvre pour ne pas hurler de joie et de désir. Était-ce la pièce qui changeait de température ? Le corps de Morgane était moite, elle avait chaud, si chaud mais désespérément besoin de sa petite amie contre elle.
Elle enleva son tee-shirt, la blonde avait fait de même bien avant. Elle leva les bras, se contorsionna légèrement pour enlever le tissus. Quelque chose fit du bruit sous son oreiller.
Intriguée, Morgane passa la main contre l'objet, et sentit bien une forme concrète, qui se trouvait en dessous.
- Attend deux minutes, chuchota Morgane, en soulevant sa tête.
Elle tâtonna dans le noir... Avant de trouver un papier, plutôt épais. Pandora, sentant qu'elle était affairée, attendit, assise sur elle.
- Tout va bien.
- Oui, oui, assura Morgane en souriant pleinement. Tu peux allumer la lumière deux minutes ?
La blonde ne se fit pas prier, et se leva pour appuyer sur l'interrupteur. Déjà, sa petite amie était en train de déchirer ce qui semblait être... Une enveloppe.
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"Chère Morgane Clay. Cette lettre t'es destinée spécialement, tu es donc priée de la lire seule. Je suis la Louve, la maitresse d'une organisation que tu dois bien connaitre, puisque ton frère y participe. Nous sommes les Rebelles de Panem. Tu as de nombreuses fois démontré ton courage et ta valeur à travers ces Hunger Games, et nous connaissons le nombre de sacrifices et de douleur que tu as dû subir cette année durant.
Sache tout d'abord que nous soutenons ta cause. Tu as été le jouet du Capitole pour ces Jeux de la Faim, c'est une chose intolérable qui mérite d'être punie. Tu as été victime d'une situation opprimante et tragique. Nous t'adressons nos sincères condoléances.
Tu as cependant quelque chose qui a beaucoup d'importance, et se morfondre sur le passé n'a pas d'impact sur le futur -malheureusement-. Lorsqu'un tribut gagne les Hunger Games, lui et son district reçoivent une grosse somme d'argent. Notre demande alors est simple.
Tu devras faire don de la moitié de ce que tu reçois tout les mois. Ainsi que, au moment voulu, don de ta mémoire.
Parler de tout cela à quiconque est inutile. Même à votre magnifique compagne mademoiselle Lane. À votre chère "amie" controversée mademoiselle Price, votre sage Mentor ou encore Kaloss Abigail Manson. Nous espérons que ces derniers conseils seront appliqués à la règle, sans quoi nous nous verrons dans l'obligation de vendre toute votre famille au Capitole, être un rebelle étant interdit, votre frère est sous notre coupe.
Vous avez un délai de trois jours pour vous décider à obtempérer, dans le secret et l'efficacité, ou laisser injustement des innocents se faire exécuter publiquement. Le choix vous revient. Nous ne sommes pas votre ennemi.
Avec nos salutations distinguées,
La Louve."
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Iris explosa en sanglots. C'était trop. Trop pour elle. Ses jambes chancelantes la lâchèrent, elle s'écroula à genoux sur le sol. Des sanglots étreignirent sa voix, mais un noeud, une boule d'émotions bloquait sa gorge, et ne laissait passer ses pleurs. Elle respirait plus vite d'avoir autant couru, à travers les salons, les couloirs et les antichambres.
Elle ne savait où elle était. Le verre qu'elle tenait à la main, qu'elle n'avait lâché, dégoulinait, renversé. Elle voyait simplement une grande baie vitrée, devant laquelle elle pleurait maintenant sans retenue.
Ses yeux embués de larmes, elle ne voyait pas grand-chose. Rien ne surpassait son chagrin immense, cette peine et son coeur qui se déchirait. Se faire humilier ainsi publiquement, c'était typiquement le genre de technique que Servilus utilisait. C'était un homme méchant, mais pas bête. Il cultivait sa personnalité allègrement, et elle l'avait sous-estimé.
Elle posa sa main sur la vitre, son corps secoué de tremblements. Elle en avait assez. Assez d'être son jouet, de ne pas se respecter et de le laisser la souiller ainsi. Tout les mots qu'il avait utilisé contre elle ce soir passaient en boucle dans sa tête comme si on la poignardait dans le dos.
Il avait dit qu'il réparerait toutes les erreurs qu'elle avait faites. Qu'il lui rendrait tout ce que le Capitole lui avait prit. Qu'après cela, elle n'aurait plus à faire ce qu'elle faisait. Combien de temps encore devait-elle attendre pour que ce qu'il lui avait promit serait enfin entre ses mains ?
Elle avait l'impression d'être désespérée. Chaque sanglots arrachait plus encore son âme de son corps, Iris avait l'impression de mourir à chaque inspirations hachée qu'elle prenait.
Quelques minutes passèrent, durant lesquelles elle s'adonna à sa peine. Lorsqu'elle se sentit un peu mieux, ce qui était un grand mot vu ses yeux rouges et les sillons de larmes sur ses joues, elle posa ses lèvres sur le verre et ferma les yeux.
- Avez-vous apprécié la boisson ? dit une voix derrière elle.
Elle avait bu ce soir, peut-être un peu plus que d'habitude. Était-elle en train de rêver ? Elle hallucinait et entendait des voix d'homme, maintenant...
- Vous en avez renversé.
Je ne rêve pas. Elle ferma les yeux, dodelinant de la tête, avant de finir cul sec la boisson et de déclarer:
- Je ne sais même pas qui me l'a offert...
Cette voix lui paraissait si chaleureuse, si posée, qu'elle lui faisait confiance. Dans un tel état, de toute façon, n'importe qui aurait pu faire n'importe quoi, qu'elle s'en fichait.
- C'est du jus de pommegroseille, Iris, me semble-t-il.
- Vous connaissez ? lança Iris, posant le verre par terre avant d'appuyer son front contre la vitre.
Elle n'avait pas prit le temps de tourner la tête pour voir l'homme qui lui parlait de derrière son dos. Le jeune Mentore avait peur de tomber sur l'un des gardes du corps de Zachary Servilus, décoré de ses lambeaux de robes qu'on lui avait offert.
- Mes robes... Sanglota-t-elle.
- Elles vous avaient fait plaisir, mademoiselle ?
- Évidemment. La dernière fois que quelqu'un m'a offert quelque chose, c'était un district dans les Hunger Games.
Elle rit, d'un rire amer, avant de serrer compulsivement entre ses doigts le tissus de sa robe:
- Même mon soi-disant coéquipier ne m'a pas souhaité mon anniversaire. Alors évidemment que ça m'a fait plaisir. Je ne roule pas sur l'or pour m'acheter ce genre de choses.
Elle regarda la buée qu'elle projetait avec sa bouche sur la vitre, son souffle se calmant peu à peu.
- Peut-être que vous en aurez d'autres.
- Je croyais que c'était le doyen Servilus qui me les avaient offertes. Mais en fait non. C'est un homme pingre, et il aime à me manipuler.
- Si vous le savez, pourquoi ne faites-vous rien contre ?
- Si seulement je pouvais !
Iris soupira encore une fois, et quelques larmes coulèrent encore de ses yeux rouges.
- Je n'ai pas le choix. Vous vivez sûrement au Capitole depuis très longtemps, ne manquez de rien... Mais en dehors, c'est la misère. J'ai donné tout ce que j'avais pour aider mon district. Et maintenant il me faut de l'argent pour mes parents.
- Et quel est le lien avec cet homme ?
- Oh non... Si je vous disais, vous seriez mécontent. Vous me direz que je ne devrais pas faire ça mais... Tout cela est tellement ancré, tellement accepté...
- Dites toujours, dit doucement la voix de l'homme.
- Je le laisse faire ce qu'il veut. Et il me donne de l'argent. Le principe de vendre son corps, dit Iris avec un rire nerveux. Très reluisant. Après tout, c'est courant ici.
- Je le sais bien, Iris...
- Il n'y a pas une fille gagnante des Hunger Games qui ne passe pas sous son bureau. Les gens ont besoin d'argent et... Toutes les sommes pour avoir survécu aux Jeux de la faim partent trop vite. Voilà où j'en suis.
- C'est tragique, fit remarquer gentiment l'homme.
- C'est ça. Et bien sûr, il n'y a pas d'entraide au Capitole. Chacun pour soi, n'est-ce pas ?
- Je ne sais pas.
- J'aurais mieux fait de rester chez moi. De m'enfuir dans les bois avant d'aller à la Moisson, murmura Iris. J'aurai dû comprendre que rien ne m'attendrais de l'autre côté des Jeux... Juste la mort et des problèmes.
- Iris, vous êtes très négative...
- Évidemment. Vous ne savez rien, vous, de ce que j'ai vu, dit Iris en fusillant du regard la vitre, n'ayant le courage ni la force de se retourner pour le regarder. Vous ne savez pas quels traumatismes me font lever le matin.
- Peut-être pas, avoua la personne.
- Non. Et je suis ainsi, dans un espèce de cercle vicieux de merde. À la base, je voulais juste... Devenir paître et élever des moutons. Pas passer par cette arène de l'horreur et me retrouver coincée ici.
- Pourquoi pensez-vous que vous ne pourrez jamais l'être ?
- Parce que le district 5 croule sous l'or maintenant !
Iris éclata d'un rire froid. Elle reprenait peu à peu conscience, sa respiration s'était stabilisée et elle contemplait le paysage à travers la vitre.
De nombreuses lumières au loin, comme une toile d'araignée géante. Elle pouvait supposer que c'était les bâtiments du district 1, au loin, mais n'en savait rien. L'air s'était rafraichi, et elle frissonnait un peu dans sa robe tâchée par le cocktail qu'on lui avait offert, en courant.
- Croule sous l'or ?
- Le district 5 produit l'équivalent de toute la consommation d'électricité de tout Panem. Vous croyez que parmis les usines, les producteurs d'énergie, il y a un champ, avec de l'herbe et du foin ?
- Non... souffla l'inconnu. Mais il y a la forêt.
- Vous connaissez ?
- ... Non, pas du tout !
- La forêt délimite simplement la limite entre le district 5 et 6, expliqua Iris. S'installer dedans serait sortir du district. C'est interdit.
- Je comprend.
- Merci, soupira Iris en s'étirant.
Elle éternua, et l'homme sembla bouger derrière:
- Vous avez froid ?
- Un peu, avoua la jeune femme en rougissant de honte.
Elle sentit alors quelque chose de doux et de chaud tomber sur ses épaules, un veston de laine. Elle attrapa un pan avec ses doigts, et le regarda un peu. Il était rouge, très simple mais il était ample pour elle et la chaleur corporelle déjà emmagasinée dedans était très agréable.
- Mais... C'est le vôtre ? demanda-t-elle timidement.
- Ça ne fait rien. J'en ai beaucoup d'autres, vous pouvez le garder.
- Oh. Merci alors.
Elle voulut se présenter, mais l'inconnu semblait déjà connaitre son nom... Et lorsqu'elle se retourna, en demandant:
- Quel est votre nom ?
Il n'y avait plus personne dans le couloir.
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